mardi 16 octobre 2018

LONG WEEK-END

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

"Long Weekend" de Colin Egleston. 1978. Australie. 1h32. Avec John Hargreaves, Briony Behets, Mike McEwen, Roy Day, Michael Aitkens.

Sortie salles France: 30 Juillet 1980. U.S/Australie: 29 Mars 1979

FILMOGRAPHIEColin Eggleston est un réalisateur australien, né le 23 Septembre 1941 à Melbourne, décédé le 10 Août 2002 à Genève. 1977: Fantasm Comes Again (pseudo Eric Ram). 1978: Long Week-end. 1982: The Little Feller. 1984: Innocent Prey. 1986: Cassandra. 1986: Dakota Harris. 1986: Body Business (télé-film). 1987: Outback Vampires.


En 1978 sort sur les écrans un modeste film australien au budget dérisoire sous l'égide d'un metteur en scène néophyte dirigeant brillamment 2 comédiens d'autant plus méconnus. A la surprise générale les récompenses pleuvent à contrario de son accueil glacial reçu dans son pays natal ! Antenne d'Or à Avoriaz, Prix Spécial du Jury, Prix de la Critique au Rex de Paris, Meilleur Film, Meilleur Acteur pour John Hargreaves et enfin Prix du Jury à Sitges ! Rien que ça ! Quelques décennies plus tard et un remake amorcé, ce chef-d'oeuvre écolo (terriblement actuel !) garde intact son pouvoir de fascination émanant d'un environnement naturel à la fois follement anxiogène et malsain. Un jeune couple sur le déclin tente de se réconcilier en passant un long week-end dans une nature sauvage à proximité d'une plage. Après avoir planté leur tente sur un bout de terrain vierge, des évènements naturels inexpliqués se produisent et semblent intenter à leur vie ! 


Avec une économie de moyens et sans aucune outrance spectaculaire, Long Week-end nous intrigue fort habilement en distillant une peur anxiogène par le truchement d'une intrigue d'une rare originalité. Un couple en dérive conjugale tente de s'offrir une seconde chance en pliant bagage vers une destination bucolique le temps d'un week-end. Après avoir planté un univers écolo déjà étrangement atmosphérique, un soin consciencieux est établi auprès de la caractérisation du couple antipathique n'assumant aucune considération pour la faune et la flore. Le mari obtus, adepte de la chasse et des loisirs du camping, passant son temps à inspecter les alentours d'une végétation florissante avant de s'exciter à décharger aussitôt quelques cartouches de fusil sur des volatiles ou mammifères errants. Sexuellement frustrée et irascible pour cause d'avortement et d'adultère, la mégère s'ennuie lamentablement tant et si bien qu'elle se contente de se dorer la pilule au soleil en lisant des magazines érotiques. Totalement impassible à la beauté naturelle du climat bucolique, elle s'avère encore plus irrévérencieuse et haïssable que son époux. Ainsi, après que ce dernier eut été agressé par un rapace, elle écrasera un oeuf fécond contre un arbre par simple rancune.


Lentement, leur rapport préalablement conflictuel s'exacerbera un peu plus faute d'évènements intrigants découlant du danger sous-jacent de bruit d'animaux tantôt affolés, tantôt éplorés. Mais après que des mammifères eurent été sacrifiés et son massif forestier violé, la nature insidieuse décidera de prendre sa revanche sur ces oppresseurs afin de leur faire payer leur impudence. Ainsi, l'intensité progressive de Long Week-end découle de cet enchevêtrement de comportements primaires perpétrées par deux quidams immatures (pour ne pas dire irresponsables) car extériorisant leur colère, leur caprice et leur ingratitude sur la nature vierge. L'ambiance anxiogène qui y émane, le climat dépressif émanant de leurs rapports péniblement houleux, le sentiment d'insécurité instauré par moult évènements imbitables nous confinant vers un climat malsain d'une puissance visuelle assez claustro. A cet égard, la dernière partie, course de survie pour le couple déboussolé, renforcera ce sentiment oppressant de menace indicible pour autant littéralement prégnante, pour ne pas dire ensorcelante. Le spectateur assistant impuissant à leur fatigue et lassitude morales sous l'impulsion d'une dramaturgie escarpée à l'humour noir abrasif. Trois séquences génialement ubuesques faisant office d'anthologie à travers leur ironie sardonique que le spectateur éprouve néanmoins avec une certaine compassion, de par la mentalité pathétique du duo en perdition. Et donc en épargnant continuellement l'esbroufe,  Colin Egleston cultive avec une rare subtilité (notamment auprès de sa puissance formelle ensorcelante, j'insiste !) un cauchemar écolo aux cimes du fantastique où le malaise palpable s'accapare de notre psyché aussi désorientée que les antagonistes.


Un crime contre nature
Scandé d'une partition ombrageuse de Michael Carlos afin de soutenir l'angoisse en crescendo et brillamment incarné par 2 comédiens méconnus jouant les troubles-fêtes avec un naturel idoine, Long Week-end festoie autour du Fantastique le plus éthéré. L'effet de suggestion amorçant de manière si vénéneuse une terreur davantage implacable au coeur d'une végétation naturelle aussi hostile que feutrée. Chef-d'oeuvre auteurisant d'autant plus atypique et formellement vertigineux, Long week-end laisse en état de transe sitôt le générique bouclé, et ce en nous interrogeant notamment sur la cause animale et dame nature vulgairement maltraitées par le plus grand prédateur que la planète eut connu: l'homme ! 

* Bruno
16.10.18. 4èx
10.01.12 (789 vues)

RécompensesPrix Spécial du JuryPrix de la critique au festival du Rex à Paris en 1979.
Antenne d'Or au Festival d'Avoriaz en 1979.
Meilleur Film, Meilleur Acteur (John Hargreaves), Prix du Jury de la critique internationale de Sitges en 1978.

lundi 15 octobre 2018

TRAUMA

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site t411.me

"Burnt Offerings" de Dan Curtis. 1976. U.S.A. 2h00. Avec Oliver Reed, Karen Black, Burgess Meredith, Bette Davis, Dub Taylor, Lee Montgomery, Eileen Heckart.

Sortie salles U.S: 25 Août 1976 (avant première). 18 Octobre 1976. Inédit en salles en France.

FILMOGRAPHIE: Dan Curtis est un producteur, scénariste et réalisateur américain, né le 12 Août 1927 à Bridgeport, Connecticut (Etats-Unis), décédé le 27 mars 2006 à Brentwood (Californie). 1966: Dark Shadows (série TV). 1970: La Fiancée du Vampire. 1971: Night of dark shadows. 1973: Dracula. 1973: The Night Strangler (télé-film). 1975: La Poupée de la Terreur. 1976: Trauma. 1977: Dead of Night. 1977: La Malédiction de la veuve noire (télé-film). 1992: Intruders (télé-film). 1996: La Poupée de la terreur 2 (télé-film).


