jeudi 4 février 2021
Les Génies du Mal
mercredi 3 février 2021
Sanctions !
Ci-joint lien pour le commander: http://zone52-web.blogspot.com/2020/12/collection-karnage.html
lundi 1 février 2021
A Ghost Story
Sortie salles France: 20 décembre 2017
FILMOGRAPHIE: David Lowery, né Le 26 décembre 1980 à Milwaukee (Wisconsin), est un cinéaste américain basé à Dallas, au Texas. 2009 : St. Nick. 2013 : Les Amants du Texas. 2016 : Peter et Elliott le dragon. 2017 : A Ghost Story. 2018 : The Old Man and The Gun. 2020 : Green Knight.
"On est pas obligé de tout comprendre pour aimer, l'important c'est de rêver"
Je me permets de débuter par cette citation car de mon point de vie strictement personnel, je n'ai pas bien saisi le sens des 20 dernières minutes avec ces aller-retour entre présent, futur et passé que le fantôme perpétue à travers ses souvenirs éperdus. Et ce même si après la projo j'ai ainsi mieux saisi la résolution de l'intrigue grâce au texte argumenté que j'ai pu lire sur Wikipedia. En tout état de cause, de par l'émotion candide qu'il dégage fréquemment, A Ghost Story est une oeuvre magnifique, pleine de mélancolie, de fragilité, de tendresse et de délicatesse, sur le refus d'oublier l'être cher du point de vue d'un fantôme errant. La mise en scène étonnamment inventive, humble et atypique (il fallait oser affubler l'ectoplasme d'un drap sur le corps avec 2 orifices noirs en lieu et place des yeux !), se focalisant sur la posture impassible de ce dernier avec une incroyable intensité émotionnelle eu égard de son comportement aussi hagard qu'empathique à observer sa bienaimée en berne (par ex, la scène de la tarte suscitant avec une subtilité tacite une aura dépressive que le spectateur subit sans pouvoir maîtriser ses émotions). Ainsi, à travers ce splendide témoignage d'amour auprès d'un couple infortuné, A Ghost Story traite du thème existentiel (notamment auprès de la notion de temps) en toute intimité spirituelle, et ce de manière à mon sens optimiste si bien que notre vie terrestre demeure une circonvolution. Au-delà de la sobriété de Casey Affleck en mélomane aimant puis en fantôme mutique, Rooner Mara s'impose à l'écran avec une fragilité poignante en veuve éplorée d'une résilience forçant le respect quant à son refus de se morfondre sur son sort et d'accepter d'y tourner la page.
Récompenses: Prix du jury (ex-aequo avec Brooklyn Yiddish), le Prix de la critique internationale et le Prix Kiehl's de la Révélation.
jeudi 28 janvier 2021
Police Academy 2
Sortie salles France: 29 Mars 1985 (ou 3 Avril 1985)
FILMOGRAPHIE: Jerry Paris est un acteur, réalisateur et producteur américain né le 25 juillet 1925 à San Francisco, Californie (États-Unis), décédé le 31 mars 1986 à Los Angeles (Californie). 1967 : Don't Raise the Bridge, Lower the River. 1968 : Frissons garantis. 1968 : How Sweet It Is ! 1969 : Viva Max ! 1970 : L'Amoureuse. 1971 : Star Spangled Girl. 1980 : Leo and Loree. 1985 : Police Academy 2 : Au boulot ! 1986 : Police Academy 3 : Instructeurs de choc.
On prends les mêmes et on recommence, en saupoudrant le plat d'une pincée de sucre et de gras à travers ses gags les plus lourdingues, tant et si bien qu'une frange de spectateurs pourrait facilement décrocher à force de surenchère potache. Pour autant, de par l'expansivité des comédiens communément réunis une seconde fois avec cette similaire complicité badine, et l'accumulation des gags toujours influencés par l'esprit des ZAZ, Police Academy 2 amuse constamment le spectateur, partagé entre rires et sourires avec une bonne humeur attractive. Et si certaines situations saugrenues, pour ne pas dire sciemment débiles, demeurent aussi gratuites que poussives, son climat sémillant émanant des bévues de nos flics en roue libre transcendent tout sur leur passage à travers leurs efforts héroïque typiquement cartoonesque. Sans compter des profils secondaires franchement hilarants si je me réfère à Zed, le leader criminel à l'expressivité exagérément hystérisée (c'est peu de le dire !) et à Carl Sweetchuck, le commerçant parano adepte de l'ultrasécuritaire au sein de sa boutique blindée (le prologue annonçant immédiatement la couleur).
