mardi 26 août 2014

Simetierre / Pet Sematary. Prix du Public, Avoriaz 1990.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site team-hush.org

de Mary Lambert. 1989. U.S.A. 1h43. Avec Dale Midkiff, Denise Crosby, Fred Gwynne, Miko Hughes, Brad Greenquist, Blaze Berdahl.

Sortie salles France: 17 Janvier 1990. U.S: 21 Avril 1989

FILMOGRAPHIE: Mary Lambert est une réalisatrice américaine, née le 13 Octobre 1951 à Helena, Arkansas (Etats-Unis). 1977: Rapid Eye Movements. 1987: Siesta. 1989: Bobby Brown his Prerogative (dtv). 1989: Simetierre. 1991: Grand Isle. 1992: Simetiere 2. 1994: Dragstrip Girl (télé-film). 1996: Le Visage du Mal (télé-film). 1997: Le Prix du Désir (télé-film). 1999: Clubland. 2000: In Between. 2000: Cercle Fermé. 2001: Strange Frequency (télé-film). 2001: Les Sorcières de Halloween 2 (télé-film). 2005: Urban Legend 3: Bloody Mary. 2008: The Attic. 2011: Mega Python vs. Gatoroid.

Poème mortifère sur l’injustice et la peur de mourir, Simetierre aborde l’horreur avec une rare intelligence, en scrutant la lente descente aux enfers d’une famille incapable d’accepter l’idée du trépas. Adapté d’un célèbre roman de Stephen King, le film tire parti d’un postulat audacieux pour renouveler le mythe du zombie et nourrir une réflexion sur la souffrance - physique autant que morale.

Louis Creed, sa femme Rachel et leurs deux enfants emménagent dans une maison bucolique, bordée par une route meurtrière, traversée sans relâche par des camions lancés à toute allure. Accueilli chaleureusement par leur voisin, celui-ci propose un jour à Louis de visiter un mystérieux cimetière pour animaux. Mais, à quelques mètres de là, un autre territoire sacré - d’origine indienne - possède un pouvoir interdit : ressusciter les morts.

Il faudra la mort accidentelle du chat familial pour que Louis, aveuglé par le chagrin, ose braver les lois naturelles… et tenter l’expérience de la résurrection. Simetierre baigne alors dans un climat funèbre, glacial, lancinant. Il aborde la mort sans inhibition, comme une malédiction cruelle qui s’abattra, inéluctable, sur les Creed. Confrontés à une série de deuils, les membres de la famille révèlent leur nature : égoïstes, effrayés, capricieux — incapables de supporter le poids de leur propre douleur.

Ellie, leur fille, est la première à ployer sous l’angoisse. Possessive, elle développe une obsession morbide pour son chat, terrifiée à l’idée qu’on le lui arrache. Louis, éminent médecin, est déjà fragilisé par la mort récente d’un patient - revenu d’entre les morts sous forme spectrale pour l’avertir de ne pas franchir les limites du cimetière indien. Quant à Rachel, elle reste hantée par un épisode traumatique de son enfance : la lente agonie de sa sœur Zelda, atteinte d’une maladie dégénérative. Rongée par la culpabilité, elle avait fini par souhaiter sa mort pour mettre un terme à l’horreur.

À travers ce postulat fantastique - fascinant car il questionne la vie au-delà de la mort - Simetierre confronte une famille brisée à l’ultime tentation : celle de nier la fin, de violer l’ordre des choses, de pactiser avec l’indicible.

 
Vivre pour mourir
Regorgeant de séquences d’une intensité émotionnelle saisissante (la déchéance corporelle de Zelda, la tragédie de Gage et ses funérailles houleuses, sa vengeance implacable), Simetierre transpose le drame psychologique dans une horreur viscérale, jamais racoleuse. Il y émane une descente aux enfers implacable, nourrie d’une cruauté nécessaire et d’une ironie macabre : celle de la mort d’un enfant, devenu à son tour bourreau, incarnation troublante du deuil impossible.

La mort, omniprésente, n’est ici qu’un rappel : spirituel, fatal, libérateur. Une catharsis… ou une malédiction. Pour abréger la souffrance. Pour plonger plus profond.

— Bruno
4eX

Récompense: Prix du Public au Festival d'Avoriaz, 1990


lundi 25 août 2014

Soudain... Les Monstres / The Food of the Gods. Licorne d'Or au Rex de Paris.

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site todoelterrordelmundo.blogspot.com

de Bert I. Gordon. 1977. U.S.A. 1h28. Avec Marjoe Gortner, Pamela Franklin, Ralph Meeker, Jon Cypher, Ida Lupino, John McLiam.

Sortie salles France: 18 Mai 1977. U.S: 18 Juin 1976

FILMOGRAPHIE: Bert I. Gordon est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 24 Septembre 1922 à Kenosha, Winsconsin, Etats-Unis). 1955: King Dinosaur. 1957: Beginning of the end. 1957: The Cyclops. 1957: The Amazing Colossol Man. 1958: Attack of the Puppet People. 1958: War of the Colossal Beast. 1958: Earth vs. the Spider. 1960: The Boys and the Pirates. 1960: Tormented. 1962: L'Epée Enchantée. 1965: Village of the Giants. 1966: Picture Mommy Dead. 1970: How to succeed with sex. 1972: Necromancy. 1973: Le Détraqué. 1976: Soudain... Les Monstres. 1977: L'Empire des Fourmis Géantes. 1981: Burned at the Stake. 1982: Let's do it ! 1985: The Big Bet. 1990: Satan's Princess.


