"Quand on aime, on aime toujours trop". "Quand on aime on voit les belles choses".
vendredi 29 juillet 2022
A plein temps
jeudi 28 juillet 2022
Rien que pour vos yeux / For Your Eyes Only
Sortie salles France: 22 Août 1981. U.S: 26 Juin 1981
FILMOGRAPHIE: John Glen est un réalisateur anglais né le 15 mai 1932 à Sunbury-on-Thames (dans le comté de Surrey, en Angleterre). 1981 : Rien que pour vos yeux (For Your Eyes Only) avec Roger Moore. 1983 : Octopussy. 1985 : Dangereusement vôtre. 1987 : Tuer n'est pas jouer. 1989 : Permis de tuer. 1990 : Checkered Flag. 1991 : Aigle de fer 3. 1992 : Christophe Colomb : La découverte. 1995 : Épisodes de la série télévisée britannique Space Precinct. 2001 : The Point Men.
Rien que pour vos yeux, c'est tout d'abord pour ma part un souvenir d'ado mémorable lorsque je le découvris un mercredi après-midi d'Août au cinéma Apollo de ma contrée lensoise après avoir été littéralement charmé par sa rutilante affiche promotionnelle (qui fit d'ailleurs polémique à sa sortie pour des raisons conservatrices imbéciles à mes yeux). Alors que je suis loin d'être fan indéfectible de la saga des James Bond que j'ai souvent trouvé prétentieuse, éculée et trop clinquante (même si aujourd'hui j'ai changé d'avis), j'ai paradoxalement toujours eu une affection exclusive pour ceux incarnés par le héros d'Amicalement votre, Mr Roger Moore. Parce que contrairement bâti sur un jeu de dérision (parfois même parodique) et décomplexé auprès de son assurance à la fois avenante et joviale afin de se prendre (beaucoup) moins au sérieux, ses déclinaisons modernes du mythe m'ont toujours autrement séduit par leur aspect tantôt cartoonesque (Dangereusement Votre), tantôt stellaire (Moonraker), tantôt exotique (Octopussy) et plus aventureux que de coutume (le Bond qui nous intéresse ici). Et donc Rien que pour vos yeux ne déroge pas à cette règle si bien qu'à mes yeux il restera mon Bond attitré tant je le considère franchement comme une référence du film d'action et d'aventures que John Glen maîtrise avec une stupéfiante vélocité (solide artisan qui rempilera d'ailleurs à plusieurs reprises à la saga incarnée par Moore). En exagérant même un chouilla mes propos, j'oserai donc dire qu'il n'a rien à envier par exemple au parangon Les Aventuriers de l'arche perdue à travers sa combinaison idoine, si immersive et dépaysante, d'humour, d'action, de tendresse, de romance et d'aventures conçus pour un public de 7 à 77 ans.
D'ailleurs, j'ignore qui a bien pu réaliser ses nombreuses cascades, poursuites et actions intrépides parce que je reste toujours aussi bluffé, époustouflé, sourire de gosse à l'appui, par son souci de véracité artisanale à faire pâlir de jalousies les blockbusters tels Fast and Furious, John Wick ou encore le dernier Marvel souvent grotesques et improbables dans leur surenchère numérisée dénuée de poésie, de véritable souffle épique. En bref, des produits lambdas fréquemment dénués d'âme, d'amour, de passion, de sens vertigineux. Car outre l'élégance de sa mise en scène avisée rehaussée d'un montage à couper au rasoir (raison pour laquelle les moult séquences d'action en règle n'ont pas pris une ride par leur capacité à nous faire rêver comme si nous participions à l'évènement en direct), Rien que pour vos yeux est évidemment conçu pour nous en mettre plein la vue sous l'impulsion de décors exotiques, aériens et maritimes, et de la présence angélique d'une Carole Bouquet littéralement luminescente par sa beauté froide, sa grâce lestement timorée. Certains pourraient peut-être lui reprocher un jeu parfois figé dans sa posture monolithique alors que pour ma part je trouve que sa présence gentiment épurée lui sied à merveille à fréquenter dans la discrétion l'agent secret en ange vindicative que celui-ci tente toutefois de sermonner afin de lui éviter un lourd tribut répréhensible. Par conséquent, ce perpétuel sentiment d'exaltation et de plénitude est rehaussé d'une solide intrigue à rebondissements où l'action reste quasiment à son chevet (en dépit du savoureux prologue aimablement gratuit, clin d'oeil cocasse au volet antécédant). Alors que le générique liminaire mais aussi final (impossible d'interrompre le film avant l'écran noir j'vous dis !) nous laisse béat d'admiration de par l'expressivité de sa féérie mélodieuse que la chanteuse Sheena Easton envoûte par sa voix délicatement lascive. Un véritable enchantement sensoriel qui m'a laissé le souffle coupé, notamment auprès de son esthétisme charnel.