Une séquelle bougrement ludique donc à travers son esprit à la fois bonnard, déjanté et décomplexé, si bien que l'on trépigne d'impatience et de curiosité à découvrir son 3è opus toujours réalisé par Jerry Paris.
*Bruno
Ci-joint la chronique du 1er volet: http://brunomatei.blogspot.com/2011/08/police-academy.htmlmercredi 27 janvier 2021
Le Jour se lève
Sortie salles France: 9 Juin 1939
FILMOGRAPHIE: Marcel Carné est un réalisateur et scénariste français, né le 18 août 1906 à Paris, décédé le 31 octobre 1996 à Clamart. 1929 : Nogent, Eldorado du dimanche. 1936 : Jenny. 1937 : Drôle de drame. 1938 : Le Quai des brumes. 1938 : Hôtel du Nord. 1939 : Le jour se lève. 1942 : Les Visiteurs du soir. 1945 : Les Enfants du paradis. 1946 : Les Portes de la nuit. 1947 : La Fleur de l'âge (inachevé). 1950 : La Marie du port. 1950 : Juliette ou la Clé des songes. 1953 : Thérèse Raquin. 1954 : L'Air de Paris. 1956 : Le Pays d'où je viens. 1958 : Les Tricheurs. 1960 : Terrain vague. 1962 : Du mouron pour les petits oiseaux. 1965 : Trois chambres à Manhattan. 1968 : Les Jeunes Loups. 1971 : Les Assassins de l'ordre. 1974 : La Merveilleuse Visite. 1977 : La Bible. 1991 : Mouche (inachevé).
Jean Gabin / Jules Berry / Jacqueline Laurent / Arletty. Un quatuor d'acteurs proverbiaux touchés par une forme de grâce alchimique. De par leur talent inné d'y composer un jeu naturel plus vrai que nature, du noir et blanc à l'onirisme naturaliste, des dialogues ciselés de Prévert constamment en roue libre et de la mise en scène prodigieuse de Marcel Carné filmant scrupuleusement ses comédiens à travers des confrontations psychologiques tantôt tendues, tantôt langoureuses. Romance passionnelle entre un ouvrier charmeur et deux jeunes femmes harcelées par leur ancien amant cossu, Le Jour se lève se décline en drame criminel sous l'impulsion fielleuse d'un Jules Berry redoublant de cynisme, de feinte (son incongrue confession incestueuse auprès de François) et d'arrogance afin d'asseoir son autorité et emporter la mise.
Quand bien même Jean Gabin tente d'occulter ses provocations pernicieuses avec un flegme difficilement gérable lorsque son rival ne cesse de le brimer avec un masochisme insatiable. Secrètement amoureuse de François, Arletty endosse une sorte de matrone infortunée à l'aide d'une force de caractère si compréhensive eu égard de son indulgence à tolérer l'infidélité de celui-ci pour autant franc et direct à lui confesser avec une certaine amertume ses sentiments pour Françoise. Jacqueline Laurent incarnant de manière à la fois ténue et ingénue une jeune fleuriste au doux regard mielleux lorsqu'elle se laisse chavirer par ses sentiments pour François. Folle romance éperdue au sein d'un huis-clos anxiogène dénué de lueur d'espoir, le Jour se lève traite à nouveau du crime passionnel avec une force expressive terriblement ensorcelante. Marcel Carné composant une forme de marche funèbre monochrome autour des états-d'âme déchus de François rongé par la désillusion, l'échec, la folie et la tristesse d'avoir rompu si brutalement avec l'amour.
Grand moment de cinéma d'une intensité émotionnelle aussi bien envoûtante que capiteuse, de par sa puissance romanesque compromise à la mélancolie sentencieuse, le Jour se lève nous remémore au sein d'un huis-clos crépusculaire la tragédie humaine d'un fervent amoureux prisonnier de ses pulsions irascibles faute de son mal-être prolétaire. Un des plus grands drames romanesques que le cinéma français nous ait conté si bien que l'on reste constamment transi d'émoi face à ces oppositions psychologiques d'un magnétisme indicible proche de l'absolu.
mardi 26 janvier 2021
Le Sadique à la Tronçonneuse / Mil gritos tiene la noche
"Pieces" de Juan Piquer Simon. 1982. Espagne. 1h27. Avec Christopher George, Lynda Day George, Frank Braña, Edmund Purdom, Ian Sera.