"J'ai toujours pensé qu'il y avait dans le phénomène des pressentiments quelque chose de surnaturel qui, même, mieux observé, fournirait la preuve de l'immatérialité de l'âme."

Le pitch: Pour un coût dérisoire, un couple, leur fils et sa tante emménagent dans une vaste bâtisse durant les congés d'été. Leur seule condition et de s'occuper d'une octogénaire, propriétaire esseulée de la maison logée à une des chambres de l'étage. Peu à peu, d'étranges incidents vont ébranler la tranquillité de la famille Rolfe. 

La Maison du Diablel'Emprise, l'Enfant du Diable, les InnocentsNext of Kin, la Maison des Damnés, Shining, le Cercle Infernal... Des chefs-d'oeuvre immuables ayant tous comme particularité d'avoir su provoquer la peur de la maison hantée parmi la dextérité du pouvoir de suggestion. Retour sur un joyau du film de hantise aussi inextinguible que ces illustres homologues ! Score monocorde aux accents lourds et ombrageux, cadre bucolique d'une résidence séculaire implantée à proximité d'un bois, Trauma insuffle dès son prélude traditionnel une atmosphère d'étrangeté fiévreuse sous son climat solaire. Ainsi, en jouant la carte du mystère régi autour d'une chambre close auquel une étrange octogénaire s'y est blottie pour ne jamais en sortir, Dan Curtis conçoit le plus oppressant des cauchemars surnaturels sous l'allégeance d'une maison maudite. Sans jamais entrevoir la silhouette de cette propriétaire décatie, le réalisateur va entretenir une montée en puissance du suspense jusqu'au climax tétanisant, vision de cauchemar anthologique restée dans les annales de l'effroi ! 


Entre-temps, Dan Curtis aura pris soin de nous radiographier la caractérisation de ses personnages lourdement éprouvés par une succession d'incidents inexpliqués ! Sans jamais avoir recours à l'esbroufe d'effets chocs gratuits ou de gore qui tâche, Trauma palpite d'efficacité dans son esprit de suggestion dédié à la psychologie contrariée des personnages. Des protagonistes parfaitement attachants de par leur solidarité familiale mais si faillibles et humainement meurtris puisque mutuellement "possédés" par l'esprit diabolique d'une maison protéiforme. Dans la mesure où cette demeure vintage semble désirer se ravitailler du fluide anxiogène de ses occupants et ainsi apprivoiser une "mère porteuse" afin de se régénérer pour la pérennité. Parmi le témoignage probant de comédiens habités de tempérament aigri, Trauma insuffle un sentiment d'insécurité permanent auprès de ces occupants au point de déteindre sur l'anxiété du spectateur. Habité par l'accablement,  Oliver Reed incarne fébrilement un paternel aimant totalement dépassé par des incidents domestiques imbitables et surtout rongé par une dépression fluctuante. Dans celui du jeune fils sévèrement molesté par ce dernier et l'entité de la demeure, Lee Montgomery endosse sobrement l'ado fragile en perte de repère paternel. L'immense Bette Davis expose un jeu volontairement sclérosé dans sa pathologie dégénérative tandis que l'inoubliable Karen Black insuffle une obsession ambivalente pour mettre en évidence sa maternité empathique partagée entre l'amour de sa famille et celui de sa nouvelle demeure. 


Derrière la porte, quelque chose vit...
En prime de nous marteler l'esprit avec des séquences chocs implacables (les apparitions du chauffeur au rictus dérangé, la mort sacrificielle de la tante, l'attaque des arbres qu'un certain Sam Raimi reprendra dans son fameux Evil-dead !), voir éprouvantes (l'agression du fils dans la piscine par Ben puis un peu plus tard l'autre tentative de noyade par une force maléfique !), Trauma culmine son intensité horrifiante auprès d'un final nihiliste à la violence escarpée. L'aura trouble et persistante émanant des pièces de la demeure, l'intensité oppressante de son climat dépressif et l'originalité audacieuse de son intrigue charpentée acheminent Trauma en référence absolue du Fantastique vintage.

* Bruno
20.08.13. 6èx (694 v)

Dédicace à Christophe Colpaert (pour l'offrande de sa précieuse vostf !)

DistinctionsPrix du meilleur film d'horreur, meilleur réalisateur et meilleur second rôle féminin pour Bette Davis, par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur en 1977.
Prix du meilleur réalisateur, meilleur acteur pour Burgess Meredith et meilleure actrice pour Karen Black, lors du Festival international du film de Catalogne en 1977.

vendredi 12 octobre 2018

La Bête tue de sang froid / Le Dernier train de la nuit / L'ultimo treno della notte

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Aldo Lado. 1975. Italie. 1h34 (version intégrale). Avec Flavio Bucci, Laura D'Angelo, Irene Miracle, Macha Méril, Gianfranco De Grassi, Enrico Maria Salerno.

Sortie salles France: 30 Août 1978. Italie: 8 Avril 1975

FILMOGRAPHIEAldo Lado est un réalisateur italien, né le 5 décembre 1934 à Fiume (Croatie).
1971: La corta notte delle bambole di vetro. 1972: Qui l'a vue mourir ? 1972: La Drôle d'affaire. 1973 : Sepolta viva. 1974 : La cugina. 1975: La Bête tue de sang Froid. 1976 : L'ultima volta. 1978 : Il prigioniero (TV). 1979 : L'humanoïde. 1979 : Il était un musicien – Monsieur Mascagni. 1981 : La désobéissance. 1982 : La pietra di Marco Polo (TV). 1983 : La città di Miriam (TV). 1986 : I figli dell'ispettore (TV). 1987 : Sahara Heat ou Scirocco. 1990 : Rito d'amore. 1991 : La stella del parco (TV). 1992 : Alibi perfetto. 1993 : Venerdì nero. 1994 : La chance.


Ersatz italien de la Dernière Maison sur la GaucheLa Bête tue de sang froid s'est taillée au fil des décennies une réputation presque aussi notoire que le trauma infligé par Craven. Si Aldo Lado reprend le même cheminement narratif afin de réexploiter le "rape and revenge", il réussit tout de même à s'en démarquer grâce au décor confiné à l'intérieur d'un train et au portrait alloué à une bourgeoise sans scrupules. Cette dernière prétendument affable entraînant finalement un duo de marginaux dans la stupre crapuleuse. Si bien que sous son emprise retorse, ces deux délinquants issus de classe ouvrière se laisseront charmer par sa stature altière afin d'accomplir les pires exactions sur deux adolescentes. Merveilleusement campé par une Macha Méril habitée par une perversité scopophile, sa présence viciée symbolise d'une certaine manière l'avilissement de la bourgeoisie engluée dans son confort, l'ennui et la cupidité. A l'instar de ce témoin oculaire, sexagénaire d'apparence respectable mais soudainement épris de pulsions voyeuristes pour se laisser inviter au viol collectif. Tableau pathétique d'une nature humaine aux instincts barbares et pervers, La Bête tue de sang froid est un voyage au bout de l'enfer. Celui de deux jeunes étudiantes embarquées dans un train pour rejoindre leur bercail mais rapidement prises en otage par le trio diabolique.


