mardi 4 juin 2013

Holocauste Nazi (La Bestia in Calore / Armes secrètes du 3è Reich)

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmhorror.com

de Luigi Batzella (Ivan Katansky). 1977. Italie. 1h31. Avec Macha Magall, Salvatore Baccaro, Brad Harris, Xiro Papas, Gino Turini, Edilio Kim

Sortie salles Italie: 19 Juillet 1977

FILMOGRAPHIE: Luigi Batzella est un réalisateur italien né le 27 Mai 1924 à San Sperate, en Sardaigne, décédé le 18 Novembre 2008. 1966: Tre franchi di pietà. 1969: Les Mille et une nuits d'Istamboul. 1970: Quand explose la dernière grenade. 1971: Pour Django les salauds ont un prix. 1971: Les Ames damnées de Rio Chico. 1972: Le poulain était fils Dieu. 1972: Confessioni segrete di un convento di clausura. 1973: Les Vierges de la pleine lune. 1974: Les Nuits perverses de Nuda. 1974: Lo Strano ricatto di una ragazza par bene. 1977: Les Tigres du Désert. 1977: Holocauste Nazi. 1978: Symphonie de l'amour. 1979: La Guerre du Pétrole. 1980: l'Implacable Défi (non crédité).


Deux ans après les premiers exploits putassiers d'Ilsa, la louve des SS, l'Italie exploite à son tour le filon du Nazisploitation dans le célèbre Holocauste Nazi du tâcheron Luigi Batzella. Banni des écrans anglais et rapidement scellé dans la rubrique des Video Nasties (recensement établi à partir de 1984 pour les films VHS jugés trop gore et/ou violents !), ce nanar transalpin fait office d'un véritable culte dans son pays d'origine. Car à l'instar du tout aussi incongru Anthropohagous de Joe d'Amato, Holocaust Nazi doit sa réputation d'oeuvre scabreuse par l'entremise de deux séquences crapuleuses. La première scène illustrant la mort par balles d'un bébé après avoir été projeté en l'air par un officier SS. La seconde, la plus innommable et explicite, exposant vulgairement les pulsions sexuelles d'un homme-singe encagé parmi la présence d'une captive nue ! Ainsi, de manière erratique, le dément se précipitera sur son otage pour lui arracher à la main ses poils pubiens tout en les mastiquant goulûment dans la bouche ! Une scène d'anthologie proprement scandaleuse se vautrant sans vergogne dans la putasserie parmi l'insistance de zooms sanguinolents pointés sur le pubis et la mâchoire baveuse du dément ! Heureusement, le caractère risible de la situation et surtout les grimaceries outrancières gesticulés par cet acteur néandertalien permettent avec le recul de faire passer la pilule, même si ce moment trash reste à jamais gravé dans les déviances du cinéma hardcore. D'autres séquences gores (arrachages d'ongles en gros plan, décharge électrique sur un organe génital féminin, rats dévorant l'estomac d'une détenue) viennent en alternance renforcer son attrait sanglant, probablement afin de surenchérir son modèle ricain précité. Mais l'aspect amateuriste de la réalisation et des comédiens bovins ainsi que la pauvreté des trucages élémentaires n'engendrent pas l'intensité escomptée !


On regarde donc ce succédané avec l'esprit curieux du masochiste vicié pour observer ce plaisir coupable finalement impayable, quand bien même cette déclinaison emprunte notamment des stock shots et autres séquences de guerre préalablement illustrées dans Quand explose la dernière grenade du même réal ! Le scénario idiot n'est donc qu'un prétexte pour mettre en exergue des confrontations belliqueuses entre partisans italiens et officiers SS (on s'étonne par ailleurs du caractère distrayant des séquences d'action nerveusement emballées !), alors qu'une experte en médecine, Ellen Krash, s'est entreprise d'expérimenter un sérum sur un mâle lubrique destiné à violer les femmes des militants !  Ainsi donc, si toute l'entreprise du film est indéniablement compromise par la maigreur de son budget, sa maladresse technique et la défaillance de ses comédiens, Holocaust Nazi réussit miraculeusement à nous divertir de par sa formule triviale jusqu'au-boutiste. Notamment auprès du dépaysement que nous offrent ces paysages bucoliques de l'Italie alors que durant certaines plages d'accalmie la musique parfois élégiaque dégage une ambiance insolite légèrement palpable. Enfin, pour parachever, je tiens à exprimer mon admiration pour l'actrice Macha Magall se révélant à mes yeux l'une des plus belles garces de l'histoire de la Nazisploitation. Car dans son rôle de médecin nazi, cette comédienne juvénile possède un charisme particulièrement vénéneux à travers son élégance gracile auquel la beauté reptilienne de ses yeux azur laisse transparaître un regard aussi sadique que lubrique ! De mon point de vue subjectif, j'aurais même préféré qu'elle pique la vedette à la volumineuse Dianne Throne iconisée dans sa fameuse trilogie d'Ilsa !


Oeuvre glauque et malsaine volontairement occultée pour son aspect scabreux, sommet Z de mauvais goût et de déviance, Holocaust Nazi s'avère l'un des ersatz les plus grotesques et incongrus du sous-genre de la Nazisploitation. Pour autant, en dépit de son caractère risible finalement facétieux, il reste réservé à un public averti ! (du moins dans sa version non censurée disponible sur le site de l'Antre de l'horreur)

*Bruno
2èx

Pour les retardataires,
La chronique de Ilsa, la louve de SShttp://brunomatei.blogspot.fr/2012/03/ilsa-la-louve-des-ss-ilsa-she-wolf-of.html
Portier de Nuithttp://brunomatei.blogspot.fr/2011/11/portier-de-nuit.html
La Dernière orgie du 3è Reich: http://brunomatei.blogspot.fr/…/la-derniere-orgie-du-3e-rei…

lundi 3 juin 2013

JACK LE CHASSEUR DE GEANTS (Jack the Giant Slayer)

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site oneclickwatch.org

de Bryan Singer. 2013. U.S.A. 1h54. Avec Nicholas Hoult, Eleanor Tomlinson, Ewan McGregor, Bill Nighy, John Kassir, Ian McShane, Stanley Tucci, Warwick Davis.

Sortie salles France: 27 Mars 2013. U.S: 1er Mars 2013

FILMOGRAPHIE: Bryan Singer (Bryan Jay Singer) est un réalisateur et producteur américain, né le 17 Septembre 1965 à New-York aux Etats-Unis. 1993: Ennemi Public. 1995: Usual Suspects. 1998: Un Elève Doué. 2000: X Men. 2003: X Men 2. 2006: Superman Returns. 2009: Walkyrie. 2013: Jack, le chasseur de géants.