Spectacle héroïco-glamour de chaque instant coordonné avec une fluidité hors-pair afin de faire participer son public à une aventure hétéroclite rafraichissante, Rien que pour vos yeux nous irradie les mirettes, l'ouïe et le coeur sous l'impulsion d'une poésie bienveillante aujourd'hui tristement révolue. De là d'oser avouer que finalement nous vivons une triste époque cinégénique, quitte à jouer le passéiste rabat-joie, les cinéastes actuels feraient toutefois mieux de réviser leurs classiques afin de tenter de leur arriver à la cheville.
mercredi 27 juillet 2022
La Brigade. Prix d'interprétation, Audrey Lamy, Alpe d'Huez, 2022.
vendredi 22 juillet 2022
Les Nuits de Dracula / Nachts, wenn Dracula erwacht
Sortie salles France: 16 Juin 1971. Espagne: 15 Mars 1971
FILMOGRAPHIE: Jess Franco (Jesus Franco Manera) est un réalisateur espagnol, né le 12 Mai 1930 à Madrid, décédé le 2 Avril 2013. 1962: L'Horrible Dr orlof. 1962: Le Sadique Baron Von Klaus. 1964: Les Maîtresses du Dr Jekyll. 1966: Le Diabolique Dr Zimmer. 1969: L'Amour dans les prisons des femmes. 1969: Justine ou les infortunes de la vertu. 1970: Les Nuits de Dracula. 1970: Le Trône de Feu. 1971: Vampyros Lesbos. 1972: Les Expériences Erotiques de Frankenstein. 1972: Dracula prisonnier de Frankenstein. 1972: La Fille de Dracula. 1973: Quartier des Femmes. 1973: Christina chez les Morts-Vivants. 1974: La Comtesse Noire. 1974: Eugénie de Sade. 1976: Jack l'Eventreur. 1980: Terreur Cannibale. 1980: Mondo Cannibale. 1981: Sadomania. 1981: Le Lac des Morts-Vivants (co-réal). 1982: L'Abîme des Morts-Vivants. 1982: La Chute de la maison Usher. 1988: Les Prédateurs de la Nuit. 2002: Killer Barbys.
Encore une bizarrerie horrifique estampillée Jess Franco qui se fixe comme ambition de s'attaquer au Dracula de Bram Stoker avec en têtes d'affiches les illustres Christopher Lee (affublé d'une moustache !), Herbert Lom, Klaus Kinski. Truffé de maladresses et d'incohérences (les apparitions risibles de la chauve-souris, les réactions nonsensiques de certains protagonistes, les rochers projetés sur les gitans, Spoil ! pour quelle raison Kinski est défenestré puis finalement vivant pour trépasser un peu plus tard ? fin du Spoil), d'un jeu d'acteurs parfois/souvent hésitant, contracté ou surjoué, Les Nuits de Dracula est pour autant pallié de qualités esthétiques et idées narratives incongrues (les animaux empaillés soudainement doués de vie distillant un drôle de climat insécure !) empêchant le spectateur de sombrer dans la torpeur. Tout du moins chez les amateurs de Bis friands de curiosité à la fois ratée et attachante sous l'impulsion d'une atmosphère gentiment envoûtante. Tant auprès des brumes lactées, des architectures et objets poussiéreux ou encore des monuments historiques que nos protagonistes arpentent ou se réfugient dans une posture à la fois inquiète et déconcertée.