A partir du moment où le piège se referme autour des victimes, Aldo Lado nous laisse en position de voyeur pour témoigner de leur calvaire interminable. Ce sentiment de gêne occasionné est accentué par l'enfermement du lieu clos (une cabine irrespirable) où viols et sévices leur seront infligés. L'atmosphère terriblement malsaine émanant notamment des regards obscènes que l'inspiratrice échangera avec les voyous. D'autre part, au moment crucial des actes les plus extrêmes, la lumière nocturne vire subitement aux éclairages bleutés afin de renforcer l'aspect cauchemardesque de cette baroque mascarade. Après les crimes lâchement perpétrés, Aldo Lado passe en mode revenge avec l'intervention des parents d'une des victimes. Sur ce point autrement crucial, la manière dont le trio réussit à s'infiltrer chez eux me parait un peu plus crédible que ce qu'eut envisagé Craven, alors que le jeu d'acteurs invoqué aux parents s'avère plus plausible de par leur sentiment d'angoisse et de contrariété en ascension. Tant et si bien qu'ici, face à l'insistance de la mégère blessée (une écorchure au genou), le père de la victime, éminent chirurgien, lui portera assistance et accueillera le trio au sein de son foyer. Avec une surprenante et réelle efficacité,  Aldo Lado reprend donc le mode opératoire de son modèle (vengeance expéditive abrupte) en instaurant un climat de tension qui ira crescendo. Sans chercher à se complaire dans la violence bestiale (comme l'eut souligné la première partie), il illustre avec psychologie l'aspect avilissant de la justice individuelle lorsque le père se résigne à éliminer sa dernière victime face au témoignage contradictoire de son épouse.


Une horreur nauséeuse confinant au vertige. 
D'une perversité à la fois fétide et crapuleuse, dérangeante et malsaine, La Bête tue de sang froid  demeure probablement la meilleure déclinaison du rape and revenge depuis la référence de Craven. Outre sa violence insupportable mais jamais outrancière, son caractère éprouvant est largement envenimé par la posture si vénéneuse de l'électrisante Macha Méril absolument inoubliable et d'un score indolent chuchoté à l'harmonica. 
A réserver toutefois à un public averti.

Warning ! La VF présente sur le Dvd de Neo Publishing est censurée de 15 minutes. Seule, la VOSTF comporte bien la version intégrale.

* Bruno
22.02.24. 5èx vers italienne stfr

mercredi 10 octobre 2018

RAIN MAN. 4 Oscars dont celui du Meilleur Film.

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site ekladata.com

de Barry Levinson. 1988. U.S.A. 2h15. Avec Tom Cruise, Dustin Hoffman, Valeria Golino, Jerry Molen, Jack Murdock, Michael D. Roberts.

Sortie salles France: 15 Mars 1989. U.S: 16 Décembre 1988

FILMOGRAPHIE: Barry Levinson est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 6 Avril 1942 à Baltimore. 1982: Diner. 1984: Le Meilleur. 1985: Le secret de la Pyramide. 1987: Les Filous. 1987: Good morning Vietnam. 1988: Rain Man. 1990: Avalon. 1991: Bugsy. 1992: Toys. 1994: Jimmy Hollywood. 1994: Harcèlement. 1996: Sleepers. 1997: Des Hommes d'influence. 1998: Sphère. 1999: Liberty Heights. 2000: An Everlasting Piece. 2001: Bandits. 2004: Envy. 2006: Man of the Year. 2008: Panique à Hollywood. 2009: PoliWood (documentaire). 2012: The Bay. 2014 : The Humbling. 2015 : Rock the Kasbah.


Pas aussi intense qu'à l'époque de sa sortie (l'effet de surprise de reluquer les performances d'acteurs bankables se dissipant hélas au fil de visionnages), Rain Man est un joli conte initiatique plutôt réaliste, voir légèrement documenté quant à la pathologie mal connue de l'autisme. Une solide histoire d'amitié, de tolérance et de compréhension de l'autre qu'un entrepreneur cupide développera finalement au fil de sa cohabitation avec son frère autiste. Ainsi, en dépit d'un manque d'émotions (que Levinson se réservait peut-être d'ébruiter afin de ne pas sombrer dans le pathos), Rain Man parvient tout de même à séduire et toucher le spectateur, de par la complicité révérencieuse que forment Tom Cruise (brillamment expansif en financier de prime abord orgueilleux, arrogant et condescendant) et Dustin Hoffman (louablement dépouillé en autiste impassible où perce une émotion prude). Au-delà de leurs rapports psychologiques jamais misérabilistes ou lacrymaux, Barry Levinson s'efforce en prime de soigner la forme à travers leur odyssée solaire traversée de magnifiques décors naturels (splendide contrées rocheuses de la Californie sous un ciel tantôt crépusculaire) ou urbains (la nuit pastel au casino de Las Vegas), qu'une splendide photo léchée renchérit sans complaisance. Quant au score composé par l'illustre Hans Zimmer, si on l'a connu plus inspiré, il parvient modestement à rehausser la teneur empathique du récit, notamment lorsque Cruise s'humanise le plus fidèlement afin de préserver la destinée précaire de son frère. Leur étreinte finale s'avérant par ailleurs un bouleversant moment d'émotions tout en retenue (la plus belle séquence du film à mon sens subjectif comme le souligne ma photo postée ci-dessus). Quoiqu'il en soit, et en dépit des aléas du temps, le triomphe public reste plutôt mérité.

* Bruno
3èx

Box-Office France: 6 475 615 entrées

Récompenses:
Ours d'Or au Festival de Berlin
Oscar du meilleur film
Oscar du meilleur réalisateur - Barry Levinson
Oscar du meilleur scénario original - Ronald Bass et Barry Morrow
Oscar du meilleur acteur - Dustin Hoffman
Golden Globe du meilleur film dramatique
Golden Globe du meilleur acteur dans un film dramatique - Dustin Hoffman

mardi 9 octobre 2018

KRAMER CONTRE KRAMER. 5 Oscars dont Meilleur Film, 1980.

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site goldposter.com

de Robert Benton. 1979. U.S.A. 1h45. Avec Dustin Hoffman, Meryl Streep, Justin Henry, Jane Alexander, Howard Duff, George Coe.

Sortie salles France: 27 Février 1980. U.S: 19 Décembre 1979

FILMOGRAPHIERobert Benton est un scénariste, réalisateur et acteur américain, né le 29 septembre 1932 à Waxahachie (Texas). 1972 : Bad Company. 1977 : Le chat connaît l'assassin. 1979 : Kramer contre Kramer. 1982 : La Mort aux enchères. 1984 : Les Saisons du cœur. 1987 : Nadine. 1991 : Billy Bathgate. 1994 : Un homme presque parfait. 1998 : L'Heure magique. 2003 : La Couleur du mensonge. 2007 : Feast of Love.


