de Paul Hyett. 2012. Angleterre. 1h33. Avec Rosie Day, Anna Walton, Jemma Powell, Kevin Howarth, Sean Pertwee, David Lemberg.
Inédit en salles en France.
FILMOGRAPHIE: Paul Hyett est un réalisateur, maquilleur, acteur et scénariste anglais.
2012: The Seasoning House. 2014: Heretiks. 2014: Howl.
Précédé d'une certaine réputation sulfureuse, faute de séquences gores d'un raffinement putassier, The Seasoning House joue la carte du film d'exploitation lancé par la franchise Hostel, Saw et consorts. Sur le modèle du Tortur'porn et du Rape and revenge, le britannique Paul Hyett s'essayant aux genres avec autant de maladresse que de complaisance. Prisonnière d'un réseau clandestin de prostitution en ex-yougoslavie, une sourde muette prépare son évasion afin de s'épargner une existence miséreuse où viols et sévices sont quotidiennement perpétrées sur d'innocentes esclaves. Par l'entremise d'un bref flash-back, nous apprendrons que ces jeunes filles ont été soutirées de leurs parents (souvent assassinés sous leur yeux !) par des militaires durant la guerre pour être exploitées à la prostitution et donc livrées à une gente misogyne dans un bordel miteux.
Glauque et poisseux, The Seasoning house nous plonge dans un univers de claustration en interne d'une cabane poussiéreuse, où le sang, le sperme et la sueur imprègnent les draps de chaque chambre, quand bien même les jeunes filles violées sont soumises aux pires maltraitances. Avec une certaine efficacité, la première demi-heure réussit à distiller une ambiance malsaine dans son décor putride et à provoquer une certaine empathie pour le courage de l'héroïne contrainte de droguer ses amies pour le compte d'une clientèle SM. Mais dès qu'elle tente de sauver une de ses collègues, prise à parti avec la perversité d'un colosse, les invraisemblances et les situations éculées n'auront de cesse de desservir la vraisemblance du récit. A l'instar de l'agression sanglante interminable émise entre la muette et ce surhomme increvable, ou encore quand cette dernière tente de se faufiler à l'intérieur des parois de l'établissement, telle une souris rusée, afin d'échapper aux tueurs. Mis en scène avec peu d'habileté dans son montage approximatif et modestement interprété, The Seasoning House finit donc rapidement par accumuler les situations grotesques, d'autant plus que l'attitude malhabile des tueurs finit par nous lasser de leurs stratégies dérisoires à tenter d'appréhender la rebelle. Pour parachever dans le ridicule, le réalisateur enfonce le clou dans son dernier quart-d'heure quand l'héroïne se retrouve (comme par enchantement !) accueilli par la femme du tueur à l'intérieur de son foyer, mais aussi quand elle tente de s'extirper d'un entrepôt pour échapper à son assaillant (la manière dont ce dernier est désarmé est plutôt risible).
Pur produit de consommation voué à choquer le spectateur dans le sens le plus racoleur du terme et avec une facilité redondante, The Seasoning House tente de provoquer et d'impressionner par le biais d'une violence graphique crue et d'une action spectaculaire canonique. Ces deux éléments conformément associés finissant par nuire à sa crédibilité et à l'intensité procurée. Pour les amateurs indulgents d'horreur ludique, le film peut néanmoins procurer son petit effet révulsif, certaines séquences vomitives provoquant l'inévitable "haut-le-coeur".
Bruno Matéï