lundi 28 septembre 2015

Men in Black

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Barry Sonnenfeld. 1997. U.S.A. 1h38. Avec Tommy Lee Jones, Will Smith, Linda Fiorentino, Vincent D'Onofrio, Rip Torn, Tony Shalhoub, Tim Blaney, David Cross.

Sortie salles France: 6 Août 1997. U.S: 2 Juillet 1997

FILMOGRAPHIE: Barry Sonnenfeld est un réalisateur américain, acteur, producteur et directeur de la photographie, né le 1er Avril 1953 à New-York. 1991: La Famille Addams. 1993: Les Valeurs de la famille Addams. 1993: Le Concierge du Bradbury. 1995: Get Shorty. 1997: Men in Black. 1999: Wild Wild West. 2002: Big trouble. 2002: Men in Black 2. 2006: Camping Car (RV). 2012: Men in Black 3. 2016: Nine Lives.


Succès planétaire que ce premier volet d'une illustre franchise, Men in Black est l'adaptation ciné du comics homonyme créé par Lowell Cunningham en 1990. A partir d'un pitch délirant détournant avec dérision la présence d'extra-terrestres au sein de notre société, Men in Black joue la carte de la comédie familiale sous l'autorité de deux agents en noir, experts en filature et traque d'une menace interplanétaire. En cool attitude, Tommy Lee Jones et Will Smith endossent le duo amical avec verve impayable (leur interrogatoire musclé imparti aux commerçants extraterrestres !) et héroïsme stoïque eu égard des gadgets ultra innovants (notamment l'outil permettant d'effacer la mémoire des témoins oculaires) que le doyen Agent K inculque à son équipier en herbe sur le champs de l'action. Outre le caractère saugrenu de l'intrigue (une créature hostile débarque sur terre pour s'emparer d'une galaxie préservée par le prince arquilien) et la stature distinguée de nos sympathiques agents secrets, le film tire parti de sa fantaisie grâce à l'univers excentrique décrit avec moult détails. 


Epaulé d'effets spéciaux en CGI souvent réussis (en dépit de la confrontation finale perfectible), Barry Sonnenfield nous ouvre les portes du MIB, agence ultra secrète surveillant les présences martiennes à travers les galaxies tout en tolérant depuis les années 50 leur arrivée hospitalière pour des milliers d'entre eux. D'une réjouissance sans modération pour les gags inventifs se chevauchant parfois avec l'action de poursuites homériques (le prologue sur les chapeaux de roue, l'échappée automobile au dessus du tunnel), Men in Black met également en appui le portrait insidieux d'une galerie d'E.T à la physionomie fallacieuse. Ainsi, par le biais de leur investigation et leur traque d'y appréhender un dangereux alien, nos agents sont contraints d'interroger (voir également débusquer certains d'entre eux) ces E.T à forme humaine. On peut notamment louer la présence du fameux "méchant" de l'histoire, une créature  arthropode (un cafard géant nous dévoilera le point d'orgue) ayant dérobé l'enveloppe humaine d'un fermier après l'avoir occis, mais en l'occurrence pourvu d'une posture dégingandée dans sa condition corporelle putrescente. Ce zombie extraterrestre provoquant (à l'instar d'un antagoniste du film Hidden !) des accès de violence erratiques lorsqu'il accoure dans les rues new-yorkaises pour se procurer un précieux pendentif.


De par la complicité impayable de notre duo en roue libre, de l'univers excentrique formellement fascinant et l'inventivité des gags et d'une action échevelée, Men in Black exploite son argument d'anticipation avec une dérision irrésistible. Mené sans répit donc, notamment grâce à l'efficacité d'une réalisation vigoureuse, cet excellent divertissement parvient surtout à réguler l'intérêt par les rencontres impromptues d'E.T de tous horizons que nos agents côtoient avec un flegme aussi distingué qu'amusé. 

La chronique du 3è opus: http://brunomatei.blogspot.fr/2015/10/men-in-black-3.html

*Bruno
05.09.24. 5èx. Vostfr

    vendredi 25 septembre 2015

    MISSION IMPOSSIBLE: ROGUE NATION

                                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site lyricis.fr

    de Christopher McQuarrie. 2015. U.S.A. 2h12. Avec Tom Cruise, Jeremy Renner, Simon Pegg, Rebecca Ferguson, Ving Rhames, Sean Harris, Simon McBurney.

    Sortie salles France: 12 Août 2015. U.S: 31 Juillet 2015

    FILMOGRAPHIEChristopher McQuarrie est un réalisateur et scénariste américain, né en 1968 à Princeton, New Jersey.
    2000: Way of the Gun. 2012: Jack Reacher. 2015: Mission Impossible: Rogue Nation


    Cinquième volet d'une saga trépidante (plus inventive et attractive à mon sens que la série des James Bond !), Mission Impossible: Rogue Nation relance l'objectif ardu qu'Ethan Hunt doit aujourd'hui surpasser: c'est à dire prouver l'existence d'une organisation criminelle prénommée le Syndicat alors même que la CIA, délibérée à dissoudre l'IMF, se charge de l'appréhender sous l'autorité du gouvernement américain. Tandis qu'Ethan se rend à l'opéra de Vienne pour y déjouer un projet d'attentat contre le chancelier, il est épaulé par son équipier Benji Dunn au moment même où la nouvelle apparition d'une mystérieuse émissaire, Ilsa Faust, continue de semer le doute quant à sa véritable identité et ses mobiles meurtriers.


    Afin d'assurer le spectacle fertile en traquenards, stratagèmes d'espionnage (le centre de données sécurisé imposant une opération sous-marine claustrophobe afin d'y dérober un fichier), manipulations, traîtrises et subterfuges dans les tractations d'une transaction capitale, Christopher McQuarrie équilibre un scénario retors parmi l'intelligence de moult bravoures au service narratif. Outre sa séquence d'ouverture aérienne épique, on peut surtout vanter deux séquences anthologiques où la mise en scène virtuose alterne suspense exponentiel et action chorégraphique avec ce projet d'attentat infiltré en pleine procession théâtrale (hommage non dissimulé à Hitchcock et l'Homme qui en savait trop pour la géométrie scrupuleuse du montage !) puis avec une course-poursuite en motos multipliant itinéraires urbains et routiers avec vigueur aussi fluide qu'effrénée ! Pour épicer la mission de longue haleine (que Tom Cruise rempile avec le même héroïsme outre-mesure !) engagée dans la traque du magnat Solomane Lane (Sean Harris s'avère délectable de prétention avec son faciès monolithique !), l'aventure est également compromise parmi l'ambivalence d'un personnage féminin (remarquablement campée par la charmante et flegmatique Rebecca Ferguson). Une espionne pugnace redoutablement finaude dans son art de distiller l'ambiguïté auprès de ses supérieurs et de la compagnie MFI par un sang froid infaillible !