"Le divorce est une horrible souffrance de l'âme et de la chair."
Bouleversant drame familial récompensé de 5 oscars (dont celui du Meilleur Film) et ovationné par la critique et le public (en France, il récolte 4 039 372 entrées), Kramer contre Kramer traite des enfants du divorce sans pathos ni fioriture. L'oeuvre d'une sensibilité épurée illustrant l'ascension paternelle de Ted Kramer parvenant à éduquer son fils au grand dam de l'absence de la mère. Car autrefois égoïste d'avoir privilégié sa carrière au détriment des sentiments de son épouse, il prendra peu à peu conscience de son échec marital en endossant le double rôle de papa au foyer et de brillant graphiste. Alors que Ted Kramer, pubard surqualifié, annonce un soir à sa femme sa victoire d'avoir décroché un poste supérieur, celle-ci lui avoue sa détermination de le quitter en abdiquant également son fils de 7 ans. Livrés à eux-même, Ted et Billy vont apprendre à mieux se connaître au fil d'une intense et tendre complicité paternelle, quand bien même 15 mois plus tard, Johanna refait surface afin de solliciter la garde de son fils. 



Illuminé par les prestances de Dustin Hoffman en tendre paternel débrouillard et de Meryl Streep en mère instable en quête identitaire et d'émancipation féminine (son 1er grand rôle à l'écran !), Kramer contre Kramer diffuse une fragile intensité humaine de par leur désarroi de se confronter aux divergences conjugales, entre crises de colère et remise en question identitaire. Notamment eu égard de la cruauté du procès juridique qu'ils se disputeront au terme entre avocats interposés. Outre le talent virtuose de ce duo plus vrai que nature car endossant leur rôle familial avec une vibrante humanité, on peut autant saluer le jeu époustouflant de vérité de Justin Henry en bambin chétif ballotté entre son amour pour sa mère et celui de son père. Le film d'un réalisme probant parvenant à nous ébranler la corde sensible (sans jamais céder aux bons sentiments !) en nous posant des questions essentielles sur la perte de repères de l'enfant en proie à l'injustice de la  séparation, sur la responsabilité parentale (et l'équité des sexes) à perdurer son éducation et sur la précarité de leurs sentiments lorsque l'un d'eux eut trahi sa cause maritale au profit de la cupidité.


Superbe mélo scandé par un trio de comédiens d'une force d'expression infaillible, Kramer contre Kramer parvient à illustrer sans fard l'épineuse épreuve de force d'un père et d'une mère se disputant la mise pour sauvegarder l'amour de leur chérubin. Inévitablement bouleversant et passionnant, nous assistons scrupuleusement à cet échec conjugal en tenant compte des états d'âme si humbles, matures et fragiles des victimes en proie à une prise de conscience initiatique.  

* Bruno
4èx 

Récompenses: 1979 : LAFCA du meilleur film
Oscar du meilleur film en 1980
Oscar du meilleur réalisateur pour Robert Benton
Oscar du meilleur acteur pour Dustin Hoffman
Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour Meryl Streep
Oscar de la meilleure adaptation pour Robert Benton
Golden Globe de la meilleure actrice dans un second rôle pour Meryl Streep

lundi 8 octobre 2018

L'Epée Sauvage / The Sword and the Sorcerer

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de  Albert Pyun. 1982. U.S.A. 1h40. Avec Lee Horsley, Kathleen Beller, Simon MacCorkindale, Richard Lynch, George Maharis, Richard Moll.

Sortie salles France: 28 Juillet 1982. U.S: Avril 1982.

FILMOGRAPHIE: Albert Pyun, né le 19 mai 1953 à Hawaii, est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 1982 : L'Épée sauvage. 1985 : Le Dernier missile. 1986 : Campus. 1987 : Pleasure Planet. 1987 : Le Trésor de San Lucas. 1988 : L'aventure fantastique. 1989 : Voyage au centre de la Terre. 1989 : Cyborg. 1990 : Captain America. 1991 : Bloodmatch. 1991 : Kickboxer 2 : Le Successeur. 1991 : Dollman. 1992 : Deceit. 1993 : Nemesis. 1993 : Arcade (vidéo). 1993 : Brain Smasher... A Love Story (vidéo). 1993 : Les Chevaliers du futur. 1994 : Kickboxer 4: The Aggressor. 1994 : Hong Kong 97. 1994 : Spitfire. 1995 : Heatseeker. 1995 : Nemesis 2 (vidéo). 1996 : Raven Hawk (TV). 1996 : Nemesis 3: Prey Harder (vidéo). 1996 : Omega Doom. 1996 : Adrénaline. 1996 : Nemesis 4: Death Angel (vidéo). 1997 : Prise d'otages à Atlanta (Blast). 1997 : Mean Guns. 1998 : Crazy Six. 1998 : Postmortem. 1999 : The Wrecking Crew. 1999 : Urban Menace. 1999 : Corrupt. 2001 : Explosion imminente (Ticker). 2003 : More Mercy (vidéo). 2004 : Max Havoc : La malédiction du dragon. 2005 : Infection. 2006 : Cool Air (vidéo). 2007 : Bulletface. 2007 : Left for Dead. 2012 : Road to Hell.


Première réalisation d'Albert Pyuin (cinéaste prolifique habitué aux séries B et Z) surfant sur l'heroic fantasy en vogue (Conan le Barbare, Dar l'Invincible), l'Epée sauvage est une sympathique curiosité à découvrir d'un oeil distrait si bien que l'on jurerait qu'elle soit mise en scène par un cinéaste transalpin. De par son esprit bisseux friand d'un climat parfois étonnamment glauque que de ses (rares) éclaboussures de sang assez fétides. Ainsi, à travers ses jolis décors épaulés d'une photo particulièrement soignée, ses personnages bonnards au surjeu un tantinet attachant et sa violence gore inspirée du cinéma italien, l'Epée Sauvage inspire une certaine attention (affectueuse) auprès des afficionados sensibles au charme d'un cinéma artisanal aussi modeste qu'hélas révolu. En tout état de cause, on retient surtout son prologue horrifique (tellement prometteur), l'aspect plaisant d'une narration redondante aussi éculée qu'involontairement pittoresque ainsi qu'un final (à nouveau horrifique) du plus bel effet esthétisant auprès de ses maquillages charnels assez fascinants. 

* Bruno
02.03.24. 4èx

    vendredi 5 octobre 2018

    Dar l'Invincible : The Beastmaster

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

    "The Beastmaster" de Don Coscarelli. 1982. U.S.A. 1h58. Avec Marc Singer, Tanya Roberts, Rip Torn, John Amos, Josh Milrad, Rod Loomis, Ben Hammer, Ralph Strait, Billy Jayne, Janet DeMay, Christine Kellogg, Jant Jones.

