"The Fog" de John Carpenter. 1980. 1h29. Avec Adrienne Barbeau, Jamie Lee Curtis, Janet Leigh, John Houseman, Tom Atkins, James Canning, Charles Cyphers, Nancy Kyes, Ty Mitchell, Hal Holbrook, John F. Goff.
FILMOGRAPHIE: John Howard Carpenter est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur, compositeur et producteur de film américain né le 16 janvier 1948 à Carthage (État de New York, États-Unis). 1974 : Dark Star 1976 : Assaut 1978 : Halloween, la nuit des masques 1980 : Fog 1981 : New York 1997 1982 :The Thing 1983 : Christine 1984 : Starman 1986 : Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin 1987 : Prince des ténèbres 1988 : Invasion Los Angeles 1992 : Les Aventures d'un homme invisible, 1995 : L'Antre de la folie 1995 : Le Village des damnés 1996 : Los Angeles 2013 1998 : Vampires 2001 : Ghosts of Mars 2010 : The Ward

"Tout ce que nous voyons ou croyons voir n’est-il qu’un rêve dans un rêve ?"
— Edgar Allan Poe
Hormis son Prix de la critique à Avoriaz en 1980 et un succès commercial (947 944 entrées rien qu’en France), Fog reçut un accueil critique timoré. Carpenter lui-même, insatisfait du premier montage, remania un tiers du film : ajouts, coupes, réécriture sonore, recomposition musicale.
Synopsis: Antonio Bay, petite ville côtière de Californie du Nord. Une légende murmure que des fantômes tapis dans le brouillard ressurgiront des flots pour assassiner six citadins et récupérer leur or. Car le village fut érigé sur le pillage : un prêtre, Malone, et cinq complices attirèrent le navire de Blake et de ses lépreux vers un écueil, grâce à un feu de camp trompeur. L’embarcation se fracassa, l’équipage périt. Cent ans plus tard, les morts réclament justice.
À l’image de son préambule envoûtant - un vieux marin contant aux enfants, autour d’un feu, une histoire de spectres vengeurs - Fog redonne ses lettres de noblesse aux mythes, renouant avec l’aura séculaire des ghost stories d’antan.
Longtemps jugé mineur dans la filmographie de Carpenter, fragilisé par ses multiples révisions, Fog n’en demeure pas moins une éclatante démonstration de ce qu’une série B modeste peut offrir de plus brumeux, ouaté, crépusculaire. Le spectateur s’y perd avec délectation, happé par une imagerie fantastique où se reflètent autant les contes noirs que les plaies du passé.
Sur la trame d’un récit horrifique aux allures de fable - en arrière-plan, une allégorie du colonialisme : fonder une société en versant le sang des plus faibles - Carpenter élabore une mise en scène exemplaire, centrée sur le brouillard comme phénomène (sur)naturel.
L’angoisse, le suspense, le mystère sourdent lentement. Et lorsque surgissent les spectres, leur look mortifère - silhouettes humides, yeux luminescents, serpes rouillées - nous aimante le regard. Ils glissent dans le décor côtier d’Antonio Bay avec une alchimie spectrale, presque organique.
Il fallait oser faire du brouillard le rôle principal, cette nappe vaporeuse où se dissolvent les morts-vivants, vectrice d’une menace opaque et indicible. Par son aura sépulcrale, cette entité naturelle pervertie par la vengeance nous happe avec un réalisme diaphane.
Souvent suggérés avant d’assaillir, les revenants apparaissent comme des ombres noires, silencieuses, avant de frapper - brutalement - d’un crochet rubigineux. L’intrigue, minimaliste mais redoutablement efficace, suit plusieurs trajectoires qui convergent vers un sanctuaire : une chapelle isolée, ultime refuge pour deux couples de survivants, rassemblés par les ondes paniquées d’une voix radiophonique bientôt aux abois.
Parallèlement, son enfant - réfugié chez une septuagénaire - devient la cible d’un effroi larvé, une peur sourde lorsque Blake et ses fantômes rôdent.
Peu à peu, la menace émerge du brouillard. Les attaques sont cinglantes, les lépreux putréfiés surgissent dans une terreur parfois suggérée, parfois tranchante. Le tout s’enlace à une partition entêtante, envoûtante, composée par le maître Carpenter lui-même. Le film pulse d’un rythme haletant, culminant dans un huis clos étouffant au cœur d’une église vermoulue… et redoublant la tension dans un second siège : l’animatrice radio, acculée, se retranche sur le toit de son phare, seule face à l’indicible.
* Bruno
16.11.18. 6èx
15.06.12. (96 v)
Bonjour,
RépondreSupprimerJe vous félicite pour votre blog qui est une vraie réussite, en particulier pour la recherche de films oubliés. Etant moi-même auteur d'articles sur internet, je souhaiterais vous contacter en message privé si possible.
Bonjour à vous, merci beaucoup pour le compliment.
RépondreSupprimerJe vous laisse mon adresse mail: suspiria@orange.fr