Sortie salles France: 7 Décembre 1983
FILMOGRAPHIE: Juan Piquer Simón est un réalisateur et scénariste espagnol né le 16 Février 1935 à Valence (Espagne), décédé le 8 janvier 2011. 1964 : España violenta : Scénariste et réalisateur. 1965 : Vida y paz : Scénariste et réalisateur. 1976 : Le Continent fantastique. 1979 : Supersonic Man 1980 : Au-delà de la terreur. 1981 : Le Mystère de l'île aux monstres. 1982 : Los diablos del mar. 1982 : Le Sadique à la tronçonneuse. 1983 : L'Éclosion des monstres ou Visitor. 1984 : Guerra sucia. 1988 : Mutations. 1990 : Magie noire. 1990 : L'Abîme. 1999: la ciudad de oro.
Nanar ibérique des années 80 à mi-chemin entre le psycho-killer et le giallo (l'accoutrement, la misogynie et l'arme du tueur encapuchonné, l'érotisme des femmes dénudées), Le Sadique à la Tronçonneuse se revoit d'un oeil distrait en dépit de son affligeante bêtise narrative pour autant cocasse à force de maladresse impayable. Tant auprès du jeu cabotin des acteurs en roue libre déversant des répliques souvent hilarantes, de son score musical parfois en décalage avec les évènements dépeints (c'est d'ailleurs encore pire dans sa version hispanique), de ses rebondissements ridicules (avec un final à twists "bicéphale" à la fois terrifiant, malsain et sardonique !), que de sa réalisation semi-parodique tentant vainement d'adopter un esprit premier degré. On reste toutefois surpris par la beauté de sa photographie, par le tempérament attachant de certains comédiens de seconde zone (Christopher George, Lynda Day George en tête), et surtout par la qualité artisanale de ses FX bien gorasses, tant et si bien que l'on peut au moins relever une séquence d'anthologie (que n'aurait renié Argento) lorsqu'une femme en bikini est assassinée à coups de poignard sur un matelas pneumatique. Une séquence stylisée du plus bel effet macabre de par la sensualité de sa victime moribonde s'efforçant de résister à son agresseur avec une mine pétrifiée. Aussi mauvais que gentiment bonnard donc pour qui raffole de bisserie horrifique symptomatique de l'âge d'or des années 80.
mercredi 20 janvier 2021
La Bête Humaine
mardi 19 janvier 2021
Pieces of a Woman. Mostra de Venise 2020 : Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine: Vanessa Kirby.
lundi 18 janvier 2021
Nelly et Mr Arnaud
de Claude Sautet. 1995. France/Italie/Allemagne. 1h46. Avec Michel Serrault, Emmanuelle Béart, Jean-Hugues Anglade, Claire Nadeau, Michael Lonsdale, Françoise Brion, Michèle Laroque.
Sortie salles France: 18 Octobre 1995
FILMOGRAPHIE: Claude Sautet, né le 23 février 1924 à Montrouge (Seine) et mort le 22 juillet 2000 dans le 14e arrondissement de Paris, est un scénariste et réalisateur français. 1951 : Nous n'irons plus au bois (court-métrage). 1955 : Bonjour sourire (non crédité comme scénariste). 1960 : Classe tous risques. 1965 : L'Arme à gauche. 1970 : Les Choses de la vie. 1971 : Max et les Ferrailleurs. 1972 : César et Rosalie. 1974 : Vincent, François, Paul... et les autres. 1976 : Mado. 1978 : Une histoire simple. 1980 : Un mauvais fils. 1983 : Garçon ! 1988 : Quelques jours avec moi. 1991 : Un cœur en hiver. 1995 : Nelly et Monsieur Arnaud.