    Sortie salles France: 27 Avril 1983. U.S: 20 Août 1982

    FILMOGRAPHIE: Don Coscarelli est un scénariste et réalisateur américain né le 17 Février 1954 à Tripoli (Lybie). 1976: Jim the World's Greatest. 1976: Kenny and Compagny. 1979: Phantasm. 1982: Dar l'invincible. 1988: Phantasm 2. 1989: Survival Quest. 1994: Phantasm 3. 1998: Phantasm 4. 2002: Bubba Ho-tep. Prochainement: Phantasm 5.


    Entrepris la même année que Conan le BarbareDar l'Invincible est un succédané low-cost que Don Coscarelli (Phantasm, Bubba Ho tep) transpose à l'écran d'après le livre d'André Norton (The Beast Master). Marc Singer, jeune acteur de série TV ayant participé à un seul long-métrage (le Merdier), endosse fougueusement le mastard des temps mémoriaux à défaut de sa silhouette plutôt étroite. Au niveau du pitch éculé, on ne peut pas dire que Don Coscarelli daigne se démarquer du modèle inégalé de Milius pour retranscrire la vengeance d'un guerrier délibéré à retrouver l'assassin de son père, faute d'un prêtre fanatique voué aux sacrifices d'enfants. Pour autant, le réalisateur y apporte quelques composantes inédites afin d'enrichir l'intrigue émaillée de touches de cocasserie. Pour cause, notre héros pourvu de télépathie communique avec les animaux parmi lesquels deux mangoustes, un aigle et une panthère afin de mieux s'opposer à son ennemi juré, le sorcier Maax. C'est notamment par le truchement d'un de ces fidèles mammifères qu'il parviendra à séduire une esclave aux yeux verts  (la sublime Tanya Roberts dans son plus simple appareil lors de leur première rencontre !) en "jouant" le héros inébranlable. Qui plus est, certains antagonistes, créatures humaines drôlement hybrides, apportent une touche plutôt horrifique de par leur physionomie intensément patibulaire. Je pense aux inquiétants hommes chauves-souris liquéfiant leur victime à l'aide de leurs immenses ailes ou encore des esclaves humains transformés en monstres azimutés faute d'un produit toxique verdâtre introduit dans leur oreille.


    Ainsi, durant leur cheminement vindicatif assez fertile en péripéties, ils seront notamment épaulés d'un duo de preux guerriers (un enseignant noir et un adolescent aussi revanchard car ayant juré de délivrer son père des griffes de Maax) ainsi qu'un paternel charitable d'avoir pu retrouvé son fils en vie grâce au soutien de Dar ! A travers son panorama solaire magnifiquement exploité (notamment les envolées lyriques de l'aigle en vue subjective) et une photo saturée aux couleurs flamboyantes, cette épopée aux allures de BD allie efficacement combats à l'épée, sacrifices humains et créatures belliqueuses du plus bel effet, tel ce trio de sorcières décaties au déhanchement étrangement sensuel ! Pour autant, l'aventure haute en couleurs plutôt bien menée ne fait pas preuve d'esbroufe ni de violence graphique. Coscarelli souhaitant plutôt concilier un public familial dans son alliage d'aventures fantastiques, romance, horreur amiteuse et humour bonnard. Et pour incarner le rôle iconique du guerrier herculéen, Marc Singer cabotine mais s'en tire honorablement de par son enthousiasme aguerri et ce en dépit de sa faible musculature et d'un faciès un peu trop imberbe. Sa bonhomie allouée à la cause animale et certaines de ses maladresses parfois cocasses lui suscitant un profil très attachant à l'instar des seconds rôles avenants autrement charismatiques de par leur élan solidaire. Enfin, on peut également solliciter la puissance épique du superbe score aérien de Lee Holdridge. A l'instar du point d'orgue résolument explosif se déroulant durant une nuit de brasier et d'un épilogue assez touchant Spoil ! pour les adieux de Dar reclus en amont d'une falaise parmi sa partenaire. Fin du Spoil


    En dépit d'un budget mineur desservant l'ampleur du projet, sa facture kitch et le jeu cabotin de certains acteurs (dans le rôle de Maax, Rip Torn abuse de tics renfrognés parmi ses gros cils !), Dar l'Invincible  demeure un fort sympathique spectacle d'Heroic-fantasy au charme typiquement bisseux. Quant au public l'ayant découvert durant sa sortie officielle à l'âge pubère, les nostalgiques les plus vulnérables risquent de le savourer avec un pincement au coeur, pour ne pas dire la larme à l'oeil si bien que Dar restera à mes yeux l'éternel héros de mon adolescence parmi son alter ego Conan

    * Bruno
    05.10.18. 6èx
    17.09.12. (199 vues)

    jeudi 4 octobre 2018

    THE ROSE. Golden Globe Meilleure actrice, Meilleur Espoir féminin.

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

    de Mark Rydell. 1979. U.S.A. 2h13. Avec Bette Midler, Alan Bates, Frederic Forrest, Harry Dean Stanton, Barry Primus, David Keith.

    Sortie salles France: 4 Juin 1980. U.S: 7 Décembre 1979

    FILMOGRAPHIE: Mark Rydell est un acteur, réalisateur et producteur américain, né le 23 mars 1934 à New York (États-Unis). 1964-1966 : Gunsmoke (série TV). 1968 : Le Renard. 1969 : Reivers. 1972 : Les Cowboys. 1976 : Deux farfelus à New York. 1979 : The Rose. 1981 : La Maison du lac. 1984 : La Rivière. 1991 : For the Boys. 1994 : Intersection. 1996 : Le Crime du Siècle. 2001 : Il était une fois James Dean. 2006 : Even Money.


    "Où est-ce que vous allez, où est-ce que tout le monde s'en va ?"
    Avant toute chose, et afin de taire certaines rumeurs, le film devait être à la base un biopic sur la célèbre chanteuse Janis Joplin que Bette Midler refusa illico d'incarner si le scénario et son personnage n'étaient pas entièrement remaniés. Pour se faire, Mark Rydell dû se plier à ses exigences depuis son admiration pour l'actrice récompensée à juste titre aux Golden Globe après le succès du film. On peut d'ailleurs souligner qu'en France il récolte 1 393 748 entrées !
    Gros morceau de cinéma d'une puissance émotionnelle épurée, The Rose fait l'effet d'un shout sitôt le générique élégiaque bouclé ! Le spectateur envapé de détresse assistant impuissant à l'écran noir (et blanc) avec un flegme bouleversé. Et si la réalisation documentée du réalisateur touche à tout Mark Rydell y est évidemment pour beaucoup (notamment dans son refus impératif du misérabilisme et des effets de manche disgracieux), la prestance transie d'émoi de Bettle Midler transforme l'essai artistique en authentique chef-d'oeuvre musical ! Vidant ses tripes face écran auprès de milliers de fans béats d'admiration par son talent vocal et son déhanché effréné, Bette Midler pénètre dans le corps d'une rockeuse avec une névralgie résolument trouble, notamment eu égard de son tempérament volcanique


