jeudi 5 septembre 2019

Frère de sang 2

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Basket Case 2" de Frank Henenlotter. 1990. U.S.A. 1h30. Avec Kevin Van Hentenryck , Judy Grafe, Annie Ross , Heather Rattray , Chad Brown , Beverly Bonner , Alexandra Auder

Sortie salles U.S: 5 Octobre 1990

FILMOGRAPHIEFrank Henenlotter est un réalisateur américain de films d'horreur né le 29 août 1950 à New-York. 1982: Frères de sang. 1988: Elmer, le remue-méninges. 1990: Frères de sang 2. 1990: Frankenhooker. 1992: Frères de Sang 3. 2008: Sex Addict.


8 ans après avoir été révélé auprès des amateurs de déviance horrifique avec le ravageur Frère de sangFrank Henenlotter s'impose une modeste séquelle avec Frère de sang 2. Du B movie trash underground que ce dernier continue d'assumer dans son refus du conformisme si bien que seul compte pour lui déviance, vulgarité et provocation à travers le schéma d'un cartoon live bête et méchant. Ainsi, après leur défenestration; Duane et son frère Belial sont transportés à l'hôpital pour y être soignés. Mais après avoir tué un des infirmiers et pris la fuite, ils sont aimablement hébergés par la tante de Duane qui accueille en secret une étrange communauté de marginaux. Des laissés pour compte d'apparence monstrueuse que la société policée refuse d'insérer. Duane et son frère tentent alors de cohabiter au sein de cette communauté au moment même où un trio de journalistes cupides s'efforcent d'y opérer un juteux scoop.


Sans jamais rivaliser avec la qualité de son modèle, authentique film-culte étonnamment percutant et couillu dans sa disparité des genres; Frère de sang 2 réfute la redite pour nous proposer un écrin autrement singulier qu'Henenlotter ose transgresser, entre grotesque et mauvais goût débridé. Soufflant cependant le chaud et le froid, de par le côté routinier des mises à mort rehaussé pour autant d'une inquiétante scénographie d'un stylisme baroque (le colloque entre Duane et le journaliste dans la pénombre d'un bar dégage une ambiance de film noir étonnamment hybride !); Frère de sang 2 ne manque pas d'idées vrillées (notamment la pathologie d'un certain protagoniste !) pour surprendre le spectateur embarqué dans une monstrueuse parade aussi déconcertante que facétieuse. Quand bien même Henenlotter continue de développer les profils des frères siamois, particulièrement Duane toujours aussi avide d'indépendance et d'aspiration conjugale auprès de la fille de sa tante. Quant à son petit frère impotent (au maquillage de latex un peu plus élaboré !), il poursuit ici son périple meurtrier en guise de vengeance. A savoir, supprimer les journalistes délateurs avant d'y fricoter également l'amour auprès d'un binôme féminin. Henenlotter y injectant par cette occasion inusité une dérision salace effrontée par le biais d'un coït aussi graphique que dérangeant !


Ainsi donc, avec une modeste efficacité, Frank Henenlotter parvient à rendre gentiment ludique cette séquelle folingue en tablant surtout sur la hiérarchie carnavalesque des monstres de foire tentant de cohabiter avec les frères siamois avec une décontraction (délibérément) grotesque. Et ce avant qu'Henenlotter n'opère un virage à 180° pour ébranler leur sérénité en optant un retour à la case départ pour la condition uniforme de Duane / Belial ! Une séquence finale caustique aussi hallucinante que profondément dérangeante, assurément le moment le plus marquant de cette sympathique récréation potache. A réserver toutefois aux aficionados de curiosité barrée !

*Bruno
05.09.19. 3èx
12/09/16. 113 v

mercredi 4 septembre 2019

La Fièvre au corps

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Body Heat" de Lawrence Kasdan. 1981. U.S.A. 1h53. Avec William Hurt, Kathleen Turner, Richard Crenna, Ted Danson, J.A. Preston, Mickey Rourke.

Sortie salles France: 24 Février 1982. U.S: 28 Août 1981

FILMOGRAPHIELawrence Kasdan est un producteur, scénariste, réalisateur et acteur américain né le 14 janvier 1949 à Miami Beach, Floride (États-Unis). 1981 : La Fièvre au corps. 1983 : Les Copains d'abord. 1985 : Silverado. 1988 : Voyageur malgré lui. 1990 : Je t'aime à te tuer. 1991 : Grand Canyon. 1994 : Wyatt Earp .1995 : French Kiss. 1999 : Mumford. 2003 : Dreamcatcher. 2012 : Freeway et nous.


Thriller torride autour d'un duo d'amants fébriles emportés par la vague du crime passionnel, La Fièvre au Corps rend hommage au film noir des années 50 avec une efficacité certaine à défaut de
révolutionner le genre. Car si le classicisme de sa première partie opte le déjà vu (il s'agit du même schéma meurtrier que le Facteur sonne toujours 2 fois), la maîtrise de la mise en scène posée et surtout le jeu assez magnétique du duo lubrique William Hurt (en avocat véreux coureur de jupon) / Kathleen Turner (en vamp perfide atteinte de nymphomanie) parviennent pour autant à instaurer un suspense latent prenant toute son intensité lors de sa vénéneuse seconde partie. Si bien que Lawrence Kasdan s'alloue d'un scénario solide pour nous surprendre au gré rebondissements imprévisibles d'une diabolique habileté, à l'instar de son étonnant dénouement plutôt immoral.


Outre l'aspect ludique de son intrigue criminelle soigneusement narrée et d'un érotisme ardent lors de son 1er acte régi en vase-clos étouffant, La Fièvre au corps s'avère davantage captivant auprès du témoignage de l'avocat insidieux pris dans les mailles du soupçon et de la culpabilité eu égard de ses adjoints à l'affût du moindre indice. D'une cruauté inouïe quant aux véritables propos pernicieux de sa maîtresse vénale, La Fièvre au corps ne cessera donc lors de sa seconde partie à décrédibiliser la parole de l'avocat emporté dans la tourmente de la duperie et du simulacre. Si bien qu'à ce jeu de pouvoir entre amants corrompus y émane le portrait d'une veuve noire impitoyable quant à ses ambitions cupides dénuées d'une once de compassion.


