"Le sabbat des identités."
Quand on tombe, par pur hasard, ou plutôt par rendez-vous, sur une énorme surprise.
L’histoire, d’une simplicité désarmante, déroute d’emblée. On se demande à quoi rime cette réunion funéraire, et surtout où la réalisatrice veut nous embarquer dans ce huis clos faussement affable.
Il ne se passe rien - ou presque - et pourtant tout vibre : une ambiance inquiétante, décalée, ironique, terriblement caustique, d’une intensité détonante.
Tout repose sur les regards, les non-dits, les postures hypocrites. Et surtout, grâce au jeu habité des comédiennes et à une mise en scène baroque, presque cartographique dans sa dimension horrifique, Shiva Baby devient une épreuve de force psychologique, impossible à effacer de la mémoire sitôt le générique clos.
Cette farce juive à base d'anxiété, de judaïsme, de bisexualité, d’une maîtrise chirurgicale, ne dure qu’une heure treize - et pourtant, on en ressort dépité, frustré de sa brièveté.
Gratitude à Rachel Sennott, étudiante peu recommandable, au bord du chavirement, en pleine crise identitaire face à une assemblée bourgeoise rongée de névroses. Elle éclate l’écran, de la première à la dernière seconde. On voudrait ne jamais la quitter. Trop tard… le rideau est déjà tombé.
P.S: 12 récompenses à travers le monde sur 43 nominations.
— le cinéphile du cœur noir
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