    Mené sur un rythme alerte ne laissant nul répit au spectateur, Mission Imposisble: Rogue Nation parvient à se démarquer de la routine grâce à ses séquences d'action renversantes (l'improbabilité de la bravoure s'insinue dans le domaine du crédible grâce à l'humour, l'inventivité et le réalisme d'une réalisation avisée) et la dextérité d'un scénario où protagonistes et antagonistes se disputent l'autorité avec une diabolique sagacité. Du Blockbuster intelligent donc d'une redoutable efficacité quand bien même le charisme distingué des comédiens s'y prête fougueusement avec une détermination en roue libre. 

    Bruno Matéï

    jeudi 24 septembre 2015

    LIAISON FATALE

                                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site movieposter.com

    "Fatal Attraction" d'Adrian Lyne. 1987. U.S.A. 1h59. Avec Michael Douglas, Glenn Close, Anne Archer, Ellen Hamilton Latzen, Stuart Pankin, Ellen Foley.

    Sortie salles France: 27 Janvier 1988 (Interdit aux - de 12 ans). U.S: 18 Septembre 1987.

    FILMOGRAPHIE: Adrian Lyne est un réalisateur et producteur britannique, né le 4 Mars 1941 à Peterborough (Grande Bretagne). 1980: Ca plane les filles. 1983: Flashdance. 1986: 9 semaines et demi. 1987: Liaison Fatale. 1990: L'Echelle de Jacob. 1993: Proposition Indécente. 1997: Lolita. 2002: Infidèle. Prochainement: Back Roads.


    Phénomène de société au succès international mérité, Liaison Fatale préfigure le thriller érotique moderne en cette fin des années 80 bien qu'il s'inspirait déjà du pitch d'Un frisson dans la nuit réalisé par Clint Eastwood en 1971. Selon une récente enquête (2014) menée par Médiamétrie, plus de 13,27 millions de français auraient (re)vu le 7 Novembre 1993 à la télévision le thriller d'Adrian Lyne. Un réalisateur d'origine anglaise débutant sa carrière avec des spots publicitaires avant de mettre en scène un drame de la jeunesse sur fond de sexe et de drogue, Ca plane les filles. C'est dire si ce phénomène planétaire nominé aux oscars marqua les esprits, principalement au niveau du magnétisme qu'invoque le duo torride et l'acuité d'un suspense dramatique toujours plus éprouvant. Ainsi, prenant pour thème l'adultère du point de vue d'un notable respecté de par sa profession et son équilibre familial, Liaison Fatale met en exergue une confrontation au sommet entre cet époux infidèle et une aguicheuse psychotique que Michael Douglas et Glenn Close endossent avec une pugnacité galvanisante.


    Ce couple maudit étant littéralement habité par leurs pulsions de haine après s'être laissés attendrir par leur désir sexuel à travers une passion dévorante. Nanti d'une tension progressive auprès des harcèlements imposés à cet avocat contrarié, l'intrigue puise sa densité dans les rapports discordants qu'entretiennent successivement nos deux antagonistes avant l'explosion de violence d'une vendetta criminelle. Mis en scène de façon circonspecte pour son habileté à distiller un climat anxiogène particulièrement vénéneux, Adrian Lyne exploite sa trame érotique (la 1ère partie redouble de sensualité torride pour les étreintes sexuelles échangées entre amants !) par le biais d'une direction d'acteurs infaillibles (notamment des seconds-rôles à la riche dimension humaine) et d'une intrigue nauséeuse où la passion amoureuse est traitée ici d'un point de vue pathologique. D'une riche efficacité pour son rythme envoûtant, le cheminement narratif emprunte donc le sentier d'une lente descente aux enfers que l'époux infidèle tentera de remonter avec un flegme compromis au sentiment d'impuissance. La maîtresse psychotique redoublant de perversité à humilier son ancien partenaire lors de provocations toujours plus audacieuses. Le cinéaste prenant également soin d'aborder la crise conjugale du point de vue de l'épouse trahie (intensité dramatique sans pathos à l'appui !)  tout en soulignant une réflexion sur le pardon que cette dernière serait prête à tolérer face à une situation inopinément délétère.


    "L'amour, quand c'est trop fort, ça peut faire peur, très peur !"
    Admirablement servi par deux acteurs époustouflants de charisme séducteur et de dépit solennel (Glenn Close s'avérant si inquiétante qu'elle fut menacée auprès d'une gente féminine épistolaire  après la sortie du film !) et dirigé avec brio par un cinéaste appliqué, Liaison Fatale exploite avec une belle efficacité son suspense horrifique où l'érotisme exaltant de la première partie n'était qu'un simulacre pour mieux nous converger vers une dérive psychotique à la terreur expansive. Fort de sa réputation notoire, ce thriller éprouvant n'a rien perdu de son aura malsaine et de sa vigueur éprouvante. Un classique du genre donc à contre-courant du thriller lucratif pour midinettes ! 

    Bruno Matéï
    3èx 

    mercredi 23 septembre 2015

    TENEBRES

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site silverferox.blogspot.com

    "Tenebre" de Dario Argento. 1982. Italie. 1h41. Avec Anthony Franciosa, Daria Nicolodi, John Saxon, John Steiner, Giuliano Gemma, Carola Stagnaro, Christiano Borromeo, Veronica Lario.

    Sortie salles France: 27 Avril 1982. Italie: 28 Octobre 1982. Interdit au - de 18 ans lors de sa sortie.

    FILMOGRAPHIE: Dario Argento est un réalisateur et scénariste italien né le 7 septembre 1940, à Rome (Italie). 1969: l'Oiseau au plumage de Cristal, 1971: Le Chat à 9 queues, Quatre mouches de velours gris, 1973: 5 Jours à Milan, 1975, Les Frissons de l'Angoisse, 1977: Suspiria, 1980: Inferno, 1982: Ténèbres, 1985: Phenomena, 1987: Opera, 1990: 2 yeux Maléfiques, 1993: Trauma, 1996: Le Syndrome de Stendhal, 1998: Le Fantome de l'Opéra, 2001: Le Sang des Innocents,2004: Card Player, 2005: Aimez vous Hitchcock ?, 2005: Jennifer (épis Masters of Horror, sais 1), 2006: J'aurai leur peau (épis Masters of Horror, sais 2), 2006: Mother of Tears, 2009: Giallo, 2011: Dracula 3D.