Baignant dans un climat solaire rubigineux à travers les ébats impudents du duo en rut, la Fièvre au Corps affiche un climat d'érotisme sulfureux derrière l'hommage sincère au film noir. Quand bien même William Hurt et Kathleen Turner envoûtent sans fard l'écran avec une complicité amoureuse terriblement mielleuse. A (re)découvrir. 

*Bruno
3èx

mardi 3 septembre 2019

Série noire pour une nuit Blanche. Prix spécial du jury, Cognac 85.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Into the Night" de John Landis. 1985. U.S.A. 1h48. Avec Jeff Goldblum, Michelle Pfeiffer, Stacey Pickren, Carmen Argenziano, Dan Aykroyd, Bruce McGill, Dedee Pfeiffer, Richard Farnswort.

Sortie salles France: 22 Mai 1985

FILMOGRAPHIEJohn Landisest un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 3 Août 1950 à Chicago (Illinois, Etats-Unis). 1973: Schlock. 1977: Hamburger Film Sandwich. 1978: American College. 1980: The Blues Brothers. 1981: Le Loup-garou de Londres. 1983: Un Fauteuil pour deux. 1983: La Quatrième Dimension. 1985: Série noire pour une nuit blanche. 1985: Drôles d'espions. 1986: Trois amigos ! 1986: Cheeseburger film sandwich. 1988: Un Prince à New-York. 1991: l'Embrouille est dans le sac. 1992: Innocent Blood. 1994: Le Flic de Beverly Hills 3. 1996: Les Stupides. 1998: Blues Brothers 2000. 1998: Susan a un plan. 2010: Cadavres à la pelle.


Une merveilleuse comédie policière à travers une balade stellaire jonchée de rencontres patibulaires, de cadavres, de majordomes et de villas huppées.
Réalisateur reconnu comme un maître de la comédie décalée tout en ayant percé dans le cinéma d'horreur, le film musical et le polar avec un mutuel brio, John Landis ne perd rien de son savoir-faire avec Série noire pour une nuit Blanche récompensée du Prix Spécial du Jury à Cognac. Car maîtrisant à nouveau les ruptures de ton comme personne, John Landis nous régale d'une délicieuse intrigue criminelle truffée d'éclairs de violence, de fantasmagorie et de cocasserie à travers le cocktail d'un survival à perdre haleine. Qui plus est, magnifiquement filmé de nuit au coeur d'une cité urbaine bon chic bon genre, ce dernier y transcende la forme à travers ses villas et hôtels luxueux que Jeff Goldblum et Michelle Pfeiffer arpentent afin de déjouer les menaces tous azimuts. Dans la mesure où un quatuor de tueurs israéliens et d'autres clans mafieux sont à leur trousse afin d'empocher 6 émeraudes que Diana passa en fraude avec la complicité de son amant. Au même moment, dans un concours de circonstances aléatoires, Ed Okin se réfugia à l'aéroport depuis ses problèmes d'insomnie, faute d'avoir témoigné de l'adultère de son épouse. Mais c'est lors d'une tentative de kidnapping que nos deux héros vont se rencontrer et se prêter main forte pour un mutuel enjeu de survie. Pour ce faire, ils mettront en oeuvre leur cohésion amicale le temps restreint de deux nuits blanches. 


Ainsi donc, à travers sa moisson de péripéties et rebondissements en pagaille, ses gags hilarants et ses instants de cocasserie émaillés de plages de tendresse, Serie noire pour une nuit blanche est d'autant mieux illuminé de la complémentarité sentimentale de Jeff Goldblum / Michelle Pfeiffer en voie d'étreinte amoureuse. Celui-ci endossant avec une sobriété nuancée le rôle d'un cadre à la fois introverti et taiseux auprès de son épouse infidèle, quand bien même son parcours tumultueux avec sa nouvelle compagne lui permettra de braver les dangers en faisant preuve de bagout audacieux et d'héroïsme toujours placide. Juvénile, sémillante et sexy, Michelle Pfeiffer se fond dans le corps d'une escort girl pour autant étonnamment loyale, solidaire et indulgente quant aux rapports précaires avec son partenaire timoré plongé dans l'univers insoupçonné de la pègre meurtrière. Si bien qu'il est étonnant de constater combien John Landis s'affranchit des interdits en injectant par intermittence à son intrigue pittoresque des scènes de violence tranchées en totale contradiction avec son climat décalé de douce folie. A l'instar de la vigoureuse panique finale dans l'aéroport, pur moment d'anthologie de par son action erratique où se disputent dans la cacophonie, flics, malfrats et héros à nouveau pris en otage.


Série noire pour deux nuits blanches
C'est donc une nouvelle fois un incroyable divertissement hybride que nous offre généreusement John Landis à travers cette comédie policière effrontée déployant une pléthore de situations débridées sous l'impulsion d'antagonistes extravagants en proie aux diamants verts d'un couple emporté par la fougue d'un conte de fée aussi bien pailleté que macabre. Un régal à revoir sans se lasser. 

10/10

*Bruno
3èx

lundi 2 septembre 2019

Puppet Master, The Littlest Reich. Grand Prix Gérardmer, 2019

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Sonny Laguna et Tommy Wiklund. 2018. U.S.A. 1h29. Avec Thomas Lennon, Jenny Pellicer, Nelson Franklin, Charlyne Yi, Michael Pare

Sortie en VOD, U.S: 17 Août 2018

FILMOGRAPHIE: Sonny Laguna est un réalisateur et scénariste américain. 2018: Puppet Master: The Littlest Reich. 2015 We Are Monsters. 2012 Cabin of the Death. 2011 Blood Runs Cold. 2010 Madness (Video). Tommy Wiklund est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2018: Puppet Master: The Littlest Reich. 2015 We Are Monsters. 2012 Cabin of the Death. 2010 Madness (Video). 2006 Jag såg min bäste vän dö (Video).