Une exclusivité publiée par Docteur_Jivago le 20 octobre 2015
C'est ce point-là qui va surtout l'intéresser, à savoir une histoire impossible, avec d'abord des premiers pas chaleureux où l'amitié et les confidences seront présents, jusqu'à ce que la jalousie s'attaque à Mr. Arnaud. Toujours d'une incroyable justesse, Sautet en dresse deux portraits tendres, évitant la caricature ou les jugements mal venus mais toujours d'un réalisme fort, ce qui se ressent aussi dans les dialogues et l'évolution des rapports. Comme toujours, Sautet évoque la vie et ses dilemmes, mais aussi la cruauté comme la solitude et surtout l'amour, qu'il soit impossible, non partagé ou encore faussé. Il met aussi en avant les pulsions humaines, à l'amour que l'on ne maitrise pas forcément et qui peut laisser de bien douloureuses cicatrices. Il plane sur le long du film un soupçon de mélancolie et de temps qui passe qui se ressent pleinement grâce à la mise en scène immersive de Sautet, nous faisant partager l'intimité des protagonistes, que ce soit dans un bar ou un appartement. Il se montre à nouveau d'une grande sobriété derrière la caméra, trouvant toujours les bons plans pour mieux nous inclure au coeur du récit. Devant la caméra, Michel Serrault est remarquable, tout comme l'osmose qu'il forme avec la belle Emmanuelle Béart, tandis que les seconds rôles (Claire Nadeau, Jean-Hugues Anglade etc) sont impeccables.
Testament réussi pour Claude Sautet qui, à défaut de mettre en scène l'une de ses oeuvres les plus mémorables, trouve toujours la justesse et l'intelligence pour nous immerger au coeur de la vie de ses personnages, où se mêleront non-dits, amour, amitié, solitude et malheur. Le cinéaste de l'humain et de la vie s'éteindra quelques années plus tard et peut reposer en paix, bénéficiant de l'une des plus remarquables filmographies qu'il m'ait été donné de voir avec de nombreux films qui m'auront très fortement marqué.
7/10. Dr Jivago (sens critique)
vendredi 15 janvier 2021
Une Histoire Simple. César de la Meilleure Actrice: Romy Schneider, 1979.
Sortie salles France: 22 Novembre 1978
FILMOGRAPHIE: Claude Sautet, né le 23 février 1924 à Montrouge (Seine) et mort le 22 juillet 2000 dans le 14e arrondissement de Paris, est un scénariste et réalisateur français. 1951 : Nous n'irons plus au bois (court-métrage). 1955 : Bonjour sourire (non crédité comme scénariste). 1960 : Classe tous risques. 1965 : L'Arme à gauche. 1970 : Les Choses de la vie. 1971 : Max et les Ferrailleurs. 1972 : César et Rosalie. 1974 : Vincent, François, Paul... et les autres. 1976 : Mado. 1978 : Une histoire simple. 1980 : Un mauvais fils. 1983 : Garçon ! 1988 : Quelques jours avec moi. 1991 : Un cœur en hiver. 1995 : Nelly et Monsieur Arnaud.
Joli portrait de femme tourmentée, entre ses échecs sentimentaux et sa quête maternelle contradictoire (le prologue s'ouvre par un projet d'avortement alors que sa conclusion opte pour un revirement solaire), Une histoire Simple naquit du projet de Romy Schneider à solliciter auprès de son auteur fétiche un film de femmes qu'elle endosserait en tout 1er rôle. Quand bien même Claude Sautet n'avait jusqu'à présent illustré que des histoires d'hommes virils évoluant autour de leurs discordes amicales et sentimentales. Celui-ci possédant ce don inné de filmer la banalité quotidienne à travers des tracas conjugaux et professionnels difficilement bienheureux. Et si on est loin de ses réussites les plus probantes (les Choses de la Vie, Vincent, François, Paul et les autres, César et Rosalie), Une Histoire Simple reste une jolie chronique naturaliste d'une femme en quête de bonheur et de liberté à la fin des années 70.
Romy Schneider demeurant comme de coutume éblouissante de naturel avec toutefois ici une sobre expression d'amertume quasi permanente. L'actrice âgée de 40 ans lors du tournage dévoilant ici une apparence autrement tranquille, réservée et posée en femme prévenante nantie de tendresse pour y préserver son entourage. Tant auprès de ses relations avec ses proches amies et consoeurs que de ses rapports empathiques avec les hommes, notamment auprès de ses deux ex qu'endossent Claude Brasseur et Bruno Kremer dans des démarches machistes assez égoïstes et indépendantes. Claude Brasseur endossant l'amant envieux teinté d'irascibilité dans son refus d'accepter la triste réalité, quand bien même Bruno Kremer se taille une carrure d'ex mari un peu trop orgueilleux, notamment auprès de son éthique professionnelle dénuée de compassion (un de ses collègues suicidaires sur le point de récidiver ne lui suscite qu'un timide intérêt à son éventuel destin morbide).