    Les artistes restent seuls, car le monde réel n'est pas le leur.
    Fleuron du Giallo moderne qu'Argento transcende avec une fulgurance stylisée, entre onirisme macabre et surréalisme expérimental (le fameux clip réalisé à la Louma auscultant de l'extérieur une demeure du point de vue du tueur !), Ténèbres tire ses lettres de noblesse au thriller transalpin sous l'influence d'un alchimiste inspiré par son expérience vécue ! Celle de la rencontre impromptue avec un fan obsessionnel qui le harcela au téléphone au point de lui avouer son désir de le tuer ! L'intrigue retraçant ici les vicissitudes d'un illustre écrivain américain venu séjourner à Rome afin de promouvoir son dernier bouquin, Ténèbres, au moment d'être persécuté par un mystérieux individu. Au même instant, un dangereux criminel s'en prend à de jeunes femmes lubriques alors que l'inspecteur Germani s'intéresse de près au contenu misogyne du roman de Peter Neal. 


    Scandé par le score électronique de Simonetti, Pignatelli et Moprantes, anciens membres du groupe Goblin, ce néo-giallo sublimé par la limpidité d'une photo tantôt azur tantôt opaline tranche net avec le pourpre des meurtres sanguins. Chargé d'un érotisme sensuel pour la stature dénudée d'actrices italiennes aux yeux félins et pour la ritualisation de leur châtiment perpétré par un misogyne incurable, Ténèbres réexploite les codes du Giallo avec un lyrisme audacieux. De par ce parti-pris moderniste de renouveler le genre parmi l'architecture d'une scénographie urbaine (mais aussi écolo !) tantôt onirique, tantôt surréaliste ! A l'instar de cette course poursuite nocturne rendue incandescente sous éclairage azur lorsqu'une héroïne est contrainte d'échapper à la menace d'un doberman alors que le tueur se prépare à l'alpaguer ! Cette frénésie cruelle redoublant d'intensité lorsque cette dernière ira se jeter dans la gueule du tueur en s'isolant dans sa propre demeure ! Concerto visuel et musical d'une horreur picturale semblable au gigantesque video-clip, Argento le compile avec la démesure infaillible d'une succession de meurtres aussi percutants que fébriles. Le spectateur étant cerné par ces images en ayant l'impossibilité d'échapper au sacre de l'artiste ! La sensualité du désir féminin se mêlant à la cruauté morbide des exactions d'un voyeur répugnant la perversité sexuelle avant de brouiller les pistes Spoiler ! d'une révélation bicéphale Fin du Spoiler


    La vision est l'art de voir les choses invisibles.
    A partir d'une intrigue orthodoxe conforme à la tradition du genre, Dario Argento transfigure le giallo avec le parti-pris moderniste de sensualiser la forme dans des teintes froides et rassurantes, quand bien même le gore festif (l'anthologie du bras sectionné auquel la victime moribonde viendra tapisser de rouge la virginité d'un mur !) explose l'écran parmi l'efficacité d'un script aussi vénéneux qu'insidieux ! 

    Dédicace à Mathias Chaput
    Bruno Matéï
    6èx

    mardi 22 septembre 2015

    French Connection. Oscar du Meilleur Film,1972.

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site nearpictures.com

    de William Friedkin. 1971. U.S.A. 1h43. Avec Gene Hackman, Roy Scheider, Fernando Rey, Marcel Bozzuffi, Tony Lo Bianco, Frédéric de Pasquale, Bill Hickman, Harold Gary.

    Sortie salles France: 14 Janvier 1972. U.S: 9 Octobre 1971

    FILMOGRAPHIE: William Friedkin est un réalisateur, scénariste et producteur de film américain, né le 29 août 1935 à Chicago (Illinois, États-Unis). Il débute sa carrière en 1967 avec une comédie musicale, Good Times. C'est en 1971 et 1973 qu'il connaîtra la consécration du public et de la critique avec French Connection et L'Exorciste, tous deux récompensés aux Oscars d'Hollywood.
    1967: Good Times. 1968: l'Anniversaire. 1968: The Night they Raided Minsky's. 1970: Les Garçons de la bande. 1971: French Connection. 1973: l'Exorciste. 1977: Le Convoi de la peur. 1978: Têtes vides cherchent coffres pleins. 1980: The Cruising. 1983: Le Coup du Siècle. 1985: Police Fédérale Los Angeles. 1988: Le Sang du Châtiment. 1990: La Nurse. 1994: Blue Chips. 1995: Jade. 2000: l'Enfer du Devoir. 2003: Traqué. 2006: Bug. 2012: Killer Joe.


    Traque infernale de deux flics délibérés à déjouer l'organisation mafieuse de plus grands dealers de drogue à l'orée des Seventies, French Connection nous laisse le souffle coupé de par son souci documentaire d'une mise en scène tirée au cordeau et ces acteurs habités par une gagne effrénée. Gene Hackman endossant avec une hargne viscérale un détective sur le qui-vive des faits et gestes de ces rivaux, particulièrement Alain Charnier, contrebandier français à la tête du cartel d'héroïne et aujourd'hui chargé d'importer 32 millions de dollars de drogue sur le territoire ricain. A travers son appui professionnel et amical, Roy Scheider lui prête la vedette avec une pugnacité plus avisée sachant par ailleurs que son compère décidera d'en tirer une affaire personnelle afin de se venger des brocards d'Alain Charnier (Fernando Ray s'avérant délectable de sournoiserie en baron de la drogue tranquille !).


    Modèle de rigueur pour sa mise en scène virtuose, William Friedkin renouvelle en 1971 le genre policier avec le parti-pris obsessionnel d'y prôner un réalisme documentaire. C'est à dire transfigurer avec une précision chirurgicale une filature de longue haleine qu'entreprennent ardemment Popeye et Cloudy avant de se laisser entraîner vers les traques homériques instaurées en plein centre urbain. A cet égard, la séquence de poursuite automobile que Popeye doit arpenter afin d'alpaguer un dangereux criminel s'avère d'une intensité toujours inégalée pour la vigueur dont Friedkin fait preuve face à un itinéraire routier semé d'embûches. Par le biais d'un découpage à couper au rasoir et ce sentiment permanent d'improvisation régi autour d'une population figurante, le cinéaste chronomètre le caractère inédit d'une poursuite infernale sachant que dans sa détermination primitive, Popeye s'efforce de suivre en véhicule le cheminement ferroviaire d'un train pris en otage. Bien avant cette séquence anthologique filmée à l'arraché, Friedkin aura pris soin de nous captiver parmi l'autorité draconienne de deux détectives chargés de prendre en filature jours et nuits les plus grands leaders du trafic de drogue. Grâce à cette réalisation alerte aussi maîtrisée que novatrice exploitant New-York comme un dédale tentaculaire, Friedkin parvient à rendre passionnante une traque policière de grande ampleur, entre deux descentes musclées au sein de bars malfamés et de règlements de compte sanglants entre mafia et force de l'ordre. A ce titre, ses éclairs de violence souvent spectaculaires font également preuve d'un réalisme couillu pour l'époque, à l'instar d'un tragique accident de voiture pris sur le vif sur l'aile d'une autoroute ! 


