Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
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Kimi no suizō o tabetai" de Shō Tsukikawa. 2017. Japon. 1h50. Avec Shun Oguri, Keiko Kitagawa, Takumi Kitamura, Minami Hamabe.
Sortie salles France: ? Japon:
28 Juillet 2017
FILMOGRAPHIE:
Shō Tsukikawa est un réalisateur et scénariste japonais. 2017: Je veux manger ton pancréas.
"Le plus grand échec est de ne pas avoir le courage d’oser."
Mélo existentiel d’une intensité à couper au rasoir, Je veux manger ton pancréas est un moment de cinéma épuré, touché par la grâce. La candeur d’un duo romantique s’y déploie à travers la maladie mortelle : Kyoko, condamnée, rencontre un lycéen introverti, paria asocial pointé du doigt par ses camarades. Poignant, bouleversant sans rien de programmé, le film s’érige en ode à l’amour le plus virginal et salvateur. Car au fil de leur relation, le jeune garçon apprend à s’affirmer, guidé par la tendresse lumineuse de Kyoko.
À travers les thèmes sombres de la maladie et du deuil, Shō Tsukikawa transfigure le portrait de ces deux êtres dissemblables. Kyoko, sémillante et spontanée, dévore la vie à pleines dents malgré l’épée de Damoclès suspendue au-dessus d’elle. Lui, solitaire taciturne, se replie sur son silence. Leur fragilité commune, mise à nu dans l’intimité de sentiments que le lycéen peine à exprimer, confère au film une universalité : l’amour comme apprentissage d’une complémentarité, un pacte de soutien face au deuil.

La communication, la confiance, le partage et la confidence (notamment lors de leur jeu « action/vérité ») deviennent alors les vecteurs de cette initiation. Tsukikawa narre cette romance avec une simplicité désarmante, portée par une pudeur sincère : le regard terne du garçon se reflète dans l’éclat vital de Kyoko. Jamais complaisant, jamais sirupeux, le film s’appuie sur le tempérament fringant de la jeune fille pour faire jaillir l’exaltation, teintée d’un onirisme existentiel. Par instants, on croit voir en elle un être de chair et de sang, tant son humanisme incandescent bouleverse la vie de son compagnon, bientôt capable d’embrasser le monde. De son côté, l’introverti délivre ses émotions timorées avec une intensité tangible, sensorielle, jusqu’à cette évolution morale optimiste qui le mène à trouver le courage d’oser, notamment face à la meilleure amie de Kyoko.
L’amour de la vie est la véritable force à protéger.
D’un lyrisme parfois enchanteur, mais surtout d’une acuité émotionnelle envoûtante, le film respire le sentiment d’urgence d’aimer et la beauté de l’instant présent. Sans doute l’un des plus beaux poèmes romantiques jamais imprimés sur écran. Car si le récit demeure limpide et fataliste (attention au coup de théâtre cinglant du milieu !), il transcende sa simplicité par une vibrante caractérisation humaine, militante pour la valeur de l’amour comme clef du sens de la vie. Aimer et être aimé. Donner et recevoir. Encore faut-il apprendre à aimer. Car ce n’est qu’à travers nos contacts, nos rapports aux autres, que la réalité de l’existence s’éclaire enfin.
— le cinéphile du cœur noir
Dédicace à Frederic Serbource.
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