D'après le célèbre roman d'Orville H. Hampton, Jack le chasseur de géants est une nouvelle adaptation érigée sur le principe mercantile du blockbuster familial. Si la version de 1961 réalisée par Nathan Juran nous eut émerveillé grâce aux créatures confectionnées par le maître du stop motion, Ray Harryhausen, la réactualisation de Singer fait appel aux traditionnels effets numériques pour authentifier l'apparence gargantuesque de ces géants. Car en l'occurrence, c'est dans le registre de l'action épique que le réalisateur d'X men s'est attelé pour divertir son jeune public en faisant appel à une armée de monstres titanesques ! Ce qui frappe d'emblée à la vue de ce film d'aventure trépidant c'est l'extrême soin accordé à la physionomie des géants. Des créatures renfrognées à la trogne patibulaire que l'on arrive à distinguer par leur apparence autonome (à l'image de leur leader bicéphale, puisque accoutré de deux têtes sur son tronc !). La trame se résumant à la rencontre de Jack et d'une poignée de chevaliers réunis en amont du ciel sur la contrée des géants afin de retrouver une princesse. Après quelques péripéties pour la quête d'une couronne sacrée, les géants réussissent à s'en emparer afin de pouvoir revenir sur les terres du Roi Arthur et semer le chaos. Au centre de cette confrontation, Jack, jeune fermier de 18 ans, va pouvoir montrer ses preuves insoupçonnées de bravoure et vaillance pour s'imposer en chasseur de géants !


La bonne nouvelle avec ce Blockbuster dénué de prétention c'est que l'action, régulièrement présente, s'avère tributaire de l'histoire en faisant fi d'esbroufe inutile. Si le scénario classiquement planifié ne réserve pas vraiment de surprise, sa structure narrative est suffisamment adroite et efficace pour nourrir l'intérêt avant de culminer vers une bataille homérique de grande ampleur. Les décors soignés réussissent également à s'imposer dans la topographie d'une contrée inexplorée emménagée par des géants hostiles. Enfin, nos héros pugnaces qui font face à la menace font preuve d'assez de personnalité pour éviter l'étiquette usuelle du stéréotype (pour exemple, la princesse est loin d'être estampillée "potiche écervelée "!). Dans le rôle de Jack, la valeur montante Nicholas Hoult possédant ici un charisme saillant dans sa candeur innocente mêlée de bravoure audacieuse. 


Avec une intégrité évidente, Bryan Singer accomplit avec Jack le chasseur de géants un divertissement intelligent où les effets pyrotechniques et la magie du numérique ont été adroitement agencés afin d'y cristalliser un univers mythologique fondé sur l'existence des géants. Il en émane un semblant de série B luxueuse dans son refus de surenchère doublé d'un plaisir de cinéphile renoué dans son désir inné d'exaltation et de dépaysement.


03.06.13
Bruno Matéï

vendredi 31 mai 2013

La Mauvaise graine / The Bad Seed

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site rottentomatoes.com

de Mervyn Leroy. 1956. U.S.A. 2h09. Avec Nancy Kelly, Patty McCormack, Henry Jones, Eileen Heckart, Evelyn Varden, William Hopper, Paul Fix.

Sortie salles U.S: 12 Septembre 1956

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Mervyn Leroy est un réalisateur, producteur, acteur et scénariste américain, né le 15 Octobre 1900 à San Francisco, Californie, décédé le 13 Septembre 1987 à Beverly Hills (Los Angeles). 1939: Le Magicien d'Oz (non crédité). 1942: Prisonnières du passé. 1943: Aventure en Lybie. 1949: Les 4 Filles du Dr March. 1951: Quo Vadis. 1955: Permission jusqu'à l'aube. 1956: La Mauvaise Graine. 1961: Le Diable a 4 heures. 1968: Les Bérets Verts.


Les Tueurs de l'éclipse, l'Autre, les Révoltés de l'an 2000, les Enfants du Maïs, la Malédiction, Une si gentille petite fille, Emilie, l'enfant des Ténèbres, l'Enfant Miroir, puis plus récemment Esther et The Children... Tous ces films notoires ont comme particularité d'avoir traité le thème de l'enfance diabolique avec plus ou moins de bonheur. Si certains d'entre eux restent de véritables chefs-d'oeuvre toujours aussi acerbes, notamment auprès leur acuité psychologique (les Révoltés... l'Autre), une oeuvre avant-gardiste réalisée en 1956 par Mervyn Leroy marqua les esprits par sa force de suggestion et son intensité émotionnelle qui en découle. 

Depuis la découverte macabre d'un enfant repêché dans un lac, une mère commence à suspecter la responsabilité de sa propre fille tant elle semble impassible face à la disparition de son camarade de classe. D'autres évènements vont venir confirmer l'inquiétude exponentielle de sa génitrice. 


Tiré d'un roman de William March et d'une pièce de Maxwell Anderson, La Mauvaise Graine est une perle rare occultée depuis sa sortie et peu diffusée à la télévision. Réalisé par un cinéaste prolifique ayant à son actif plus de 80 métrages (dont le fameux Quo-vadis et Les 4 Filles du Dr March), ce thriller psychologique réussit avec intelligence à combiner suspense et angoisse pour les portraits octroyés à une mère démunie et sa fille pernicieuse. Prenant pour cadre la scénographie d'une demeure familiale, Mervyn Leroy nous illustre de façon circonspecte une confrontation intense entre cette mère de famille davantage contrariée par l'attitude désinvolte de sa fille. Ce thriller redoutablement efficace et scrupuleusement interprété redouble donc de densité dans la filiation indécise allouée à une épouse autrefois orpheline. En mettant en exergue cette caractérisation maternelle compromise à l'adoption parentale, la Mauvaise Graine exacerbe sa force émotionnelle du point de vue d'une génitrice déchue de son identité mais aussi rongée par la culpabilité de sa postérité criminelle. Quoi de plus ardu et de déviant que d'apprendre et tolérer l'impensable ! C'est à dire admettre que son propre rejeton (en l'occurrence une fillette capricieuse âgée de 8 ans !) soit inconsciemment habitée par le Mal. Afin d'exacerber son caractère réaliste et sa tension perpétuelle, la qualité de l'interprétation se révèle l'atout inhérent de cette intense confrontation. Que ce soit au niveau de la prestance fragile de Nancy Kelly dans un rôle rigoureux chargé d'amertume ou celle, diabolique, de Patty McCormack, en fillette véreuse incapable de refréner ses pulsions vengeresses. Enfin, un second rôle féminin (sobrement incarné par Eileen Heckart) vient notamment renforcer le caractère dramatique de cette situation de crise face au désespoir d'une mère accablée par le deuil de son propre fils.