Jess Franco parvenant fréquemment à soigner ses décors naturels et domestiques par le biais d'un climat gothique natif de sa nationalité ibérique. Je retiens surtout (et en forme de coup de coeur d'ailleurs) la chambre de Lucie d'une beauté azurée à la fois baroque et onirique (notamment au niveau des fenêtres en forme de losange), sans compter ses magnifiques éclairages nocturnes distillant une étrange poésie crépusculaire modestement macabre. Quant au montage elliptique bâclé et au score musical un peu, beaucoup trop itératif (tout du moins dans la VF avec en prime des inserts musicaux à Fabio Frizzi tirés de l'Au-delà !) qui imprègne tout le récit, là encore les amateurs bisseux pourraient probablement éprouver une certaine affection (nostalgique) à travers ses maladresses désuètes d'une époque révolue. Franco façonnant une série B indépendante proprement dégingandée où y émane un climat ombrageux à la fois charmant, séduisant (les actrices aux yeux noirs globuleux étant d'autre part ravissantes dans leur enveloppe à la fois vénéneuse et charnelle) et quelque peu saugrenu dans sa mise en forme aimablement bricolée. A découvrir ou à revoir donc auprès d'un public averti, même si l'indulgence serait probablement conseillée.
P.S: à voir impérativement en HD à contrario de son abominable Dvd.
mardi 19 juillet 2022
Out of the Blue
Sortie salles France: 15 Avril 1981 (Int - 18 ans). U.S: 3 Décembre 1983
FILMOGRAPHIE: Dennis Hopper est un acteur, réalisateur, poète, peintre et photographe américain, né le 17 mai 1936 à Dodge City (Kansas) et mort le 29 mai 2010 à Los Angeles. 1969: Easy Rider. 1971: The Last Movie. 1980: Out of the Blue. 1988: Colors. 1990: Catchfire. 1990: Hot Spot. 1994 : Chasers. 2000 : Homeless (court métrage).
A réserver à un public averti.
vendredi 15 juillet 2022
Black Phone
mercredi 13 juillet 2022
9 semaines et demi / Nine ½ Weeks
Sortie salles France: 16 Avril 1986 (Int - 13 ans). U.S: 21 Février 1986.
FILMOGRAPHIE: Adrian Lyne est un réalisateur et producteur britannique, né le 4 Mars 1941 à Peterborough (Grande Bretagne). 1980: Ca plane les filles. 1983: Flashdance. 1986: 9 semaines et demi. 1987: Liaison Fatale. 1990: L'Echelle de Jacob. 1993: Proposition Indécente. 1997: Lolita. 2002: Infidèle. 2022 : Eaux profondes (Deep Water).
Car mystérieux et secret, charmeur et raffiné dans son costume noir corbeau, l'acteur use de son élégance et de sa voix rassurante pour envoûter Kim Basinger crevant l'écran à chacune de ses apparitions d'une charnalité torride. L'actrice délivrant avec un naturel fureteur, sémillant et parfois badin un jeu à la fois fébrile et fragile au fil de ses relations sexuelles toujours plus risquées, pour ne pas dire éprouvantes. Le récit efficacement traité nous interrogeant sur les limites à ne pas franchir lors de propositions transgressives entre couple (triolisme, sm) et l'influence que peut exercer un amant pervers délibéré à soumettre sa maîtresse au risque de la plonger dans une perte de repères irréversible. Film romantique n'omettant jamais les agréables touches d'humour (avec parfois des instants d'hilarité), 9 semaines et demi est à revoir absolument pour tenir compte du talent indiscutable d'Adrian Lyne filmant cette odyssée érotique avec autant de provocation stylisée que de sensibilité morale eu égard du profil torturé d'Elizabeth partagée entre sa passion amoureuse littéralement capiteuse et ses sombres remords de s'adonner à des actes sexuels toujours plus houleux, audacieux, dérangeants.
*Bruno
3èx. Vostf 5.1 Dts hd
Box Office France: 1 201 156 entrées
mardi 12 juillet 2022
Presque Célèbre / Almost Famous
Sortie salles France: 21 Mars 2001. U.S: 13 Septembre 2000.
