vendredi 20 septembre 2019

Insomnies. Prix du jury, Gerardmer 2001.

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Chasing Sleep" de  Michael Walker. 2000. U.S.A. 1h44. Avec Jeff Daniels, Emily Bergl, Gil Bellows, Zach Grenier, Ben Shenkman, Molly Price.

Sortie salles France: 16 Mai 2001

FILMOGRAPHIE: Michael Walker est un réalisateur, producteur, scénariste et acteur américain. 2018: Paint (TV Movie).  2017: Cut Shoot Kill.  2013: The Maid's Room. 2012: Price Check.  2000: Insomnies.


Huis clos intimiste feutré auprès de la solitude d'un insomniaque contrarié par la disparition de son épouse, Insomnies joue la carte du suspense hitchcockien sous le pilier d'un climat de malaise subtilement perméable. Car véritable descente aux enfers morale du point de vue d'un professeur en littérature égaré dans les affres de sa psychose et de sa paranoïa depuis sa déroute conjugale, Insomnies fait presque office de modèle de mise en scène, de par son intelligence de la suggestion à laisser planer le doute quant à l'éventuelle culpabilité de ce dernier et la potentielle survie de son épouse. Ainsi, si le spectateur attentif à ses faits et gestes redoute le pire dès le début par le biais d'(éventuelles) indices et hallucinations aussi nonsensiques que dérangeantes, Michael Walker (dont il s'agit de son premier essai) parvient à nous immerger dans son esprit névrosé au gré d'incidents quotidiens où réalité et illusion sont en fusion. Notamment en jouant sur l'apparition de brèches opaques (un orifice dans le mur qui ira grandissant, un autre au plafond) et sur l'élément naturel de l'eau, quasi omniprésente à l'écran (on comprendra plus tard pourquoi !), lorsque Ed s'efforce, tel un forcené, de déboucher sa cuvette de WC puis celle de sa baignoire.


Remarquablement dirigé à travers son casting irréprochable, Michael Walker renoue encore avec le talent d'Hitchcock quant aux diverses inimitiés psychologiques qu'Ed encaissera auprès de l'amant de son épouse, d'une étudiante amoureuse (on craint d'ailleurs pour son sort sans jamais y connaître l'issue d'une certaine manière !), d'un médecin et surtout de la police en quête d'indices fructueux. Ainsi, durant 1h44, nous assistons impuissants, et de manière toujours plus précaire et nauséeuse (à l'instar de l'effet de surprise aussi grotesque que terrifiant du nouveau-né tuméfié), à sa lente dégénérescence morale avec une appréhension finalement exponentielle quant au dénouement redouté. Eclairé d'une photo blafarde afin de mettre en exergue la pâleur de ses décors domestiques dénués de chaleur car humidifiés par l'eau environnante, Insomnies confine au malaise cérébral, et ce jusqu'au vertige sensoriel. Pour ce faire, on peut autant compter sur le jeu subtilement ambigu du monstre sacré Jeff Daniels insufflant face aux divers témoins des sentiments d'inquiétude et de contrariété étonnamment placides de par sa force tranquille à leur persuader qu'il est un époux réfléchi et équilibré, sans doute saint d'esprit.


Cauchemar paranoïde où plane (sans jamais les plagier) les ombres d'Hitchcock, Lynch et Polanski de par sa faculté à instiller un climat de malaise dépressif que le spectateur ne peut évincer, Insomnies fait honorablement appel au drame psychologique à travers le profil chétif d'un insomniaque martyrisé par l'épuisement dans les arcanes de sa psyché influençable. Si bien que se contredisent sans répit de par sa crainte d'affronter la vérité, impuissance (morale et sexuelle),  remise en question, doute et remord. Une perle du genre psychotique à (re)découvrir d'urgence ! 

*Bruno
2èx

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