(Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site Imdb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives)
Sans hésitation aucune, Dossier 64 marque, selon moi, le sommet de la saga du département V.
Dernière enquête de nos inspecteurs Carl Mørck et Assad, c’est un film d’une intensité dramatique éprouvante à son diapason, qui manie avec une rare habileté l’art de la suggestion.
Inspiré d’un pan sombre de l’histoire danoise - les stérilisations forcées de 11 000 femmes entre 1934 et 1967 -, il laisse planer l’ombre du fascisme sur une affaire effroyable remontant à 1961. À cette époque, le docteur Curt Wad pratiquait sur des patientes marginales des abus sexuels suivis de stérilisations, au nom d’une idéologie malade.
Le récit s’ancre dans le regard d’une jeune femme, Nete, enceinte de son cousin, que Carl et Assad retrouvent en filigrane d’une enquête ouverte après la découverte macabre de trois squelettes dans un appartement abandonné. Tout ici glace le sang : les exactions sexuelles filmées hors champ, les patientes condamnées à avorter puis stérilisées au nom d’un héritage moral bâti sur l’épuration ethnique, la haine de la différence et de l’étranger.
Rigoureusement malaisant, tendu à l’extrême, Dossier 64 porte en lui une émotion bouleversante, celle d’une romance inconsolable que Nete traînera toute sa vie comme une cicatrice. Du côté de Carl et Assad, c’est une autre blessure : celle d’une amitié forgée dans le chaos, éprouvée par des revirements tragiques où la survie ne tient souvent qu’à un fil.
Implacable, impeccablement mené, ce récit fiévreux explore une corruption tentaculaire - bureaucratique, médicale, politique, policière - et s’impose comme une méditation sur la mémoire refoulée d’un pays. Il montre comment le mal se recycle, se perpétue, se dissimule dans les institutions les plus respectables.
Avec un réalisme aussi perturbant que bouleversant, et par la gravité de son sujet, on est pas loin du chef-d'oeuvre.
— le cinéphile du cœur noir
vf
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