    Nanti d'un suspense hypnotique et d'une intensité haletante sous l'impulsion névralgique de deux acteurs au sommet de leur carrière, French Connection inscrit sur pellicule l'un des faits divers les plus notoires d'une guerre (inlassable) contre la drogue avec un réalisme toujours aussi cinglant !  

    Bruno Matéï
    4èx

    Récompenses: Oscars du Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleur Acteur, Meilleur Scénario adapté, Meilleur Montage en 1972

    lundi 21 septembre 2015

    Freddy sort de la Nuit / New Nightmare

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

    de Wes Craven. 1994. U.S.A. 1h52. Avec Heather Langenkamp, Robert Englund, Miko Hughes, Wes Craven, John Saxon, Robert Shaye.

    Sortie salles France: 4 Mai 1995. U.S: 14 Octobre 1994.

    FILMOGRAPHIE: Wesley Earl "Wes" Craven est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur et monteur né le 2 Aout 1939 à Cleveland dans l'Ohio. 1972: La Dernière maison sur la gauche, 1977: La Colline a des yeux, 1978: The Evolution of Snuff (documentaire), 1981: La Ferme de la Terreur, 1982: La Créature du marais, 1984: Les Griffes de la nuit, 1985: La Colline a des yeux 2, 1986: l'Amie mortelle, 1988: l'Emprise des Ténèbres, 1989: Schocker, 1991: Le Sous-sol de la peur, 1994: Freddy sort de la nuit, 1995: Un Vampire à brooklyn, 1996: Scream, 1997:Scream 2, 1999: la Musique de mon coeur, 2000: Scream 3, 2005: Cursed, 2005: Red eye, 2006: Paris, je t'aime (segment), 2010: My soul to take, 2011: Scream 4.


    Pratiquant la mise en abyme afin de redonner un second souffle à la franchise, Wes Craven se prend un malin plaisir à détourner son mythe fondateur à travers un récit ombrageux où réalité et fiction continuent de se juxtaposer mais de manière plus leste que les antécédents opus. Si bien qu'en l'occurrence, le célèbre croquemitaine a décidé de s'extirper de la pellicule afin de venir bouleverser la quotidienneté des véritables acteurs du premier volet ! Ou comment un monstre issu du fantasme d'un cinéaste parvient finalement à se matérialiser par sa volonté (celle du scénariste Wes Craven) pour prendre sa revanche sur ses créateurs l'ayant finalement vulgairement réduit au monstre ricaneur. D'où sa réflexion sur les ficelles du cinéma, l'addiction des fans hystérisés et la démarche mainstream des suites à succès uniquement conçues pour engranger les dollars.


    Illustre héroïne du premier volet, on retrouve avec grand plaisir Heather Langenkamp interprétant dans son propre rôle avec toujours autant d'aplomb et de détermination une actrice maternelle confrontée à sa paranoïa d'une intuition improbable (la résurrection de Freddy délibéré à s'extraire de son inconscient pour s'introduire dans la réalité). Quand bien même son fils est sujet à d'horribles cauchemars l'incitant à adopter un comportement pathologique de plus en plus schizophrène. Ainsi, par le biais de ce témoin candide, Freddy en profite pour le molester avec endurance afin d'attiser la génitrice vers une ultime confrontation. C'est donc autour de ses rapports dysfonctionnels et du danger tacite que Wes Craven agence son intrigue afin de privilégier l'efficacité de l'expectative en évitant le plus longtemps l'apparition escomptée (et redoutée) de l'homme aux griffes d'acier ! Grâce à la posture affirmée d'Heather Langenkamp et à l'aimable participation des seconds rôles (Wes Craven himself, Robert Englund et John Saxon), le film parvient à soutenir l'intérêt d'une tension sous-jacente en ascension. Notamment en surfant sur les clins d'oeil et références au premier volet, telle cette confusion du rêve et de la réalité que notre héroïne et son rejeton éprouvent avant les estocades (notamment celle en interne hospitalier) d'une dernière partie plus intense, homérique, sanglante (on fera l'impasse sur quelques CGI foireux).


    Peut-être moins ambitieux que ne le laissait supposer son script et moins glauque et terrifiant que son modèle (alors que le boogeyman est paradoxalement ici plus sombre et inquiétant), Freddy sort de la nuit s'avère toutefois constamment efficace, divertissant et surtout intelligent pour sa structure narrative, son savoir-faire et ses thèmes abordés (notamment l'emprise de la fiction à travers notre quotidienneté et celle des acteurs et des créateurs) afin de nous séduire sans ambages une ultime fois. Wes Craven s'interrogeant notamment avec scrupule sur sa responsabilité morale d'avoir engendré une franchise horrifique aussi lucrative qu'(hélas) éculée ! 

    *Bruno
    27.11.23. 4èx. Vostfr

      vendredi 18 septembre 2015

      L'AU-DELA (The Beyond)

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

      "E tu vivrai nel terrore - L'aldilà" de Lucio Fulci. 1981. Italie. 1h27. Avec Catriona MacColl, David Warbeck, Cinzia Monreale, Antoine Saint-John, Veronica Lazar, Anthony Flees, Giovanni De Nava, Al Cliver.

      Sortie salles France: 14 Octobre 1981. Italie: 29 Avril 1981. Interdit aux - de 18 ans lors de sa sortie.

      FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 : L'Emmurée vivante, 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio, 1988 : les Fantomes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence..


