samedi 4 octobre 2025

The Lost Bus de Paul Greengrass. 2025. U.S.A. 2h09.

                          (Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site Imdb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives)
 
"The Lost Bus : l’enfer forestier de l’âme et des flammes."
 
Fans de récits catastrophistes adultes, humbles, et surtout intelligemment traités sans complaisance racoleuse, The Lost Bus a de quoi vous clouer au siège deux heures durant. Paul Greengrass, réalisateur émérite, nous immerge dans son enfer forestier en y imprimant sa signature auteurisante - un parti-pris déjà amorcé avec Bloody Sunday, Un 22 Juillet ou encore le traumatisant Vol 93. Caméra à l’épaule, au plus près des stratagèmes de pompiers et secouristes aussi interrogatifs que sur le qui-vive, il nous embarque tête baissée dans une descente aux enfers, inspirée de faits réels survenus en Californie en 2028.
 
Kevin, chauffeur de bus désargenté, accablé par la mort récente de son père et ses conflits incessants avec son fils, doit en prime s’occuper de sa mère grabataire. Lorsqu’un incendie ravage sa bourgade, il se heurte à un dilemme : rapatrier des enfants d’école pour les sauver, ou tenter de protéger sa mère et son fils bientôt pris dans l’étau du désastre. 
 

Ce pitch métaphorique développe, avec un humanisme à la fois torturé, fragile et stoïque, l’épreuve d’un père seul contre tous - épaulé seulement par une partenaire de survie improvisée. Dans sa lutte, Kevin cherche à conjurer son manque de confiance, sa perte identitaire, hérité d’un père démissionnaire, et à dépasser sa mauvaise réputation par la force du courage et de la détermination.

Le film marie attention psychologique et séquences de bravoure saisissantes, d’un réalisme cauchemardesque. La scénographie apocalyptique, où nos protagonistes se retrouvent reclus dans un bus saturé de fumée et d’angoisse, installe une tension suffocante, un état d’appréhension continue, soutenu par l’expressivité démunie mais combative des personnages. Hypnotique dans sa mise en scène proche du docu-fiction, The Lost Bus insuffle un suspense oppressant et une action improvisée, tant les flammes dévorent tous azimuts les forêts environnantes jusqu'à plus soif. 
 

Témoignage plein de pudeur et d’humilité sur les valeurs familiales vues à travers un père écorché vif en quête d’affirmation ; hymne à la vie auprès d’une jeune mère brutalement consciente de sa précarité existentielle ; mise en garde enfin contre l’irresponsabilité humaine qui engendre la déforestation par le feu : The Lost Bus redonne ses lettres de noblesse au cinéma catastrophe. Et Matthew McConaughey, bouleversant d’humanité désespérée, incarne cette rage contenue avec une pudeur émotive inscrite dans la réserve.
 
— le cinéphile du cœur noir

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