vendredi 17 juillet 2020

Sinister

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Scott Derrickson. 2012. U.S.A. 1h50. Avec Ethan Hawke, Juliet Rylance, Clare Foley, Michael Hall d'Addario, Vincent d'Onofrio, Frad Dalton Thompson, James Ransone.

Sortie salles France: 7 Novembre 2012. U.S: 5 Octobre 2012

FILMOGRAPHIE: Scott Derrickson est un réalisateur, scénariste et producteur américain
1995: Love in the Ruins. 2000: Hellraiser V: inferno. 2005: l'Exorcisme d'Emilie Rose. 2008: Le Jour où la terre s'arrêta. 2012: Sinister. 2014 : Délivre-nous du mal. 2016 : Doctor Strange 2. 2021 : Black Phone. 


Hormis l'étonnant (et parfois terrifiant) l'Exorcisme d'Emilie Rose, on ne peut pas dire que la carrière folichonne de Scott Derrickson soit digne d'éloges (Hellraiser 5, le remake du Jour où la terre s'arrêta).
Mais voici que débarque fin 2012 sa plus grande réussite dénommée Sinister 
Le pitchUn écrivain criminologue en mal de reconnaissance emménage avec sa famille dans une nouvelle demeure pour parfaire l'écriture de son nouveau livre. Un soir, il découvre dans le grenier un projecteur et quelques bobines de films en super 8. En les visionnant, il aperçoit horrifié le rituel de divers meurtres familiaux. Durant l'une des projections, il réussit à entrevoir une silhouette masquée qui pourrait être le potentiel suspect. Au fil des nuits, d'étranges phénomènes vont perturber ses nuits de sommeil. Il demande alors l'aide d'un adjoint de police et d'un spécialiste en phénomènes occultes. 


En adoptant le concept mainstream du found footage conjugué aux traditionnels thèmes de la hantise et du boogeyman, le réalisateur Scott Derrickson réussit à tirer son épingle du jeu de par la dextérité d'une mise en image plutôt suggestive fignolant à merveille son caractère oppressant. Si bien que chargé d'une aura mystérieuse auprès de la procession d'étranges meurtres filmés en mode "super 8", l'impact anxiogène de Sinister est décuplé de par son vérisme amateuriste. L'aspect véridique des crimes perpétrés hors champ étant saturé de la teinture sépia d'une image granuleuse. De prime abord, les futures victimes réunies en famille nous sont représentées de manière harmonieuse au sein de leur foyer rassurant. Ce n'est que quelques secondes après avoir observé ses images paisibles du bonheur conjugal qu'horreur et stupeur vont nous ébranler (en même temps que le héros contemplatif) lorsque ces derniers seront drogués et ligotés pour être assassiner de sang froid (pendaison, immolation, noyade ou décapitation selon les familles sélectionnées). Tandis qu'à chaque exaction commise (et afin d'alimenter le suspense), un survivant infantile est épargné mais jamais retrouvé par les autorités !


Ainsi, y émane à travers ce défilé d'images infernales un réalisme glauque particulièrement dérangeant de par scénographie ritualisée renforcé d'un score dissonant délicieusement malaisant. Qui plus est, le réalisateur se réapproprie intelligemment des clichés usuels afin de les détourner de manière aussi originale que crédible (les bruits suspects dans le grenier et la chute de notre héros, les apparitions fantomatiques inopinées, l'effet du surprise du gamin retrouvé dans une boite à carton). Et ce parmi le scrupuleux témoignage de l'écrivain torturé davantage parano depuis son penchant pour l'alcool. Indubitablement, le spectateur se pose les éventuelles questions éculées: Est-il entrain de devenir fou et risque t'il d'assassiner toute sa famille ? (à l'instar de Shining auquel le film emprunte habilement certains clins d'oeil !). Ou s'agit-il de la nouvelle stratégie spirituelle d'une nouvelle icone du boogeyman ici mangeur d'enfants ? Ainsi, en faisant intervenir cet élément occulte au sein de notre quotidienneté contemporaine, sa trajectoire narrative (tentaculaire) y attise suspense lattent et dramaturgie conjugale (les rapports davantage houleux avec son épouse demeurent très juste de sobriété) en multipliant les errances nocturnes du père de famille partagé entre l'affres de l'inconnu, sa reconquête de notoriété et celle de sa femme. Tandis qu'au fil de ses investigations entreprises avec l'aide d'un imminent spécialiste et d'un jeune policier, l'écrivain délibéré à se raviser, se retrouvera confronté à une terrifiante machination (un enroulement autour d'un point central) sans qu'une ultime issue de secours ne vienne lui sauver la mise. Ce twist incongru, littéralement traumatisant car sans concession et immoral, s'avère redoutablement efficace de par son glaçant refus de concession.


Circonvolution filiale.
Fort d'une intrigue ombrageuse fertile en situations anxiogènes aussi bien oppressantes qu'effrayantes (on peut d'ailleurs pour le coup applaudir l'efficacité de ses jump scares de par sa tension savamment distillée au préalable !), de son climat nocturne à la fois dérangeant, morbide et malsain, et de l'utilisation du docu-vérité émanant d'une pellicule super 8, Sinister transfigure le genre horrifique avec une efficacité optimale. Porté à bout de bras par l'omniprésence fébrile d'Ethan HawkeSinister sort admirablement des sentiers battus auprès de son habileté à susciter le malaise au spectateur emporté dans un vortex d'émotions aussi fortes qu'intraitables (exit donc le happy-end de rigueur !). On peut enfin dénoter sa réflexion sur le pouvoir de l'image et l'emprise du mal auprès des êtres les plus influents d'après la singularité d'un conte surnaturel au gout de souffre indécrottable. Une référence contemporaine privilégiant d'autant plus une peur cérébrale plutôt que viscérale.

*Bruno
17.07.20
19.11.12. 149 v

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