Spécialiste du thème du gigantisme, Bert I. Gordon réalise avec Soudain... Les Monstres son film le plus notoire, à l'instar de sa Licorne d'Or décernée par le festival du Rex de Paris. Une prestigieuse récompense même s'il faut toutefois avouer que cet incroyable délire morbide regorge de clichés et de personnages caricaturaux bien que l'on éprouve beaucoup de sympathie pour eux. Qui plus est, l'aspect cheap de certains effets-spéciaux (les guêpes géantes confectionnées en plastique, le coq en latex) témoigne d'un visuel obsolète quand bien même la simplicité de son scénario le confine au huis-clos inspiré de la Nuit des Morts-vivants. Mais alors qu'est-il passé par la tête des membres du jury parisien pour prôner une série B aussi saugrenue alors qu'une génération de cinéphiles continuent de l'applaudir ? C'est d'abord le concept du pitch délirant qui attise autant notre amusement que notre fascination car voir débouler devant nos yeux des animaux atteints de gigantisme après avoir ingurgité un produit toxique s'avère aussi enthousiasmant qu'incroyablement impressionnant. Oui mais alors comment peut-on croire à pareille situation improbable si les effets-spéciaux archaïques s'avèrent fauchés ? En faisant intervenir en second acte de véritables animaux, en l'occurrence notre rongeur quadrupède, le Rat ! Et de nous faire croire de sa taille disproportionnée par des procédés techniques assez efficaces. Et à ce niveau surréaliste, le divertissement fonctionne à plein régime ! 


Et si à certains moments, on perçoit bien les maquettes d'une voiture, d'une maison ou d'une caravane afin de camoufler leur taille anormale, à d'autres situations, le réalisateur exploite des trucages autrement astucieux lorsqu'il combine dans le même cadre personnage et animal en situation d'affrontements ou de défense ! Ce réalisme parfois saisissant atteindra d'ailleurs son apogée lors de l'ultime assaut quand nos protagonistes sont réunis sur le toit d'une maison engloutie d'eau, quand bien même les rats tentent de s'agripper aux murs afin d'éviter la noyade. Si l'aspect sommaire de l'intrigue (un groupe de survivants se réunissent dans une ferme pour se protéger du danger et tenter de trouver des solutions de survie) et certaines situations incohérentes font un peu tâche (notamment certains rapports de discorde entre eux), le réalisateur parvient néanmoins à insuffler une vigoureuse efficacité, tout du moins durant une bonne moitié de métrage fertile en actions horrifiques. De par ces attaques récurrentes du rat contre l'homme faisant intervenir moult péripéties - surtout lorsque nos survivants sont séparés en groupe - alors qu'un leader courageux redouble de ruse pour essayer de les combattre (notamment le projet de faire exploser un barrage). En prime, le caractère sanglant des agressions ajoute une certaine intensité cruelle lorsque les victimes tentent vainement de se débattre contre l'animal. Le climat malsain, omniprésent, demeurant factuel, dérangeant, étrangement fascinant de voir débouler à l'écran l'improbable !


Ainsi, sous couvert d'argument écolo militant contre les dangers de la pollution, Soudain... les Monstres y transcende une série B redoutablement fun, jubilatoire, fascinante, ludique dès que le rongeur entre en scène. D'autre part, il se dégage une réelle empathie auprès de la complicité amicale de nos protagonistes en proie à l'insensé, voire aussi à travers leur rapport de divergence rehaussé de l'amabilité de seconds couteaux bien connus des amateurs (Marjoe Gortner et Pamela Franklin pour ne citer que les plus illustres). Enfin, et en me répétant sciemment, ce divertissement typiquement bisseux tire évidemment  parti de son attraction et de sa puissance fascinatoire en la présence du rat comparable ici à une taille de sanglier afin d'y provoquer l'effroi. Et à ce niveau d'intensité formelle, cette formidable série B est à marquer d'une pierre blanche d'autant plus renforcée aujourd'hui de son aspect rétro bougrement sympathique. Une référence. 

*Bruno
02.05.24. 6èx. Vostfr

RécompenseLicorne d'Or au Festival international du film Fantastique de Paris en 1977

    vendredi 22 août 2014

    NOS ETOILES CONTRAIRES (The Fault in Our Stars)

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site tfios-lovers.tumblr.com

    de Josh Boone. 2014. U.S.A. 2h06. Avec Shailene Woodley, Ansel Elgort, Nat Wolff, Willem Dafoe, Laura Dern, Sam Trammell, Lotte Verbeek.

    Sortie salles France: 20 Août 2014. U.S: 6 Juin 2014

    FILMOGRAPHIE: Josh Boone est un réalisateur et scénariste américain, né le 5 avril 1979 à Virginia Beach (Etats-Unis).
    2013: Stuck in Love. 2014: Nos Etoiles Contraires. 2014: Pretenders.


    Teen movie dramatique ciblant donc prioritairement le public adolescent, Nos Etoiles Contraires traite du thème grave et délicat de la maladie du cancer avec la légèreté de la comédie romantique. Dans le cadre d'une association de soutien pour les malades de tumeur, Hazel Grace fait la rencontre de Augustus Waters, à peine remis de son cancer. Entre eux va débuter une histoire d'amour passionnelle quand bien même la maladie peut les rattraper à tous moments ! 
    Afin d'éviter toute forme de misérabilisme, Josh Boone compte sur la fraîcheur spontanée des deux amants déployant une belle complicité dans leur relation amoureuse bâtie sur la confiance, la solidarité et l'espoir d'une potentielle guérison. Afin de dédramatiser leur situation de grabataire, ils s'échangent avec pragmatisme une verve pittoresque pour profiter du bonheur de l'instant présent.


    Jouant avec l'humour des situations de légèreté (notamment leur liaison amicale entretenue avec un jeune ado souffrant de cécité), Nos Etoiles Contraires réussit inévitablement à nous attendrir à travers leur tendre complicité tout en alternant avec des moments plus dramatiques lorsque le désespoir les rappellent à la raison d'une pathologie cruelle. Sur ce point, la difficile montée des marches d'Hazel pratiquée dans la demeure d'Anne Franck s'avère le moment le plus bouleversant dans sa sobriété requise, le réalisateur évitant d'appuyer sur la corde sensible de l'apitoiement. Alors que l'instant d'après, l'étreinte d'un baiser face à une foule attendrie va décrédibiliser d'un coup toute son intensité dramatique ! Durant plus de deux heures, c'est donc le quotidien d'Hazel et Augustus qui nous est décrit dans leur inlassable épreuve de survie, quand bien même le témoignage parental est également mis en valeur pour soutenir la jeune fille de son fardeau cancéreux. C'est à mi-parcours que le réalisateur souhaite subitement renverser les rôles (et relancer la machine à émotion !) puisqu'un évènement aléatoire va rappeler à l'ordre l'un des deux amants confronté à une irrémédiable injustice. Tragédie de la maladie et romance à l'eau de rose nous sont donc narrés avec la lourdeur de bons sentiments pour ébranler le spectateur et l'entraîner dans une dérive lacrymale qui en terrassera plus d'un. Cet abus de pathos et cette surdose d'effets larmoyants sont néanmoins palliés par la prestance naturelle des comédiens souvent épatants de charme et de spontanéité ! En particulier, l'étoile montante Shailense Woodley (inoubliable dans le magnifique The Spectacular Now !) endossant avec vérité humaine, fougue, bravoure mais aussi affliction une jeune malade en sursis !