En dépit de l'aspect édulcoré de son épilogue salvateur, La Mauvaise Graine s'avère une excellente surprise brillamment interprétée et réalisée avec concision pour la froideur de son impact psychologique. Une vraie perle de noirceur macabre d'autant plus rare et ignorée qu'on aurait tort de l'occulter indéfiniment.

Un grand merci à l'Univers Fantastique de la Science-fiction
31.05.13
Bruno Matéï


jeudi 30 mai 2013

BLUE VELVET. Grand Prix à Avoriaz,1987.

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site mhd-heaven.blogspot.com

de David Lynch. 1986. U.S.A. 2h01. Avec Isabella Rossellini, Kyle MacLachlan, Dennis Hopper, Laura Dern, Hope Lange, Dean Stockwell.

FILMOGRAPHIE: David Lynch est un réalisateur, photographe, musicien et peintre américain, né le 20 Janvier 1946 à Missoula, dans le Montana, U.S.A. 1976: Eraserhead. 1980: Elephant Man. 1984: Dune. 1986: Blue Velvet. 1990: Sailor et Lula. 1992: Twin Peaks. 1997: Lost Highway. 1999: Une Histoire Vraie. 2001: Mulholland Drive. 2006: Inland Empire. 2012: Meditation, Creativity, Peace (documentaire).


Plongée introspective dans les entrailles des ténèbres sous l'apparence tranquille d'une bourgade bucolique, Blue Velvet est une expérience inclassable au pouvoir de fascination imparable. Auréolé du Grand Prix à Avoriaz en 1987, ce diamant noir à l'aura hermétique nous projette dans un univers malsain où débauche sexuelle et sadomasochisme vont peu à peu corrompre un jeune garçon attisé par le mystère et le voyeurisme ! Après avoir découvert une oreille dans un champs, le jeune Jeffrey décide de mener sa propre enquête afin de connaître l'identité de son propriétaire. Sa curiosité et son attirance pour l'inconnu vont l'attirer dans l'appartement d'une chanteuse de cabaret, séquestrée et molestée par un dangereux psychopathe. En empruntant le schéma classique du film noir, David Lynch s'impose ici en créateur d'univers parallèle par le biais du Bien et du Mal infiltrés au coeur de n'importe quelle bourgade urbaine. A travers l'investigation d'un voyeur juvénile attiré par le Mal, Blue Velvet nous immerge par le trou d'une serrure afin de nous divulguer un monde sordide où sexe et violence vont galvauder l'éthique des victimes asservies. La fascination exercée sur ce monde de débauche et de corruption nous ramène inévitablement à notre propre conscience existentielle, à savoir que les notions du bien et du mal sont instinctivement connectés à notre rétine cérébrale. David Lynch nous évoquant l'instinct primitif de l'être humain et son éventuel dégénérescence quand celui-ci s'emploie à dépasser les frontières de la moralité car le monde est enraciné dans la cruauté.


Avec une originalité sans égale, le réalisateur bouscule les habitudes du spectateur à travers une mise en scène expérimentale en perpétuelle mutation. Il utilise comme prétexte l'intrigue criminelle d'un kidnapping et la découverte insolite d'une oreille coupée pour bâtir un film fantastique obscur où le genre n'est jamais explicite. A travers ses décors baroques, ses chansons rétros, sa mélodie envoûtante et surtout la dimension névrosée de ces personnages, Blue Velvet suggère un fantastique éthéré de par sa dimension psychologique. Tandis que sa structure narrative ne cesse d'alterner les changements de tons afin de distancier le monde obscur de la perversion (l'étrange confrérie de Frank et ses sbires) et celui, salvateur, de l'innocence (l'idylle naissante caractérisée par le couple Jeffrey/Sandy). Ce fantastique baroque est notamment mis en exergue avec l'excentricité psychotique de Frank, mafieux sans vergogne imbibé de drogue et d'alcool et épaulés d'hommes de main tout aussi dégénérés ! Pour endosser son rôle de schizophrène incurable, Dennis Hopper livre son interprétation la plus effrontée pour extérioriser ses pulsions sexuelles et sa violence incontrôlée. Littéralement transi de démence, l'acteur martyrise son otage avec une nature erratique aussi dérangeante qu'éprouvante ! Plongé dans la soumission et le désarroi,  Isabella Rossellini provoque l'empathie pour retransmettre avec fragilité, émotion et rancoeur sa condition de femme soumise, compromise par un penchant pervers pour le masochisme. Enfin, Kyle MacLachlan incarne tout en sobriété et de manière ambivalente un espion voyeuriste subitement épris d'attirance par la perversion mais rattrapé par le remord et l'affection pour sa compagne.


Un monde étrange
Chef-d'oeuvre métaphorique sur le simulacre et l'instinct cruel de l'existence, réflexion sur l'influence de la perversion, Blue Velvet est un grand moment d'étrangeté hypnotique. Une fascinante plongée endogène dans les méandres du Mal ainsi qu'une catharsis sur la rédemption de l'amour. Avec puissance évocatrice et une émotion candide, Blue Velvet s'érige donc en exorcisme face à nos démons internes, une combat quotidien pour la collecte de la quiétude. 

* Gaïus
30.05.13. 4èx

Récompenses: Meilleur réalisateur et meilleur second rôle masculin pour Dennis Hopper, lors des Los Angeles Film Critics Association Awards en 1986.
Meilleur acteur pour Dennis Hopper, lors du Festival des films du monde de Montréal en 1986.
Meilleur film et meilleure photographie, lors du Festival international du film de Catalogne en 1986.
Grand Prix au Festival d'Avoriaz en 1987.
Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure photographie et meilleur second rôle masculin pour Dennis Hopper, lors des Boston Society of Film Critics Awards en 1987.
Meilleur film étranger, lors des Fotogramas de Plata (Espagne) en 1987.
Meilleure actrice pour Isabella Rossellini, lors des Film Independent's Spirit Awards en 1987.
Meilleur film étranger, lors des Joseph Plateau Awards (Belgique) en 1987.
Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure photographie et meilleur second rôle masculin pour Dennis Hopper lors des National Society of Film Critics Awards en 1987.




mardi 28 mai 2013

PHENOMENA

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site stuffpoint.com

de Dario Argento. 1985. Italie. 1h49. Avec Jennifer Connelly, Donald Pleasance, Daria Nicolodi, Patrick Bauchau, Dalila Di Lazzaro.