12 è volet de la franchise créé par Full Moon, Puppet Master the littlest Reich s'apparente à un épisode lambda de la saga Vendredi 13 de par l'ossature de son pitch sans surprise, dénué d'enjeux dramatiques, ses situations aussi routinières qu'éculées et ses meurtres métronomes que le duo Sonny Laguna / Tommy Wiklund met en exergue sans passion. Et ce en dépit d'un cast convaincant d'autant bien dirigé et de la qualité des FX nanti de maquillages ultra gores. Seul véritable intérêt de cette franchise (ultra) mineure puisqu'elle ne se contente de nous divertir qu'à travers ses scènes chocs sardoniques souvent percutantes et inventives à défaut de nous immerger dans un huis-clos de tous les dangers dénué d'intensité dramatique et de rebondissements (en dépit de son épilogue bizarroïde avec l'intervention de Toulon). Quant à son inexplicable Grand Prix décerné à Gérardmer, il restera pour moi aussi injustifié que les surfaits Dream Lover, Patrick et Darkside, les contes de la nuit noir primés à Avoriaz, quand bien même sa facture téléfilmesque (épaulé d'un scope inutile !) renforce un peu plus le côté aseptique de l'entreprise.

*Bruno

vendredi 30 août 2019

Insomnia

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Christopher Nolan. 2002. U.S.A. 1h58. Avec Al Pacino, Robin Williams, Hilary Swank, Maura Tierney, Martin Donovan, Paul Dooley, Nicky Katt.

Sortie salles France: 6 Novembre 2002. U.S: 24 Mai 2002

FILMOGRAPHIE: Christopher Nolan est un réalisateur, scénariste et producteur anglais, né le 30 Juillet 1970 à Londres en Angleterre. 1998: Following. 2000: Memento. 2002: Insomnia. 2005: Batman Begins. 2006: Le Prestige. 2008: The Dark Knight. 2010: Inception. 2012: The Dark Knight Rises. 2014: Interstellar.


Thriller implacable d'une intensité dramatique à la fois vertigineuse et bouleversante, Insomnia est le genre d'épreuve cinématographique à marquer d'une pierre blanche, à l'instar de ces modèles Seven et le Silence des Agneaux qu'on ne présente plus. Car nanti d'un scénario en béton explorant une confrontation cérébrale en acmé entre Al Pacino, en flic véreux désemparé (magnifique jeu d'acteur tout en sobriété viscérale !), et Robin Williams, en tueur perfide tirant les ficelles d'un odieux compromis criminel (un rôle à contre-emploi parvenant dès sa 1ère apparition à nous faire oublier  ses traditionnelles mimiques fringantes), Insomnia ne nous laisse aucun répit de par le magnétisme de son intrigue sournoise fertile en rebondissements. Tant et si bien que Christopher Nolan parvient à nous hypnotiser de la manière la plus vériste et immersive lorsqu'un flic et un tueur sont contraints de collaborer à la suite de leurs bévues criminelles où l'innocence en paya le lourd tribus. Ainsi, à travers les thèmes du simulacre et de la corruption, de la culpabilité et du remord, ce dernier dresse le douloureux portrait d'un flic désabusé, faute de ses actions préjudiciables d'avoir oser falsifier des preuves afin de faire condamner les pires criminels aux tendances pédophiles.


Tout le récit savamment structuré titillant au compte goutte les états d'âme de l'inspecteur Will Dormer en proie à une imparable insomnie depuis sa culpabilité d'avoir accidentellement causé la mort de son confrère lors d'une course-poursuite avec le tueur en plein brouillard. D'ailleurs, de par son climat à la fois hivernal et montagneux, Insomnia s'avère également un film d'ambiance crépusculaire comme on en voit trop peu dans le paysage du thriller hollywoodien. Si bien que Christopher Nolan maîtrise à la perfection ses cadres naturels (comme l'incroyable poursuite sur les rondins de bois !) auquel évolue ces protagonistes hantés par la disparition d'une adolescente battue à mort pour un mobile sentimental. Et si Insomnia s'avère aussi intense et psychologiquement éprouvant, il le doit autant à l'ampleur de sa progression narrative davantage substantielle que du témoignage avisé de la jeune inspectrice Ellie Burr fascinée par la notoriété exemplaire de Dormer mais davantage suspicieuse, et donc sur le qui-vive, quant à son éventuelle complicité meurtrière. La présence rassurante d'Hilary Swank en inspectrice novice cultivant peu à peu un climat d'amertume épris de gravité lors de son investigation personnelle à reconsidérer les faits relatés.


Une tragédie humaine
Grand moment de cinéma au sein du thriller noir d'une rigueur psychologique à la fois étouffante,  escarpée et bouleversante, Insomnia ne nous laisse pas indemne à travers sa vibrante réflexion sur la corruption humaine si bien que l'intégrité d'un homme se juge ici à la manière dont il défiera sa propre lâcheté. Un drame humain en somme, profond, puissant et inoubliable que le score fragile de David Julyan gradue avec une infinie mélancolie.

*Bruno
2èx

Récompense: London Film Critics Circle Awards 2003 : Réalisateur britannique de l'année pour Christopher Nolan

jeudi 29 août 2019

Witness

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Peter Weir. 1985. U.S.A. 1h52. Avec Harrison Ford, Kelly McGillis, Lukas Haas, Josef Sommer, Jan Rubes, Alexander Godunov, Danny Glover.

Sortie salles France: 22 Mai 1985. U.S: 8 Février 1985

FILMOGRAPHIE: Peter Weir est un réalisateur australien, né le 21 Août 1944, à Sydney, Australie.
1974: Les Voitures qui ont mangé Paris. 1975: Pique-nique à Hanging Rock. 1977: La Dernière Vague. 1981: Gallipoli. 1982: l'Année de tous les Dangers. 1985: Witness. 1986: Mosquito Coast. 1989: Le Cercle des Poètes Disparus. 1990: Green Card. 1993: Etat Second. 1998: The Truman Show. 2003: Master and Commander. 2011: Les Chemins de la Liberté.