    Inévitablement bouleversant, voir déchirant évoqueront les plus sensibles, Nos Etoiles Contraires ne manque pourtant pas d'humour, de tendresse et de vent de fraîcheur pour évoquer la maladie du cancer sans le cliché trivial du misérabilisme. Paradoxalement, le réalisateur se laisse pourtant voguer dans la facilité des bons sentiments en tirant complaisamment sur notre corde sensible. A l'instar de son final funéraire beaucoup trop surchargé en pathos dans ces allégations publiques ou à la lecture d'une lettre intime ! Mais que les fans de romance édulcorée se rassurent (en priorité les pré-pubères et adolescentes), le spectacle plein de charme en chavirera plus d'un dans sa spirale d'émotions rudes !

    Bruno Matéï


    jeudi 21 août 2014

    Dreamscape. Corbeau d'Or au Festival de Bruxelles, 1985

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

    de Joseph Ruben. 1984. U.S.A. 1h39. Avec Dennis Quaid, Max Von Sydow, Christopher Plummer, Eddie Albert, Kate Capshaw, David Patrick Kelly, George Wendt.

    Sortie salles France: 14 Juin 1985. U.S: 15 Août 1984

    FILMOGRAPHIE: Joseph Ruben est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né en 1951 à Briarcliff, Manor, New-York. 1974: The Sister-in-Law. 1976: Lâche-moi les baskets. 1977: Joyride. 1978: Our Winning Season. 1980: Gorp. 1984: Dreamscape. 1987: Le Beau-Père. 1989: Coupable Ressemblance. 1991: Les Nuits avec mon Ennemi. 1993: Le Bon Fils. 1995: Money Train. 1998: Loin du Paradis. 2004: Mémoire Effacée. 2013: Penthouse North.


    Sortie en salles à quelques mois d'intervalle des Griffes de la Nuit, Dreamscape empreinte la même thématique du rêve par le biais d'un télékinésiste prêtant main forte aux personnes souffrants de cauchemars pathologiques. Si bien qu'à l'aide d'un procédé scientifique révolutionnaire, Alex Gardner réussit à s'infiltrer dans le cerveau du patient pour le guérir de sa terreur nocturne. Recruté par le docteur Paul Novotny, il doit également se confronter à la rivalité d'un autre expert apte à pénétrer dans les rêves, Tommy Ray. Ce dernier étant complice d'une conspiration afin de nuire au président des Etats-Unis. Avec modestie, Joseph Ruben réalise ici une série B réjouissante de par son concept original d'interférence humaine au coeur du songe. Si la première demi-heure s'avère un peu trop sage en terme d'expérimentation (épauler un patient à retrouver sa libido sexuelle par ex !), la suite s'avère toujours plus stimulante lorsque Alex doit par exemple essayer de faire disparaître les cauchemars horrifiants d'un garçon perturbé. Ou pire encore, lorsqu'il doit tenter de protéger le président des Etats-Unis d'un assassinat prémédité quand bien même des tueurs sont lancés à ses trousses.


    Déployant non sans ironie nombres d'idées fantasques, comme celle de l'intrusion frauduleuse d'Alex au sein du sommeil de sa collègue pour exaucer un fantasme sexuel, Dreamscape profite également de son imagerie horrifico-fantastique par le biais de l'activité psychique. A l'instar d'une aventure trépidante, notre héros se retrouve donc plongé dans l'imaginaire du patient où n'importe quelle phobie surnaturelle puisse se matérialiser par auto-suggestion ! Si certains FX cheaps peuvent aujourd'hui prêter à sourire (les apparitions en stop motion du serpent géant !), le soin imparti aux décors de désolation permettent de nous immerger dans un univers post-apo plutôt photogénique. Alors qu'à d'autres moments, on se croirait plongé dans l'abysse d'une quatrième dimension (l'escalade d'un immense escalier dégingandé qu'Alex et l'enfant arpentent autour d'un néant opaque sans repère spatial !). Et pour corser l'intrigue et intensifier les situations de mise en péril, un antagoniste sans vergogne s'avère redoutablement insidieux pour parfaire ses ambitions meurtrières et provoquer son ennemi juré, Alex ! Qui plus est, l'idée géniale de pouvoir s'introduire dans le rêve d'un autre et assassiner le sujet durant son sommeil reste l'argument le plus jouissif, quand bien même un complot politique décuple l'enjeu d'une course contre la montre pour la sauvegarde du président.


    Entouré des solides prestances du sympathique Dennis Quaid et du génial gouailleur Janes DeVries que l'on adore détester, mais aussi d'éminents seconds-rôles au charisme burriné (Christopher Plummer, Max Von Sydow), sans compter la voluptueuse Kate Capshaw, Dreamscape est une sympathique série B à travers son alliage de fantastique, d'humour, de romance, d'action et d'espionnage politique. Il y émane un spectacle davantage captivant auprès de ces enjeux stratégiques, d'autant plus sobre et jamais ostentatoire qu'il exploite intelligemment un scénario retors ! 

    Récompense: Corbeau d'Or au Festival International du Film Fantastique de Bruxelles, 1985

    *Bruno
    26.01.23. 4èx

    mardi 19 août 2014

    Birdy. Grand Prix du Jury, Cannes 85.

                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site listal.com

    d'Alan Parker. 1984. U.S.A. 2h00. Avec Nicolas Cage, Matthew Modine, John Harkins, Sandy Baron, Karen Young, Bruno Kirby.

