Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com
d'Alejandro Amenabar. 2001. France/Amérique/Espagne. 1h44. Avec Nicole Kidman, Fionnula Flanagan, Christopher Eccleston, Alakina Mann, James Bentley, Eric Sykes, Elaine Cassidy, Renée Asherson.
Sortie salles France: 26 Décembre 2001. U.S: 10 Août 2001
FILMOGRAPHIE: Alejandro Amenabar est un réalisateur, scénariste, écrivain, monteur, acteur, producteur et compositeur de nationalité hispano chilienne, né le 31 Mars 1972 à Santiago.
1996: Tesis. 1997: Ouvre les Yeux. 2001: Les Autres. 2004: Mar Adentro. 2009: Agora. 2015: Régression.
Poème gothique sur la solitude de la mort et l'incapacité d'affronter le deuil autour du cheminement psychotique d'une mère de famille prise à parti avec de potentiels fantômes, les Autres renoue avec le classicisme des suspenses psychanalytiques, à l'instar des pièces maîtresses, les Innocents et la Maison du Diable. Car auprès d'un scénario retors remarquablement structuré, Alejandro Amenabar dédie son intrigue à la fragilité de ses personnages caractérisés d'une mère et de ses deux enfants en quête désespérée de vérité.
Le Pitch: 1945. Alors que son mari n'est toujours pas revenu de la guerre, Grace accueille les trois nouveaux domestiques de sa demeure. Persécutée par d'étranges bruits résonnants de l'intérieur de la bâtisse, cette dernière accuse dans un premier temps sa fille, particulièrement espiègle et impertinente car ne cessant d'importuner son frère cadet sur l'éventuel apparition du fantôme de Victor. Peu à peu, Grace sombre dans un délire de persécution alors que les domestiques adoptent un comportement de plus en plus équivoque.
Inspiré du roman le Tour d'Ecrou d'Henry James, Alejandro Amenabar transcende à l'écran avec une ambition formelle (l'architecture gothique est d'autant plus renforcée de magnifiques éclairages incandescents) une sombre histoire de fantômes inscrite dans la fragilité de l'accablement. Prenant pour cadre une immense demeure victorienne confinée au milieu d'un parc champêtre alors que la brume environnante y masque une partie de sa devanture, Les Autres cultive un goût pour l'angoisse et l'inquiétude parmi l'intelligence d'un détournement des codes usuels.
Dans le sens où les rôles classiquement attribués au premier abord sont finalement inversés au profit d'une énigme fort astucieuse brouillant les identités des personnages (les vivants se substituant aux fantômes et vice-versa !). Se focalisant sur le désarroi neurotique d'une mère de famille apeurée par des phénomènes irrationnels depuis la disparition de son mari et de son isolement dans la pénombre (ses enfants atteints de protoporphyrie ne supportant pas la lumière), Alejandro Amenabar en dresse un magnifique portrait de femme démunie incapable d'accepter le fardeau de la mort de par sa posture désaxée d'une solitude nécrosée. Brossant en second plan l'innocence bafouée de ses enfants toujours plus curieux à déceler les présences surnaturelles, les Autres insuffle un climat d'étrangeté palpable, notamment par le pouvoir de suggestion d'une réalisation épurée entièrement vouée à ausculter les névroses de ces trois personnages. Fort d'une montée progressive d'un suspense impeccablement huilé, l'intrigue parvient autant à nous déranger que nous questionner sur le comportement équivoque de ses protagonistes, notamment les trois domestiques nous signalant assez rapidement qu'il s'agit en fait de commanditaires d'une conjuration. Et si Les Autres parvient autant à envoûter dans son immersion à la fois spirituelle et occulte, il le doit énormément à la dimension humaine des comédiens criants d'instabilité. Que ce soit la présence gracile de Nicole Kidman en épouse catholique extrêmement susceptible, la posture arrogante de Alakina Mann en soeur aînée teintée de perversité lorsqu'elle effraie cruellement son frère, ou encore la personnalité de James Bentley endossant avec candeur un garçonnet transi d'émoi à l'idée d'entrevoir un mort. A eux trois, ils parviennent avec une intensité toujours plus rigoureuse à nous interpeller dans leur psychose en chute libre, quand bien même l'hallucinante révélation du twist final nous arrache les larmes pour aborder avec une grande sensibilité l'acceptation de la mort et la quiétude du repos éternel quelque soit l'endroit élu (ici la maison mère, incarnation identitaire des propriétaires).
Poème élégiaque sur le consentement du deuil et la perte de l'être cher, métaphore sur le traumatisme de la guerre, réflexion spirituelle sur la foi et l'illusion de la réalité (la vie n'est qu'un long rêve dont la mort nous réveille !), Les Autres aborde la peur de l'inconnu (du point de vue de fantômes errants) avec une sensibilité inconsolable (le point d'orgue m'a autant effondré que perturbé malgré la dignité de son message mystique). Tout le fondement de ce récit n'étant au final qu'un dérivatif, une délivrance à accepter la fragilité de l'existence intimement liée à la destinée morbide d'un questionnement existentiel avec l'au-delà. Attention chef-d'oeuvre dont la révélation finale traumatique vous hantera à jamais en vous interrogeant sur les mondes parallèles qui empiètent parfois (toujours ?) notre quotidienneté.