FILMOGRAPHIE: Cameron Crowe est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 13 juillet 1957, à Palm Springs, Californie.1989 : Un monde pour nous (Say Anything). 1992 : Singles. 1996 : Jerry Maguire. 2000 : Presque célèbre. 2001 : Vanilla Sky. 2005 : Rencontres à Elizabethtown (Elizabethtown). 2011 : Pearl Jam Twenty (en). 2011 : Nouveau Départ (We Bought a Zoo). 2012 : The Union (documentaire). 2015 : Welcome Back (Aloha). 2016 : Roadies
Oeuvre quasi autobiographique de la part de son auteur vue à travers les yeux de William Miller, ado timoré de 15 ans endossant le poste d'un journaliste en herbe à suivre les concerts et pérégrinations d'un groupe avide de notoriété (en dépit de la réticence de sa mère bigote que campe brillamment avec droiture et émotions maternelles Frances McDormand), Presque Célèbre est touché par une grâce capiteuse eu égard de son pouvoir émotionnel inscrit dans une tendresse en roue libre. Les acteurs, connus et moins connus, incarnant chacun leur fonction avec un naturel désarmant de tranquillité sereine. Particulièrement la jeune groupie Penny Lane jouée par la radieuse et sémillante Kate Hudson tant et si bien qu'elle transperce littéralement l'écran de sa fougue sensuelle sous l'impulsion d'un cinéaste captant ses expressivités faciales "attendries" avec une sobriété perfectionniste. Et à ce niveau technique, chapeau bas à la rigueur du montage passant avec fluidité d'un personnage à l'autre afin de ne rien omettre de leurs réactions humaines aussi bien fragiles que fébriles. Mais il y aussi William Miller que Patrick Fugit (alors méconnu à l'époque) compose avec une attachante innocence dans la peau d'un journaliste à la fois interrogatif, perplexe mais passionné puis peu à peu amoureux de cette jeune fille que le leader du groupe Russel Hammond compte toutefois conquérir sans passion.
Ainsi donc, celui-ci se laisse embarquer à travers les tournées du groupe Stillwater en voie de reconnaissance médiatique avec ce que cela sous-entend de sorties éméchées avec les fans, entre drogue, sexe et alcool que Cameron Crowe évite toutefois de se complaire grâce à une certaine pudeur des situations et grâce à la complicité amicale de ces jeunes passionnés férus de joie de vie, d'amour et de pop-rock dans l'air du temps. Voyage temporel au sein des Seventies à l'aune de cette jeunesse flower power irrésistiblement attirée par les paradis artificiels que notre jeune héros ne cède toutefois jamais de par sa sagesse, son intégrité et son intelligence d'esprit, Presque Célèbre touche droit au coeur auprès de ses moments d'intimité romantique et de communion amicale que les comédiens, extrêmement aisés, décomplexés, exaltés, nous transmettent avec une vérité humaine fulgurante. Au point même où, outre les morceaux musicaux entêtants et explosifs, je me suis surpris à moult reprises d'y verser des larmes de par l'intensité des sentiments humains livrés ici sans ambages, la pudeur et la réserve restant les maîtres mots, qui plus est renforcé de la lucidité de la réal portant un regard terriblement affectueux sur cette génération rock éloignée de la réalité mais pour autant rattrapée par une remise en question et d'une prise de conscience auprès du trio Penny / William / Russel.
Tu l'auras compris, et fort d'une réputation élogieuse auréolée de récompenses (voir ci-dessous), Presque Célèbre s'avère le haut du panier du genre musical à travers les yeux d'un parcours initiatique semé de turbulences, de désillusions, mais aussi d'espoir et d'optimisme. Celui d'un ado idéaliste partageant avec nous (et face au témoignage versatile du groupe) ses passions (et envers le journalisme et envers la musique), ses doutes, ses angoisses et ses désirs sentimentaux en s'interrogeant sur la réalité des sentiments exposés lors de tournées pailletées triomphantes et lors de ses échanges avec sa mère autoritaire. Bref, du vrai et beau cinéma comme on en voit hélas que rarement grâce à l'alchimie idoine d'une réalisation scrupuleuse (jamais pédante puisque c'est sa simplicité qui le rend tant charmant) entourée d'une galerie d'acteurs épatants de peps, de cocasserie (le récit est effectivement plein d'humour bonnard) et de mélancolie existentielle sous couvert d'une satire du journalisme à potins que les artistes suspectent d'un oeil versatile.
