mercredi 20 décembre 2017

120 BATTEMENTS PAR MINUTE. Grand Prix du Jury, Cannes 2017.

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Robin Campillo. 2017. France. 2h23. Avec Nahuel Pérez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel,
Antoine Reinartz, Felix Maritaud, Mehdi Touré, Aloïse Sauvage.

Sortie salles France: 23 Août 2017

FILMOGRAPHIE: Robin Campillo est un réalisateur, scénariste et monteur français, né le 16 août 1962 à Mohammédia (Maroc). 2004 : Les Revenants. 2013 : Eastern Boys. 2017 : 120 battements par minute.


Film choc s'il en est retraçant avec souci documenté le parcours engagé du groupe Act Up à la fin des années 80, 120 battements par minute laisse en état de deuil (c'est le mot juste car ayant rarement vécu dans une impression du direct une cérémonie funèbre aussi flegme, introvertie et fragile au cinéma !) sitôt le générique (aphone) écoulé. Ses 40 dernières minutes aussi glaçantes qu'éprouvantes radiographiant sans complaisance ni voyeurisme la déchéance corporelle d'un patient moribond âgé de 26 ans. Et ce jusqu'au dernier souffle de sa (sur)vie quand bien même à son chevet, sa maman, son amant et ses proches amis lui rendent un ultime hommage avant les funérailles (assez singulières quant aux cendres dispersées dans un lieu huppé). Traumatisant, dérangeant, perturbant et d'une infinie tristesse, ces moments d'intimité d'une sensibilité dépouillée distillent une intensité dramatique métronomique si bien que le spectateur ne peut s'empêcher de retenir ses larmes face à l'injustice de la maladie.


Endossé par de jeunes comédiens pour la plupart méconnus mais si criants de vérité (mention au jeu écorché vif de Nahuel Pérez Biscayart en activiste impavide) et réalisé de manière clinique (et donc sans fard), 120 battements... prend tout son temps à nous dépeindre l'épreuve de force militante d'Act Up vociférant au grand public l'incompétence de nos pouvoirs publics, des politiques (sous l'ère Mitterand et de Fabius), des labo pharmaceutiques (apathiques à fournir au plus vite un nouveau traitement sur le marché), l'intransigeance des proviseurs réfractaires à introduire dans leur lycée des distributeurs de préservatif pour mineurs et le scandale du sang contaminé qu'Act up hésite à faire condamner les responsables en raison des prisons peuplés de malades (toxicos, homos ou autres) déjà infectés par le virus. A travers leurs actions parfois violentes et illégales dans certaines entreprises, et entre deux manifestations "Gay-pride", un couple d'homos, Sean et Nathan, tombent mutuellement sous le charme d'une intense romance. Spoil ! (bien que l'évènement soit prévisible !) Et ce, jusqu'à ce que la mort les séparent. Fin du Spoil.


En dépit de quelques longueurs et bavardages un brin rébarbatifs (d'autant plus que le film dure 2h20 en éludant le générique), 120 Battements par minute demeure l'un des plus puissants témoignages qu'on ait subi sur le fléau du Sida. De par le vérisme de sa réalisation (aussi bien auteurisante qu'inventive et expérimentale) et du portrait vérité d'une poignée de comédiens se fondant dans la peau de contestataires avec une dignité aussi acharnée que bouleversante. Subversif, dérangeant, parfois choquant (notamment quelques étreintes sexuelles assez crues, ou lors de la déchéance morale et corporelle du malade) mais beau, onirique, bouleversant et surtout vibrant de rage de vivre, 120 battements par minute nous interpelle auprès de la bravoure inébranlable d'Act up et de l'intelligence de leur propos finement étudié. Et ce avant de nous mettre KO au dernier acte sous l'impulsion dévastatrice d'un séisme émotionnel. Difficile car psychologiquement et émotionnellement rigoureux (jusqu'au malaise viscéral pour les + sensibles) mais indubitablement essentiel dans son message préventif avant-coureur.

* Bruno

 a été créé le 9 juin 1989

Récompenses:
Grand Prix du Jury, Cannes 2017
Prix FIPRESCI du Festival de Cannes
Queer Palm
Prix François-Chalais
Prix du Public, Festival du film de Cabourg 2017
Out d’or de la création artistique.
Prix Sebastiane du Festival de Saint-Sébastien 2017

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