Sortie en salles en France le 3 Avril 1974 (Int - 18 ans). U.S: 1 Octobre 1974
FILMOGRAPHIE: Liliana Cavani est une réalisatrice italienne, née le 12 Janvier 1933 à Carpi (Emilie-Romagne). 1966: Francesco d'Assisi. 1968: Galileo. 1969: Les Cannibales. 1972: l'Ospite. 1974: Milarepa. Portier de Nuit. 1977: Au-dela du bien et du mal. 1981: La Peau. 1982: Derrière la porte. 1985: Berlin Affair. 1989: Francesco. 1992: La Traviata. 1993: Sans pouvoir le dire. 2002: Ripley s'amuse. 2005: De Gasperi, l'uomo della speranza. 2008: Einstein (téléfilm).
Un chef-d'oeuvre maudit profondément scabreux dont les images incongrues, difficilement acceptables, laissent d'inévitables traces de par la force de la mise en scène, son fascinant climat mélancolique et du jeu transi des acteurs damnés.
Oeuvre polémique à sa sortie, rarement diffusée en salles ou à la T.V, classé X aux Etats-Unis, Portier de Nuit est une oeuvre sulfureuse et dérangeante sur l'amour interdit d'amants compromis. Si bien qu'un parfum de scandale s'esquisse autour de la relation sadomaso d'un ancien tortionnaire nazi et de sa maîtresse déportée juive toujours aussi fascinée par leurs plaisirs éhontés. A moins que celle-ci ne soit finalement victime du syndrome de Stockholm (voire même manipulatrice ?) au sein d'un huis-clos intimiste en déliquescence physique et morale.
Le pitch: A Vienne, en 1957, Max travaille comme portier de nuit dans un grand hôtel. Un jour, il reconnait son ancienne maîtresse aujourd'hui mariée à un chef d'orchestre d'opéra. Leur relation amoureuse était préalablement établie sous le régime nazi au moment où Lucia fut envoyée dans un camp de concentration. Aujourd'hui, ils décident de renouer leur lien passionnel mais des officiers nazis, anciens compatriotes de Max, manifestent leur inquiétude face à ce témoin capital potentiellement capable de les dénoncer pour leurs antécédentes exactions.
Considéré comme le chef-d'oeuvre baroque de sa carrière plutôt politique, la réalisatrice Liliana Cavani dépeint avec verdeur et réalisme clinique le portrait d'un couple en réconciliation après avoir entretenu une relation passionnelle durant le règne despotiste du 3è Reich. Alors qu'il fut officier nazi chargé d'envoyer à la mort des milliers de juifs parqués dans les camps de concentration, Max tomba subitement amoureux d'une jeune déportée juive du nom de Lucia. D'abord réticente et pétrifiée pour l'objet de soumission qu'elle représente, la jeune fille se laisse peu à peu entraîner dans une relation masochiste alors que le génocide de son peuple est en pleine expansion. Quelques années plus tard, ils se retrouvent par hasard d'une représentation théâtrale dans laquelle le mari de Lucia est chef d'orchestre renommé.
De prime abord fuyante et angoissée de retrouver son précédant amant tortionnaire, la jeune femme se laisse attendrir par ses pulsions sexuelles refoulées, faute d'une romance fusionnelle indocile afin de renouer avec leur relation torturée d'humiliations, de châtiments et d'amour extraverti. Ainsi donc, dans une photographie blafarde illustrant avec froideur un climat austère renforçant son caractère trouble, dérangé, assez antipathique, Liliana cavani nous entraîne dans une impossible histoire d'amour auquel deux amants torturés de culpabilité souhaitent malgré tout vivre jusqu'au bout leur désir sulfureux d'un rapport autodestructeur. Ainsi, en confrontant cette audacieuse romance galvaudée du spectre tyrannique du nazisme, la réalisatrice établie un parallèle malsain pour notre sentiment interne face à la fascination / répulsion du Mal. Comme si Lucia, martyrisée d'un gouvernement dictatorial souhaitait amorcer cette relation putanesque à travers une sexualité sadique oscillant jouissance et douleur afin de fuir, omettre inconsciemment l'agonie de milliers de juifs sacrifiés dans des conditions infâmes. Dans le rôles des amants maudits, Dirk Bogarde impressionne fortement auprès d'une force d'expression bicéphale puisque contenue ou autrement furibonde à travers sa prestance déloyale d'ancien tortionnaire SS épris d'amour fou pour une jeune juive fascinée par ses rapports de soumission. Pour la présence meurtrie et ambiguë de Lucia, Charlotte Rampling hypnotise l'écran face à son regard félin particulièrement velouté, son attachement irrésistible auprès des actes abusifs de Max, formant ainsi à eux deux les amants maudits d'une idylle incongrue.