FILMOGRAPHIE: Dario Argento est un réalisateur et scénariste italien né le 7 septembre 1940, à Rome (Italie).
1969: l'Oiseau au plumage de Cristal, 1971: Le Chat à 9 queues, Quatre mouches de velours gris, 1973: 5 Jours à Milan, 1975: Les Frissons de l'Angoisse, 1977: Suspiria, 1980: Inferno, 1982: Ténèbres, 1985: Phenomena, 1987: Opera, 1990: 2 yeux Maléfiques, 1993: Trauma, 1996: Le Syndrome de Stendhal, 1998: Le Fantome de l'Opéra, 2001: Le Sang des Innocents,2004: Card Player, 2005: Aimez vous Hitchcock ?, 2005: Jennifer (épis Masters of Horror, sais 1), 2006: J'aurai leur peau (épis Masters of Horror, sais 2), 2006: Mother of Tears, 2009: Giallo, 2011: Dracula 3D.


Dernière pièce maîtresse du maestro à ce jour, Phenomena est un voyage onirique au pays des songes sous l'allégeance d'insectes mentors. Sous-estimé lors de sa sortie en 1985, notamment à cause de l'utilisation belliqueuse d'une bande-son parfois hard rock, ce trip féerique s'avère une clef de voûte inhérente du fantastique contemporain, transcendée par la virtuosité d'une mise en scène clipesque et de l'interprétation candide de la divine Jennifer Connely. Du haut de ses 14 ans, l'actrice néophyte (elle a débuté un an au préalable sous l'omnipotence de Leone dans Il Etait une fois en Amérique !) parvient par sa présence gracieuse à véhiculer une aura trouble pour son don surnaturel à pouvoir communiquer avec les insectes. Si le scénario semblait de prime abord grotesque et éculé, Dario Argento réussit avec une ambition auteurisante de juxtaposer le merveilleux et l'horreur sous l'entremise du giallo hybride. Imaginez une seconde qu'une simple mouche puisse  débusquer la tanière d'un tueur misogyne sous l'investigation d'une adolescente télépathe victime de somnambulisme ! Sur le papier, il y avait en effet matière à se railler d'une idée aussi saugrenue. Pourtant, avec une ambition formelle déployant un florilège d'images fastueuses, notre maestro élabore des séquences oniriques d'une poésie si renversante que nous nous sentons happés dans une sorte de trip merveilleux semi cauchemardesque (toutes les séquences expérimentales liées à l'hypnose de Jennifer) ! Tant et si bien qu'Argento n'oublie jamais de conjuguer des séquences à suspense parfois intenses (son prologue meurtrier insufflant un souffle macabre environnemental, l'embuscade de Jennifer au sein de la demeure du tueur puis sa traque entamée vers le lac) et de nous ébranler avec des meurtres à la fois stylisés et acérés. A l'instar de cette tête tranchée dévalant violemment la pente d'une cascade vertigineuse !


Pour autant, Phenomena ne s'avère pas non plus une réussite probante, faute de quelques incohérences narratives (l'inconscience de Jennifer trop facilement engagée dans une investigation criminelle sous les conseils d'un entomologiste infaillible puis son insouciance à accepter l'hébergement d'une enseignante castratrice) et le jeu un brin caricatural de certains seconds rôles (l'inspecteur de routine s'avère transparent dans son enquête criminelle quand bien même l'amie de Jennifer véhicule maladroitement un jeu naturel assez amateuriste). En dépit de son caractère perfectible, à la manière de cette musique hard-rock plutôt déstabilisante, cette oeuvre charnelle ne cesse de nous envoûter par son élégance immaculée (photo limpide magnifiquement éclairée de néons azur et laiteux) et par son audace originale de nous enseigner l'univers secret des insectes télépathes ! Pour parachever, je ne manquerais pas non plus de souligner l'importance à laquelle Dario Argento s'emploie à transcender la beauté surnaturelle d'une nature vernale en clair-obscur (la Transylvanie suisse !) ! Notamment le rôle majeur imparti à l'impétuosité du vent, véritable acteur modèle à l'entité invisible mais nanti d'une aura éthérée véritablement ensorcelante !


Le chant du cygne d'Argento
D'une beauté lascive olfactive, Phenomena est une féerie macabre transcendée par la candeur d'une adolescente mystique en symbiose avec le monde des insectes ! Scandé par l'éloquence chorale des mélodies de Simonetti, cette émeraude s'érige en poème naturaliste, là où la perception visuelle et l'ouïe du spectateur sont en conjonction extatique !

28.05.13. 4èx
Bruno Dussart

vendredi 24 mai 2013

Street Trash. Prix Très Spécial Avoriaz,1987.

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Kepster.com

de Jim Muro. 1986. U.S.A. 1h41. Avec Mike Lackey, Bill Chepil, Marc Sferrazza, Jane Arakawa, Nicole Potter, Pat Ryan.

Sortie salles France: 24 Juin 1987

FILMOGRAPHIE: Jim Muro est un réalisateur et scénariste américain, né en 1966 à New-York.
1986: Street Trash


Spécialiste de la steadycam sur de grosses productions ricaines, Jim Muro réalisa au préalable un unique long-métrage alors qu'il n'était âgé que de 19 ans ! Reniant aujourd'hui son film depuis qu'il se serait reconverti dans une secte (d'autres sources évoquent notamment certaines pressions mafieuses qu'il aurait pu subir), Street Trash est un sommet de mauvais goût au gore festif, récompensé à juste titre du Prix Très Spécial à Avoriaz. Le scénario quasi inexistant demeurant un prétexte afin de dépeindre une galerie de personnages marginaux par l'entremise de clodos et de vétérans du vietnam vautrés dans la déchéance, la souillure et l'alcoolisme. Du fond de la cave de son échoppe, un commerçant retrouve une vieille caisse d'alcool frelaté et décide de le commercialiser auprès de sa petite clientèle. Cette boisson prénommée "Viper" se révèle un véritable poison mortel pour le consommateur avide d'émotions fortes ! Si bien qu'après l'avoir ingurgité, les corps des victimes se liquéfient ou explosent sous un déluge de chairs et de sang polychromes ! Au même moment, un flic sans vergogne enquête sur le meurtre d'une jeune femme retrouvée nue dans le quartier mal fréquenté des clochards. Gore, violent, insolent et iconoclaste, véritable pied de nez au politiquement correct, Street Trash est un sommet de dérision toujours plus déviant et malotru. Eludé du moindre héros redresseur de tort ou de protagonistes altruistes, Street Trash ne fait que mettre en exergue la faune de laissés-pour-compte co-habitant au sein d'une casse de voiture avec l'accord de son directeur ventripotent. 


