de Nicolas Gessner. 1976. France/U.S.A/Canada. 1h32. Avec Jodie Foster, Martin Sheen, Alexis Smith, Mort Shuman, Scott Jacoby, Dorothy Davis, Clesson Goodhue, Hubert Noel, Jacques Famery, Mary Morter, Julie Wildman.
Sortie en salles en France le 26 Janvier 1977. U.S: 10 Aout 1977
FILMOGRAPHIE: Nicolas Gessner est un réalisateur et scénariste d'origine Hongroise, né en 1931.
1959: Auskunft im Cockpit. 1965: Un milliard dans un billard. 1967: La Blonde de Pékin. 1969: Douze et un. 1971: Quelqu'un derrière la porte. 1976: La Petite fille au bout du Chemin. 1980: Deux affreux sur le sable. 1982: Herr Herr (tv). 1984: Le Tueur triste (tv). 1987: Das Andere Leben (tv). 1989: Passe-passe. Tennessee Nights. 1994: Chèques en boite (tv).
D'origine hongroise, plutôt discret et inclassable, Nicolas Gessner réalise en 1976 un ovni autour d'un trio d'acteurs hétéroclites parmi lesquels le chanteur Mort Shuman (!!!), Martin Sheen et surtout Jodie Foster dans l'un de ses premiers GRANDS rôles au cinéma. Si bien que récompensée de la Meilleure actrice en 1978 et du Saturn Award du Meilleur Film, cette oeuvre méconnue mais défendue par une poignée d'aficionados y transfigure le conte insolite sous l'impulsion magnétique de Jodie Foster portant le film sur ses épaules avec une ambiguïté morale indiscernable.
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Le pitch : dans sa demeure bucolique, Rynn Jacobs, 13 ans, vit recluse avec son père. Harcelée par Frank Hallet — pédophile prédateur — et la mère de ce dernier, agent immobilière de la famille Jacobs, Rynn s’occupe de la maison avec une autonomie déconcertante. Trop mûre, trop calme, trop secrète. Autour d’elle, les regards s’aiguisent : où est passé ce père qu’on ne voit jamais ? Et lorsque Mme Hallet disparaît à son tour sans laisser de trace, l’atmosphère s’épaissit.
Drame intimiste, suspense en vase clos, romance suspendue, mystère latent : les genres se chevauchent avec une fluidité troublante, portés par le jeu intuitif d’une Jodie Foster littéralement envoûtante, criminelle flegmatique et redoutablement finaude. Gessner alterne avec habileté tension sourde et accalmies romantiques, tissant le portrait d’une adolescente livrée à elle-même depuis la mort du père et l’abandon de la mère. Marginalisée par choix, formée à la débrouille par un père libertaire, Rynn a appris à survivre seule, avec un aplomb qui force le respect.
Mais depuis l’irruption d’un pervers insidieux, elle doit subir chez elle un harcèlement quotidien — intrusion du Mal dans l’innocence. Mme Hallet, quant à elle, devient de plus en plus suspicieuse. Ce tapis dans la salle à manger dissimule une trappe... Y aurait-il quelque chose à cacher ? L’inspecteur Ron Miglioriti rôde, commence lui aussi à douter de l’existence du père...
Trouble, magnétique, émouvant, parfois même poétique, La Petite Fille au bout du chemin est une œuvre d’étrangeté éthérée, guidée par des interprètes subtilement dirigés. En scrutant le profil d’une adolescente singulière, avisée, introvertie, Gessner sème le doute, suscite la confusion, interroge notre attachement instinctif à une jeune fille dont la lucidité a le parfum amer de l’absolu.
Récompensée pour ce rôle juvénile, Jodie Foster irradie d’une ambiguïté anarchiste — celle d’une enfant sans tuteur, capable de décisions radicales face au danger. Elle porte sur elle des gageures terribles, des disparitions suspectes (parfois accidentelles !), des regards malades qu’elle déjoue avec un sang-froid déroutant.
En second rôle mécréant, Martin Sheen est proprement infect, hébéphile vaniteux transgressant ses pulsions dans une posture glaçante. Mort Shuman, à contre-emploi, surprend en flic un peu paumé, bienveillant, désarmé par la maturité de Rynn. Quant à Scott Jacoby, il incarne avec une justesse fragile le magicien Mario — spontané, marginal, troublé — prêt à couvrir l’innommable au nom d’un amour inavouable.
Et toujours cette étrange sérénité : Rynn ne cède ni à la peur, ni à la panique. Elle agit. Elle pense. Elle calcule. Et nous fascine.
27.12.19. 5èx
09.11.11. 776 v
P.S: pour rassurer les partisans de la cause animale à propos d'une scène-choc d'un réalisme inquiétant, deux hamsters différents figurèrent dans le film : un vivant qui survécut au tournage et qu'on offrit au costumier une fois la production bouclée, et un mort fourni par un hôpital où il avait servi de cobaye et que Martin Sheen manipula de telle sorte qu'il parût encore vivant au moment de l'occire.
SOURCE WIKIPEDIA
Récompenses: Saturn Award du Meilleur film d'Horreur.
Saturn Award de la meilleure actrice pour Jodie Foster à l'académie des films de science-fiction, fantastique et Horreur en 1978.