vendredi 8 juillet 2022
Le Solitaire / Thief
Sortie salles France: 20 Mai 1981. U.S: 27 Mars 1981
FILMOGRAPHIE: Michael Kenneth Mann est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 5 Février 1943 à Chicago. 1979: Comme un Homme Libre, 1981: Le Solitaire, 1983: La Forteresse Noire, 1986: Le Sixième Sens, 1989: LA Takedown, 1992: Le Dernier des Mohicans, 1995: Heat, 1999: Révélations, 2001: Ali, 2004: Collatéral, 2006: Miami Vice, 2009: Public Enemies. 2015 : Hacker. (Blackhat). 2023 : Ferrari.
Pour son premier long au cinéma, Michael Mann nous assène de plein fouet un coup de maître avec ce polar hypnotique, Le Solitaire, sublimé de la présence aussi magnétique de l'acteur viril James Caan (qui vient de nous quitter hier à l'heure où j'écris ces lignes), quand bien même le groupe Tangerine Dream nous berce de son score électro collant aux images urbaines à la lisière d'une fantasmagorie crépusculaire. Mann possédant ce don inné d'y filmer la ville nocturne de Chicago à travers ses éclairages d'un bleu argenté sous un bitume humecté. Pourtant sur le papier, le pitch minimaliste (un perceur de coffre décide d'accomplir un dernier casse avant de se ranger pour y fonder une vie de famille) n'augure rien d'original avec son impression de déjà vu. Mais par le génie de la mise en scène clippesque de Michael Mann, il transforme son polar à priori basique en chef-d'oeuvre élégiaque sous l'impulsion du traitement psychologique de ces personnages peu recommandables. James Caan, terriblement fascinant et attachant, endossant avec une classe aussi impériale qu'un Pacino ou De Niro (rien que ça) un braqueur de diamant ultra pro car réputé dans son art d'y dévaliser les plus gros coffre-fort. Celui-ci se fondant dans le corps classieux de cet ex taulard sans peur ni intimidation puisque ayant acquis en prison à se foutre de tout et de sa personne afin de rester en vie. Un être autonome toutefois anachronique car dépassé par le système économique actuel alors que son entourage fallacieux et perfide s'efforce vainement de le dompter, d'y marchander et de l'asservir. Car c'est principalement un portrait d'anti-héros entêté en quête de rédemption que nous autopsie scrupuleusement Mann à travers son parcours houleux de négocier subitement avec un mafieux sans vergogne, et au travers de son évolution morale à s'assainir auprès d'une vie de couple qu'il ne pût concrétiser au préalable.
Et ce même si sa nouvelle compagne demeure hélas stérile au moment où Franck évoque l'idée d'une éventuelle adoption de dernier ressort. De par son art d'y conter son histoire à la fois sombre, incertaine et mélancolique autour d'un conflit de générations (Léo / Franck), Michael Mann nous livre donc un moment de cinéma contemplatif à travers une pléthore de séquences anthologiques (tant pour les situations intimes que celles tendues ou autrement belliqueuses) que l'on observe avec une attention scrupuleuse (impossible de détacher les yeux de l'écran par le vertige des sentiments livrés sans fard). On peut donc parler sans rougir de véritable modèle de mise en scène alors qu'il s'agit du premier long pour le cinéma d'un cinéaste néophyte extrêmement ambitieux et talentueux à nous faire participer à une expérience de cinéma à la fois instrumentale (Tangerine Dream est comme de coutume touché par une grâce sensorielle) et terriblement immersive à donner chair à cet univers véreux (complicité vénale des forces de l'ordre à l'appui) auprès d'un couple qu'on aimerait tant ressortir victorieux. Car outre le plaisir éprouvé pour ses séquences iconiques s'enchainant sans temps morts sous l'impulsion d'un suspense inopinément alerte (son final nihiliste s'avère destructeur dans tous les sens du terme), Le Solitaire est notamment un film d'acteurs comme on n'en fait plus et comme on en voit plus. Des gueules striées à l'ancienne dégageant une expressivité mature dans une aura malsaine alors que James Caan, intrépide, irrévocable, spartiate, individualiste, poursuivra coûte que coûte son bonhomme de chemin esseulé pour le prix de son honneur et de sa rectitude. Quitte à tout perdre ce qu'il venait juste de concrétiser mais en protégeant toujours ses proches les plus fidèles et méritants en dépit des apparences impassibles. D'ailleurs, les moments d'amitié qu'il nous fait partager avec un taulard moribond (Okla, détenu depuis 21 ans mais libre dans 10 mois) demeurent d'une intensité dramatique à la fois sobre et singulière à travers ses doux échanges de regards extrêmement reconnaissants et affectueux. Des moments d'intimité jamais vus sous cet angle prude que Michael Mann empile comme des perles avec une dignité désarçonnante, notamment auprès des rapports de couple sobrement bienfaiteurs, coléreux ou parfois épanouissants.