De par sa scrupuleuse attention psychologique à illustrer sans fard la vie quotidienne d'une femme dubitative en quête d'équilibre moral, entre désir maternel et sentimental, Une Histoire Simple se décline en chronique sociétale des Seventies (l'émancipation de la femme, tant conjugal que professionnel; le chômage, l'IVG instauré en 75) avec un réalisme mélancolique assez magnétique. Romy Schneider, récompensée pour la seconde fois de sa carrière d'un César de la Meilleur Actrice, irradiant à nouveau l'écran en femme langoureuse en initiation optimiste. A l'instar de ce final solaire présageant une filiation autrement fructueuse.
jeudi 14 janvier 2021
Les Choses de la Vie. Prix Louis-Delluc, 1969
FILMOGRAPHIE: Claude Sautet, né le 23 février 1924 à Montrouge (Seine) et mort le 22 juillet 2000 dans le 14e arrondissement de Paris, est un scénariste et réalisateur français. 1951 : Nous n'irons plus au bois (court-métrage). 1955 : Bonjour sourire (non crédité comme scénariste). 1960 : Classe tous risques. 1965 : L'Arme à gauche. 1970 : Les Choses de la vie. 1971 : Max et les Ferrailleurs. 1972 : César et Rosalie. 1974 : Vincent, François, Paul... et les autres. 1976 : Mado. 1978 : Une histoire simple. 1980 : Un mauvais fils. 1983 : Garçon ! 1988 : Quelques jours avec moi. 1991 : Un cœur en hiver. 1995 : Nelly et Monsieur Arnaud.
"Avoir sous les yeux la triste preuve de l'extrême fragilité de l'existence rend soudain exaltant le sentiment d'être encore en vie."
La vie, l'amour, la mort. Tels sont les thèmes œcuméniques que nous évoque l'immense réalisateur Claude Sautet, un des plus grands auteurs du cinéma français dont on ne peut se lasser de revoir ses classiques de par sa faculté à nous immerger dans les tourments de ses personnages fragiles avec un réalisme qui n'appartient qu'à lui. Ainsi, la trame nous évoque l'interrogation perplexe de Pierre, architecte quadragénaire séparé de son épouse depuis sa rencontre avec Hélène. Or, il décide depuis quelques temps de s'éloigner de cette dernière pour des raisons indécises. Et ce au point de vouloir lui écrire une lettre pour mettre un terme à leur liaison déclinante qu'Hélène a bien du mal à accuser dans sa condition délaissée. Mais avant de la lui adresser, et alors qu'il empreinte une route nationale à bord de son véhicule, un camion calé à l'intersection d'une chaussée lui cause l'accident fatal. Semi-comateux sur un lit de pelouse, il se remémore son passé sentimental auprès des deux compagnes de sa vie.
De par son climat austère et son réalisme clinique quasi documenté, Les Choses de la vie pourrait aujourd'hui paraître un peu difficile d'accès auprès d'un jeune public non préparé. Son rythme languissant (surtout avant l'accident), ses décors parfois blafards et le jeu si particulier du grand Michel Piccoli dans sa fonction assez orgueilleuse peuvent entraîner un sentiment un peu déconcertant auprès d'une frange du public. Pour autant, de par la présence divine de Romy Schneider fidèle à sa nature radieuse et sensuelle et son cheminement narratif traité de manière résolument personnelle (notamment auprès de cet anthologique crash automobile filmé de l'habitacle), les Choses de la Vie instaure un climat d'étrangeté tantôt doucereux, tantôt morbide (une aura mortuaire plane sur les épaules de Piccoli lors de ses pensées internes parfois hallucinogènes). Et ce au point de nous susciter un sentiment de fascination indicible. Sautet, réfractaire aux conventions, nous immergeant de manière subjective dans les pensées de la victime avec un réalisme aussi trouble qu'onirique. Les Choses de la vie traitant de l'importance du jour présent par le biais du spectre de la mort que Piccoli côtoie sans appréhension particulière. Tant et si bien que l'on reste figé d'émotions brutes de décoffrage lors de sa déchirante conclusion au point de ne pas en sortir indemne. Les Choses de la Vie s'offrant à nous telle une leçon existentielle à travers notre égoïsme, notre fierté et notre ego de s'opposer parfois à la réconciliation pour des raisons triviales.
