de Roger Avary. 1993. U.S.A/France.1h39 (Director's cut). Avec Eric Stoltz, Jean-Hugues Anglade, Julie Delpy, Tai Thai, Bruce Ramsay, Kario Salem.
Sortie salles France : 31 août 1994 (Interdit aux - de 16 ans). États-Unis : septembre 1994
FILMOGRAPHIE: Roger Avary est un réalisateur et scénariste canadien né le 23 août 1965 à Flin Flon, Manitoba. 1993 : Killing Zoe. 1995 : Mr Stitch. 2003 : Les Lois de l'attraction. 2005 : Glitterati.
Expérience cinégénique comparable au trip hallucinogène oscillant les effets de drogues dures (Acide, Héro, Coco), Killing Zoe réinvente le film de braquage au gré d'une ambiance horrifique immersive. Roger Avary créant à l'aide d'une scénographie d'un rouge criard (les couloirs et chambres du sous-sol où sont entreposés les lingots d'or) un univers cauchemardesque au sein d'un établissement pris en otage par une escouade de psychopathes effrontés. Génialement exubérant, Jean Hugues Anglade se prête au jeu psychotique du leader toxicomane avec une verve sardonique et irascibilité imprévisible. Entièrement vêtu de noir dans sa posture filiforme et sa chevelure raide, l'acteur insuffle une présence délétère aussi répulsive que fascinante. A l'instar de son flegme quasi imperturbable d'y réfuter la peur depuis la présence policière quadrillant l'extérieur de l'enceinte. Si le scénario éculé s'avère d'une limpidité scolaire, la manière opératique de porter à l'écran cette sanglante prise d'otages ne cesse (heureusement) de nous surprendre et d'y détourner les codes (notamment le rôle insaisissable imparti aux forces de l'ordre dont nous ne verrons jamais le visage à l'écran). Tant auprès de son climat baroque quasi indicible que de l'excentricité (j'insiste) des preneurs d'otages pleins de sérénité et de fantaisie (à l'instar de leur visage recouvert d'un masque grotesque). A titre éloquent, l'un d'eux énoncera de façon expansive une blague salace à ses comparses face au témoignage médusé des otages, quand bien même leur leader se confine tranquillement dans les wc pour s'offrir un shoot en guise de jouissance.
Or; prenant pour cadre la métropole parisienne sous son aspect noctambule, la première partie s'oriente sur les défonces et beuveries récursives de nos braqueurs confinés dans leur appartement avant d'aller s'engouffrer dans la cave d'un cabaret. Par le biais d'une réalisation expérimentale où l'image se déforme au fil de leur état aviné, Roger Avary parvient de manière éthérée à nous faire retransmettre les sensations du trip que nos antagonistes éprouvent face au témoignage novice du perceur de coffre peu habitué à tant de stupre (Eric Stoltz endossant la fonction d'un professionnel émérite avec une attitude paradoxalement docile). La seconde partie, toute aussi sensorielle et immersive, nous invite enfin à participer au braquage escompté à l'instar d'une vertigineuse descente vers l'enfer. Les sous-sols de l'établissement conférant une atmosphère sépulcrale au fil des exactions meurtrières du leader habité par le vice et le goût du sang. A partir du moment où les otages vont se confronter aux exactions aléatoires des gangsters, Killing Zoe se transforme en farce sardonique où les coups les plus couards y seront permis sous l'impulsion de dégénérés en perte de vitesse. Bêtes et méchants, ces derniers vont non seulement se confronter à la bravoure de certains otages mais aussi s'entretuer lors d'une déchéance suicidaire Et ce avant que la police n'intervienne à son tour pour surenchérir le chaos. A travers ces explosifs règlements de compte, ces comportements délurés et la position vaillante du second-rôle féminin (superbe Julie Delpy en douce catin insurgée !), Roger Avary joue avec nos nerfs avec une diabolique maîtrise et vigueur émotive éprouvante.
Speedball
Concentré d'adrénaline et d'ultra violence sardonique à corps perdu, Killing Zoe s'édifie en vilain petit canard dans son brassage de vulgarité, de provocations assumées et de délire en roue libre. Expérience sensitive en compagnie marginale de psychopathes shootés à la coke, ce bad-trip s'avère sans conteste le film de braquage le plus violent, brillé, atypique et couillu vu sur la toile avant qu'une romance ne vienne un peu adoucir la donne parmi le duo complémentaire Eric Stoltz/Julie Delpy. Une référence culte à ne pas mettre entre toutes les mains.
*Bruno
23.04.24. 4èx