    Car magnifique portrait de femme à la fois capricieuse et meurtrie par les outrances de sa célébrité, du sexe, de l'alcool, de la drogue et des voyages parmi la responsabilité cupide de son producteur psycho-rigide, Mark Rydell nous relate sa dégénérescence morale avec une dimension dramatique en crescendo. Tant et si bien que le final en apothéose musicale s'érige en grand moment de cinéma sous l'impulsion malingre de "Rose" offrant son dernier cri d'amour au public peu à peu plongé dans un mutisme anxiogène ! Tout le récit tant douloureux, car d'une grande violence à ausculter son épuisement moral et sa détresse affective, affrontant sans détour sa profonde errance existentielle, son insurmontable solitude émanant d'amours sans lendemain. Et ce en dépit de son coup de coeur auprès d'un chauffeur de taxi loyal que Frederic Forrest endosse avec une sobre intégrité. Délibérée à changer de vie et tirer un trait sur sa carrière trop houleuse, Mary Rose compte sur une rédemption romantique pour s'extirper des artifices d'une célébrité putassière. Emaillé de tubes rocks électrisants entre deux mélodies graciles, The Rose offre ses lettres de noblesse au genre musical à l'aide d'un vérisme immersif que le spectateur subit de plein fouet. Le réalisateur prenant soin de dévoiler sans clichés l'envers du décor pailleté auprès d'une star junkie profondément isolée du monde réel.


    Requiem pour un ange déchu. 
    Cri de rage et d'amour pour la liberté d'une rockeuse autodestructrice incapable de s'imposer face à la rigidité de son entourage professionnel et sentimental, The Rose demeure l'un des plus beaux poèmes musical sur la déchéance d'une star borderline livrée à la solitude la plus attentatoire. Aussi grave que bouleversant sous l'impulsion écorchée vive de la provocante Bette Midler (quelle performance historique !), The Rose nous laisse en état de choc cérébral durant le flux de son générique d'une acuité aiguë. Un spectacle absolu. 

    * Bruno
    3èx

    Récompenses: Golden Globe de la Meilleure actrice et du Meilleur espoir féminin pour Bette Midler   

    mardi 2 octobre 2018

    2 GARCONS, 1 FILLE, 3 POSSIBILITES

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

    "Threesome" de Andrew Fleming. 1994. U.S.A. 1h32. Avec Lara Flynn Boyle, Stephen Baldwin, Josh Charles, Alexis Arquette, Martha Gehman.

    Sortie salles France: 10 Août 1994 (Int - 16 ans). U.S: 8 Avril 1994

    FILMOGRAPHIEAndrew Fleming est un réalisateur et scénariste américain, né le 14 mars 1963 (ou le 30 décembre 1965). 1988 : Bad Dreams. 1994 : Deux garçons, une fille, trois possibilités. 1996 : Dangereuse Alliance. 1999 : Dick : Les Coulisses de la présidence. 2000 : Grosse Pointe (série TV). 2002 : Paranormal Girl (TV). 2003 : Espion mais pas trop ! 2005 : Head Cases (série TV). 2007 : Nancy Drew. 2008 : Hamlet 2.


    "Le mot déviant vient du latin "de", en-dehors, et "via", la voix, le chemin. Il désigne donc quelqu'un qui sort du droit chemin. Celui qui fait bande à part. De nos jours, ça désigne quelqu'un dont la sexualité sort de la norme. Voici l'histoire de Stuart, Alex et moi. Voici comment pendant un temps nous sommes devenus des "déviants" dans tous les sens du terme." 

    Réalisateur touche à tout assez discret à qui l'on doit les séries B bonnards Panics (faux remake de Freddy 3 si j'ose dire !) et Dangereuse Alliance, Andrew Fleming s'essaie en 1994 au Teen movie avec Deux garçons, une fille, trois possibilités. En dépit d'un titre racoleur présageant un vulgaire produit lambda, cette comédie romantique parvient louablement à extérioriser une certaine fragilité humaine à travers le portrait d'un trio de lycéens curieux d'expériences nouvelles. Tant et si bien que Stuart et Eddy décident de partager leur chambre d'étudiants avec la jeune et dévergondée Alex en proie à un furieux désir concupiscent. A eux trois, et lors d'une quête identitaire pour leur orientation sexuelle, ils vont multiplier les expériences lubriques au point de converger vers le triolisme.


    Sans pour autant laisser un souvenir impérissable dans nos mémoires, notamment faute du classicisme de sa réalisation et d'une intensité émotionnelle perfectible, Deux garçons, une fille, trois possibilités demeure un charmant Teen movie largement rehaussé du jeu spontané des trois comédiens en osmose libertaire. Le réalisateur osant illustrer à travers leur fidèle amitié un érotisme tantôt audacieux, tantôt provocant sans toutefois verser dans la gratuité putassière. Le message du film annonçant au terme qu'il faut oser braver le politiquement correct lors d'une complicité amicale flirtant avec les vrais sentiments le temps d'une endurance initiatique. Ainsi, à travers leurs batifolages badins et relations charnelles émaneront un apprentissage à la sagesse et la maturité après avoir côtoyé (sans nul regret) une émancipation sexuelle aussi subversive qu'assouvie. Marqués à jamais par leurs expériences égrillardes décalées, ils préserveront au sein de leur mémoire un souvenir saillant, de par leur audace de s'être échangés à une sexualité romantique résolument louable. En somme, vivez à fond vos expériences sexuelles dans une éthique de responsabilité, de respect et d'amitié fructueuse (notamment grâce aux échanges de confidences et remises en question identitaires).

    * Bruno

    lundi 1 octobre 2018

    MANDY

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

    de Panos Cosmatos. 2018. U.S.A. 2h01. Avec Nicolas Cage, Andrea Riseborough, Linus Roache, Bill Duke, Richard Brake, Ned Dennehy.

    Sortie salles France: 12 Mai 2018 (Festival Cannes). U.S: 14 Septembre 2018

    FILMOGRAPHIEPanos Cosmatos est un réalisateur, scénariste et producteur canadien, né en 1974 à Rome (Italie). 2010 : Beyond the Black Rainbow. 2018 : Mandy.