    Sortie salles France: 22 Mai 1985. U.S: 21 Décembre 1984

    FILMOGRAPHIE: Alan Parker, né Alan William Parker le 14 Février 1944 à Islington, Londres, est un réalisateur, compositeur, scénariste et producteur anglais. 1975: The Evacuees (télé-film). 1976: Bugsy Malone. 1978: Midnight Express. 1980: Fame. 1982: l'Usure du Temps. 1982: Pink Floyd the Wall. 1984: Birdy. 1987: Angel Heart. 1988: Mississippi Burning. 1990: Bienvenue au Paradis. 1991: The Commitments. 1994: Aux bons soins du Dr Kellogg. 1996: Evita. 1999: Les Cendres d'Angela. 2003: La Vie de David Gale.


    Tiré du roman de William Wharton, ancien vétéran américain de la Seconde Guerre mondiale, Birdy déplace son contexte historique vers les années 60, décennie lourdement entachée par le conflit vietnamien. 
     
    Synopsis : après avoir été gravement blessé au visage par un bombardement, Al Columbato revient au pays et rejoint son ami d’enfance, Birdy. Interné dans un hôpital militaire, ce dernier, profondément marqué par la guerre, s’est enfermé dans un mutisme absolu, comme une fuite hors de la réalité. Avant qu’il ne soit transféré dans un institut psychiatrique, Al tente une dernière fois de le ramener à lui.  
     
    Si Alan Parker nous avait déjà bouleversés avec le drame carcéral Midnight Express et le trip sensoriel Pink Floyd: The Wall, Birdy marque à nouveau les esprits, happés par la force brute de son intensité émotionnelle.

    Hymne à la liberté, réquisitoire contre les ravages de la guerre, plaidoyer vibrant pour le droit à la différence, Birdy est un poème universel sur la quête éperdue d’un monde idéalisé. À travers la passion obsessionnelle d’un adolescent fasciné par les oiseaux — lui-même destiné à voler de ses propres ailes —, le film révèle combien le monde peut se montrer lâche et cruel envers les âmes les plus pures. Alan Parker illustre, avec une humanité désarmante, le lien indéfectible entre deux amis, bientôt désunis par l’appel du front et la perte de leur innocence. Alternant flash-backs de leurs 400 coups et présent dévasté par le traumatisme post-Vietnam (tandis qu’Al tente désespérément d’arracher Birdy à la démence), le film bouscule nos émotions par la peinture sensible d’une passion dévorante — celle des oiseaux, jusqu’à la confusion de soi, jusqu’au vertige du vol véritable.

    À travers la séparation de Birdy et Al, enrôlés de force, le Vietnam devient le miroir d’une génération sacrifiée, privée de ses rêves et de sa liberté. Mais Birdy, au-delà de sa réflexion sur les dérives identitaires que peut engendrer une passion extrême, transcende surtout une sublime histoire d’amitié enracinée dans la fidélité. Leur lien, bâti sur la confiance, la tolérance et le respect, devient le dernier espoir pour ramener Birdy à la surface, hors des abysses de sa propre psychose.


    Porté par la partition sensitive de Peter Gabriel — qui exalte une charge émotionnelle presque insoutenable —, et incarné par deux comédiens d’une vérité bouleversante, Birdy est un grand moment de cinéma lyrique. Un chef-d’œuvre de fragilité, touché par la grâce d’un onirisme pudique, celui qui rêve d’une liberté affranchie de toute souffrance, en harmonie avec la nature et le règne animal. Inoubliable est un mot trop faible : Birdy est un crève-cœur, une rédemption amicale déchirante, même si l’ironie finale du saut de l’ange nous ramène, brutalement, à notre réalité terrestre.

    A mon ami de coeur Pascal Clabaut.

    Dédicace à Daniel Aprin

    Bruno 
    3èx
     
    Récompenses: Grand Prix du Jury, Cannes 1985
    Prix du Public au Festival International du film de Varsovie, 1987
    Top Ten Films: National Board of Review Awards, 1984

    lundi 18 août 2014

    Course contre l'Enfer (Race with the Devil)

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviecovers.com

    de Jack Starrett. 1975. U.S.A. 1h29. Avec Peter Fonda, Warren Oates, Loretta Swit, Lara Parker, R.G. Armstrong.

    Sortie salles France: 5 Mai 1976. U.S: Juin 1975

    FILMOGRAPHIE: Jack Starrett est un acteur et réalisateur américain, né le 2 Novembre 1936 à Refugio (Texas), décédé le 27 Mars 1989 à Sherman Oaks (Californie). 1969: La Cavale Infernale. 1969: House of Zodiac. 1970: Les Machines du Diable. 1970: Fuite dans la nuit (télé-film). 1970: Le Dernier des Apaches. 1972: The Strange Vegeance of Rosalie. 1972: Slaughter. 1973: Dynamite Jones. 1974: The Gravy Train. 1975: Course contre l'Enfer. 1976: La Vengeance aux Tripes. 1976: Hollywood Man. 1977: Haute Sécurité (télé-film). 1977: Final Chapter: walking Tall. 1978: Thaddeus Rose and Eddie (télé-film). 1978: Big Bob Johnson and his fantastic speed circus (télé-film). 1979: Mister Horn (télé-film). 1979: Survival of Dana (télé-film). 1981: Treachery and greed on the Planet of the Apes (télé-film). 1982: Kiss my Grits.


    "Sabbat sur l’asphalte : la route est un piège"
    Film d'exploitation sans prétention réunissant en têtes d’affiche les vétérans Peter Fonda et Warren Oates, Course contre l’Enfer est un road movie horrifique qui tire son efficacité d’un concept de départ plutôt original : deux couples de vacanciers, témoins malgré eux d’un rituel meurtrier perpétré par une secte, en pleine cambrousse. Réalisé deux ans avant La Colline a des yeux, on pourrait croire que Wes Craven s’en est inspiré pour camper une famille solidaire, exilée à bord d’un camping-car, bientôt piégée dans un désert hostile. Livrés à eux-mêmes, ils devaient riposter avec force, rivaliser d’ingéniosité, et survivre face à des agresseurs cannibales réduits à l’état primitif.

