jeudi 16 juillet 2020

Satanico Pandemonium


"La Sexorcista / La Novizia Indemoniata" de Gilberto Martínez Solares. 1973. Mexique. 1h28. Avec Cecilia Pezet, Enrique Rocha, Delia Magaña, Clemencia Colin, Sandra Torres, Adarene San Martin, Patricia Alban, Yayoi Tokawa, Amparo Fustenberg, Paula Aack, Laura Montalvo, Verónica Ávila, Leo Villanueva, Daniel Albertos, Verónica Rivas, Valeria Lupercio.

Sortie salles Mexico: 26 Juin 1975

FILMOGRAPHIEGilberto Martínez Solares (né le 19 janvier 1906 à Mexico - décédé le 18 janvier 1997 à Mexico) était un réalisateur, scénariste, directeur de la photographie, producteur et acteur mexicain. Ce réalisateur mexicain méconnu du public français aura réalisé plus de 160 films.


Le pitchSoeur Marie est une nonne vertueuse au sein de son couvent confiné en pleine campagne parmi l'assemblée de soeurs prêchant la bonne parole. Mais durant une balade bucolique, elle est attirée par l'apparence intrigante d'un homme nu lui proposant le fruit défendu d'une pomme. Celle-ci repousse fissa son offrande avant qu'il ne disparaisse comme par enchantement. Depuis, de manière récurrente, Soeur Marie est en proie aux visions dérangées de cet esprit indocile pourvu de pouvoirs surnaturels. Ainsi, elle sombre dans la tentation du Mal. 

Réalisé un an avant Flavia la défroquée et le Couvent de la bête sacréeSatanico Pandemonium  est une nouvelle variation (christico-masochiste) du sous-genre de la Nunsploitation (récit d'exploitation à caractère religieux prétextant la libération des moeurs par le blasphème de leur doctrine). L'inspiration de cette sombre histoire de reconversion sataniste est aussi peut-être influencée par le thème de la possession démoniaque initiée par l'Exorciste car sorti la même année. Le sous-titre "la sexorcista" n'est d'ailleurs pas non plus étranger à son parti-pris lucratif. Méconnu dans l'hexagone si bien que j'ignorai son existence, cette oeuvre scabreuse au climat trouble distille dès le préambule un esthétisme flamboyant de par ses couleurs criardes contrastant avec la beauté écolo d'une nature à la fois verdâtre et solaire. Quand bien même au beau milieu de cette verdure, une jolie nonne juvénile vêtue d'une robe ecclésiastique azur savoure son épanouissement en cueillant une gerbe de fleurs sauvages et en écoutant le sifflotement des oiseaux (pour un peu, on se croirait presque dans Blanche Neige... ! Te jure). Mais l'ambiance agréablement angélique va brusquement virer de ton avec l'apparition d'un homme dans sa plus simple apparence ! Dès lors, Marie décide de fuir précipitamment cette ombrageuse présence !
            
                                        

Passé l'exposition de ce climat hybride, Satanico Pandémonium va pouvoir concrétiser son intrigue et dépeindre le portrait déliquescent d'une religieuse terrifiée à l'idée de se laisser séduire par l'entité du mal car irrésistiblement attirée par la luxure jusqu'aux fantasmes les plus répréhensibles (la pédophilie est par ailleurs ouvertement mise en exergue). Dans une première mesure, révulsée par ses désirs, elle décide de se châtier en s'infligeant diverses flagellations et scarifications corporelles. Mais fugacement, Marie ne pourra pas longtemps décliner le mal qui s'est insinué en elle depuis l'influence de ce mentor perfide. S'ensuit donc une série d'expériences sexuelles saphiques, voires même  pédophiles donc, à l'instar de son expérience ultra malsaine avec un mineur réunit à proximité d'un lac que Marie s'empressera d'embrasser sur la bouche après l'avoir provoqué. Mais le plus scabreux est à venir lorsque un peu plus tard... Une séquence ahurissante d'audace érotique culmine avec un meurtre atroce graphiquement gorasse ! Qui plus est, la répétition interminable des coups de couteau assénés sur la victime incommode avec persistance le spectateur gêné par ces corps ensanglantés !  Autant dire que ces séquences aussi couillues que dérangeantes continuent de choquer aujourd'hui, d'autant plus que l'ambiance démoniale sous jacente est rehaussée d'une bande son à la fois dissonante et gutturale. Un climat d'autant plus licencieux qu'il se déroule sous la hiérarchie d'une doctrine catholique complètement bafouée par la présence du Malin venu contaminer cette innocente résidence. L'oeuvre à ne pas mettre entre toutes les mains demeure d'autant plus corsée en terme d'imagerie gore putassière et de déviance sexuelle qu'elle y profane le corps ecclésiastique de souche Mexicaine.

                                      

Mais au-delà de la crédibilité de son contexte religieux hautement délétère, on peut autant saluer l'interprétation de l'étrange et ravissante Cecilia Pezet portant le film à bout de bras car y exacerbant une aura malsaine indécrottable de par sa douce apparence sournoisement provocante. La trajectoire évolutive de sa dépravation morale étant bâtie sur son accoutumance, son addiction irrésistible au mal qu'elle ne parvient ni à refréner ni à déjouer. En dehors de l'incroyable portrait de cette religieuse hantée par son refoulement sexuel que Gilberto Martinez Solares filme avec une attention somme toute scrupuleuse, il dénonce au passage le racisme intenté à certaines nonnes issues de l'esclavage ainsi que les pratiques barbares d'une juridiction inquisitrice (créée de prime abord par l'église catholique romaine !) lorsque la coupable suspectée de pactiser avec le diable y était violemment flagellée.

                                      

La Possédée du Vice. 
Nanti d'une photo infiniment éclatante, avec, autour de son foyer gothique la scénographie onirique d'une nature d'Eden, Satanico Pandemonium demeure sans conteste un sommet de la Nunsploitation à découvrir d'urgence pour l'amateur d'objet sulfureux à odeur de naphtaline. Son ambiance déviante davantage méphitique, l'audace de son imagerie sexuelle et de ses thèmes abordés (dont la pédophilie donc) ainsi que les yeux effarouchés de la saisissante Cecila Pezet convergent au poème pervers atour des thèmes de la peur du trépas, de l'angoisse de l'influence du Mal, de l'apostasie et du refoulement sexuel. Une bizarrerie tex-mex à la fois complètement frappadingue et redoutablement burnée, à faire connaître au plus grand nombre.   

*Bruno
16.07.20
25.03.11. 1679 v

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