Avec sa réalisation inventive bourrée d'idées incongrues et d'effets de caméra vertigineux coordonnés par la steadycam, Jim Muro pallie la maigreur de son scénario par son esthétisme urbain en délabrement et une profusion d'effets gores décomplexés. Les masses corporelles des pauvres clodos infectés se liquéfiant ou explosant sous un déluge de couleurs criardes. A titre d'exemple emblématique, personne ne put omettre le trépas d'un clochard littéralement enseveli du fond de sa cuvette de WC après qu'il eut ingurgité le fameux "Viper". Le pauvre gars tentant en désespoir de cause de se raccrocher à la chasse d'eau. Pourvu d'effets spéciaux étonnamment soignés et spectaculaires, la plupart des mises à mort improbables se révèlent de belles prouesses techniques et ne cessent de véhiculer une réjouissance désinhibée. L'humour noir et l'esprit potache (telle cette improbable partie de foot avec un pénis !) étant les maîtres mots du réalisateur afin de nous compromettre à un spectacle d'improvisation voué à la transgression. Viol, meurtres, pillages et coups bas étant le lot quotidien d'une bande de clodos alcoolos incapables de vivre en communauté car toujours plus contraints de se trahir pour la quête du profit. Alors qu'au même moment, l'investigation d'un flic impassible aux méthodes expéditives est sur le point d'aboutir ! Si le rythme sporadique peut parfois prêter à une certaine défaillance, la manière dont Jim Muro nous immerge dans son univers de corruption ne manque pas de nous fasciner et maintient l'intérêt par son esprit anarchiste d'irrévérence et de provocation. Car outre les meurtres gratuits et les viols crapuleux, le vomi et la pisse sont également de la partie afin d'y discréditer l'ennemi rival.


Affreux, sales et méchants
Potache, débridé, immoral et violemment trivial, Street Trash s'érige en authentique film culte et se révèle étonnamment moderne de par son esthétisme criard (très) proche d'une production Troma  déployant à outrance des effets gores jamais vu au préalable ! Une expérience glauque filmée à l'arrache d'un semblant de documentaire mais canalisée d'une verve ironique proche du cartoon. Une expérience unique toujours aussi géniale et insensée. 

RécompensesPrix Très Spécial à Avoriaz, 1987
Prix "gore" au rex de Paris, 1987
Corbeau d'Argent au Festival du film fantastique de Bruxelles

*Bruno
21.02.24. 5èx. Vostfr
24.05.13



jeudi 23 mai 2013

Paper House. Grand Prix de l'Etrange à Avoriaz, 1989.

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Zonebis.com

de Bernard Rose. 1988. Angleterre. 1h32. Avec Ben Cross, Charlotte Burke, Jane Bertish, Samantha Cahill, Glenne Headly, Sarah Newbold, Gary Bleasdale.



FILMOGRAPHIE: Bernard Rose est un réalisateur, scénariste, acteur, directeur de photo et monteur britannique, né le 4 Août 1960 à Londres. 1986: Smart Money. 1987: Body Contact. 1988: Paperhouse. 1990: Chicago Joe and the Showgirl. 1992: Candyman. 1994: Ludwig van B. 1997: Anna Karénine. 2000: Ivans xtc. 2005: Snuff Movie. 2008: The Kreutzer Sonata. 2010: Mr Nice. 2011: Two Jacks.


La force imparable de l'authentique chef-d'oeuvre est que même si on connait la fin, on a toujours autant de plaisir à s'y replonger avec l'étrange impression d'y (re) découvrir une oeuvre inédite ! 

Film culte des années 80 honteusement inédit en salles, Paperhouse fit les beaux jours des fantasticophiles qui eurent l'aubaine de le louer auprès de leur vidéo de quartier. Conte initiatique sur la puberté confrontée au deuil d'un être cher, le film de Bernard Rose est une denrée précieuse du fantastique contemporain auprès de son improbable pouvoir de fascination en liaison direct avec l'au-delà spirituel. Le PitchElève rebelle et chahuteuse au point d'avoir été expulsée d'un cours, Anna  entretient subitement une étrange relation matérielle avec ses rêves. En dessinant une maison sur une feuille de papier, elle se retrouve plongée dans un monde parallèle émanant de son autosuggestion. Après avoir appris par son entourage la grave maladie d'un jeune garçon, elle réussit à établir sa rencontre en interne du rêve puis se motive à perdurer leur relation amicale. 


D'après l'oeuvre de Catherine Storr, une écrivaine spécialiste de conte pour enfants, Paperhouse est un ovni singulier à mi-chemin entre le fantastique onirique (scénographie enfantine à l'architecture baroque, nature clairsemée étrangement feutrée) et l'horreur crépusculaire (toute la partie belliqueuse au sein de la demeure centrée sur la venue du père s'avère réellement terrifiante au point de supplanter Freddy Krueger !). Réalisé avec souci de transgression afin d'y bafouer les codes des genres, l'impact immersif de cette oeuvre gracile réside dans son souci d'expérimenter, notamment cet instinct de persuasion à établir un rapport commun entre le monde réel et celui des songes. Avec la dimension humaine d'une fillette candide mais désinvolte (magnifiquement campée par la nature innocente de Charlotte Burke  absolument inoubliable !), Paperhouse nous confronte à son introspection compromise par une absence paternelle (son père violent et alcoolique est en l'occurrence soigné dans un centre spécialisé). Esseulée, incomprise par sa mère et en quête d'identification, elle se conçoit instinctivement un monde parallèle par l'entremise du rêve, puis tente par la même occasion d'épargner de sa propre réalité la mort d'un enfant. Ainsi, par la chimère d'une adolescente à l'imagination fertile, l'étrange relation que l'oeuvre sensible élabore auprès de notre matérialité quotidienne et celui du songe nous entraîne (par la main) dans son délire fantasmatique aussi torturé que libérateur. L'esthétisme formel alloué à toutes les séquences oniriques participant grandement à ce sentiment d'évasion que perçoit l'héroïne en même temps que le spectateur, à ce besoin inhérent d'y escompter un monde meilleur afin de cueillir un climat plus serein. 