Bruno
03.11.24. 5èx. Vostfr
Récompenses:
Festival international du film de Flandres 2001.
Prix du meilleur film d'horreur, meilleure actrice pour Nicole Kidman, meilleur second rôle féminin pour Fionnula Flanagan, par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur en 2002.
Prix du meilleur réalisateur, meilleur scénario et meilleure photographie, lors des Cinema Writers Circle Awards 2002.
Prix Goya du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario original, de la meilleure photographie, du meilleur montage, des meilleurs décors et du meilleur son (Ricardo Steinberg, Tim Cavagin, Alfonso Raposo, Daniel Goldstein) en 2002.
Actrice de l'année pour Nicole Kidman, lors des London Critics Circle Film Awards 2002.
Saturn Award pour Nicole Kidman.
Dans le sens où les rôles classiquement attribués au premier abord sont finalement inversés au profit d'une énigme fort astucieuse brouillant les identités des personnages (les vivants se substituant aux fantômes et vice-versa !). Se focalisant sur le désarroi neurotique d'une mère de famille apeurée par des phénomènes irrationnels depuis la disparition de son mari et de son isolement dans la pénombre (ses enfants atteints de protoporphyrie ne supportant pas la lumière), Alejandro Amenabar en dresse un magnifique portrait de femme démunie incapable d'accepter le fardeau de la mort de par sa posture désaxée d'une solitude nécrosée. Brossant en second plan l'innocence bafouée de ses enfants toujours plus curieux à déceler les présences surnaturelles, les Autres insuffle un climat d'étrangeté palpable, notamment par le pouvoir de suggestion d'une réalisation épurée entièrement vouée à ausculter les névroses de ces trois personnages. Fort d'une montée progressive d'un suspense impeccablement huilé, l'intrigue parvient autant à nous déranger que nous questionner sur le comportement équivoque de ses protagonistes, notamment les trois domestiques nous signalant assez rapidement qu'il s'agit en fait de commanditaires d'une conjuration. Et si Les Autres parvient autant à envoûter dans son immersion à la fois spirituelle et occulte, il le doit énormément à la dimension humaine des comédiens criants d'instabilité. Que ce soit la présence gracile de Nicole Kidman en épouse catholique extrêmement susceptible, la posture arrogante de Alakina Mann en soeur aînée teintée de perversité lorsqu'elle effraie cruellement son frère, ou encore la personnalité de James Bentley endossant avec candeur un garçonnet transi d'émoi à l'idée d'entrevoir un mort. A eux trois, ils parviennent avec une intensité toujours plus rigoureuse à nous interpeller dans leur psychose en chute libre, quand bien même l'hallucinante révélation du twist final nous arrache les larmes pour aborder avec une grande sensibilité l'acceptation de la mort et la quiétude du repos éternel quelque soit l'endroit élu (ici la maison mère, incarnation identitaire des propriétaires).
Poème élégiaque sur le consentement du deuil et la perte de l'être cher, métaphore sur le traumatisme de la guerre, réflexion spirituelle sur la foi et l'illusion de la réalité (la vie n'est qu'un long rêve dont la mort nous réveille !), Les Autres aborde la peur de l'inconnu (du point de vue de fantômes errants) avec une sensibilité inconsolable (le point d'orgue m'a autant effondré que perturbé malgré la dignité de son message mystique). Tout le fondement de ce récit n'étant au final qu'un dérivatif, une délivrance à accepter la fragilité de l'existence intimement liée à la destinée morbide d'un questionnement existentiel avec l'au-delà. Attention chef-d'oeuvre dont la révélation finale traumatique vous hantera à jamais en vous interrogeant sur les mondes parallèles qui empiètent parfois (toujours ?) notre quotidienneté.
Bruno
03.11.24. 5èx. Vostfr
Récompenses:
Festival international du film de Flandres 2001.
Prix du meilleur film d'horreur, meilleure actrice pour Nicole Kidman, meilleur second rôle féminin pour Fionnula Flanagan, par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur en 2002.
Prix du meilleur réalisateur, meilleur scénario et meilleure photographie, lors des Cinema Writers Circle Awards 2002.
Prix Goya du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario original, de la meilleure photographie, du meilleur montage, des meilleurs décors et du meilleur son (Ricardo Steinberg, Tim Cavagin, Alfonso Raposo, Daniel Goldstein) en 2002.
Actrice de l'année pour Nicole Kidman, lors des London Critics Circle Film Awards 2002.
Saturn Award pour Nicole Kidman.