samedi 18 juillet 2020

Les Yeux de Julia

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Los Ojos de Julia" de Guillem Morales. 2010. Espagne. 1h56. Avec Belén Rueda, Lluís Homar, Pablo Derqui, Francesc Orella, Joan Dalmau, Boris Ruiz, Daniel Grao, Clara Segura, Andrea Hermosa, Julia Gutiérrez Caba...

Date de Sortie: France: 22 décembre 2010

FILMOGRAPHIE: Guillem Morales est un réalisateur et scénariste espagnol. Les yeux de Julia est son premier long-métrage.


Dans la tradition du thriller à suspense hérité de classiques notoires parmi lesquels Seule dans la Nuit de Terence Young, Terreur Aveugle et Jennifer 8Les Yeux de Julia est un premier métrage dont l'ambition majeur est de tenter de confectionner avec intelligence et savoir-faire une intrigue captivante conçue sur l'expectative du fameux coupable. C'est ce que nous dévoilera sa seconde partie fertile en suspense oppressant quant à la confrontation escomptée entre la victime et le tueur confinés en mode huis-clos. Et ce tout y brossant un intéressant profil psychotique à travers une réflexion sur la solitude, l'isolement et la perte identitaire eu égard de l'entourage de l'assassin dénué d'attention pour sa présence et sa personnalité.

Le pitchA la suite d'un malaise, Julia demande à son mari de se rendre au domicile de sa soeur jumelle aveugle, Sara, pour s'apercevoir avec horreur qu'elle vient de se pendre dans la cave. Dubitative de ce suicide précipité, elle décide de mener elle même son enquête en y interrogeant les voisins et ses relations amicales autour d'un club de non-voyants. Rapidement, Julia découvre que sa soeur entretenait une liaison sentimentale avec un mystérieux inconnu qu'aucun témoin proche de la victime ne peuvent décrire avec précision. A son tour, Julia commence à perdre la vue de manière dégénérative et envisage une opération chirurgicale de dernier ressort. Mais le mystérieux individu tapi dans l'ombre rode et semble maintenant en vouloir à sa nouvelle dulcinée.


En abordant la thématique du trouble identitaire au sein d'une société individualiste, le néophyte  Guillem Morales nous offre un formidable exercice de style de par la densité de son récit entièrement voué à l'humanisme fébrile de l'héroïne s'efforçant de rétablir la vérité sur le sort de sa soeur jumelle. Spoil ! Ainsi, en jouant sur la faculté sensorielle des aveugles à percevoir les présences invisibles, le réalisateur tisse un diabolique récit auprès des agissements désespérés d'un tueur s'en prenant aux aveugles afin que ces dernières puissent l'entrevoir dans l'obscurité. Seule manière salvatrice pour lui d'éprouver de l'attention à son existence aseptique, puisque lui même condamné à l'invisibilité depuis son enfance, faute de l'éducation d'une mégère bigote. Fin du Spoil. La première partie efficacement troussée empreinte le schéma d'une enquête à suspense latent lorsque l'héroïne, persuadée que sa soeur n'est pas décédée d'un suicide tentera de lever le voile sur les tenants et aboutissants d'un éventuel crime passionnel. Mais l'intrigue inquiétante y brouillera les pistes à travers ses potentiels coupables (le voisin lubrique co-existant avec sa fille), notamment après avoir éliminé un personnage majeur à mi parcours pour nous interroger sur sa mort que l'entourage théorisera toutefois de manière plausible. Mais c'est auprès de sa seconde partie plus alerte que  Guillem Morales y apportera un soin scrupuleux pour y parfaire l'affrontement psychologique entre Julia et le tueur compromis au jeu d'autorité et de manipulation. Niveau cast, on retient surtout la présence toute en élégance naturel de Belén Rueda (reconnue dans l'Orphelinat) incarnant avec une détermination pugnace une aveugle pour autant effarouchée lors de son affrontement trépident avec le tueur. Son jeu intense doit énormément au réalisme du récit et la valeur humaine qui y émane pour la valeur de sa passion des sentiments et sa détresse du deuil familial à résoudre. Quand bien même le réalisateur à l'idée retorse de lui redorer la vue au moment le plus crucial de sa survie. Une manière payante de surenchérir le suspense oppressant autour d'affrontements physiques et psychologiques, à l'instar de la séquence du thé empoisonné que Julia est contrainte de déglutir. D'autres moments aussi forts ne manquent pas non plus de piment pour provoquer un émoi morbide (le congélateur), notamment en y exploitant la présence rassurante d'un personnage altruiste.


Ferme les yeux
Excellent thriller hitchcockien parfaitement maîtrisé, notamment auprès des éclairages de sa photo désaturée en harmonie avec les sombres évènements décrits, les Yeux de Julia culmine en prime, et de manière totalement fortuite, vers une conclusion aussi fantasmagorique que bouleversante. Hautement fréquentable et non dénué d'émotive dramaturgie à travers la caractérisation humaine de ses personnages.  

*Bruno
18.07.20
21.03.11. 227 v

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