Réflexion existentielle sur le sens de la réalité et la motivation du rêve, hymne au pouvoir de l'irréalité (tant auprès du songe que d'une oeuvre cinématographique), métaphore sur la perte de l'innocence sous l'impulsion de nos terreurs enfantines (peur innée d'accéder à la maturité, affres de l'ogre symbolisé ici par un paternel irresponsable), Paperhouse s'achemine en conte clair-obscur pour nous rappeler avec vibrante émotion l'univers prodigieux de notre enfance candide apte aux rêves les plus fous. Un véritable chef-d'oeuvre à la conclusion aussi salvatrice que bouleversante, l'un des plus beaux films fantastiques inscrits sur pellicule. 

*Bruno
06.06.24. Vostfr (une expérience proprement magique). 5èx
23/05/13. 03.02.11

Récompenses: Corbeau d'Or au BIFFF 1989
Grand Prix de l'étrange à Avoriaz, 1989.
Prix de la Meilleure actrice (Charlotte Burke) et Prix spécial du jury à Fantasporto en 1989

mercredi 22 mai 2013

The Nesting (Phobia / Massacre Mansion)

                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site lantredelhorreur.blogspot.com

de Armand Weston. 1981. U.S.A. 1h43. Avec Robin Groves, Christopher Loomis, Michael David Lally, John Carradine, Gloria Grahame, Patrick Farrelly.

FILMOGRAPHIE:  Armand Weston est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain, décédé le 26 Mai 1988. 1970: The Hot House. 1972: Personnals (documentaire). 1975: The Defiance of good. 1976: Expose me, lovely. 1976: The Taking of Christina. 1978: Take Off. 1979: Radical Sex Styles (documentaire). 1981: The Nesting. 1984: Blue Voodoo (non crédité, dtv).


Inédit en salles dans nos contrées, The Nesting est une curiosité horrifique réalisée par un cinéaste méconnu ayant parfois oeuvré dans la pornographie (Defiance of good serait un incontournable pour les amateurs de X des seventies !). Traitant du thème de la hantise au sein d'une vaste demeure abandonnée, cette série B empreinte notamment quelques éléments à Shining de par la caractérisation de cette écrivaine au bord de la folie, car, outre son problème d'agoraphobie, elle est envahie d'hallucinations cauchemardesques par la cause de fantômes revanchards. Le pitchPour transcender sa peur, Lauren Cochran s'exile afin d'emménager dans une vieille bâtisse octogonale en plein coeur d'une nature forestière. Rapidement, d'étranges évènements surnaturels ne  tardent pas à la persécuter. Déterminée à ne pas se laisser intimider, et pour combattre sa maladie, la jeune femme décide d'y résider mais sombre peu à peu dans une folie paranoïde.


Amateurs d'ambiance latente et feutrée, The Nesting est conçu sous le principe de suggestion afin de vous susciter une angoisse diffuse délicieusement palpable. Le soin alloué à ces décors d'architecture ainsi que l'esthétisme de sa photographie rétro (notamment cette reconstitution flamboyante d'un bordel des années 50) exacerbent sans peine son caractère envoûtant. D'autant plus que sa structure narrative, de prime abord éculée, finit par nous surprendre à travers un alliage de délire insolent (la traque cartoonesque compromise par l'héroïne avec les agissements psychotiques d'un fermier erratique !) et d'épouvante vintage (les apparitions récurrentes des spectres farceurs au sein d'une demeure à l'aura surnaturelle !). Préalablement, et avec une belle maîtrise technique, une séquence vertigineuse confinée sur le toit de la bâtisse va redoubler d'intensité pour la survie de deux protagonistes sévèrement ébranlés par la peur du vide et d'esprits démoniaques ! Si le jeu hésitant de certains comédiens et la pauvreté des dialogues laissent à désirer, le réalisateur reste suffisamment intègre pour nous façonner un petit film d'épouvante affable aussi intriguant qu'immersif ! Qui plus est, sa dernière demi-heure particulièrement débridée laisse place à une succession de rebondissements cinglants afin de nous divulguer tous les secrets d'une filiation vénale. Et de manière frénétique, le réalisateur n'hésite pas dans son dernier acte à user d'esbroufe et de violence rigoureuse de par l'acte crapuleux d'un carnage sanglant filmé sous le mode chorégraphique du slow-motion !


De cette obscure production émane au final un film assez maladroit (mauvaise direction d'acteurs et réalisation dilettante) mais contrebalancé d'un climat d'étrangeté irrésistiblement captivant et d'une structure narrative multiforme assez détonante ! Au final, une belle surprise formellement épurée faisant presque figure d'ovni, malencontreusement dénigrée dans l'hexagone !

*Bruno
Dédicace à Céline Trinci Lavidalie
22.05.13



mardi 21 mai 2013

Histoires d'Outre-Tombe / Tales from the Crypt

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site slashershouse.com

de Freddie Francis. 1972. Angleterre. 1h32. Avec Joan Collins, Peter Cushing, Roy Dotrice, Richard Greene, Ian Hendry, Patrick Magee, Barbara Murray, Ralph Richardson.

Sortie salles U.S: 9 Mars 1972

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Freddie Francis est un réalisateur, directeur de photographie et scénariste britannique, né le 22 Décembre 1917 à Londres, décédé le 17 Mars 2007 à Isleworth (Royaume-Uni). 1962: La Révolte des triffides. 1963: Paranoiac. 1964: Meurtre par procuration. 1964: l'Empreinte de Frankenstein. 1965: Le Train des Epouvantes. 1965: Hysteria. 1965: The Skull. 1966: The Deadly Bees. 1966: Poupées de cendre. 1967: Le Jardin des Tortures. 1968: Dracula et les Femmes. 1970: Trog. 1972: Histoires d'Outre-Tombe. 1973: La Chair du Diable. 1973: Les Contes aux limites de la folie. 1974: Son of Dracula. 1975: La Légende du Loup-Garou. 1975: The Ghoul. 1985: Le Docteur et les Assassins. 1987: Dark Tower.


