jeudi 18 mai 2023

Simetierre / Pet Sematary

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Kevin Kölsch et Dennis Widmyer. 2019. U.S.A. 1h40. Avec Jason Clarke, Amy Seimetz, Sonia Maria Chirila, John Lithgow, Hugo Lavoie et Lucas Lavoie, Obssa Ahmed, 

Sortie salles France: 10 Avril 2019

FILMOGRAPHIE: Kevin Kölsch est réalisateur et scénariste. Il est connu pour Starry Eyes (2014), Simetierre (2019) et Holidays (2016).


Une déclinaison habitée par la Mort.
Implacable. On ne peut plus idoine. C'est bel et bien un cauchemar implacable que nous communique le duo Kevin Kölsch / Dennis Widmyer (inconnu au bataillon en dépit de Starring Eyes) pour leur remake dont je n'aurai pas misé un seul clopet. Pour preuve, il m'aura fallu 4 années pour tenter de m'y frotter grâce aux éloges de divers Youtubeurs considérant de leurs aveux qu'il s'avère même supérieur à son modèle (celui-ci étant aujourd'hui encore toujours aussi mal aimé, et donc infortuné). Or, paradoxalement, ce remake que personne n'attendait (ou si peu) demeure lui aussi boudé par la critique, à l'instar d'une malédiction, comme le fut donc le classique de Mary Lambert en 89 (même si certaines critiques spécialisées de l'époque le défendirent bec et ongle - Mad Movies en tête - pour ne pas le citer). Alors oui, n'y allons pas par 4 chemins, et je peine à croire ce que j'imprime à l'instant T, mais Simetierre version 2019 est également à mes yeux supérieur à la version 89. Dans la mesure où j'ai ressenti en permanence; et de façon subtilement insidieuse, vénéneuse, opaque, un malaise sous-jacent puis perceptible au fil d'un cheminement que je connais d'avance. Alors que la sagacité des cinéastes est d'y renouveler toutefois le récit prévisible (grief déjà émis pour la version de 89) par le biais de certains changement narratifs mieux développés et détaillés (la topographie du cimetière hyper photogénique, la soeur moribonde de Rachel Creed beaucoup plus présente ici en intermittence, les rapports ambivalents entre Louis et son voisin Jude) et de points de vue plus terrifiants selon moi pour qui aime l'appréhension de façon dérangée, viscérale si je me réfère aux apparitions si malaisantes de Zelda et au jeu glaçant de Jeté Laurence. Car rarement une gamine ne m'aura autant foutu la trouille (viscérale, j'insiste) par son apparence à la fois lestement putride, maléfique, perfide, cynique tout en préservant une certaine attention "humaine". Le film suscitant d'autant mieux le malaise indécrottable en abordant à nouveau intelligemment les fameuses thématiques de Stephen King: la mort, la dichotomie de la foi religieuse avec l'athéisme et surtout la douleur incommensurable, l'incapacité à pouvoir faire le deuil (avec des séquences encore ici terriblement poignantes). 

Et ce en se focalisant prioritairement du point de vue de l'athée auquel son égoïsme, son refus de souffrir face à l'absence (éternelle !) de l'être cher le mèneront à une descente aux enfers inextinguible. Tant et si bien que l'ultime demi-heure infiniment malsaine, oppressante, ensorcelante (tout cela étant mis en scène de manière à la fois posée, studieuse, alchimique) m'a hypnotisé de manière éprouvée. Au point de m'empresser par petites touches de m'extraire de ce cauchemar sur pellicule en escomptant voir défiler le générique de fin. J'en oublierai presque d'évoquer ou plutôt de confirmer l'extrême soin de la réalisation auquel on sent à chaque plan l'amour du genre sous l'impulsion d'une direction d'acteurs sobrement crédibles, attachants dans leur fonction galvaudée d'une malédiction inarrêtable (même si la mère endossée par Amy Seimetz demeure la moins expressive par sa pudeur naturelle quelque peu timorée et son absence de charisme). C'est par ailleurs ce qui fait la force et l'acuité de ce récit putride au final désespéré, dévastateur de nihilisme (remember The Mist, c'est quasiment la même dépression pour le spectateur imbibé du cauchemar perméable lorsque la mort (ici patibulaire) transpire un peu plus de chaque pore par son autorité escarpée. Sans compter que la violence des actes, d'un réalisme gore là encore viscéral demeure aussi cuisante qu'électrisante sans dévoiler d'indices éloquents qui font très mal. On peut enfin souligner l'aspect lui aussi fétide, pestilentiel du chat fréquemment exploité pour souligner la contagion d'un Mal indicible (par le biais du Wendigo plus explicatif ici) que l'homme aura malencontreusement amorcé dans sa fragilité humaine, sa peur, son désarroi d'y refuser de mourir, surtout quand le néant est fondé sur une conviction personnelle irrévocable. 

Un authentique cauchemar donc (tant pis pour les répétitions) à l'aura de souffre et de malaise morbide à marquer d'une pierre blanche. Si bien que personnellement, rarement un film de "Zombie" ne m'aura autant convaincu par son pouvoir épeurant (aussi bien psychologique que physique). Mais il y aurait encore tant de choses à dire et à analyser sur ce remake maudit aux thématiques sans doute trop incommodantes pour emporter l'adhésion du grand public. 

*Bruno
vf

Ci-joint chronique de la version 89: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/08/simetierre-pet-sematary-prix-du-public.html


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