"Un flic qui en sait trop. Sa seule chance: un témoin de 8 ans qui en a vu trop."
Immense auteur d'origine australienne à la filmo irréprochable, Peter Weir surprend avec Witness si bien qu'il s'essaie au film de commande hollywoodien que David Cronenberg et John Badham refusèrent initialement. Et si on est loin de la qualité formelle et narrative de ses chefs-d'oeuvre naturalistes (les auteurisants La Dernière Vague / Picnic à Hanging Rock), Witness ne manque pas de densité à travers les composants de la romance et du thriller que le duo incandescent Harrison Ford / Kelly McGillis anime avec passion. Pour ce faire, Peter Weir leur fait confronter le choc des cultures à travers la communauté rigoriste des Amish qu'un flic est contraint de fréquenter depuis sa faction auprès d'un bambin malencontreusement témoin d'un meurtre crapuleux. Ainsi, alors qu'il se retrouve grièvement blessé lors d'une balle perdue, il est aimablement soigné et accueilli par l'hospitalité de Rachel, la mère du bambin, et le père de celle-ci, précisément psycho-rigide lorsqu'il s'agit d'honorer ses directives religieuses.


Au-delà de l'intensité de quelques scènes d'action remarquablement montées; principalement lors de son point d'orgue aussi tendu qu'haletant; Witness privilégie l'essence romantique d'une liaison impossible, faute d'une culture religieuse ultra conservatrice et de l'épreuve du deuil à considérer (l'époux de Rachel venant de trépasser en ouverture du récit). Imprégné de douce tendresse et d'ambiguïté à travers les non-dits et les regards fébriles désireux d'y croquer la pomme, Witness dégage un climat semi élégiaque autour du couple en émoi, et ce sous l'impulsion du score épuré de Maurice Jarre. Harrison Ford et Kally Mc Gillis insufflant une fragile expression humaine à travers leur complicité amoureuse si bien que l'on peut d'ailleurs évoquer le "coup de foudre" lorsqu'ils cèdent finalement à leurs étreintes frénétiques que Peter Weir filme toutefois avec beaucoup de pudeur et de mutisme dans les échanges de regard. Et donc, en y opposant la violence urbaine d'une société incivique avec la violence puritaine d'une secte religieuse, Peter Weir y façonne un mur entre ces 2 microcosmes, de par leur éthique infiniment contradictoire et leur refus de moindre concession si bien que l'amour n'aura pas lieu d'être. 


Bien que perfectible, moins réaliste que prévu (notamment auprès du meurtre dans les toilettes) et parfois un brin caricatural (la posture altière de certains tueurs ou celle autrement rigide de certains Amish), Witness explore le thriller romantique avec assez d'efficacité, d'intensité et d'intelligence pour y dénoncer les dommages collatéraux de la violence.

*Bruno
3èx

mercredi 28 août 2019

La Fiancée du Vampire

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site cine-songes.com

"House of dark Shadows" de Dan Curtis. 1970. U.S.A. 1h37. Avec Jonathan Frid, Grayson Hall, Kathryn Leigh Scott, Roger Davis, Nancy Barrett, John Karlen.

Sortie salles France: 11 Août 1971

FILMOGRAPHIE: Dan Curtis est un producteur, scénariste et réalisateur américain, né le 12 Août 1927 à Bridgeport, Connecticut (Etats-Unis), décédé le 27 mars 2006 à Brentwood (Californie). 1966: Dark Shadows (série TV). 1970: La Fiancée du Vampire. 1971: Night of dark shadows. 1973: Dracula. 1973: The Night Strangler (télé-film). 1975: La Poupée de la Terreur. 1976: Trauma. 1977: Dead of Night. 1977: La Malédiction de la veuve noire (télé-film). 1992: Intruders (télé-film). 1996: La Poupée de la terreur 2 (télé-film).


Estampillée Dan Curtis, une perle oubliée transpirant à chaque plan de son amour pour le Fantastique néo-gothique. 
Adaptation ciné de sa célèbre série TV Dark Shadows comprenant plus de 1000 épisodes de 1966 à 1971 (un record pour une série fantastique alors qu'elle reste inédite dans l'hexagone !), La Fiancée du Vampire demeure une excellente variation du mythe à travers un scénario aussi bien prosaïque que novateur, eu égard de la condition à contre-emploi du vampire dandy lassé de son existence éternelle. Ainsi, en y télescopant un gothisme archaïque avec un style contrairement moderne, de par le réalisme des séquences chocs parfois gores (signés Dick Smith, excusez du peu !), de sa direction narrative inopinément scientifique et de la posture contrariée des personnages beaucoup moins altiers que dans une prod Hammer, Dan Curtis, maître mésestimé du Fantastique (on lui doit tout de même le chef-d'oeuvre Trauma), redouble d'ambition formelle et d'idées retorses pour rendre grisante son récit de vampires transcendée du charisme strié des comédiens bourrus.


Tant et si bien que Dan Curtis ne laisse nulle répit au spectateur pour le divertir intelligemment sous le pilier de péripéties à répétition et de rebondissements inopinés (notamment auprès du sort de certaines victimes sacrifiées instauré lors de sa dernière partie rocambolesque). Ainsi, de par son ambiance flamboyante d'étrangeté gothique (épaulée, en bonne et due forme, d'une splendide photo rutilante) s'y extrait fréquemment des séquences de pure poésie. A l'instar de l'apparition d'une victime féminine affublée d'une robe blanche pour mieux aguicher son ancien amant ou faire perdre le contrôle de deux policiers en voiture. Et si l'épicentre narratif réexploite le concept académique du vampire féru d'amour pour sa future dulcinée (sosie de son ancêtre épouse), Dan Curtis s'avère constamment inspiré, inventif (notamment auprès de petits détails dépoussiérant les codes du genre, tel l'arme d'une arbalète ou encore la déambulation du garçonnet dans la piscine désaffectée et sa manière crédible de s'insurger contre le trépas) et maître des situations pour dépasser les convenances. D'ailleurs, dans le rôle du vampire insidieux en quête de rédemption et accompagné d'un pleutre domestique sentencieux, Jonathan Frid s'avère génialement magnétique à travers ses yeux noirs d'une posture patibulaire à contre-emploi du vampire snobinard.