    Dans Course contre l’Enfer, nos jeunes touristes, eux aussi embarqués en caravane, sont sévèrement malmenés par une confrérie satanique dans le désert du Colorado. Inlassablement pourchassés et persécutés, ils font preuve de bravoure et de persévérance pour déjouer les nombreux pièges jalonnant leur itinéraire.

    Ce pitch inquiétant, mêlant les genres du road movie et de l’horreur, constitue une combinaison judicieuse entre suspense latent et poursuites endiablées. En toute simplicité, Jack Starrett façonne un pur divertissement, construit sur la fragilité attachante de personnages emportés dans une descente aux enfers — leur cohésion, d’abord amicale puis combative, éveillant notre considération, notre empathie, face à leur peur de trépasser — et sur l’action effrénée d’une cavale désespérée. Toujours plus acculés par des menaces pernicieuses, ils brandissent les armes, seuls contre tous, leur témoignage ayant été balayé d’un revers par la police locale.

    Avant une incroyable poursuite sur bitume déployant moult cascades, le réalisateur distille une atmosphère d’insécurité grandissante, notamment lorsque l’une des héroïnes, gagnée par la paranoïa, commence à suspecter les regards patibulaires des habitants de la région. Dès lors, la menace devient d’autant plus sournoise que les satanistes, tapis dans l’ombre, redoublent d’audace morbide.


    "Bitume noir, croix inversée"
    Rondement mené, Course contre l’Enfer n’a pour seul objectif que de divertir avec l’efficacité d’un pitch démonial, multipliant les péripéties haletantes autour de la survie et de la riposte de couples molestés. Sous la houlette de Peter Fonda et Warren Oates, on embarque d’autant mieux dans cette virée meurtrière, guidés par leur virilité rugueuse et leur pugnacité commune. Du cinéma bis redoutablement excitant et audacieux — dont l’épilogue nihiliste en déconcertera plus d’un — et qui frôle, par moments, le modèle d’efficacité.

    Bruno 
    3èx


    vendredi 15 août 2014

    Montclare: Rendez-vous de l'horreur / Next of Kin. Licorne d'Or, Rex de Paris.

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Facebook via Le Chat qui fume

    de Tony Williams. 1982. Australie/Nouvelle-Zélande. 1h29. Avec Jackie Kerin, John Jarrat, Alex Scott, Gerda Nicolson, Charles McCallum, Bernadette Gibson.

    Sortie salles France: 30 Avril 1986

    FILMOGRAPHIE: Tony Williams est un réalisateur, scénariste et producteur né en 1942 en Nouvelle-Zélande. 1978: Solo. 1982: Montclare: Rendez-vous de l'horreur. 2013: A Place Called Robertson.

    Next of Kin — Une hantise trouble, un mirage mental

    En plein âge d’or du fantastique australien, qui vit déferler des premières œuvres aussi originales et poétiques qu’audacieuses (Harlequin, Les Voitures qui ont mangé Paris, Long Week-end, Picnic at Hanging Rock, La Dernière Vague), voire carrément révolutionnaires (Mad Max 1 et 2), Next of Kin s’impose discrètement, mais sûrement, dans le palmarès.
    Tony Williams s’y révèle véritable auteur, renouvelant le mythe de la demeure hantée par une mise en scène quasi expérimentale.
    Et pour ses adeptes fidèles, les multiples visionnages n’atténuent en rien son pouvoir d’envoûtement — au contraire. Chaque retour dans ses mailles sournoises donne l’impression étrange de le découvrir à nouveau, ou sous une lumière inédite, comme un rêve qui change de visage.

    Le pitch : après la lecture du testament de sa mère, Linda hérite de la maison de retraite Montclare afin d’en assurer la relève. Mais dès la nuit tombée, d’étranges bruits et incidents domestiques surgissent. Puis un pensionnaire est retrouvé noyé dans sa baignoire. En lisant le journal intime de sa mère, elle découvre que ce qu’elle endure semble avoir déjà eu lieu — les pages du passé se superposent à son présent.

    Dédié à l’atmosphère gothique d’une maison de retraite imprégnée de silence diffus, théâtre de visions macabres, Next of Kin érige un cinéma fantasmagorique et baroque.
    À l’image des cauchemars nocturnes qui hantent Linda, surgissent des souvenirs d’enfance — la fillette au ballon rouge, figure spectrale — ou des visions morbides de vieillards décharnés, sublimés par des ralentis qui transforment l’eau en poème funèbre.
    Les nuances de rouge et de sépia sculptent une stylisation baroque, magnifiée par une caméra incroyablement fluide, virtuose — ces travellings aériens vertigineux donnent le vertige de la dérive mentale.

    Sous couvert d’un récit de hantise, Tony Williams construit un malaise insidieux, habilement nourri par la simple présence de ces pensionnaires au regard morne, presque menaçant.
    Si l’intrigue, fondée sur une rancune meurtrière, semble somme toute classique, la manière dont le cinéaste en tisse les fils, dans une mise en scène minutieuse et sensorielle, produit un envoûtement réel.
    Le suspense, admirablement maintenu, repose sur un art du non-dit, de la suggestion, jusqu’à cette bascule brutale dans une explosion de violence.

    Mais là encore, Tony Williams ne cède pas à la facilité du gore outrancier — ou alors si peu — préférant poursuivre sa fulgurance visuelle, toujours en accord avec le tempo musical.
    La partition métronomique et obsédante de Klaus Schulze y est pour beaucoup, mais l’interprétation de la troublante Jackie Kerin n’est pas en reste.
    Avec son visage blême, son regard chargé d’angoisse contenue, elle nous entraîne dans ses doutes, sa solitude, sa douleur sourde — jusqu’à une bravoure finale d’une intensité rare.

    Chef-d’œuvre discret mais incontestable du fantastique insolite, Next of Kin utilise le mythe de la maison hantée comme leurre, pour mieux nous piéger dans un récit mental, un labyrinthe sensoriel.
    Angoisse éthérée, atmosphère suspendue, intensité émotionnelle rare : tout converge vers la psyché d’une héroïne perdue au cœur d’un lieu figé hors du temps.

    Grâce à la maîtrise de sa réalisation léchée, à la richesse de sa photographie et aux jeux d’ombres naturelles, Next of Kin rejoint sans rougir les grandes clés de voûte de la maison oppressante :
    La Maison du Diable, Les Innocents, Trauma, Ne vous retournez pas (pour sa cartographie mentale de Venise), Le Cercle infernal, L’Enfant du Diable.