      Spectacle (enchanteur) de poésie morbide autour d'une scénographie gothique aussi ensorcelante qu'anxiogène (l'hôtel bucolique de la Nouvelle-Orléans et ses chambres poussiéreuses), L'Au-delà est entré au fil des décennies au panthéon du genre alors qu'à sa sortie il fut souvent dénigré à tort comme une vulgaire série B à la violence aussi gratuite qu'obscène. Revoir pour la énième fois ce mastodonte putrescent sans jamais se lasser de son impact visuel (intensité renforcée des maquillages hallucinés de Giannetto De Rossi !), sensoriel (l'impact olfactif de nos cadavres purulents !) et auditif (Fabio Frizzi se déchaînant à composer un contrepoint musical tantôt lancinant, tantôt mélodique !), prouve à quel point Lucio Fulci était un génie passé maître dans l'art de rationaliser notre peur intrinsèque: la hantise de la mort et sa putréfaction corporelle. Cette angoisse du néant, ce rapport viscéral au trépas, cette effluve nauséabonde émanant de cadavres décrépits ou de corps fraîchement torturés, l'Au-delà l'inscrit sur pellicule rubigineuse (photo sépia de Sergio Salvati en sus !) par le biais d'une caméra chirurgicale auscultant les plaies déchiquetées de l'agonie humaine. 


      Si l'intrigue simpliste, voir incohérente diront certains, n'est qu'un prétexte à étaler à intervalle régulier des mises à mort d'anthologie jamais vues au préalable (même la séquence des araignées parfois décriée pour la facture mécanique d'une ou deux figurines parvient miraculeusement à nous transir d'émoi !), Lucio Fulci parvient à la transcender grâce à la symétrie d'une mise en scène étonnement stylisée (on peut prôner par exemple la mémorable fantasmagorie routière lorsque Emilie et son berger allemand se figent au milieu d'une chaussée sans destination !). Ou comment également réussir l'exploit de transfigurer les pires sévices crapoteux grâce à la beauté sulfureuse d'une poésie mortifère dédiée au spectacle pestilentiel (inoubliable supplice du bain d'acide consumant délicatement le visage d'une veuve avant de laisser écouler sur le sol une mousse crémeuse d'un rouge pastel !). Hymne effronté à la cruauté organique (le martyr christique de Schweick transgresse la morale d'une justice dépravée !), cantique à la mort mais aussi à la plénitude du repos éternel (voir l'épilogue fantasmatique décrivant avec une sidérante poésie picturale la vision du néant, représentation graphique du tableau de Schweick !), sarabande infernale de zombies en ascension (leur déambulation iconique au sein de l'hôpital provoque un malaise pétrifiant) auquel l'enfer entrouvre l'une de ses portes pour laisser libre court aux rituels meurtriers, l'Au-délà empoisonne ses personnages sous l'impulsion d'une entité fétide tout en les confrontant avec des phénomènes surnaturels nonsensiques ! La fresque du peintre (métaphore de l'enfer !) n'étant finalement que la prémonition de ces suppliciés que Fulci nous matérialise avec une fulgurance sépulcrale. 


      L'Etrange couleur des larmes de ton corps
      En dépit de la superficialité des dialogues et d'une direction d'acteurs perfectibles que leur charisme inquiétant parvient malgré tout à rehausser, l'Au-delà réussit l'exploit de nous parfaire le plus beau poème morbide jamais inscrit sur pellicule. Ou à l'instar de l'opéra gracile Suspiria et à travers la splendeur du néant, comment ornementer les pires sévices du châtiment humain par le biais d'une féerie macabre et d'un climat funèbre aussi évocateur que lyrique ! Envoûtant, angoissant et effrayant (Emilie entourée d'un quatuor de zombies gutturaux en interne de son salon, le plombier surgissant de la baignoire pour énucléer la domestique !), l'Au-delà est également sublimé par la présence suave de Catriona MacColl avec l'influence symbolique d'une non-voyante échappée de l'enfer. 

      Dédicace à Christina MassartMathias Chaput et Boss Ju
      Bruno Matéï. 5èx

      La critique de Mathias Chaput:
      Véritable ode à la putréfaction, « l’au-delà » est le meilleur film de Fulci à ce jour…
      Doté d’un onirisme incroyable et omniprésent (suffit de voir la fin du film pour comprendre que tout ceci n’était qu’un rêve !), le spectateur navigue entre irréel, horreur, angoisse et fascination…
      Tout est relaté merveilleusement, avec des morceaux de bravoure incroyable (notamment les scènes dans l’hôpital) , certaines séquences témoignent de l’horreur pure (les araignées), et les comédiens sont tous bien impliqués dans leurs rôles, laissant transparaitre leur angoisse et leur incompréhension face à des phénomènes qui les dépassent…
      De nos jours, certains le trouveront désuet et daté, ceci dit il ne faut pas occulter que « L’au-delà » est un pan du cinéma d’horreur d’auteur, véritable pilier, véritable renaissance d’un genre à son apogée vers le début des eighties !
      Un film de puriste en somme… pas donné à tout le monde !
      Dans ce paysage actuel de remakes à tout va, il est parfois bon de se replonger dans les œuvres des maitres, des dieux du gore !
      Et Fulci fait partie de cette catégorie …
      Certaines mauvaises langues diront que le maestro a pompé religieusement « Shining » (le coup de la chambre) ou « Suspiria » (le chien dévorant l’aveugle), en attendant il a su insufflé à son métrage un côté épique et surdimensionné dans l’horreur ultime !
      Considérons qu’il était littéralement en état de grâce et qu’il a accouché de quelque chose qui se vit, une EXPERIENCE, l’aboutissement d’une carrière donnant naissance à une perle, un morceau cristallin, reléguant tous les autres films du genre au rang inférieur et marquant la pierre tombale d’un certain cinéma populaire !
      Surprenant, exerçant une fascination empathique encore maintenant, « L’au-delà » est d’une puissance, d’une beauté et d’un impact hors du commun !!!!
      A voir religieusement…
      10/10 intemporel

      jeudi 17 septembre 2015

      IN THE CUT

                                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site ebay.com

      de Jane Campion. 2003. U.S.A/Australie/Angleterre. 1h58. Avec Meg Ryan, Mark Ruffalo, Nick Damici, Jennifer Jason Leigh, Micheal Nuccio, Sharrieff Pugh, Heather Litteer, Patrice O'Neal, Kevin Bacon.

      Sortie salles France: 5 Novembre 2003. U.S: 22 Octobre 2003.

      FILMOGRAPHIE: Jane Campion est une réalisatrice et scénariste néo-zélandaise, née le 30 Avril 1954 à Wellington. 1989: Sweetie. 1990: Un Ange à ma table. 1993: La leçon de piano. 1996: Portrait de Femme. 1999: Holly Smoke. 2003: In the Cut. 2009: Bright Star.