Beaucoup trop méconnu et occulté, même auprès des fans du genre selon mon analyse personnelle, La Fiancée du Vampire réactualise efficacement le mythe du vampire gothique à travers une démarche moderne étonnamment payante quant à la vigueur de ces images d'une poésie baroque et la sobriété de son casting aux p'tits oignons constitué (pour la plupart) des mêmes acteurs de la célèbre série des années 60. Un excellent divertissement donc que le mésestimé (j'insiste !) Dan Curtis essuiera à nouveau dans une certaine indifférence publique et critique. 

*Bruno2èx

mardi 27 août 2019

Nimitz, retour vers l'Enfer

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"The Final Countdown" de Don Taylor. 1980. U.S.A. 1h43. Avec Kirk Douglas, Martin Sheen, Katharine Ross, James Farentino, Ron O'Neal, Charles Durning, Soon-Tek Oh.

Sortie salles France: 9 Juillet 1980

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Don Taylor est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 13 Décembre 1920 à Freeport, Pennsylvanie (Etats-Unis), décédé le 29 Décembre 1998 à Los Angeles (Californie). 1969: 5 hommes armés. 1971: Les Evadés de la Planète des Singes. 1973: Tom Sawyer. 1977: L'île du Docteur Moreau. 1978: Damien: la malédiction 2. 1980: Nimitz, retour vers l'enfer.


"Décembre 1980, le porte avions nucléaire Nimitz disparait dans le pacifique avec ses 6000 hommes pour réaparraitre en 1941 !" 

Même si j'avoue avoir une préférence pour son binôme Philadelphia Experiment (car beaucoup mieux rythmé, intense et surprenant à travers ses péripéties à répétition), Nimitz, retour vers l'enfer reste un bon divertissement en prime d'avoir été un beau souvenir d'ado grâce à son matraquage publicitaire juste avant sa sortie officielle. Tant et si bien qu'au-delà de m'avoir fait bougrement fantasmé à la radio lors d'une villégiature parentale, il cumule chez nous un joli succès commercial avec 1 026 152 entrées. Modeste série B d'anticipation prenant pour thème le voyage temporel, Nimitz relate l'étrange odyssée du porte-avion nucléaire USS Nimitz subitement transporté en 1941, la veille de l'attaque du Pearl Harbor par les japonais. Ainsi, après avoir repêché en mer un sénateur et sa secrétaire, puis kidnappé l'aviateur japonais responsable de leur naufrage, ils vont tenter d'empêcher l'attaque du Pearl Harbor en dépit de certaines voix discordantes.


Aussi minimaliste soit l'intrigue, car d'autant plus dénuée d'intensité et de suspense à travers ses enjeux humains, politiques et bellicistes, Nimitz, retour vers l'Enfer se suit sans ennui grâce au savoir-faire de l'habile artisan Don Taylor (on lui doit tout de même Les Evadés de la Planète des Singes, L'Ile du Dr Moreau et Damien, la Malédiction) prenant son temps à narrer son histoire sous le pilier d'un attachant casting (Kirk Douglas, Martin Sheen, Katharine Ross, James Farentino et Charles Durning s'avérant communément irréprochables à travers leur perplexité interrogative). Don Taylor s'efforçant de rendre le plus crédible possible son contexte improbable de par l'aspect documenté de sa réalisation au grand dam des effets-spéciaux clairsemés (un simple trou noir lors de 2 séquences crépusculaires). Ainsi, si la génération actuelle aura bien du mal à se passionner pour ce paradoxe temporel chiche en rebondissements cinglants (si on élude son empathique effet de surprise final), celle des années 80 s'y contentera à nouveau sans réserve avec une pointe de mélancolie.

*Bruno
3èx

lundi 26 août 2019

Pumkinhead, le démon d'Halloween

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Stan Winston. 1988. U.S.A. 1h26. Avec Lance Henriksen, Jeff East, John D'Aquino, Kimberly Ross, Joel Hoffman, Cynthia Bain.

Sortie salles France: Juin 1988. U.S: 13 Janvier 1989

FILMOGRAPHIE: Stan Winston est un réalisateur, spécialiste du maquillage et d'FX animatroniques, né le 7 avril 1946 dans le Comté d'Arlington, décédé le 15 juin 2008 à Malibu. 1988: Pumkinhead. 1990 : Galacticop.


Le pitch: A la suite de la mort de son fils accidentellement renversé par une moto dont le conducteur a pris la fuite, son père décide de se venger en invoquant la puissance d'un démon par le biais incantatoire d'une sorcière.

Première réalisation de Stan Winston, spécialiste des maquillages et FX, Pumpkinhead constitue une bonne série B du samedi soir en dépit de sa réalisation approximative (faux raccords à l'appui), de son scénario tracé d'avance et d'une mauvaise direction d'acteurs. Pour autant, en exploitant assez efficacement les thèmes de la vengeance, de la survie, de la bravoure et de la rédemption, Pumpkinhead parvient à insuffler une certaine intensité auprès de l'évolution morale des survivants s'efforçant de fuir la bête tout en la combattant de manière davantage persuasive. Ainsi, grâce à sa trajectoire narrative esquivant le côté routinier des mises à mort (façon Vendredi 13), Pumkinhead parvient à exister par lui même pour se dégager de l'ombre du produit standard. Formellement flamboyant, Stan Winston compte notamment sur sa photo envoûtante pour nous scander une poignée de séquences crépusculaires d'un onirisme cauchemardesque (par moment on se croit même dans un conte de fée de par la puissance évocatrice de ses images ensorcelantes où s'y contraste l'apparition d'une sorcière). Quand bien même l'aspect inédit de la créature mécanisée parvient à nous fasciner en dépit de sa gestuelle un peu trop atone. Pour clore, on pardonnera le jeu pas très finaud de Lance Henriksen en père punitif gagné par une prise de conscience libératrice, si bien que Stan Winston en est le principal responsable, faute de son inexpérience à diriger ses acteurs de seconde zone. A (re)découvrir.


*Bruno
3èx

samedi 24 août 2019

The Pact

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Nicholas McCarthy. 2012. U.S.A. 1h29. Avec Agnès Bruckner, Casper Van Dien, Caity Lotz, Mark Steger, Haley Hudson, Kathleen Rose Perkins, Sam Ball.