    *Bruno
    27.06.23. 5èx

    Récompenses: Licorne d'Or et Prix de la Meilleure Musique au Festival du film Fantastique du Rex à Paris, 1983.
    Prix de la mise en scène, Sitges.

                                         

    lundi 11 août 2014

    Holocaust 2000 / Rain of Fire

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

    de Alberto De Martino. 1977. Angleterre/Italie. 1h42. Avec Krik Douglas, Simon Ward, Agostina Belli, Anthony Quayle, Virginia McKenna, Spyros Fokas, Ivo Garrani.

    Sortie salles France: 22 Mars 1978 (Int - 18 ans). Italie: 25 Novembre 1977.

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Alberto De Martino est un réalisateur et scénariste italien, né le 12 Juin 1929 à Rome. 1962: Les 7 Gladiateurs. 1963: Persée l'Invincible. 1963: La Maison de la Terreur. 1964: Le Triomphe d'Hercule. 1964: Les 7 Invincibles. 1966: Django tire le premier. 1967: Opération frère Cadet. 1968: Rome contre Chicago. 1969: Perversion. 1972: Le Nouveau Bosse de la Mafia. 1974: L'Antéchrist. 1977: Holocaust 2000


    Après s'être inspiré de L'exorciste pour sa copie latine de l'Antéchrist, Alberto De Martino exploite cette-fois le succès de Richard Donner, La Malédiction, pour entreprendre Holocaust 2000. A nouveau influencé par les versets apocalyptiques de la Bible, le scénario reprend à peu près le même schéma que son homologue ricain avec une efficacité presqu'aussi redoutable. C'est à dire l'auto-suggestion d'un magnat industriel davantage convaincu qu'une prophétie est sur le point de converger au moment même où une succession d'accidents meurtriers intentent à son entourage. Hormis cette impression de déjà vu que l'on peut avoir dès le départ, puisque singeant sans trop de complexe la ligne directrice de La Malédiction, Holocaust 2000 réussit pourtant à distiller un suspense en crescendo autour du projet d'une centrale thermo-nucléaire, métaphore du dragon à sept têtes natif de l'apocalypse. Grâce à cette idée de départ plutôt astucieuse, et sous couvert de divertissement horrifique, Alberto De Martino se porte en pourfendeur écolo afin de souligner l'état de notre planète (les problèmes de pollution et de famine) et ce avant de pointer du doigt la menace nucléaire. Comme dans la Malédiction, toute l'efficacité du récit réside dans la perplexité du héros à tenter d'admettre que son projet révolutionnaire (construire un complexe atomique afin de venir en aide aux pays du tiers-monde !) émane finalement d'une stratégie diabolique invoquée par l'un de ses proches.


    C'est ce qu'un habile rebondissement nous divulguera (pour relancer ainsi le suspense !) au cours de son investigation, quand bien même il fut sur le point de sacrifier une innocente victime. Emaillé de quelques séquences-chocs réussies (le premier ministre scalpé par la pale d'un hélicoptère, les deux altercations sanglantes intentées à Robert Caine dans la chambre de l'asile, l'empoisonnement des bébés au sein de l'hôpital), Holocaust 2000 réussit d'autant mieux à convaincre parmi la complicité bougrement attachante des comédiens (si on épargne quelques ellipses narratives, quelques incohérences dans l'asile déserté de surveillants et praticiens et un montage tantôt maladroit). Outre la beauté vertueuse d'Agostina Belli et le charme sournois de l'inquiétant Simon Ward crevant l'écran comme de coutume par sa prestance féline, c'est la présence du monstre sacré Kirk Douglas qui permet d'accorder autant de crédit à ce démarquage transalpin (effusions sanglantes en sus !) extrêmement captivant sous l'impulsion d'un climat d'étrangeté amplifié du superbe score choral d'Ennio Morricone. Incarnant la démarche autoritaire d'un entrepreneur fréquemment compromis par la remise en question, le doute et la perplexité, il y déploie dans ses moments d'accalmie une rassurante carrure paternelle de par sa bonhomie spontanée à daigner préserver la vie de sa nouvelle famille que représente la jeune maman Sara sur le point d'accoucher. 


    Soutenu de la partition tantôt mélancolique, tantôt religieuse (choeurs maléfiques indissociables !) d'Ennio Morricone et renforcé du jeu cordial des interprètes, Holocaust 2000 réussit constamment à inquiéter et séduire de par l'efficacité d'un scénario fustigeant le péril atomique. Hormis quelques facilités et incohérences (notamment l'altercation finale perpétrée dans l'institut psychiatrique éludé de personnel médical !), il s'avère le meilleur épigone bisseux de La Malédiction parmi La 7 Prophétie.

    *Bruno
    09.12.22. 4èx

    7

    vendredi 8 août 2014

    SIXIEME SENS (The Sixth Sense)

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site en.wikipedia.org

    de M. Night Shyamalan. 1999. U.S.A. 1h47. Avec Bruce Willis, Haley Joel Osment, Olivia Williams, Toni Collette, Donnie Wahlberg, Bruce Norris, Glenn Fitzgerald.

    Sortie salles France: 5 Janvier 2000. U.S: 2 Août 1999

    FILMOGRAPHIE: M. Night Shyamalan est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, d'origine indienne, né le 6 Août 1970 à Pondichéry.
    1992: Praying with Angers. 1998: Eveil à la vie. 1999: Sixième Sens. 2000: Incassable. 2002: Signs. 2004: Le Village. 2006: La Jeune fille de l'eau. 2008: Phenomènes. 2010: Le Dernier maître de l'air. 2013: After Earth.