A la fois étrange, hermétique, onirique, cruel et mélancolique (appuyé de l'inoubliable mélodie lancinante de Philippe Sarde) entre quelques bribes (solaires) de tendresse et d'insouciance, les Choses de la Vie peut faire office d'ovni spirituel à travers sa réflexion sur le temps s'étiolant inexorablement au point d'en omettre notre (extrême) fragilité existentielle. Du grand cinéma d'auteur d'une dignité humaine davantage sensorielle (notamment auprès de la pudeur des regards en berne passée la tragédie) au point de quitter l'écran dans un état d'amertume aussi démuni que désenchanté. Mais en traversant le cap de cette destinée mortuaire, les Choses de la vie nous offre surtout le désir de se remettre en question à travers nos sentiments préjudiciables d'amour-propre, d'instabilité et d'insatisfaction.
*Bruno
Récompense: Prix Louis-Delluc, 1970
mercredi 13 janvier 2021
César et Rosalie
mardi 12 janvier 2021
Vincent, François, Paul et les Autres. Prix Jean Cocteau, 1974.
de Claude Sautet. 1974. France. 1h54. Avec Yves Montand, Michel Piccoli, Serge Reggiani, Gérard Depardieu, Stéphane Audran, Marie Dubois, Umberto Orsini.
Sortie salles France: 20 Octobre 1974
FILMOGRAPHIE: Claude Sautet, né le 23 février 1924 à Montrouge (Seine) et mort le 22 juillet 2000 dans le 14e arrondissement de Paris, est un scénariste et réalisateur français. 1951 : Nous n'irons plus au bois (court-métrage). 1955 : Bonjour sourire (non crédité comme scénariste). 1960 : Classe tous risques. 1965 : L'Arme à gauche. 1970 : Les Choses de la vie. 1971 : Max et les Ferrailleurs. 1972 : César et Rosalie. 1974 : Vincent, François, Paul... et les autres. 1976 : Mado. 1978 : Une histoire simple. 1980 : Un mauvais fils. 1983 : Garçon ! 1988 : Quelques jours avec moi. 1991 : Un cœur en hiver. 1995 : Nelly et Monsieur Arnaud.
Découvrir pour la première fois ce morceau de cinéma des Seventies demeure tout bonnement divin en prime de nous émouvoir sans ambages eu égard de la capacité du metteur en scène à radiographier les états contrariés de ses acolytes partagés entre bonheur et désillusion. Et ce même si l'espoir finit heureusement par gagner du terrain lors de sa conclusion à la fois mélancolique et luminescente militant pour l'optimisme (je songe évidemment au nouveau destin de Vincent en proie à une soudaine renaissance). Tant et si bien que rien n'est jamais véritablement perdu lorsque l'on parvient à dépister la chance qui s'offre à nous afin de reconsidérer notre existence d'un point de vue autrement positif. Il s'agit donc d'une ode à la vie, à l'amour, à la camaraderie et à l'optimisme que Claude Sautet nous immortalise sous l'impulsion d'un quatuor d'acteurs admirables de sobriété. Tant auprès du jeune Gérard Depardieu en boxer plus ambitieux qu'il n'y parait, de Michel Piccoli en chirurgien embourgeoisé ou encore de Serge Reggiani en écrivain raté au grand coeur. Car Vincent, François, Paul... et les autres est un film d'acteurs au sens le plus digne et épuré qui soit tant ses comédiens expriment leur fêlure morale dans une posture vériste somme toute modérée.
Claude Sautet, littéralement amoureux d'eux, les dirigeant à la perfection de par son attention avisée (jamais voyeuriste) de les authentifier dans le cadre d'une fragilité humaine inscrite dans la réserve. Qui plus est sans une once d'élocution théâtrale comme on a hélas trop coutume d'en voir dans le cinéma français contemporain (mais aussi séculaire chez certains classiques renommés). Et pour conclure sur une ultime dithyrambe, je tiens à vénérer l'interprétation tant nuancée du monstre sacré Yves Montand en entrepreneur en perdition partagé entre le dépit de sa profession et celui de son échec conjugal. Si bien qu'il ne parvient pas à omettre ses sentiments pour son ex épouse Catherine que Stéphane Audran endosse avec une maturité pleine de sagesse et d'humilité. Rien que leur aparté dépeinte au sein d'un café fait office de morceau d'anthologie lorsque Sautet scrute avec une grande délicatesse ces regards tour à tour intimidés, déçus, mélancoliques, tristes, angoissés. Des amants de l'infortune incapables de renouer avec leur bonheur d'autrefois à travers des postures si posées et déférentes. Montand jouant une sorte de machiste ambitieux avec une naïveté bouleversante. Tant et si bien que derrière ce regard strié par l'âge s'y tapi un enfant chétif égaré dans la crainte de la déroute.