Produit par la célèbre firme Amicus, Freddie Francis s'était déjà attelé en 1965 au film à sketchs avec le sympathique Train des Epouvantes. Sept ans plus tard, il rempile auprès d'Histoires d'outre-tombe, nouvelle anthologie d'épouvante inspirée des fameux EC Comics (bande dessinée horrifique pour adultes fondée aux usa en 1945). Par ailleurs, elle préfigure la fameuse série TV initiée en 1989 sous le titre homonyme des Contes de la crypte. Composé de 5 segments soigneusement élaborés sur un rythme tout à fait soutenu, Histoire d'outre-tombe suscite une sympathie ardente auprès du spectateur, notamment auprès des nostalgiques d'une époque révolue où les films à sketchs furent à leur ascension (le Caveau de la terreur, Asylum, le Jardin des supplices, la Maison qui tue, puis un peu plus tard le Club des monstres
Le premier sketch empreinte la voie du psycho-killer si bien qu'il préfigure par la même occasion avec 12 ans d'écart les exactions du père noel tueur découvert dans le controversé Silent Night, deadly night. Joan Collins y incarnant avec cynisme le rôle d'une épouse meurtrière lorsque cette dernière décide de supprimer son mari la veille de Noël. Or, à l'extérieur de sa demeure, un tueur fou en liberté se prépare à l'importuner ! Ce huis-clos fort efficacement mené, qui plus est pourvu d'une angoisse davantage oppressante, bénéficie d'un humour macabre assez loufoque pour se railler de cette épouse incriminée. On reste également impressionné par les effets de surprise terrifiants fonctionnant ici à plein régime afin d'y susciter une véritable peur à la fois anxiogène et génialement déstabilisante. Le second sketch, n'apporte pas de grande surprise à travers son cheminement narratif voué cette fois-ci à l'adultère auquel un mari et sa maîtresse décident de plier bagage vers une contrée lointaine. 


Malencontreusement, un accident de la route va sévèrement compromettre leur tentative d'escapade. Défiguré et méconnaissable, le mari infidèle décide de retourner auprès de son domicile conjugal après un temps d'absence prolongé. Là encore, l'ambiance à la fois inquiétante et mortifère qui s'y dégage et les séquences épeurantes redoutablement efficaces qui empiètent le sombre récit diluent à merveille une ambiance cauchemardesque délectable. Le troisième segment illustre le calvaire d'un vieillard reclus dans sa maisonnette parmi la fidélité de ses chiens. Altruiste envers les enfants du voisinage, ce veuf inconsolable se retrouve subitement harcelé par son voisin nanti, délibéré à le faire chasser de sa demeure. Peter Cushing s'insinue avec vibrante émotion dans la peau du vieillard candide empli d'affection pour les enfants de son quartier ainsi que pour sa défunte épouse (il communique avec celle-ci par l'entremise du spiritisme). Le soin alloué à la réalisation et l'empathie éprouvé pour ce sexagénaire nous impliquent sans peine dans son désespoir voué à une cruelle destinée. Mais la saveur macabre du twist final dédié au sacre de la Saint-Valentin nous réconforte pour le châtiment invoqué à son oppresseur en suscitant à nouveau une séquence terrifiante génialement tangible auprès de cette vision d'effroi que n'aurait renié Fulci ou Ossorio ! Le 4è récit s'articule autour d'une statuette ondine auquel un couple avide de richesse décide d'invoquer un voeu qui en amènera deux suivants vers une horrible issue irréversible. Malgré sa courte durée, cet épisode cruel méchamment ironique culmine magistralement sa conclusion vers un terrifiant dénouement dans toutes les mémoires (imaginez une seconde votre enveloppe corporelle et votre âme cérébrale souffrir indéfiniment jusqu'à l'éternité !). Pour l'anecdote subjective, ce sketch me traumatisa à l'époque de mon adolescence et continue toujours de me hanter de manière obsédante à chaque révision. 


Enfin, le dernier chapitre, d'une durée plus longue de 30 minutes, clôt magistralement cette anthologie de contes sardoniques avec le sombre récit d'une histoire de vengeance localisée en interne d'un hospice pour aveugles. Dominé par la prestance renfrognée de Patrick MacGee en leader des aveugles et de Nigel Patrick en directeur castrateur, ce segment intitulé "Blind Alleys" se révèle un sommet de perversité et de sadisme acéré. Si bien qu'une confrérie d'aveugles sera contrainte d'accomplir une vengeance méthodique auprès de leur directeur opiniâtre afin de le châtier de la mort innocente d'un des leurs. Ce sketch d'une perversité raffinée dans l'art d'étudier une vengeance littéralement impitoyable demeure le plus stimulant et jouissif tout en captant à point nommé notre attention à travers la dimension clairvoyante de ces protagonistes atteints de cécité mais redoutablement retors pour se débarrasser de leur bourreau réduite à l'état d'esclave. 


Merveilleusement conté, interprété et mise en scène avec une distinction gothique; Histoire d'outre-tombe demeure constamment magnétique et passionnant auprès de sa facture vintage rigoureusement esthétisante. Enfin, son dernier segment, merveille de sadisme incongrue préfigurant les exactions de Phibes ou Jigsaw, vaut à lui seul la réputation de ce grand classique du film à sketchs si bien que son pouvoir de fascination reste indécrottable. 

*Bruno
17.07.24. 5èx
21.05.13. 



vendredi 17 mai 2013

LA POUPEE DE LA TERREUR (Trilogy of Terror)

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site ddl.ph

de Dan Curtis. 1975. U.S.A. 1h10. Avec Karen Black, Robert Burton, John Karlen, George Gaynes. 

FILMOGRAPHIE: Dan Curtis est un producteur, scénariste et réalisateur américain, né le 12 Août 1927 à Bridgeport, Connecticut (Etats-Unis), décédé le 27 mars 2006 à Brentwood (Californie).
1966: Dark Shadows (série TV). 1970: La Fiancée du Vampire. 1971: Night of dark shadows. 1973: Dracula. 1973: The Night Strangler (télé-film). 1975: La Poupée de la Terreur. 1976: Trauma. 1977: Dead of Night. 1977: La Malédiction de la veuve noire (télé-film). 1992: Intruders (télé-film). 1996: La Poupée de la terreur 2 (télé-film).


A l'origine conçu pour être le pilote d'une série TV n'ayant jamais vu le jour, la Poupée de la Terreur est un télé-film à sketchs rendu populaire grâce à son troisième segment scénarisé par le célèbre écrivain Richard Matheson. D'ailleurs, le film reçut un tel impact auprès des spectateurs lors de sa diffusion US qu'une suite fut entreprise 20 ans plus tard. C'est au mésestimé cinéaste Dan Curtis que l'on doit cette trilogie de la terreur réalisée en 1975, alors qu'un an plus tard la pièce maîtresse de sa carrière envahissait les écrans américains ! Joyau d'effroi à l'angoisse tangible, Trauma n'eut même pas droit aux honneurs d'une sortie internationale dans notre pays hexagonal ! Le point commun entre ces deux oeuvres est imparti à la présence ombrageuse de Karen Black, dirigée en l'occurrence dans un quadruple rôle ! 


