Photo empruntée sur Google, appartenant au site bmoviezone.wordpress.com
de Mario Bava. 1970. Italie/Espagne. 1h28. Avec Stephen Forsyth, Dagmar Lassander, Laura Betti, Jesus Puente, Femi Benussi, Antonia Mas, Luciano Pigozzi.
Sortie salles Italie:
2 Juin 1970. Espagne:
14 Septembre 1970
FILMOGRAPHIE:
Mario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie). Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo. 1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 :
Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).

Sorti discrètement en VHS sous le titre fallacieux La Baie Sanglante 2, alors qu’il fut tourné un an avant La Baie Sanglante, Une Hache pour la Lune de Miel s’avère fascinant à plus d’un titre, malgré une réputation longtemps timorée, désormais réhabilitée par les puristes du maestro Mario Bava.
Le pitch : John Harrington, riche héritier d’une maison de couture, est un psychopathe incapable de réfréner ses pulsions meurtrières : il assassine de jeunes mariées pour tenter d’exhumer un souvenir traumatique enfoui dans l’enfance.
Longtemps considéré, à tort, comme une œuvre mineure, ce thriller vénéneux reste pourtant singulier, troublant, captivant dans son portrait d’un schizophrène prisonnier d’un trauma infantile. Travesti parfois d’une robe de mariée pour parfaire son rituel, il évoque Psychose par ses visions macabres de l’épouse défunte, ses thèmes de refoulement, d’amour maternel et de possessivité.

Bava, maître du clair-obscur mental, jongle entre hallucination et réalité pour mieux nous égarer dans les dédales d’un esprit rongé de fantômes. Une séquence à suspense hitchcockien reste mémorable : quelques gouttes de sang perlent d’un escalier, prêtes à trahir le meurtre alors que la police interroge le monstre. Formellement somptueux (comme toujours chez Bava), baignant dans une atmosphère gothique où dentelles nuptiales et gerbes de fleurs se confondent à l’architecture baroque de la demeure, Une Hache pour la Lune de Miel brille aussi grâce à Stephen Forsyth. L’acteur insuffle au tueur une ambiguïté saisissante : paranoïa incontrôlée, charme insidieux, regard azur et silhouette longiligne, il hypnotise l’écran, figure écartelée entre Eros et Thanatos. À ses côtés, la troublante Laura Betti, épouse martyr devenue spectre vengeur, partage la vedette avec une force vénéneuse : même incinérée, elle vampirise encore la psyché de John, fidèle à sa promesse : ne jamais le quitter.

La Mariée Sanglante
Soutenu par la partition capiteuse de Sante Maria Romitelli - dont cette valse lascive autour de mannequins vêtus de blanc - et auréolé d’un esthétisme baroque à la sensualité trouble, Une Hache pour la Lune de Miel mérite qu’on le ressuscite. Pour son climat d’incertitude obsédante, son glissement vers un fantastique fiévreux où un ectoplasme d’épouse hante l’assassin, pour ses actrices italiennes à la beauté de porcelaine, pour le portrait poignant d’un psychopathe accablé d’une fidélité morbide. Œuvre atypique, précurseur discret de nombreux psycho-killers des années 80 (Maniac, Henry, Schizophrenia), ce cauchemar satin et sang n’en finit pas de distiller son poison, encore et encore, dans la pénombre d’une salle obscure ou d’une VHS poussiéreuse.
*Eric Binford
26.11.21.
28.22.23. vostfr. 5èx