Sortie salles U.S: 20 Janvier 2012 (Festival de Sundance)

FILMOGRAPHIENicholas McCarthy est un réalisateur, scénariste, compositeur américain.
2004: Maid (court-métrage). 2005: Cry for Help (court-métrage). 2009: The Chinese Box (court-métrage). 2011: The Pact (court-métrage). 2012: The Pact


Première essai de Nicholas McCarthy passé directement par la case DTV, The Pact est une bonne série B horrifique malencontreusement méconnue en dépit de ses 4 trophées décernés au Festival de Strasbourg. Le pitchAnnie retourne dans la maison familiale depuis le décès de sa mère. Mais d'étranges évènements surnaturels intentent à sa tranquillité après la disparition inexpliquée de sa soeur et de sa cousine. En désespoir de cause, elle fait appel à un inspecteur de police puis s'engage personnellement dans une investigation criminelle. Ambiance anxiogène aussi diffuse que feutrée baignant dans un climat malsain toujours plus prégnant, The Pact emprunte le thème de la hantise avec une efficience probante. Car sous prétexte d'un esprit frappeur perturbant la tranquillité de ses occupantes juvéniles, cette série B agréablement troussée utilise avec intelligence ses codes horrifiques en éludant toute esbroufe éculée. Si bien qu'ici le procédé du "ouh fait moi peur" est exploité sous le pilier d'une angoisse sous jacente avant de s'illustrer plus tangible au fil d'une investigation criminelle aléatoire.



Sobrement incarné par Agnès Bruckner, celle-ci campe le rôle d'une fille solitaire à la mine bourrue mais davantage enclin à évoluer dans un instinct de survie salvateur. Sa prestance introvertie provoquant de prime abord un soupçon d'antipathie avant de nous attacher de par ses accès d'héroïsme pugnace. Ainsi, en dépit de quelques ellipses et effets faciles, The Pact insuffle une certaine tension tout en suscitant l'angoisse au rythme d'une enquête ombrageuse. Qui plus est, lors de 2/3 passages intermittents, il réussit notamment à provoquer l'effroi par l'entremise d'apparitions macabres judicieusement concises ! (l'intervention incisive de la voyante anémique au sein de la pièce secrète). Sans outrance gore (en dépit d'une estocade meurtrière plutôt crue), le réalisateur soigne le cadre d'une maison familiale sévèrement compromise par un sombre secret. Avec une réelle intégrité, il parvient donc à s'approprier des conventions en se focalisant sur la suggestion d'une ambiance glauque et d'une intrigue tortueuse au dénouement malsain. Quand au point d'orgue alarmiste, il ne manque pas de nous haleter au sein du huis-clos restreint compromis à la claustration.


Pour les amateurs de frissons ludiques utilisés à bon escient, The Pact demeure une bonne surprise auquel le spectateur s'implique facilement de par son savant dosage de suspense ouaté et d'angoisse oppressante. A faire connaître auprès des amateurs tant la petite frousse est lestement acheminée d'après le thème sulfureux de la famille dysfonctionnelle. 

*Bruno
24.08.19
20.04.13

Récompenses: Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg, 2012 
Octopus d'or
Prix du public
Méliès d'Argent

Mention spéciale du jury

vendredi 23 août 2019

Le Sixième sens. Prix de la Critique, Cognac 87.

                                                                  Photo empruntée sur Google

"Manhunter" de Michael Mann. 1986. U.S.A. 2h00. Avec William L. Petersen, Kim Greist, Joan Allen, Brian Cox, Dennis Farina, Stephen Lang, Tom Noonan, David Seaman, Benjamin Hendrickson, Michael Talbott.

Sortie salles France le 22 Avril 1987. U.S: 22 Août 1986

FILMOGRAPHIE: Michael Kenneth Mann est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 5 Février 1943 à Chicago. 1979: Comme un Homme Libre, 1981: Le Solitaire, 1983: La Forteresse Noire, 1986: Le Sixième Sens, 1989: LA Takedown, 1992: Le Dernier des Mohicans, 1995: Heat, 1999: Révélations, 2001: Ali, 2004: Collatéral, 2006: Miami Vice, 2009: Public Enemies.


Récompensé du Prix de la Critique à Cognac en 1987, le 6è sens est la première adaptation au cinéma du roman Dragon Rouge écrit par Thomas Harris et publié en 1981. D'ailleurs, le même roman sera à nouveau adapté au cinéma en 2002 dans un remake aseptique réalisé par Brett RatnerDragon Rouge (même si la fin eut été remaniée). Echec public à sa sortie, le 6è sens dérouta certainement le spectateur de par l'ambition personnelle de Mann à parfaire un polar à la fois atypique et expérimental. Un agent du FBI reprend du service pour tenter d'appréhender un serial killer surnommé Dragon Rouge. Avec l'aide du psychiatre Hannibal Lecter, psychopathe renommé incarcéré à perpétuité pour homicides crapuleux, William Graham doit faire preuve d'introspection mentale afin de s'infiltrer dans la peau du meurtrier. 
.

A partir d'une enquête criminelle établissant un rapport complexe entre 2 serial-killers et un flic obstiné, fragilisé par son antécédente enquête mais délibéré à annihiler le mal, le 6è Sens a de quoi déconcerter le spectateur habitué aux thrillers en bonne et due forme. Si bien que la mise en scène expérimentale de Michael Mann, d'une recherche esthétique flamboyante donne vie à tout ce qui s'immisce dans le champs de l'action. La ville crépusculaire de New-York superbement éclairée, les pavillons résidents à proximité d'un océan sous un climat solaire, le design de l'ameublement et de ses objets domestiques, la nuit stellaire auquel des hommes de droit se fondent dans cette obscurité pour y extraire le Mal... Tous ces composants stylisés, harmonieusement mis en scène, concourent de nous magnétiser les sens de la perception. Quand bien même la partition synthétique de Michel Rubini et les tubes pop rock de David Allen ou The Reds vont largement contribuer à scander ce florilège d'imagerie épurée, de manière à nous envoûter à travers l'odyssée intrinsèque de deux hommes en lutte contre leurs démons. Peu aidé d'une structure narrative parfois complexe, l'enquête menée par un agent fébrile car compromis par l'influence d'un taulard psychopathe aussi roublard que retors nous déploie quelques maigres indices dans un souci documentaire afin de mieux coller à la réalité des faits exposés.