Le premier sketch intitulé "Julie" nous illustre le chantage d'un étudiant pervers pour sa prof de littérature. Si l'histoire agréable à suivre s'avère la plus faible, faute d'un script peu cohérent et d'une chute finale peu surprenante, le jeu d'interprétation et l'efficacité de la réalisation nous permettent de suivre sans ennui cette idylle perfide ancrée dans la soumission et la misogynie. Le second sketch, "Millicent et Thérèse", relève un peu le niveau dans l'entreprise de son suspense ascendant, sa narration psychologique un peu plus dense et le jeu bicéphale de Karen Black. Persuadée que sa soeur thérèse est devenue une femme diabolique et meurtrière, Millicent décide en désespoir de cause d'invoquer l'aide de son docteur. Dans un double rôle, la comédienne réussit parfaitement à rendre convaincant les états d'âme contradictoires de ces deux soeurs à la rancune tenace. Si le twist est facilement prévisible, sa terrifiante révélation ne manque pas d'interpeller le spectateur et de provoquer un futile malaise. Pour parachever, le dernier sketch, "Amelia", est le segment perturbateur auquel une génération de téléspectateurs ainsi qu'une légion de cinéphiles lui vouent un véritable culte ! Après avoir acheté un fétiche africain pour son concubin, Amelia va vivre une véritable nuit d'horreur. Sous l'apparence sinistre de cette poupée de bois se cache un véritable démon délibéré à assassiner sa propriétaire ! Sur le thème des poupées maléfiques, "Amelia" fait sans aucun doute parti des oeuvres les plus incisives et frénétiques qui soit (Chucky n'a qu'a bien s'tenir !). D'une efficacité fertile en rebondissements, Dan Curtis enchaîne les altercations à un rythme effréné dans sa réalisation véloce. Mais surtout, par un habile montage géométrique et une multitude de plans concis, il crédibilise les méfaits meurtriers de cette poupée famélique par ses élans erratiques et furibonds ! Intense, haletant et terriblement sauvage, "Amelia" provoque un impact émotionnel aussi jouissif que terrifiant, notamment au niveau du look patibulaire de ce fétiche africain accoutré de dents acérées ! Jusqu'à la risée de sa chute sardonique !


Si les deux premiers sketchs ont de quoi laisser dubitatif le spectateur exigeant, on ne peut passer outre le savoir-faire de Dan Curtis dans son art de conter une histoire et le jeu insidieux de l'étonnante Karen Black incarnant un quadruple rôle. Mais c'est avec l'impact cinglant de son troisième segment que La Poupée de la Terreur détonne et provoque une véritable stupeur dans son délirant survival en isolement !

17.05.13
Bruno Matéï


    jeudi 16 mai 2013

    LA NUIT DES MALEFICES (Satan's Skin / Blood on Satan's Claw)

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site culturopoing.com

    de Piers Haggard. 1971. Angleterre. 1h32. Avec Linda Hayden, Michele Dotrice, Patrick Wymark, Barry Andrews, Wendy Patbury, Anthony Ainley, Charlotte Mitchell.

    Sortie salles France: 19 Juillet 1972

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Piers Haggard est un réalisateur anglais, né le 18 Mars 1939 à Londres.
    1970: La Nuit des maléfices, 1979: The Quatermass conclusion, 1980: Le Complot diabolique du Dr. Fu Manchu, 1981: Venin, 1994: La Brèche, 2006: Les pêcheurs de coquillage Saison 1.


    Quel bien étrange film que cette Nuit des Maléfices mise en scène par un réalisateur éclectique ayant à son actif une pléthore de longs-métrages, télé-films et diverses séries TV. Si on lui doit en 1981 le sympathique Venin et la 4è aventure de Quatermass réalisée deux ans au préalable, Piers Haggard ne possède guère de réussites probantes au fil de sa carrière. A l'exception de cette modeste production horrifique réalisée avec un souci d'esthétisme poético-funeste. Si le rythme de sa première demi-heure aurait gagné à être un peu plus vigoureux, la suite des évènements se révèle beaucoup mieux charpentée pour illustrer avec force et détails nombre d'incidents inquiétants fondés sur l'emprise de la sorcellerie et le culte satanique.

    Dans un petit village anglais du 18è siècle, d'étranges évènements viennent ébranler la tranquillité des villageois. Alors qu'un paysan vient de découvrir dans son champ une tête d'apparence humaine, certains citadins sont épris d'hallucinations collectives. Une main griffue semble daigner intenter à leur vie sous l'allégeance d'un démon. En prime, au sein de la forêt, une jeune fille perfide pratique d'étranges rites afin d'inciter la population à invoquer Satan en personne. 


    Ce qui frappe d'emblée quand on découvre La Nuit des Maléfices, c'est la beauté formelle impartie à  ces décors bucoliques au sein de sa nature forestière. La gestion du cadre permet en outre de styliser certaines images oniriques d'une étonnante beauté végétale. Cette scénographie foisonnante, le soin alloué au moindres détails dégagent un charme vénéneux étrangement poétique. En prime, le jeu adroit de chaque comédien et la manière inédite à laquelle ils se voient confrontés au Mal renforcent le caractère crédible de cette évocation maléfique. Si les violents incidents qui jalonnent le récit s'avèrent récursifs jusqu'au présage d'un fameux cérémonial, Piers Haggard réussit à insuffler une vraie efficacité dans sa conduite narrative. Par l'entremise d'un stigmate corporel horriblement velu, les villageois sont peu à peu atteints d'une emprise démoniaque incontrôlée. A l'instar d'une épidémie, la plupart d'entre eux éprouvent un irrésistible besoin de provoquer le mal et pratiquer le sacrifice sous l'allégeance d'une sorcière lascive. Le climat d'étrangeté prégnant qui émane du récit et l'horreur de certaines séquences (en se resituant dans le contexte de l'époque !) réussissent à provoquer un malaise sous-jacent, à l'instar du viol communautaire et du sacrifice pratiqués sur une jeune vierge démunie ! Si la plupart des protagonistes se retrouvent tributaires de  l'influence du Mal, le réalisateur leur invoque dans son dernier acte une traditionnelle "chasse aux sorcières" qu'un juge inquisiteur va prendre soin de perpétrer parmi des bénévoles afin d'éradiquer de leur région la présence de Satan.


    Sur les thèmes de l'emprise maléfique, l'influence superstitieuse et la traditionnelle chasse aux sorcières qui s'ensuit, Piers Haggard réalise avec La Nuit des Maléfices une étonnante série B irrationnelle. Un film d'épouvante séculaire particulièrement soigné dans son esthétisme naturaliste et l'aura inquiétante qui en découle, enfin exhumé de l'oubli par les distributeurs d'ARTUS FILMS !

    Dédicace à ARTUS FILMS
    16.05.13
    Bruno Matéï