lundi 15 mai 2023

Retour vers l'Enfer / Uncommon Valor

                                          
                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Ted Kotchef. 1983. U.S.A. 1h45. Avec Gene Hackman, Robert Stack, Fred Ward, Reb Brown, Randall "Tex" Cobb, Patrick Swayze, Harold Sylvester.

Sortie salles France: 18 Avril 1984 (Int - 13 ans)

FILMOGRAPHIETed Kotcheff est un réalisateur, producteur, acteur et scénariste canadien d'origine bulgare, né le 7 avril 1931 à Toronto (Canada). 1974: l'Apprentissage de Duddy Kravitz, 1978: La Grande Cuisine, 1982: Rambo, 1983: Retour vers l'Enfer, 1988: Scoop, 1989: Winter People, Week-end at Bernie's, 1992: Folks !


Si on est en droit de préférer Rambo 2 et Portés DisparusRetour vers l'Enfer demeure à mon sens plus efficace, plus maîtrisé, plus détaillé dans sa facture visuelle, moins tape à l'oeil, aussi épique et parfaitement troussé pour combler l'amateur d'action belliqueuse initié un an au préalable avec le phénomène Rambo 1. Et si le pitch prévisible, tracé d'avance, se soumet aux conventions (George Pan Cosmatos et Joseph Zito  n'exploiteront que deux ans plus tard le même schéma narratif avec Rambo 2 et Portés Disparus), Retour vers l'enfer ne relâche jamais l'attention sous l'impulsion de cette mission commando très attachante car charismatique, expressive et véritablement investie dans leur fonction à la fois solidaire, pugnace et enfin suicidaire à tenter de récupérer une poignée de prisonniers ricains restés confinés dans des géôles vietnamiennes 10 années depuis. Ainsi, lors de sa première partie fondée sur le recrutement et l'entrainement militaire, son aspect troupier renforcé de la posture décomplexée de nos touristes mastards demeure bon enfant à travers leurs esprits de camaraderie plein de bon sens, de relativisme, de pardon et surtout de fraternité eu égard de leur cohésion humaine indéfectible. Tout cela étant illustré avec une étonnante efficacité, notamment de par l'habileté du montage allant droit à l'essentiel. 


Outre ses sympathiques têtes d'affiche opposant ancienne et nouvelle génération (Robert Stack, Fred Ward, Reb Brown, Randall "Tex" Cobb et Patrick Swayze communément impliqués dans leur jeu spartiate jamais ridicule), on est surpris de retrouver en leader de peloton le monstre sacré Gene Hackman à la fois sobrement autoritaire, contrarié et résigné en colonel en berne s'efforçant (contre l'avis de ses supérieurs) à retrouver son fils prisonnier des Vietcongs. Et ce en dépit des négociations entamés entre les 2 pays qui pérennent depuis plus de 10 ans. Bonnard, dépaysant (les paysages naturels grandioses sont magnifiquement cadrés en plan large) et toujours aussi redoutablement épique (son long final anthologique à travers ses moyens déployés d'explosions tous azimut et massacres en règle), Retour vers l'Enfer demeure un excellent film d'action moderne proprement jouissif lorsque Ted Kotchef  chorégraphie ses séquences d'action furieusement badass (qui plus est quel bonheur de se retrouver avec de vrais décors et FX artisanaux). Enfin, on reste surpris de la tournure funeste de la mission sous l'impulsion d'une intensité dramatique bouleversante eu égard de son rebondissement final que personne n'attendait. Un parti-pris payant renforçant la densité humaine des personnages et des conséquences tragiques du contexte historique (notamment celle des prisonniers de guerre que l'Amérique laissa de côté) afin d'y évoquer leur sentiment de déroute étalé sur 15 ans de conflit. Si bien que l'on peut enfin rappeler ici à travers ce divertissement stoïque plein de charme, de sueur et de valeurs positives (courage, résilience, ode à l'amitié, sens du sacrifice, pardon, rédemption, héroïsme) que la guerre du Vietnam coûta la vie à 320 000 soldats. 


*Bruno
30.04.19. 151 v
15.05.23. 3èx. vf

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