Télé-film "pilote" de Lee H. Katzin. 1977. U.S.A. 1h32. Avec Patrick Duffy, Belinda Montgomery,Victor Buono, Alan Fudge, Jean Marie Hon, J. Victor Lopez, Robert Lussier, Dick Anthony Williams.
Diffusion d'origine: 4 Mars 1977 - 6 Juin 1978. 1ère diffusion en France: 29 Janvier 1979
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lee H. Katzin est un réalisateur américain né le 12 Avril 1935 à Détroit, Michigan (Etats-Unis), décédé le 30 Octobre 2002 à Beverly Hills (Californie).
1959: Bonanza (série). 1965: Le Proscrit (série). 1965: Les Mystères de l'Ouest (série). 1966: Brigade Criminelle (série). 1968: Opération vol (série). 1969: Qu'est-il arrivé à tante Alice. 1970: Along came a spider (télé-film). 1971: Le Mans. 1973: Police Story (série). 1974: Chasse Tragique (télé-film). 1976: Alien Attack (télé-film). 1976: The Quest (télé-film). 1977: L'Homme de l'Atlantide (télé-film / Série TV). 1977: Chips (série). 1982: Chicago Story (série). 1984: Deux Flics à Miami (sais 1. Epis 4 et 7). 1985: MacGyver (série. Sais 1, Epis 3/4/5). 1987: Les 12 Salopards, mission suicide (télé-film). 1992: Raven (série). 1992: Le Rebelle (série). 1999! Restraining Order.
Série culte pour toute une génération de spectateurs alors qu'elle fut boudé outre-atlantique, L'Homme de l'Atlantide bénéficia d'une seule saison de 13 épisodes précédée de 4 télé-films.
Mélange de science-fiction et de fantastique militant pour l'écologie, ce feuilleton créé par Herbert F. Solow doit sa réussite à un argument plutôt original, la découverte du dernier homme de l'atlantide !
Des experts en océanographie découvrent sur une plage un homme agonisant qu'ils réussissent à sauver d'une mort certaine. Après l'avoir étudié, il s'agirait d'un humanoïde aquatique pourvu de mains palmés et de yeux fluorescents afin de vivre sous l'eau. Le gouvernement décide de l'exploiter pour une mission de sauvetage. C'est à dire retrouver un appareil de plongée et ses deux occupants ayant disparu du fond de l'océan.
Pour ce premier télé-film, l'Homme de l'Atlantide attise sans peine la sympathie et la curiosité dans sa sobre habileté à nous convaincre que le dernier survivant d'une île mythologique a réussi à survivre depuis des millénaires. Ce qui frappe d'emblée quand on revoit ce pilote (diffusé pour la 1ère fois dans le cadre de la célèbre émission "l'avenir du futur !), c'est l'intégrité à laquelle le réalisateur s'emploie pour nous concocter une intrigue d'espionnage et de science-fiction fertile en suspense et péripéties. En prime, le soin octroyé aux effets spéciaux simplistes (les fameux doigts palmés, la couleur de ses yeux, sa rapidité à nager sous l'eau) s'avèrent crédibles et aussi efficaces que sa structure narrative.
Porté à bout de bras par l'interprétation de Patrick Duffy pour le rôle titre, l'acteur insuffle aisément une présence mutique aussi étrange que réellement attachante. Sa capacité à pouvoir respirer dans l'eau, sa manière de nager comparable à celle du dauphin, son acuité visuelle à pouvoir pénétrer l'obscurité, ainsi que sa force agile nous fascinent de ces exploits surnaturels. A contrario, s'il s'expose plus de 12 heures hors de l'eau, des signes de détérioration apparaissent comme la coloration bleue de l'épiderme. Pire encore, s'il reste entre 12 et 20 heures éloigné de tout environnement aquatique, il souffrira de craquèlement de la peau, d'insuffisance pulmonaire et enfin d'arrêt cardiaque l'entraînant vers l'inéluctable ! Tous ces détails richement documentés par nos scientifiques renforcent donc le caractère crédible du personnage, peu à peu épris d'altruisme pour les êtres humains. En fin de mission, le réalisateur aborde d'ailleurs une réflexion sur la mémoire, notre rapport émotif aux réminiscences et à l'amitié. Mark Harris souffrant d'une légère amnésie va réussir à éprouver de l'empathie puis davantage s'humaniser en se remémorant ces souvenirs les plus intenses par le biais d'une femme attristée de son départ.
Dans le rôle du médecin pacifiste éprise de sentiments pour Mark, le charme docile de Belinda Montgomery ajoute un cachet romanesque à l'aventure même si l'actrice cède parfois à un sentimentalisme un peu trop appuyé dans un final néanmoins émouvant. Enfin, qui pourrait oublier la mémorable apparition de Victor Buono dans celui du savant Schubert. En héritier du capitaine Nemo, l'acteur bedonnant campe avec ironie sardonique un utopiste mégalo planqué à l'intérieur d'un sous-marin pour s'entreprendre d'annihiler la terre. Avec esprit d'arrogance, le comédien éprouve un malin plaisir à s'exclamer de manière mesquine dans une posture totalitaire.
Renouer aujourd'hui avec les aventures de l'Homme de l'atlantide, ne serait-ce que pour distinguer l'implication sincère de ce télé-film pilote, prouve à quel point certaines séries des seventies possédaient cette alchimie à nous faire rêver en toute modestie. L'efficacité de son intrigue habilement troussée, la caractérisation attachante des personnages et surtout la présence magnétique de Patrick Duffy dégagent un charme vintage aussi naïf que mélancolique. A l'écoute de son paisible score musical concocté par Fred Karlin.
01.03.13
Bruno Matéï