      Réalisatrice reconnue par la critique avec Un Ange à ma Table (Grand Prix du Jury à la Mostra de Venise, 90) et la Leçon de Piano (Palme d'Or, Cannes 93), Jane Campion change de registre en 2003 pour emprunter le mode du thriller avec In the Cut, d'après un roman de Susanne Moore. Prenant pour interprète principale l'illustre Meg Ryan dévoilée ici sans maquillage dans un rôle à contre-emploi de son image charmeuse et romantique, Jane Campion nous brosse un portrait de femme indépendante en perdition. Celle d'une professeur de lettres égarée entre sa solitude, son passé familial galvaudé et ses rencontres sexuelles sans lendemain. Meg Ryan, quasi méconnaissable, donnant corps à son personnage apathique avec une émotion contenue, une sensibilité contrariée et un tempérament versatile. Témoin malgré elle des exactions sordides d'un serial-killer démembrant ses victimes, le détective Malloy est contraint de l'interroger, faute du premier crime perpétré sous la fenêtre de son appartement. Rapidement, Frannie se laisse courtiser par ce dernier pour entamer avec consentement une relation lubrique. Mais l'arrogance du meurtrier à l'affût de ses déplacements ainsi qu'un 3è crime crapuleux vont bouleverser sa banale quotidienneté. 


      Thriller singulier dans la forme puisque le film esthétiquement crépusculaire se morfond dans un climat anxiogène indicible, In the Cut est une errance au bout de l'enfer urbain qu'une femme esseulée va emprunter de manière impromptue par sa fragile influence et ses rencontres plus ou moins marginales (si on excepte sa relation intrigante avec l'inspecteur Malloy). Chargé d'un érotisme torride par le biais de séquences charnelles particulièrement sensorielles, l'intrigue oppose les étreintes sexuelles à l'horreur de situations crapoteuses parmi l'errance d'une héroïne facilement malléable. Avec le parti-pris de réfuter les conventions du genre, Jane Campion s'intéresse surtout à fignoler son cadre urbain entaché d'une aura glauque vénéneuse autour de l'évolution ambivalente de Malloy et Franny, communément épris d'idylle entre jeux sexuels et désirs éthérés. Nanti d'un langage parfois cru et même de l'utilisation audacieuse d'inserts X lors d'une séquence clef confinée dans les toilettes d'un bar, la réalisatrice sème trouble et malaise afin de désorienter le spectateur embarqué dans une investigation policière à la progression indécise. Exploitant avec subtilité suspense latent, angoisse palpable et tension sous-jacente, In the Cut hypnotise les sens du spectateur parmi l'habileté machiavélique d'une réalisation auteurisante faisant honneur à l'étude caractérielle (l'identité de l'assassin s'avérant finalement peu louable). Avec son atmosphère aussi glauque que feutrée régie au coeur d'un New-York ombrageux et parmi les motivations lubriques de personnages (seconds-rôles à l'appui !) ne prêtant pas à la quiétude, le spectateur observe cette jungle avec l'impuissance de prêter main forte à notre héroïne vulnérable.


      L'amour en berne
      Angoissant et oppressant, sensuel et provocant, malsain et éprouvant (l'épicentre traumatique s'avère d'une intensité dramatique aussi rigoureuse que bouleversante !), In the Cut bouscule les habitudes du spectateur impliqué dans un thriller d'un érotisme instable, de par les frustrations sexuelles et la désillusion des protagonistes en dépit amoureux. Sans doute un des thrillers les plus marquants des années 2000 malgré sa retenue publique. 

      Dédicace à Arnaud Kovac
      Bruno Matéï
      2èx

      mardi 15 septembre 2015

      Tueurs Nés / Natural Born Killers. Grand Prix Spécial du Jury, Mostra de Venise, 1994.

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com 

      d'Oliver Stone. 1994. U.S.A. 2h02 (Director's Cut). Avec Woody Harrelson, Juliette Lewis, Tom Sizemore, Tommy Lee Jones, Rodney Dangerfield, Everett Quinton, Jared Harris, Pruitt Taylor Vince, Edie McClurg, Russell Means, Lanny Flaherty, Robert Downey Jr.

      Sortie salles France: 21 Septembre 1994. U.S: 26 Août 1994

      FILMOGRAPHIE: Oliver Stone (William Oliver Stone) est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 15 septembre 1946 à New-York. 1974: La Reine du Mal, 1981: La Main du Cauchemar, 1986: Salvador, Platoon, 1987: Wall Street, 1988: Talk Radio, 1989: Né un 4 Juillet, 1991: Les Doors, 1991: JFK, 1993: Entre ciel et Terre, 1994: Tueurs Nés, 1995: Nixon, 1997: U-turn, 1999: l'Enfer du Dimanche, 2003: Comandante (Doc), 2003: Persona non grata, 2004: Looking for Fidel (télé-film), 2004: Alexandre, 2006: World Trade Center, 2008: W.: l'Impossible Président, 2009: Soul of the Border, 2010: Wall Street: l'argent ne dort jamais. 2012. Savages.


      Film culte à la polémique tempétueuse dès sa sortie en raison de sa violence triviale ultra sarcastique, Tueurs Nés traite de ce thème du point de vue psychotique d'un couple de serial-killers engagés à éradiquer la vie d'autrui avant de succomber à leur romance. Trip expérimental d'une fulgurance visuelle exubérante (foisonnance de plans rapides et concis modifiant sans prévenir texture et colorimétrie de l'image !), cocktail au vitriol d'humour noir, d'action cartoonesque et d'ultra violence décomplexée, Oliver Stone allie l'hyperbole et la surenchère afin de porter en dérision la schizophrénie de l'homme hanté par son instinct meurtrier. Ou comment renouer ici avec une liberté épanouie du point de vue immoral de tueurs galvaudés par leur enfance martyr ! A travers ces écorchés de la vie incapables de refréner leur haine, Oliver Stone en profite pour dénoncer la responsabilité morale de nos sociétés modernes se vautrant dans la vulgarité avec une complaisance irresponsable via le tube cathodique ! Sur ce point, on peut d'ailleurs prôner la manière satirique à laquelle le réalisateur se raille des sitcoms familiales (rajout de rires outrés en fond sonore afin de mieux manipuler le public et l'inciter à ricaner !) pour vulgariser la jeunesse de Mickey et Mallory ! Retraçant de manière débridée et dans un maelstrom d'images ultra agressives leur équipée sauvage avant leur arrestation médiatique puis leur évasion,  