Electrisant, pour ne pas dire foudroyant dans sa capacité stylisée à nous captiver sous l'oeil d'une caméra habitée par la quête de perfection; Le Solitaire est tout simplement l'un des plus grand polars urbains de tous les temps en prime de nous parfaire 2 séquences de braquage d'une authenticité documentée inusitée. James Caan ensorcelant sans cesse l'écran en voleur de diamant compromis par son changement d'orientation moral (conjugal et professionnel) mais toujours dans la droiture de ne céder à aucune tractation (fallacieuse) au risque de tout perdre ce qu'il eut anticiper.
mercredi 6 juillet 2022
Monsters. Meilleur film indépendant: National Board of Review, 2010.
de Gareth Edwards. 2010. Angleterre. 1h34. Avec Whitney Able, Scoot McNairy. Mario Zuniga Benavides, Annalee Jefferies, Justin Hall, Ricky Catter.
Sortie France: 1 Décembre 2010, U.S.A.: 29 Octobre 2010
FILMOGRAPHIE: Gareth Edwards est un réalisateur anglais, scénariste, producteur et directeur de photographie, né en 1975. Monsters est son premier long-métrage.


Pour en revenir à District 9, sa relation commune est uniquement bâtie sur le principe qu'une forme extra-terrestre eut déjà débarqué sur notre terre depuis 6 ans alors qu'elle tente d'y survivre malgré les bombes envoyés par les américains et les mexicains pourtant responsables de cette invasion à grande échelle. Ainsi, à travers ce décor d'apocalypse de pays dévasté, Gareth Edwards livre avec pudeur une fragile romance initiatique auprès de deux personnages lambdas se rapprochant un peu plus au fil de leur relation amicale pour tenter de survivre dans cet endroit hostile dont ils ignorent la réelle dangerosité. Par conséquent, à travers cette situation alarmiste d'un pays chaotique en état de guerre contre un ennemi potentiellement belliqueux dont ils ignorent leur revendication, le réalisateur suggère sans aucune violence graphique une société totalitaire déterminée à enrayer l'ennemi dont toute communication est rompue. Il joue autant du pouvoir de fascination et de mystère sous-jacent de cette forme extra-terrestre réfugiée dans une nature lyrique que d'y décrire avec beaucoup d'attention contemplative l'amitié d'un homme et d'une femme livrés aux tourments de leur angoisse et de leur incertitude Spoil ! avant d'oser avouer finalement leur amour commun Fin du Spoil.