    Enorme succès commercial et critique lors de sa sortie, Sixième Sens a réussi à imposer la notoriété de son jeune réalisateur (il avait 30 ans à l'époque !) alors qu'il s'agissait de son 3è long-métrage. Souvent célébré pour l'originalité de son twist final (même si avant lui d'autres réalisateurs avaient déjà emprunté la même pirouette !), Sixième Sens s'avère autrement plus captivant par l'entremise d'une psychanalyse exercée sur un garçon perturbé. Car Cole Sear possède le don d'apercevoir et de communiquer avec les morts, particulièrement ceux décédés d'une manière aussi violente qu'inopinée. Avant sa première rencontre avec le psychologue Malcolm Crowe, on nous rapporte que ce dernier eut été victime d'une grave agression à son domicile parmi la présence de sa femme. Entré par effraction en pleine nuit avec une arme à feu, l'un de ces anciens patients lui avait asséné une balle dans l'abdomen ! C'est un an plus tard que nous retrouvons Malcolm Crowe prêtant main forte au jeune enfant tout en essayant de se réconcilier avec son épouse traumatisée de l'agression.


    Si à la première vision de Sixième Sens, la majorité des spectateurs avaient été surtout bluffés par sa révélation finale, un second visionnage nous permet de mieux percevoir son intensité émotionnelle et d'aborder le film sous un autre angle vis à vis des personnages tourmentés du psychologue et de son épouse. Principalement ses rapports délicats lorsqu'il tente difficilement de la réconcilier, quand bien même cette dernière se morfond dans une grave solitude avant de se réconforter dans les bras d'un autre ! Sur ce point, le film s'avère beaucoup plus poignant et remarquablement construit lorsque l'on comprend pour quelle raison (l'aider à faire le deuil de manière inconsciente !) il persiste à s'accrocher à son chevet. Entièrement dédié à la caractérisation humaine de personnages emplis de fragilité, Sixième Sens relate leur contrariété et leur fêlure morale avec une sensibilité souvent bouleversante. A l'image de l'innocence infantile de Cole, garçon de 9 ans sévèrement persécuté par des fantômes moribonds en quête d'exutoire. Outre sa réflexion sur la difficulté d'accepter le deuil de l'être aimé et sur l'attention d'être à l'écoute de l'autre (particulièrement envers les gens les plus démunis et esseulés), le film met en relief les rapports complexes de responsabilité et d'éducation parentale lorsqu'une mère divorcée tente désespérément de déceler la pathologie mentale de son fils. Enfin, à travers le cheminement tortueux de ce dernier, Sixième Sens transcende une puissante histoire d'amitié entamée avec son psychologue. Un homme rongé par le doute et le remord, d'autant plus affaibli par sa relation conjugale, mais cette fois-ci délibéré à réparer ses erreurs pour guérir les névroses de l'enfant mais aussi assumer son tragique destin.


    Dominé par les sobres prestances de Bruce Willis, Haley Joel Osment et Toni Colette, communément bouleversants de fragilité humaine, Sixieme Sens rend ses lettres de noblesse au genre fantastique. Celui d'un cinéma mature où le climat éthéré est avant tout dédié à la psychologie torturée de personnages en quête de rédemption. Une oeuvre magnifique, esthétiquement avisée et remarquablement maîtrisée, nous donnant sérieusement envie de croire à la spiritualité d'un havre de paix. 

    Bruno Matéï
    3èx


      jeudi 7 août 2014

      Vol 93 / United 93

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemotions.com

      de Paul Greengrass. 2006. France/Angleterre/U.S.A. 1h51. Avec Christian Clemenson, Trish Gates, David Alan Basche, Cheyenne Jackson, Opal Alladin, Starla Benford, J.J. Johnston.

      Sortie salles France: 12 Juillet 2006. U.S: 28 Avril 2006.

      FILMOGRAPHIE: Paul Greengrass est un journaliste, réalisateur, scénariste et producteur britannique, né le 13 Août 1955 à Cheam (Royaume-Uni). 1998: Envole-moi. 2002: Bloody Sunday. 2004: La Mort dans la Peau. 2006: Vol 93. 2007: La Vengeance dans la Peau. 2009: Green Zone. 2013: Capitaine Phillips.


      Relatant l'interminable calvaire puis la bravoure des passagers du Vol 93 lors des attentats du 11 septembre, Paul Greengrass n'y va pas par quatre chemin pour susciter terreur et effroi en interne d'un avion détourné par des terroristes d'Al-Qaïda. Alors que leur cible était de se crasher sur le capitole, il finiront par dévier leur trajectoire, faute du courage de certains passagers délibérés à les affronter afin d'éviter le pire accident et peut-être d'y survivre. Oppressant, éprouvant et d'une intensité dramatique exponentielle, Vol 93 emprunte le schéma du film catastrophe avec souci informatif et degré de réalisme inédit pour le genre. La mise en scène studieuse de Greengrass privilégiant l'aspect docu-vérité quand bien même les évènements décrits nous sont rapportés en temps réel. Alternant les prises de conscience alertes du personnel de la tour de contrôle, informés seconde par seconde des divers détournements aériens, et de la panique improvisée des passagers de l'United Airlines, Vol 93 est une expérience extrême avec la peur. Un moment de cinéma anti ludique conçu pour vous faire participer à une prise d'otages comme si vous y étiez ! 


      Immersif en diable donc et véritablement étouffant dans ce huis-clos instauré à haute altitude, vous vous sentez intimement impliqués dans le désarroi des voyageurs sévèrement molestés, (voir même égorgés pour certains d'entre eux !) par des fanatiques tout aussi épeurés de leur mission suicide. Le cinéaste insistant notamment sur la paranoïa de ces intégristes toujours plus anxieux à l'idée de passer à l'acte et commettre leur gageure ! Du point de vue de la conscience désabusée des victimes, nous partageons leur immense détresse, leur ultime recours d'avertir leurs proches de leur inévitable sort par le biais du téléphone portable. Même si on connait l'issue tragique, Vol 93 réussit à distiller au compte goutte un suspense interminable (notamment à travers le témoignage affolé du personnel de la station d'observation !), qui ira crescendo jusqu'au baroud d'honneur sacrificiel. Ce point d'orgue ultra spectaculaire et violemment brutal peut faire office d'anthologie de l'horreur tant les altercations décrites sont reconstitués avec un réalisme tranché. Par l'entremise d'un élan de solidarité, les passagers les plus coriaces se projetant sur les pirates de l'air avec une hargne primitive ! Dès lors, jamais une catastrophe aérienne n'eut été rendue aussi intense et émotionnellement éprouvante (jusqu'au malaise tangible !), quand bien même le cinéaste a l'intelligence d'éluder l'esbroufe de l'atterrissage forcé afin de respecter le deuil des familles !