      Tueurs Nés se porte en réquisitoire sur la complicité des médias à engendrer des criminels de masse au travers de leurs émissions sensationnalistes en quête d'audimat. En l'occurrence, ces reportages racoleurs combinant images d'archives et reconstitution factice afin de glorifier le parcours morbide des tueurs en série les plus scandaleux. La quête du scoop le plus crapuleux commenté par des journalistes véreux ayant perdu toute notion de lucidité et de moralité au sein d'une société de décadence ! Baignant dans un climat perpétuel de folie furieuse, en martelant notamment le spectateur de métaphores cauchemardesques émanant des esprits torturés du couple criminel, Tueurs Nés puise son intensité et sa fascination par le portrait imparti à sa jungle de désaxés. C'est à dire l'être humain conditionné à refouler sa violence dans une société civique mais ici contraints de laisser extérioriser sa déchéance animale sous l'influence libertaire d'un couple de tueurs ! Parmi cette posture cabotine et outrancière, les acteurs habités par leur rôle s'en donnent à coeur joie dans les exubérances en roue libre ! Que ce soit Roberft Downey Jr en journaliste cupide subitement réveillé par l'autonomie de son instinct meurtrier, Tom Sizemore en flic sournois tributaire de sa déviance sexuelle, Tommy Lee Jones en directeur pénitentiaire habité par une démence castratrice, Woody Harelson en sommité criminelle et enfin Juliette Lewis donnant corps à son personnage impavide avec constance inquiétante et une sensualité naturelle trouble ! 


      Le Monstre de Frankenstein.
      Film malade habité par la frénésie d'une violence compulsive, farce au vitriol dénonçant avec dérision insolente l'ascension de la Real TV (le débriefing carcéral et la tuerie qui s'ensuit en direct live !) et la responsabilité des médias et des journalistes en quête du scoop le plus éhonté, fable cinglante sur le pouvoir de l'image, l'influence de la violence cinématographique et la fascination morbide éprouvée pour les serial-killers, Tueurs Nés est une expérience sensorielle sous impulsion reptilienne. Une catharsis en somme au tueur qui sommeille en chacun de nous !

      *Bruno
      4èx. 19.07.2024. Vostfr. Director's Cut. 

      Récompenses: Mostra de Venise 1994, Grand prix spécial du jury et Prix Pasinetti de la meilleure actrice pour Juliette Lewis

      lundi 14 septembre 2015

      FIRESTORM

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site chinesemov.com

      "Fung Bu" de Alan Yuen. 2013. Hong-Kong/Chine. 1h49. Avec Andy Lau, Gordon Lam, Ka-Tung, Yao Chen, Jacqueline Chan.

      Sortie salles Hong-Kong: 19 Décembre 2013

      FILMOGRAPHIE: Alan Yuen est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur chinois
      1994: Ai qing jia you shan. 2002: Seung Fei. 2013: Firestorm.


      Polar d'action co-produit entre la Chine et Hong-Kong, Firestorm reprend le concept de base d'un modèle du genre, Heat de Michael Mann pour les récurrents agissements de braqueurs professionnels s'en prenant à des camions de transport de fond parmi des moyens disproportionnés (outre leur artillerie militaire, la séquence d'ouverture utilise de manière inédite une grue afin de désosser un fourgon blindé !).


      Il s'agit donc d'une incessante rivalité entre ces derniers et les forces de l'ordre que nous relate fébrilement Alan Yuen, quand bien même sous argument corrupteur, le héros principal (l'inspecteur Yan Bin qu'endosse avec aigreur charismatique Andy Lau) est entaché d'une justice aussi sournoise qu'expéditive pour maîtriser ses assassins. Si le scénario n'apporte rien de neuf pour son incessant jeu de chat et de la souris entre flics et truands sans pitié Spoil ! (un gosse y trinque sous les yeux impuissants du paternel !) fin du Spoil, l'énergie de la mise en scène, l'habile dosage des séquences d'actions aussi spectaculaires qu'inventives et l'ambiguïté du héros prêt à braver sa profession pour éradiquer le Mal insuffle une redoutable efficacité au cheminement narratif. En parallèle, Alan Yuen s'intéresse également à mettre en appui la tentative de rédemption d'un second-rôle en sursis, un jeune ex-taulard partagé entre le désir de renouer avec sa marginalité et celui de se racheter une conduite afin de récupérer l'amour de sa compagne. Mené sans répit car surtout dédié à l'impact homérique des fusillades sanglantes, règlements de compte, poursuites effrénées en véhicule et confrontation finale au paroxysme de l'apocalypse (stratégie d'attaque catastrophiste à l'appui !), Firestorm n'oublie pas de provoquer l'émotion parmi la caractérisation humaine d'un flic en voie de perdition morale depuis la mort d'un acolyte. Parmi la dramaturgie d'un évènement aussi brutal, Firestorm gagne donc en intensité tout en portant un regard subversif à l'identité de son personnage obnubilé à l'idée d'éradiquer ses assassins quelqu'en soit les moyens requis, quand bien même l'empathie éprouvée pour son indic progressera lorsque ce dernier tentera une bravoure de dernier ressort.


      Se clôturant par le chaos d'une confrontation furieusement belliqueuse en plein centre urbain (comptez 20 bonnes minutes de pyrotechnie à feu et à sang !), Firestorm exploite habilement l'esbroufe à l'aide d'une virtuosité géométrique et l'intensité narrative d'une guerre de clans parmi l'autorité véreuse d'un anti-héros obsédé par sa justice criminelle. 

      Dédicace à Jean Michel Micciche.
      Bruno Matéï

      vendredi 11 septembre 2015

      MONSTER BOY: HWAYI

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

      de Jang Joon-Hwan. 2013. Corée du Sud. 2h06. Avec Yeo Jin-goo, Kim Yoon-seok, Cho Jin-Woong, Jang Hyun-sung, Kim Sung-Kyun, Park Hae-Joon.

      Sortie salles Corée du Sud: 9 Octobre 2013. Sortie Dvd France: 29 Octobre 2014

      FILMOGRAPHIE: Jan Joon-Hwan est un réalisateur et scénariste coréen.
      2003: Jigureul jikyeora ! 2010: Kamelia (segment "Love for Sale"). 2013: Monster Boy


      Concentré d'action et d'ultra violence aussi sardonique que cruelle, Monster Boy fait office de descente aux enfers du point de vue d'un adolescent embrigadé dès son enfance par des braqueurs pour tenir lieu de rançon. Après avoir été confiné au fond d'une cave durant son enfance puis ayant parvenu à canaliser ses visions hallucinatoires d'un monstre tapi dans l'ombre, Hwayi est aujourd'hui enrôlé pour devenir un tueur méthodique sous son apprentissage parental. Mais au moment de sa première effraction chez un particulier, une révélation inopinée va totalement bouleverser la donne et le substituer en ange exterminateur. Polar aussi tranchant qu'une lame de rasoir pour son parti-pris insolent d'illustrer les exactions meurtrières d'une famille dysfonctionnelle au passé galvaudé, Monster Boy aborde les thématique de la démission parentale, l'enfance maltraitée, la perte de l'innocence et la vengeance par le conditionnement d'un adolescent en voie de mutation. Ou comment parvenir à se fondre dans la peau d'un tueur sans vergogne après avoir réussi à dompter le monstre qui sommeille en nous ! L'éveil et l'équilibre de la maturité étant ici compromis par une éthique nihiliste de perpétrer le Mal sans justification. 