*Bruno
Récompenses: Prix Jean-Cocteau 1974.
lundi 11 janvier 2021
Willow Creek
Sortie salles U.S: 6 Juin 2014
FILMOGRAPHIE: Robert Francis Goldthwait, dit Bobcat Goldthwait, également connu sous le nom de Bob Goldthwait, est un acteur, humoriste réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 26 mai 1962 à Syracuse, New York (États-Unis). 1992 : Shakes the Clown. 1999 : The Man Show (série télévisée). 2000 : Strip Mall (série télévisée). 2002 : Crank Yankers (série télévisée). 2003 : Windy City Heat. (téléfilm). 2003 : "Chappelle's Show" (2003) TV Series. 2007 : Juste une fois ! 2009 : World's Greatest Dad. 2011 : God Bless America.
Inédit en salles chez nous, Willow Creek est un "Found Footage" particulièrement influencé par le maître étalon du genre, le Projet Blair Witch. Tant au niveau de son schéma narratif (visite touristique de nos héros, interview de leurs témoins locaux, camping sauvage au sein d'une nature feutrée, final horrifique en crescendo), de sa scénographie forestière, de ses effets de peur bâtis sur la tension, l'angoisse puis la frayeur (avec 2/3 jump-scare étourdissant d'efficacité !) que de l'exploitation du hors-champs sonore fonctionnant ici (à nouveau) à merveille. Ainsi, 1h20 durant, nous suivons les pérégrinations d'un jeune couple de campeurs s'enfonçant dans les bois afin de retrouver les traces du célèbre Bigfoot. Louablement, le réalisateur parvient à les rendre attachants de par leur spontanéité insouciante, leur humour gentiment potache et leur communs sentiments du bonheur matrimonial (comme en atteste cette touchante demande de mariage improvisée dans la tente). Le réalisateur parvenant à l'aide de sa caméra à l'épaule à les rendre authentiques à travers leurs expressions naturelles jamais outrées.
Et si la première partie aux air de déjà vu (le couple interrogeant face caméra commerçants et quidams régionaux) fait craindre une resucée poussive, la suite embraye le trouillomètre dès que nos campeurs se retrouvent confinés dans leur tente la peur au ventre. Ainsi, durant 20 minutes d'appréhension tendue mêlée de frayeur cinglante, Willow Creek renoue avec le réalisme blafard du Projet Blair Witch à travers sa capacité à foutre les pétoches par le biais des regards épeurés et d'une bande-son tantôt ombrageuse, tantôt stridente se jouant habilement de la suggestion. Et pour ceux qui avaient été effrayés par la randonnée pédestre du Projet Blair Witch fondée sur le mythe des sorcières, ils ne seront pas déçus de retrouver ce similaire sentiment d'insécurité palpable à travers une menace invisible terriblement fascinante. Tant et si bien qu'en adoptant une démarche rigoureuse lors de son climax épeurant, Willow Creek enfonce le clou du malaise cauchemardesque lors de sa dernière séquence génialement improbable et irrésolue. Notamment auprès de cette vision d'effroi inexpliquée entraperçue en focus !
Excellente surprise issue d'Outre-Atlantique nantie d'un pouvoir de fascination davantage trippant, Willow Creek mériterait une meilleure reconnaissance à travers son concept de Found Footage transmettant une peur malaisante comme si vous étiez à la place des personnages en état de catatonie. C'est dire si la flippe parvient ici à se renouveler de manière quasi aussi prégnante que son modèle susnommé. Tant et si bien que l'on regrette réellement que sa durée soit aussi écourtée (1h18) et qu'il aurait peut-être fallu abréger une première partie un peu trop conventionnelle, bien que ce climat de légèreté demeure fallacieux (et fructueux) pour mieux nous préparer à la tournure dramatique de ces évènements.
*Bruno