Déshonneur du désordre amoureux.
Superbement mis en scène sans esbroufe car renforcé d'une sobriété autonome de la part de sa réalisatrice particulièrement affirmée, Portier de Nuit demeure un fascinant poème noir sur le destin de ces amants fous déterminés à fuir leur sinistre existence à travers les liens de l'épanouissement amoureux. Transcendé du jeu réaliste des comédiens se livrant corps et âme face à une caméra introspective, ce drame d'amour nécrosé dégage un parfum de souffre aussi malsain qu'étrangement beau (si je peux me permettre d'une certaine manière). Tout du moins d'une beauté mélancolique. Ainsi, il en résulte une oeuvre austère à la fois étouffante, fragile, hallucinée, abstraite, renfrognée, malaisante sous l'impulsion d'acteurs transis d'émoi. Même si évidemment leurs personnages plus vrais que nature à l'écran ne cessent de nous évoquer la perplexité, l'interrogation, la commotion, voire la timide empathie à travers leur culpabilité (impardonnable ?) d'une emprise délétère anti-manichéenne. Un film malade en somme (difficile à digérer donc) qui reste (inévitablement) entaillé en notre mémoire, ad vitam aeternam.
De prime abord fuyante et angoissée de retrouver son précédant amant tortionnaire, la jeune femme se laisse attendrir par ses pulsions sexuelles refoulées, faute d'une romance fusionnelle indocile afin de renouer avec leur relation torturée d'humiliations, de châtiments et d'amour extraverti. Ainsi donc, dans une photographie blafarde illustrant avec froideur un climat austère renforçant son caractère trouble, dérangé, assez antipathique, Liliana cavani nous entraîne dans une impossible histoire d'amour auquel deux amants torturés de culpabilité souhaitent malgré tout vivre jusqu'au bout leur désir sulfureux d'un rapport autodestructeur. Ainsi, en confrontant cette audacieuse romance galvaudée du spectre tyrannique du nazisme, la réalisatrice établie un parallèle malsain pour notre sentiment interne face à la fascination / répulsion du Mal. Comme si Lucia, martyrisée d'un gouvernement dictatorial souhaitait amorcer cette relation putanesque à travers une sexualité sadique oscillant jouissance et douleur afin de fuir, omettre inconsciemment l'agonie de milliers de juifs sacrifiés dans des conditions infâmes. Dans le rôles des amants maudits, Dirk Bogarde impressionne fortement auprès d'une force d'expression bicéphale puisque contenue ou autrement furibonde à travers sa prestance déloyale d'ancien tortionnaire SS épris d'amour fou pour une jeune juive fascinée par ses rapports de soumission. Pour la présence meurtrie et ambiguë de Lucia, Charlotte Rampling hypnotise l'écran face à son regard félin particulièrement velouté, son attachement irrésistible auprès des actes abusifs de Max, formant ainsi à eux deux les amants maudits d'une idylle incongrue.
Déshonneur du désordre amoureux.
Superbement mis en scène sans esbroufe car renforcé d'une sobriété autonome de la part de sa réalisatrice particulièrement affirmée, Portier de Nuit demeure un fascinant poème noir sur le destin de ces amants fous déterminés à fuir leur sinistre existence à travers les liens de l'épanouissement amoureux. Transcendé du jeu réaliste des comédiens se livrant corps et âme face à une caméra introspective, ce drame d'amour nécrosé dégage un parfum de souffre aussi malsain qu'étrangement beau (si je peux me permettre d'une certaine manière). Tout du moins d'une beauté mélancolique. Ainsi, il en résulte une oeuvre austère à la fois étouffante, fragile, hallucinée, abstraite, renfrognée, malaisante sous l'impulsion d'acteurs transis d'émoi. Même si évidemment leurs personnages plus vrais que nature à l'écran ne cessent de nous évoquer la perplexité, l'interrogation, la commotion, voire la timide empathie à travers leur culpabilité (impardonnable ?) d'une emprise délétère anti-manichéenne. Un film malade en somme (difficile à digérer donc) qui reste (inévitablement) entaillé en notre mémoire, ad vitam aeternam.
Pour Public Averti.
*Bruno
08.11.11
*Bruno
08.11.11
15.09.22
25.10.24. Vostfr