    "Nul ne peut atteindre l’aube sans passer par le chemin de la nuit."
    Trip mystique d'une fulgurance rubiconde à damner un saint, Mandy est une expérience de cinéma atypique comme on en voit peu dans le paysage conventionnel. Car à partir d'une intrigue aussi ultra simpliste que sans surprise (la vengeance d'un homme nommé Red Miller après le sacrifice de sa compagne par une bande de hippies fanatisés !), Panos Cosmatos (il s'agit de sa seconde réalisation) compte sur la forme pour renouveler un furieux spectacle de samedi soir assez vertigineux, et ce sur fond de fanatisme religieux. Dans la mesure ou Mandy demeure autant un vibrant hommage au cinéma Grindhouse des Seventies et Eighties (notamment à travers ses bribes de séries Z que l'on entrevoit à travers une lucarne 4/3 ou encore à travers le tee-shirt de Red Miller) qu'une expérience visuelle et auditive afin de nous confiner dans un dédale cauchemardesque peuplé de personnages dérangés. A la fois sarcastique, horrifique, gore, grotesque et décalé (à situer à mi-chemin entre The Crow et Mad-Max), mais aussi onirique, stylisé et envoûtant (notamment durant sa première demi-heure assez cosmique dans les étreintes romanesques), Mandy explore l'ultra violence des exactions vindicatives de Red à travers une scénographie rutilante où les couleurs ne cessent de tapisser le paysage bucolique à l'instar d'une fresque psychédélique.


    De par la rage qu'extériorise Nicolas Cage en exterminateur transi de haine et par son humanisme dépressif faute de l'injustice du châtiment crapuleux, l'acteur insuffle une fois encore un jeu viscéral rugissant (comparable à son tee-shirt animalier !). Le film métaphorique (et prémonitoire) n'étant après tout que la descente dans la folie d'un justicier éploré incapable de canaliser sa souffrance morale pour accepter le deuil. Un état d'esprit rageur que le spectateur accepte facilement eu égard de son témoignage impuissant d'assister en direct à l'immolation de sa compagne par de lâches fidèles dévots. Une séquence d'une belle intensité dramatique que Panos Cosmatos exacerbera ensuite lorsque Red Miller parviendra à se libérer de ses chaines pour laisser exploser une immense tristesse en état d'ébriété. Ainsi, si Mandy parvient constamment à nous hypnotiser et manipuler nos émotions sans toutefois révolutionner quoique ce soit, il le doit autant à l'extravagance de ses antagonistes lunaires extraits d'une nouvelle dimension (pour ne pas dire d'une oeuvre ramifiée de Lynch). Les hippies (lobotomisés par leur gourou) et les bikers (que l'on croirait sortis de Hellraiser ou d'un film de monstres de série Z !) s'exprimant dans des compositions emphatiques à l'aide de répliques débridées et d'une bande-son dissonante (notamment auprès de leurs voix éraillées par la prise de LSD).


    L'Enfer de la vengeance
    Furieusement barge, décoiffant et excitant dans son action aussi bien belliciste qu'ultra sanglante, beau, envoûtant et romanesque à travers ses plages ésotériques, Mandy explore la série B indépendante avec la volonté de dépasser le genre en expérience sensorielle résolument désincarnée. Dépaysement assuré donc (notamment auprès de ses superbes séquences d'animation alertant l'état moral de l'anti-héros en proie à la folie meurtrière !) avec une charge d'émotion dramatique que sa conclusion confirme dans la tendresse mélancolique. 

    * Bruno

    La p'tite chronique de Jean-Marc Micciche:
    Séance découverte avec Mandy. Comme vous le savez certainement, Mandy traine depuis quelques semaines une réputation d'eouvre de bargeot, à la fois fou et inclassable. Et vous savez quoi ? C'est vrai ! à l'heure, où le cinéma de genre et en particulier le fantastique et d'horreur a un mal fou pour sortir des sentiers battus (mais il y a fort heureusement des execption, Lords of salem, The witch etc), Mandy fait un bien immense. Non pas que l'essai de divisera pas ou qu'il ne sera pas clivant, mais au moins quelqu'un a essayait un truc de dingue, un truc que les cinéphiles pourront se refiler au bon souvenir des seventies et eighties. Et il est évident que Mandy trouve sa moelle artistique à cette période. Car si sur le papier, Mandy a tout du revenge movie basique, son traitement narratif et visuelle est clairement à la croisée de diverses influences directes ou indirectes, comme si Lynch avaient tenté un croisement entre Hellraiser et The crow à la sauce Death Warmed up. C'est d'ailleurs à ce film oublié que Mandy fait le plus pensé tant le film diffuse une pate irrésistiblement punk et black métal. Alors oui on pourra arguer que le seconde partie est narrativement plus faible et plus mécanique dans sa démarche, mais le parvient malgré tout à rester fidéle à son esthétisme et une nouvelle fois on peut se réjouir qu'un fou comme Nicolas Cage soit encore capable à sortir un film de cet acabit dans sa filmographie. D'autres spectres cinématographiques nourries le film : La dernière maison sur la gauche, le look gourou de Richard Lynch de Meurtres sous controles, un combat très massacre à la trançonneuse 2.....

    vendredi 28 septembre 2018

    AUCUN HOMME NI DIEU

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

    "Hold the Dark" de Jeremy Saulnier. 2018. U.S.A. 2h06. Avec Jeffrey Wright, Alexander Skarsgård, James Badge Dale, Riley Keough, Julian Black Antelope, Macon Blair.

    Diffusé sur Netflix le 28 Septembre 2018

    FILMOGRAPHIE: Jeremy Saulnier est un réalisateur, scénariste et directeur de photographie américain. 2007: Murder Party. 2013: Blue Ruin. 2015 : Green Room. 2018 : Aucun homme ni Dieu.


    Excellent thriller à la lisière de l'horreur et d'un fantastique mystique, Aucun homme ni dieu est une descente aux enfers aux tréfonds de l'âme humaine que Jeremy Saulnier maîtrise avec un brio indiscutable. Un retour à la sauvagerie primitive de par le passé traumatique d'hommes profondément offensés par la barbarie (celle de la guerre), la désillusion et l'injustice, faute de disparitions infantiles irrésolues. Ne comptant que sur leur indépendance, ils se résignent à perpétrer l'auto-justice au sein d'une contrée indienne livrée à la ségrégation et au laxisme d'une police infructueuse ! En Alaska, une mère de famille implore à un spécialiste de retrouver le loup criminel de son jeune fils mystérieusement disparu. Russel Core accepte en toute loyauté, et ce sans y être rémunéré. Dès lors, il part à la traque aux loups avant de se raviser le soir même et de retourner chez l'étrange inconnue à son tour disparue. Mais la subite présence macabre de son défunt fils va amener Russel à reconsidérer l'improbable situation parmi l'ingérence de la police. D'une extrême violence au sein d'un panorama naturel aussi vaste qu'envoûtant et impénétrable, Aucun homme ni dieu dilue une vénéneuse atmosphère hostile. De par son silence ouaté aux relents de magie noire et des agissements putassiers de criminels interlopes dont il est difficile d'y cerner les véritables enjeux dans leur détermination à ne laisser aucune clémence à leurs prochains.