La seconde partie, beaucoup plus planante, romantique et expérimentale à travers la relation naissante entre le tueur épris d'affection pour une jeune aveugle, nous enivre un peu plus pour ce rapport trouble entre cette victime atteinte de cécité et son bourreau autrefois martyrisé, avide de reconnaissance. Tour à tour inquiétant, flegme mais aussi suave, impassible et aliéné, ce tueur singulier nous captive de son désarroi sentimental à contredire ses pulsions malsaines. Il faut dire que la prestance robuste de l'acteur Tom Noonan, au front dégarni et à la taille longiligne, ainsi que l'innocence candide de l'attachante Joan Allen doivent beaucoup au caractère oniriques de certaines étreintes sensorielles (les caresses charnelles de l'aveugle auprès du tigre du laboratoire). Ainsi, à travers ce duo intempestif baignant subitement dans l'insouciance et la plénitude, il y a ce rapport soudainement complémentaire à travers leur handicap commun d'y apprivoiser l'amour. Quant à la présence transie de William L. Petersen s'étant d'ailleurs fait connaître quelques années plus tard avec l'illustre série des Experts sponsorisée par TF1, celui-ci était inné pour incarner le profil assidu (mais oh combien torturé et tourmenté !) d'un inspecteur pugnace flirtant avec l'emprise du Mal. Son caractère opiniâtre extériorisé par son entière contribution à démasquer le tueur séditieux apportant beaucoup d'intensité à ce jeu du chat et de la souris qu'ils se disputent de manière névrotique.


Listen to my heartbeat.
Hypnotique, passionnant et envoûtant, désarçonnant, sibyllin et complexe (principalement auprès de l'investigation de l'agent en proie à ses théories personnelles), le 6è Sens se décline en modèle du thriller crépusculaire. Une forme de trip expérimental (à la limite du surnaturel) établissant un rapport diaphane entre le tueur victimisé d'une enfance galvaudée et un flic teigneux en perdition morale. Enfin, l'intrigue peut également se concevoir comme une réflexion sur l'acceptation de soi à travers la quête de l'épanouissement conjugal (tant auprès des rapports davantage conflictuels du flic et de son épouse que de ceux du tueur et de l'aveugle). Détournant admirablement les conventions du genre au gré d'une virtuosité formelle subjective, ce thriller fantasmagorique scandé d'une bande-son extatique laisse une étrange impression d'avoir vécu un grand moment de cinéma. On peut d'ailleurs le proclamer chef-d'oeuvre atypique grâce au trouble impact de son pouvoir de fascination. 

*Bruno
23.08.19. 4èx
25.01.12

Récompense: Prix de la Critique au festival du film policier de Cognac en 1987.

jeudi 22 août 2019

Curtains, l'ultime cauchemar

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Richard Ciupka (as Jonathan Stryker). 1983. U.S.A. 1h29. Avec John Vernon, Samantha Eggar, Linda Thorson, Anne Ditchburn, Lynne Griffin

Sortie salle U.S: 14 Mars 1983

FILMOGRAPHIE: Richard Ciupka est un directeur de la photographie, réalisateur canadien d'origine Polonaise né à Liège en Belgique. 1983 : Curtains: l'ultime cauchemar. 1992 : Coyote. 1999 : Le Dernier Souffle. 2002 : La Mystérieuse Mademoiselle C. 2004 : L'Incomparable Mademoiselle C. 2006 : Duo.


Quelle bien étrange curiosité que ce psycho-killer aussi bien oublié que méconnu que le néophyte Richard Ciupka réalise platement sous l'impulsion d'un cast démanché. On apprécie quand même l'illustre présence de Samantha Eggar en candidate borderline aux gros yeux verts patibulaires (personnellement elle est même parvenue à me mettre mal à l'aise lors de quelques plans serrés), quand bien même le reste de la distribution tente de lui gruger sa place au gré d'une posture théâtrale. En gros, des concurrentes en herbe sont réfugiées dans un manoir sous la mainmise de leur directeur de théâtre afin de se disputer le rôle de leur vie. Mais un tueur masqué rode aux alentours pour les décimer une par une. Ultra bâclé, truffé d'incohérences et de maladresses narratives (notamment ce prélude ironique auquel l'héroïne joue les demeurées pour être internée en psychiatrie parmi la complicité de son mentor), Curtains a été écrit avec les pieds tant les situations éculées (surtout la seconde partie criminelle) et rebondissements attendus se vautrent dans l'asepsie. Pour autant, grâce à sa splendide photo, son décorum domestique timidement envoûtant et 1 ou 2 scènes chocs bonnards (notamment celle sur le lac gelé), Curtains dégage un charme horrifique à bâtons rompus pour l'amateur de rareté bisseuse. A découvrir donc avec toutefois une grosse louche d'indulgence, notamment lorsque l'on apprend que le réalisateur aurait quitté le tournage à mi-parcours pour céder sa place au scénariste: Peter Simpson ! Sacrée scène de ménage !


*Bruno

mercredi 21 août 2019

The Reef

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Andrew Traucki. Australie. 2010. 1h34. Avec Damian Walshe-Howling, Zoe Naylor, Adrienne Pickering, Gyton Grantley, Kieran Darcy-Smith.

Uniquement sorti en Dvd et Blu-ray le 21 Juin 2011

FILMOGRAPHIE: Andrew Traucki est un réalisateur, scénariste et producteur australien. 2013: The Jungle. 2012 The ABCs of Death (segment "G is for Gravity").  2012 Event Zero (TV Series) (1 episode). - Harriet (2012).  2010 The Reef .  2007 Black Water.