      Hommage aux victimes du 11 Septembre 2001 et surtout à la bravoure héroïque de ces passagers anonymes, Vol 93 illustre leur épreuve de force avec une intensité et un réalisme proprement exceptionnels. Dérangeant, affolant, bouleversant et terriblement anxiogène, Paul Greengrass a également accompli avec une virtuosité vertigineuse le film catastrophe le plus effrayant jamais réalisé. A voir absolument avec le coeur bien accroché !

      A la mémoire de tous ceux qui ont perdu la vie ce jour maudit...

      *Bruno
      13.04.23. 3èx

      mercredi 6 août 2014

      Les Envoûtés / The Possessed

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Moviecovers.com

      de Jerry Thorpe. 1977. U.S.A. 1h15. Avec James Farentino, Joan Hackett, Claudette Nevins, Eugene Roche, Harrison Ford, Ann Dusenberry.

      Diffusion TV, U.S: 1er Mai 1977

      FILMOGRAPHIE: Jerry Thorpe est un réalisateur et producteur américain, né en 1926.
      1957: Minuit sur le grand canal. 1968: Le Jour des Apaches. 1970: Company of Killers (télé-film). 1970: Dial Hot Line (télé-film). 1971: Lock, Stock and Barrel (télé-film). 1971: Crosscurrent (télé-film). 1972: Kung-Fu (télé-film). 1974: Smile, Jenny, You're Dead (télé-film). 1975: Antonio and the Mayor (télé-film). 1976: The Dark side of Innocence (télé-film). 1976: Laissez moi mon enfant (télé-film). 1977: Yesterday's Child (télé-film). 1977: Les Envoûtés (télé-film). 1978: The Lazarus Syndrome (télé-film). 1978: Stickin'Together (télé-film). 1978: A Question of Love (télé-film). 1979: Heaven Only Knows (télé-film). 1980: Le Noir et le Blanc (télé-film). 1983: Happy Endings (télé-film). 1986: La Fleur Ensanglantée (télé-film).


      Télé-film des années 70 découvert chez nous un mardi soir dans le cadre des "Dossiers de l'Ecran", Les Envoutés traumatisa toute une génération de spectateurs impressionnés par le caractère réaliste de son thème satanique, à l'instar de son climax inoubliable faisant office de moment de trouille profondément dérangeant. Sans doute influencé par l'Exorciste et toute la vague de films démoniaques qui suivront (La Malédiction pour citer le plus illustre), Jerry Thorpe nous relate ici la descente aux enfers de lycéennes prises à parti avec des phénomènes surnaturels. Celui de la combustion spontanée s'emparant sans raison de leurs corps pour les brûler vif. D'une durée étique d'1h10 non préjudiciable, les Envoutés sous-entend une réflexion sur l'existence du Mal à travers le parcours équivoque d'un ancien prêtre délibéré à s'expier une conduite après avoir offensé Dieu. Dès lors, ressuscité d'un accident mortel, sa mission est de venir en aide aux témoins de l'emprise du diable. Ce qui l'amène à s'orienter vers un lycée exclusivement féminin à laquelle de graves incidents y sont dépêchés par la direction. 


      Hormis sa facture télévisuelle pour autant étonnamment soignée, Jerry Thorpe réussit avec efficacité à entretenir un suspense sous-jacent parmi les vicissitudes des pensionnaires qui ébranlent leur tranquillité tout en insufflant une atmosphère délicieusement diabolique par le biais de l'emprise du feu. Renforcé d'une bande-son inquiétante aggripant la pellicule, la manière insidieuse dont les flammes se propagent sur le mobilier ou sur le corps enseignant provoquent un sentiment malsain. Sachant qu'à plus d'une reprise, la victime ciblée se retrouve embrigadée dans une pièce verrouillée de l'intérieur. Epaulé de comédiennes fort convaincantes dans leur rôle d'enseignantes contrariées ou de lycéennes apeurées, Les Envoutés est également dominé du jeu énigmatique de James Farentino (remember Réincarnations !) dans celui de Kevin Leahy, le prêtre déchu revenu de l'au-delà. Dessapé de sa soutane et d'insigne religieux (il ne croit qu'à l'existence du Mal avouera t'il à l'une des enseignantes), il est pourtant résigné à combattre et se sacrifier pour sauver les proies innocentes des forces du Diable. Enfin, on reconnaîtra dans un second rôle l'apparition du débutant Harrison Ford dans celui d'un enseignant épris d'amour pour une jeune lycéenne. Si le récit génialement inquiétant n'exploite pas complètement le potentiel de son sujet car empruntant les raccourcis (faute notamment d'une durée écourtée ), il est suffisamment bien conduit pour distiller une véritable angoisse latente au fil d'une intrigue toujours plus ombrageuse que Kevin Leahy tente de démystifier. Ce qui nous conduit à son point d'orgue révélateur ayant tant traumatisé les cinéphiles de l'époque lors de cette confrontation du prêtre et de la directrice réfugiés à proximité d'une piscine. En victime ensorcelée exprimant râles inquiétants, rictus mesquin et regard pervers, l'actrice Joan Hackett réussit à provoquer l'effroi dans sa posture cynique de possédée. Aujourd'hui encore, son apparence "envoûtée" (mais dépouillée de maquillage grand-guignolesque) nous provoque une répulsion viscérale réellement dérangeante au point de renouveler nos cauchemars nocturnes impartis à notre enfance tourmentée. 


      En tant que film issu de la télévision, Les Envoutés reste l'une des rares réussites à avoir sur distiller avec sensibilité et réalisme une angoisse malsaine plutôt dérangeante, à l'instar de son épilogue fétide resté dans les mémoires des téléspectateurs. Une pépite à redécouvrir donc car tellement plus honorable et convaincante que la globalité des vulgaires ersatz ayant tenté d'émuler l'Exorciste et consorts. Si bien que les Envoûtés n'a pas pris une ride auprès de son atmosphère envoûtante hantée par la présence d'un Mal de prime abord sournoisement indicible. 

      *Bruno 
      3èx