    Tant auprès du corps policier que de la communauté indienne, voir aussi auprès de quidams sans défense. Imprégné de mystère diffus et de suspense latent, l'intrigue semée d'éclairs de violence abrupts (le massacre des policiers est une chorégraphie morbide proprement anthologique !) nous laisse le souffle coupé de par son réalisme effréné et sa radicalité à ne laisser aucune concession aux victimes d'autant plus innocentes et (le plus souvent) lâchement molestées. Profondément nihiliste, amer, noir et sans espoir, Aucun homme ni Dieu nous dresse un triste tableau de la nature humaine dépendante de son instinct primitif, de sa perversité (Spoil on y suggère en prime l'inceste selon notre interprétation fin du Spoil), de son hypocrisie, de ses mensonges, trahisons et coups bas si bien qu'elle se résigne à purifier son entourage lors d'un bain de sang paroxystique. Or, une majorité de spectateurs risque finalement de faire grise mine quant au dénouement hermétique du récit en suspens nous réservant plus de questions que de réponses quant aux véritables intentions des criminels en étroite relation avec la nature sauvage des loups (et une complicité paraphile). Dans la mesure où les us et coutumes de ces derniers (celle par exemple d'entamer un infanticide pour préserver leur groupe en cas de survie) s'avère difficilement explicable, notamment si on oppose les états d'âme équivoques (pour ne pas dire déviants) du couple maudit anéanti par le chagrin d'une mort innocente.


    Un homme parmi les loups
    Bougrement dommage donc que ce final mystique à multiples niveaux de lecture sème doute et frustration quant à l'ultime coupable de cet infanticide en étroite relation avec la cause des loups. Car Aucun homme ni Dieu était à deux doigts d'effleurer la réussite probante, notamment sous l'impulsion vigoureuse de son casting inquiétant laissant libre court à des pulsions dépressives dévastatrices. Où lorsque l'homme ne croit plus en sa nature humaine mais en l'éthique du loup ! 

    * Bruno

    jeudi 27 septembre 2018

    MASK. Prix d'interprétation féminine, Cannes 85.

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

    de Peter Bogdanovitch. 1985. U.S.A. 2h00. Avec Eric Stoltz, Cher, Sam Elliott, Estelle Getty, Richard Dysart, Laura Dern.

    Sortie salles France: 29 Mai 1985. U.S: 8 Mars 1985.

    FILMOGRAPHIEPeter Bogdanovich est un critique, réalisateur et acteur de cinéma américain né le 30 juillet 1939 à Kingston, New York. 1968 : Voyage to the Planet of Prehistoric Women. 1968 : La Cible. 1971 : La Dernière Séance. 1971 : Directed by John Ford (documentaire). 1972 : On s'fait la valise, docteur ? 1973 : La Barbe à papa. 1974 : Daisy Miller. 1975 : Enfin l'amour. 1976 : Nickelodeon. 1979 : Jack le Magnifique. 1981 : Et tout le monde riait. 1985 : Mask. 1988 : Illégalement vôtre. 1990 : Texasville. 1992 : Bruits de coulisses. 1993 : Nashville Blues. 2001 : Un parfum de meurtre. 2007 : Tom Petty and the Heartbreakers: Runnin' Down a Dream (documentaire). 2014 : Broadway Therapy. 2018 : The Great Buster.


    "Ce qu'il y a de bien dans la vie, esquimaux et gâteaux, balades en moto, chimpanzés en liberté, la pluie sur ma langue et le soleil qui inonde mon visage. Ce qu'il y a de moche dans la vie, poussière dans mes cheveux, trous dans mes souliers, pas de sous dans mes poches et le soleil qui inonde mon visage." 

    Bouleversant mélo retraçant le destin singulier d'un adolescent atteint de dysplasie craniométaphysaire (visage allongé difforme apparenté à un masque), Mask s'inspire de l'histoire vraie de Roy L. Dennis avec une vérité humaine brute de décoffrage. Les comédiens se fondant dans leur rôle avec une spontanéité fringante si bien que l'on se familiarise à leur côté comme s'il s'agissait de notre propre famille. Cet esprit de famille gravitant autour de Rocky, cette tendresse immodérée imprimée dans la réalité de leur quotidien marginal, Peter Bogdanovich les met en exergue avec une dignité souvent intègre. Et ce en dépit d'un soupçon de pathos à certains brefs moments (particulièrement à travers les expressions de 2/3 regards constipés) et de la facilité de bons sentiments rapidement pardonnés grâce à la vigueur des comédiens pleinement impliqués à travers leur idéologie libertaire. Mask nous relatant avec autant de pudeur que de candeur le parcours initiatique, la remise en question identitaire de Rocky en proie à une soif de vivre ainsi qu'une quête désespérée d'y apprivoiser l'amour. Ainsi, ce sentiment insupportable d'abstinence, cette appréhension de ne jamais connaître la chaleur d'un baiser charnel, Eric Stoltz nous les retransmet avec une sensibilité écorchée vive !


    Plaidoyer pour le droit à la différence, à l'instar du chef-d'oeuvre Elephant Man, Mask nous laisse également en état second eu égard de son intensité dramatique convergeant vers une cruelle conclusion résolument crève-coeur. Outre le soin scrupuleux d'y dresser l'inoubliable portrait d'un ado défiguré inévitablement sujet aux brimades, à l'intolérance et à la discrimination, Peter Bogdanovich se permet notamment à travers le jeu si chétif et maternel de (l'ultra sexy !) Cher d'y esquisser un magnifique profil de mère marginale à la fois caractérielle, instable et paumée, faute de ses rencontres lubriques d'un soir et de son addiction pour la drogue auprès d'une communauté de motards pour autant humbles et solidaires. Pour se faire, la comédienne (chanteuse) n'a pas dérobé son Prix d'Interprétation Féminine à Cannes dans sa palette de sentiments contradictoires naviguant entre déchéance morale, remord et rédemption. Et ce pour la cause d'un amour immodéré pour son rejeton et celui (en ascension) de son amant (que campe sobrement le génial car si charismatique Sam Elliott). Couple mythique s'il en est, Eric Stoltz (méconnaissable en freak d'une sensibilité aiguë !) et Cher immortalisent de leur empreinte un recueil de tendresses et d'émotions à travers leur trajectoire existentielle semée de discordes, de scènes de ménages, de conflits familiaux, si bien que l'allégresse, l'espoir et l'infortune ne cessent de se chamailler la mise.


    Un crève-coeur désarmant d'intensité prude. 
    Terrassant d'émotions (même si certains accuseront le coté futilement mielleux de certaines postures sensiblement outrées) à travers son message d'amour, de vie et de sagesse entre une mère immature et son fils difforme, Mask ébranle le coeur avec un réalisme trouble si je me réfère aux souvenirs qu'il nous imprime passé le générique de fin. Dans la mesure où le spectateur hanté de ces décharges émotionnelles semble avoir la trouble impression d'avoir perdu un propre membre de sa famille. 

    Amitié à Seb Lake.

    * Bruno
    4èx

    Récompense: Prix d'interprétation féminine pour Cher, Cannes 1985.


    Roy L. Dennis