jeudi 9 juillet 2020

The Woodsman

                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site buddy-movierepack.blogspot.com

de Nicole Kassell. 2004. U.S.A. 1h27. Avec Kevin Bacon, Yasiin Bey, Eve, Kevin Rice, Michael Shannon, Hannah Pilkes, Carlos Leon, Jessica Nagle, Kyra Sedgwic, Benjamin Bratt.

Sortie salles France: 15 Mars 2006. U.S: 25 Février 2005

FILMOGRAPHIENicole Kassell, née en 1972 à Philadelphie, est une réalisatrice américaine. 2002: The Green Hour (court-métrage). 2004 : The Woodsman. 2011 : A Little Bit of Heaven.


Quelle est la pire chose que vous ayez jamais faite ?
Traitant du thème oh combien scabreux de la pédophilie avec en tête d'affiche l'illustre Kevin Bacon, The Woodsman aurait facilement pu sombrer dans le produit racoleur s'il n'eut été réalisé par une cinéaste aussi indépendante que talentueuse. Car outre l'incroyable prestation cérébrale de notre acteur habité par son rôle épineux (probablement le rôle le plus probant de sa carrière !), le tact de la mise en scène posée nous scotche au siège à travers sa fine étude psychologique d'un pédophile en réinsertion sociale. Autrefois coupable d'attouchements sur deux fillettes de 10 et 12 ans, Walter tente aujourd'hui sa seconde chance après avoir purgé une peine de 12 ans de réclusion. Recruté en tant  qu'ouvrier dans une entreprise, il se lie d'amitié avec la force de caractère Vicki sans toutefois lui avouer son passé de criminel sexuel (tout du moins lors de leurs premiers rapports). D'une intensité psychologique rigoureuse à travers le profil déviant de ce pédophile en constante remise en question,  The Woodman nous dérange lourdement à travers ce questionnement ardu sur sa plausible réhabilitation.


Totalement immergé dans son introspection morale par le biais de sa quotidienneté morose (un appartement blafard dénué de mobilier avec, en face de sa fenêtre, une cour d'école en guise de provocation !); Walter est d'autant plus surveillé par son thérapeute et épié par un flic impassible avide de le remettre derrière les verrous. Seul, l'audacieux soutien de sa nouvelle compagne lui apporte néanmoins un regain de tendresse et d'attention du fait de sa croyance en sa frêle humanité. Mais alors que son entourage professionnel vient se mêler à son passé de délinquant sexuel, Walter est peut-être sur la corde raide de récidiver de par ses regards médisants l'estampillant monstre irrécupérable. Douloureux, âpre et malaisant d'y éprouver une réelle empathie pour ce paraphile hanté par ses démons et apeuré par le réveil de ses pulsions qu'il ne saisit pas; The Woodsman nous illustre sa descente aux enfers avec un humanisme à la fois désespéré et prometteur. Notamment auprès d'une saisissante séquence révélatrice quant à son trouble rapport affectueux avec une fillette de 12 ans victime d'abus sexuels par son paternel ! Tant et si bien que la réalisatrice ose théoriser sur l'éventuelle rédemption des pédophiles les moins dangereux s'efforçant de canaliser leurs pulsions pour ensuite les annihiler au fil d'un travail introspectif de longue haleine.


Remarquable de dextérité, tant auprès de sa mise en scène dépouillée que de la sobriété des interprètes contraints de témoigner de l'évolution morale d'un pédophile en instance de réinsertion, The Woodsman ne nous laisse pas indemne face à nos questionnements sur cette pathologie souvent réputée incurable. Néanmoins traduit ici dans l'espoir, l'optimisme et la rédemption auprès d'un profil humaniste torturé de remord, de culpabilité et d'incompréhension face à sa déviance, The Woodsman ose apporter une main secourable auprès des moins préjudiciables. Du grand cinéma franc-tireur, sans fioriture, entièrement dédié à l'humanisme fébrile de ces personnages antinomiques, entre haine et pardon. 

*Bruno

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