Avec un sens poétique sensitif de par ses images parfois insolites de décors naturels combinés au désastre d'habitations clairsemées, puis l'apparence démesurée de ces extra-terrestres ressemblant à d'immenses pieuvres en apesanteur, Monsters est un ovni (métaphorique) d'une beauté aussi étrangement immersive que diaphane. Car accentué d'un score hypnotique à la fois sensible, fragile et timoré, l'odyssée esseulée de nos deux héros traversant quelques dangers à travers ce décorum naturaliste (la grande pyramide, les immenses murailles longeant la zone contaminée, l'apparition démesurée des deux monstres au dessus de la station essence), nous est illustrée de manière réaliste à la limite du documentaire pris sur le vif (avec ce que cela sous entend de quelques seconds-rôles et moult figurants amateurs). Ainsi, avec retenue et sans esbroufes afin de laisser respirer son récit et ses personnages contemplatifs, Monsters se vit et se ressent sous l'impulsion d'une acuité émotive ténue. Tel un voyage romantique singulier tirant parti de la caractérisation solidaire de ce couple confronté à une quotidienneté précaire, insécure et anxiogène. Deux êtres quelque peu hantés, contrariés, démunis, désarmés d'impuissance à oser déclarer leur flamme au coeur de cette désolation écolo. Si bien que la nature, témoin de cette guérilla intraitable ne demande qu'à éclore de nouveau avec la complicité de ces extra-terrestres confinés dans les écorces d'arbres afin d'hiberner puis façonner leur mutation.

Lost in Paradise.
Efficacement mis en scène à travers un parti-pris suggestif compensant son maigre budget en utilisant lestement ses impressionnants effets-spéciaux, et endossé par deux modestes comédiens épatants de naturel, entre humanisme affecté et fragilité sentimental (on peut d'ailleurs préciser qu'à la ville ils forment un véritable couple, tout du moins au moment du tournage !), Monsters se décline en ode lyrique à l'épanouissement amoureux au sein d'un état régressif bafoué par notre instinct d'ego autodestructeur. Magnifiquement envoûtant et si expressif quant au vérisme de sa scénographie naturaliste à la fois cauchemardesque, atone et romantique.
*Bruno
mardi 5 juillet 2022
Avec Django la mort est là /Joko - Invoca Dio... e muori
Sortie salles France: 21 Mai 1969. Italie: 19 Avril 1968
FILMOGRAPHIE: Antonio Margheriti (Anthony M. Dawson) est un réalisateur italien, né le 19 septembre 1930 à Rome, décédé le 4 Novembre 2002 à Monterosi. 1960: Le Vainqueur de l'espace. 1962: Les Derniers jours d'un empire. 1963: La Vierge de Nuremberg. 1964: La Sorcière Sanglante. 1964: Les Géants de Rome. 1964: Danse Macabre. 1968: Avec Django, la mort est là. 1970: Et le vent apporta le Violence. 1971: Les Fantômes de Hurlevent. 1973: Les Diablesses. 1974: La brute, le colt et le karaté. 1975: La Chevauchée terrible. 1976: l'Ombre d'un tueur. 1979: l'Invasion des Piranhas. 1980: Pulsions Cannibales. 1980: Héros d'Apocalypse. 1982: Les Aventuriers du Cobra d'Or. 1983: Yor, le chasseur du futur. 1985: L'Enfer en 4è vitesse.
Même s'il n'atteint jamais le niveau de son homologue Et le vent apporta la violence, Avec Django la mort est là reste un sympathique western d'Antonio Margheriti demeurant à la fois charmant et attachant grâce à ses maladresses d'une réalisation bricolée et au cabotinage de ses acteurs burinés (l'anti-héros tente de concurrencer Eastwood et consort alors que les méchants cultivent une expression à la fois triviale et outrée pour tenir tête à leur rival). Qui plus est, si l'intrigue semble de prime abord toute à fait prévisible et déjà vue, Margheriti a l'idée burnée de la relancer auprès d'une révélation inattendue en exploitant les codes du Fantastique lorsque l'action se confine dans une grotte (une mine de soufre) superbement éclairée de tâches sépias. A découvrir donc, ne serait-ce que pour son climat sombre et étrange, son intro proprement horrifique (l'écartèlement d'un maraudeur par des chevaux) et son action parfois impressionnante (notamment les pugilats assez violents et percutants) que les protagonistes renforcent dans leurs postures à la fois viciées et insalubres. Quant au score de Carlo Savina, il demeure lui aussi gentiment entêtant à s'efforcer d'émuler les plus grands compositeurs du Western Spaghetti.