      Emaillé de séquences surréalistes pour la caractérisation graphique d'une créature haineuse, Monster Boy bouscule nos habitudes par le biais d'une ambiance aussi survoltée que réaliste, notamment avec l'appui d'une violence sournoise et la personnalité décalée d'antagonistes victimes Spoil ! de leur condition orpheline fin du Spoil. Poignant à plus d'un titre, notamment pour l'intensité dramatique de sa dernière partie, l'intrigue oscille efficacement les règlements de compte sanglants, courses-poursuites et bastonnades autour des agissements punitifs d'un adolescent en crise identitaire. La vigueur brutale qui émane de sa rancune et la vélocité de la caméra nous entraînant dans une vertigineuse spirale de violence toujours plus pernicieuse pour ceux qui s'y morfondent ! Outre sa facture homérique d'exploiter des scènes d'actions à la chorégraphie virtuose, Monster Boy privilégie autant la réflexion sur l'engrenage et l'endoctrinement de la violence (vaincre la peur pour prendre ici la place du monstre que l'on combattait !) tout en fustigeant la responsabilité parentale destituée de pédagogie et de nobles valeurs. La caractérisation psychologique de Hwayi en requête identitaire s'avérant toujours plus bouleversante sous l'impulsion névralgique de l'étonnant Yeo Jin-Goo. On peut également saluer la prestance habitée de Kim Yoon-seok (déjà fulgurant en meurtrier crapuleux dans Sea Fog !) endossant avec flegme viscéral et ambiguïté morale une figure paternelle aussi traumatisée d'un passé martyr. 


      Emotionnellement foudroyant pour ses éclairs d'ultra-violence décomplexée, son action épique et sa dramaturgie en chute libre, Monster Boy dresse, non sans une certaine dérision vitriolée, le portrait aliénant d'une famille dysfonctionnelle noyée par leur déchéance immorale depuis leur condition de déréliction. Cri d'alarme contre les conséquences de la démission parentale engendrant la haine de leur progéniture, Monster Boy dégage un humanisme désespéré sous l'appui symbolique de l'Ange du Mal. 

      Dédicace à Jean Marc Micciche
      Bruno Matéï

      jeudi 10 septembre 2015

      HYENA. Prix du Jury au Festival de Beaune, 2015.

                                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site dailymars.net

      de Gérard Johnson. 2014. Angleterre. 1h52. Avec Peter Ferdinando, Stephen Graham, MyAnna Buring, Elisa Lasowski, Neil Maskell, Richard Dormer, Tony Pitts, Mehmet Ferda.

      Sortie salles France: 6 Mai 2015. Interdit aux - de 16 ans.

      FILMOGRAPHIE: Gerard Johnson est un réalisateur, scénariste et producteur anglais, né le
      2009: Tony. 2014: Hyena.


      Polar choc venu d'Angleterre alors qu'il s'agit de la seconde réalisation de Gerard Johnson, Hyena enthousiasma tant les festivaliers de Beaune qu'il repartit avec le Prix du Jury, sans compter ses récompenses attribuées à Sitges pour celui du Meilleur Film et au Festival européen des Arcs pour celui du Meilleur Acteur que Peter Ferdinando endosse avec une vérité sinistrée ! Uppercut émotionnel d'une grande intensité pour le cheminement de perdition qu'une poignée de flics corrompus s'adonne alors que leur leader tentera en désespoir de cause une quête de rédemption, Hyena fait l'effet d'un mauvais trip pour la verdeur de son réalisme poisseux. Glauque et viscéralement malsain, l'ambiance ténébreuse que Gerard Johnson parvient à régir autour de ses témoins galeux nous ensorcelle parmi la scénographie d'une cité urbaine en décrépitude.


      Surveillé par l'autorité de ses supérieurs sur le point de le coffrer pour corruption et meurtre, et menacé de mort par deux tueurs albanais qu'il tente maladroitement de coffrer, (des frères impliqués dans le trafic de came et traite des blanches), l'officier Michael Logan magnétise l'écran de sa présence anxiogène où l'ombre de la déroute semble planer sur ses épaules. Accro à la coke, portant peu d'affection à sa compagne et toujours plus nécrosé par ses trafics en tous genres, ce dernier s'efforce dans un regain de conscience à daigner porter secours auprès d'une albanaise réduite à l'esclavage. Avec souci de réalisme d'une mise en scène personnelle tantôt expérimentale, tantôt stylisée, le réalisateur nous plonge dans cet univers de crime, d'extorsion et de corruption sous l'impulsion du flic ripou en instance de survie. Si le scénario déjà vu n'apporte pas vraiment de nouveauté pour les règlements de compte, trahisons et filatures que se disputent police et pègre, la manière scrupuleuse dont le cinéaste dresse le portrait aride de ces marginaux burnés et l'introspection accordée aux états d'âme de l'officier nous fascine de façon contemplative. Notamment en accordant le bénéfice de l'empathie pour les conséquences dramatiques de sa déchéance morale et de son soutien héroïque auprès de l'albanaise. Si les âpres éclairs de violence qui traversent l'intrigue impressionnent durablement la mémoire, la manière retorse dont Gerard Johnson l'exploite élude tout effet de sensationnalisme, notamment avec le parti-pris d'un réalisme baroque parfois stylisé d'effets de ralenti ! 


      Expérience sordide de polar dépressif où flics ripoux et mafieux albanais se bafouent l'autorité sans aucune vergogne, Hyena est une plongée vertigineuse au coeur de la bassesse humaine. Avec sa réalisation auteurisante et ces trognes burinées d'une interprétation hors pair, Gerard Johnson parvient miraculeusement à réinventer le classicisme de sa narration parmi la photogénie crépusculaire d'une cité urbaine méphitique. Avec l'appui de son esprit nihiliste et iconoclaste, une grosse majorité de spectateurs sortiront néanmoins frustrés d'un épilogue aussi elliptique ! Préparez vous donc à la douche froide ! 

      Bruno Matéï

      Récompenses: Prix du jury au Festival du film policier de Beaune en 2015
      Meilleur film à Fantàstic Orbita de Sitges Film Festival 2014 
      Meilleur Acteur (Peter Ferdinando) au Festival Européen des Arcs