Injustement passé par la case Dtv, The Reef emprunte la voie modeste de la série B horrifique avec une efficacité permanente. Tant et si bien que les frissons qu'il nous procure à répétition s'avèrent d'autant plus éprouvants qu'Andrew Traucki ne s'embarrasse d'aucune fioriture pour y remédier. Pour cela, il compte notamment sur l'aspect documenté du fait-divers glaçant lorsque 5 touristes se retrouvent confinés au beau milieu de l'océan azur après que leur bateau eut incidemment coulé. Survival aquatique constamment tendu et angoissant sous l'impulsion de 4 survivants sévèrement mis à mal par l'hostilité du requin, The Reef insuffle un réalisme cauchemardesque eu égard des estocades de l'animal redoutablement véloce lorsqu'il s'agit d'alpaguer sa proie de la manière la plus sournoise et feutrée.


Et ce sans que Andrew Traucki ne recourt aux effets éculés si bien qu'il compte dans un premier temps sur l'expectative pour y structurer le suspense, notamment afin de mieux nous préparer à la descente aux enfers que subiront les victimes totalement impuissantes à recourir de l'aide depuis leur condition fortuite de claustration. Au-delà de son climat anxiogène redoutablement palpable auprès d'une photo limpide plutôt naturaliste, The Reef parvient d'autant mieux à foutre les jetons grâce à l'intensité d'expression à la fois démunie et épeurée de son cast méconnu endossant communément un jeu viscéral à perdre haleine. Ces derniers à l'humanisme sobrement sentencieux et aux réactions si censées usant de (faible) lueur d'espoir et de bravoure de dernier ressort pour tenter de s'extraire de l'eau en y escomptant un refuge terrestre. Ainsi, l'épreuve de force commune qu'ils opéreront de façon solidaire semble être contenue en temps direct tant leurs situations de stress, de désespoir et d'affolement s'avèrent aussi bien crédibles que perméables !


Cauchemar aquatique d'un réalisme escarpé probant dans sa faculté d'y cultiver une peur viscérale démunie auprès d'une intensité dramatique capiteuse, The Reef peut sans rougir figurer au palmarès des films de requins les plus angoissants et éprouvants depuis ses modèles les Dents de la Mer  et Open Water, voir peut-être aussi 47 Meters down.

*Bruno
2èx 21.08.19
02.03.11

mardi 20 août 2019

Bubba Ho-tep. Prix Bram Stoker du meilleur scénario, 2004.

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.fr

de Don Coscarelli. 2002. U.S.A. 1h32. Avec Bruce Campbell, Ossie Davis, Ella Joyce, Heidi Marnhout, Bob Ivy, Larry Pennell.

Sortie salle France: 15 Février 2006.

FILMOGRAPHIE: Don Coscarelli est un scénariste et réalisateur américain né le 17 Février 1954 à Tripoli (Lybie). 1976: Jim the World's Greatest. 1976: Kenny and Compagny. 1979: Phantasm. 1982: Dar l'invincible. 1988: Phantasm 2. 1989: Survival Quest. 1994: Phantasm 3. 1998: Phantasm 4. 2002: Bubba Ho-tep. 2012: John Dies at the end.


"Et ne pas, quand viendra la vieillesse, découvrir que je n'avais pas vécu."
Poème étonnamment émouvant sur la précarité de la vieillesse, Bubba Ho-tep n'a point usurpé sa réputation d'oeuvre culte depuis sa discrète sortie en salles en 2002 transcendée d'un bouche à oreille fougueux. Réalisateur notoire du chef-d'oeuvre Phantasm et du non moins fichtrement sympathique Dar l'Invincible, Don Coscarelli surprend à nouveau, et de manière autrement baroque, avec cette série B fantastico-déjantée dont le pitch génialement improbable vaut à lui seul le détour ! Imaginez 2 secondes la rencontre aléatoire du président Kennedy et du chanteur Elvis Presley réunis pour l'occasion dans un hospice à leur âge avancé, et qui lors d'un ultime baroud d'honneur devront affronter une momie égyptienne maudite afin de s'offrir une ultime enjeu existentiel ! Semi-parodique, pittoresque, décalé et débridé, Bubba Ho-Tep pallie son faible budget de par son imagination à revendre que son auteur franchement inspiré cultive en y alliant humour, action, tendresse et (douce) émotion sous l'impulsion de répliques drôlement décomplexées.


Si bien qu'à travers les thèmes délicats de la vieillesse, de la solitude, de l'impuissance (traitée avec autant de sérieux que de causticité) et du désir de reconnaissance (nos héros s'inventent un rôle pour tenter de briller à nouveau aux yeux des autres), Don Coscarelli héroïse ses personnages du 3è âge avec une tendresse immodérée pour leur dignité humaine. Ainsi donc, sous le pilier d'une histoire extravagante génialement ubuesque, Bubba Ho-Tep traite avec autant de dérision que de gravité de la condition des personnages âgées souvent repliées dans leur solitude, parfois même abdiqués par leur propre famille au sein d'un huis-clos peu avenant. A savoir celui des hospices blafards surveillés par des aides-soignantes orgueilleuses plutôt condescendantes. Et donc à travers cette histoire insensée de momie voleuse d'âme, Don Coscarelli iconise sa fascinante créature (FX artisanaux à l'appui !) et ses combattants Elvis et Kennedy à l'aide d'une émotion aigre douce eu égard de l'incroyable tendresse qu'il porte sur ce duo fragile en quête de sollicitude, de bienveillance et d'affection. Et ce sous le pivot auditif du score si élégiaque de Brian Tyler !


Réflexion spirituelle sur la candeur et la vigueur de l'âme lorsque l'on parvient à contrecarrer le mal, vibrant plaidoyer pour la cause du 3è âge en perte identitaire car souvent réduite à l'isolement et à l'indifférence, Bubba Ho-Tep touche droit au coeur à travers les actions fructueuses de ces héros sclérosés gagnés par l'utopie victorieuse du dépassement de soi. Tant et si bien que Bruce Campbell et Ossie Davis immortalisent leur cohésion amicale avec une force d'expression aussi bien mélancolique que pugnace dans leur volonté de ne pas se laisser gagner par la désillusion.  

*Bruno
3èx