mardi 19 octobre 2021

Le Fils de Frankenstein

                                                                      Photo empruntée sur Google 

"Son of Frankenstein" de Rowland V. Lee. 1939. U.S.A. 1h39. Avec Basil Rathbone, Boris Karloff, Bela Lugosi, Lionel Atwill, Josephine Hutchinson, Donnie Dunagan, Emma Dunn.

Sortie salles France: 29 Mars 1939

FILMOGRAPHIE PARTIELLERowland Vance Lee, né le 6 septembre 1891 à Findlay et mort le 21 décembre 1975 à Palm Desert (États-Unis), est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain. En tant qu'acteur, il est crédité sous le nom de Rowland Lee.1931 : The Guilty Generation. 1932 : That Night in London. 1933 : Révolte au zoo. 1933 : I Am Suzanne! 1934 : Le Comte de Monte-Cristo. 1934 : Gambling. 1935 : Cardinal Richelieu. 1935 : Les Trois Mousquetaires. 1936 : One Rainy Afternoon. 1937 : L'Étrange visiteur. 1937 : L'Or et la Chair. 1938 : Bonheur en location. 1938 : Service de Luxe. 1939 : Le Fils de Frankenstein. 1939 : Frères héroïques. 1939 : La Tour de Londres. 1940 : Le Fils de Monte-Cristo. 1942 : Powder Town. 1944 : The Bridge of San Luis Rey. 1945 : Le Capitaine Kidd. 

Ultime épisode de la trilogie Frankenstein immortalisée par Boris Karloff, le Fils de Frankenstein fleure bon l'épouvante vintage sous la houlette de Universal (Monsters). Car bien que l'acteur regrette d'avoir participé à ce 3è opus, le Fils de Frankenstein est une splendide réactualisation du mythe de par sa fulgurance formelle (noir et blanc expressionniste, décors baroques au sein du vaste château, cadrages alambiqués, éclairages contrastés) et l'efficacité d'une intrigue mettant en exergue les exactions perfides de l'assistant Igor magnifiquement incarné par Bela Lugosi. Probablement un de ses meilleurs rôles tant l'acteur se délecte à se tailler une carrure démanchée, faute de son cou brisée par la pendaison, qui plus est saturé d'un regard sournois transpirant le vice à travers son rictus édenté. Ce dernier jouant une fonction faussement paternelle auprès du monstre afin de se venger des responsables de sa pendaison auquel il réchappa in extremis. 

Dans celui du baron Wolf (loup y est tu ?), fils de Henry Frankenstein, Basil Rathbone excelle également à se compromettre à la complicité d'une résurrection depuis que le monstre est plongé dans un coma. Son amitié équivoque avec le policier Krogh (excellement incarné par Lionel Atwill avec son bras amovible plus vrai que nature !) nous caractérisant peu à peu un homme plutôt lâche et impuissant à loser lui ébruiter la vérité en dépit des morts qui s'accumulent au village maudit de nouveau hanté par la présence du monstre. Et bien que cet opus ne soit pas réalisé par l'illustre James WhaleRowland V. Lee s'en sort haut la main à honorer dignement la franchise, notamment en y respectant le choix de Karloff à renouer avec la pantomime (à contrario du précédant volet donc) afin de rendre encore plus fascinant le monstre à nouveau victime de l'arrogance de l'homme ici voué à se venger. Le monstre répétant à son tour la même démarche punitive (tel père, tel fils !) à un moment propice de l'intrigue, de manière habile à relancer l'action vers un axe autrement dramatique.  

Aussi fascinant pour ses décors baroques vus nulle part ailleurs que passionnant pour la caractérisation consciencieuse de ses personnages jouant à nouveau les apprentis sorciers sous la mainmise d'un odieux forgeron que Lugosi immortalise au point d'y voler presque la vedette du monstre, le Fils de Frankenstein, s'il n'atteint pas la dimension poétique de ses prédécesseurs, demeure un classique incontournable de la Universal de par son authenticité monochrome infiniment minutieuse. Un fascinant spectacle donc remarquablement mené sans temps morts. 

*Eric Binford
2èx

lundi 18 octobre 2021

Les Grands Fonds

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The deep" de Peter Yates. 1977. U.S.A. 2h04. Avec Robert Shaw, Jacqueline Bisset, Nick Nolte, Louis Gossett Jr., Eli Wallach, Dick Anthony Williams. 

Sortie salles France: 21 Septembre 1971. U.S: 17 Juin 1977

FILMOGRAPHIE: Peter Yates, né le 24 juillet 1929 à Aldershot et mort le 9 janvier 2011 à Londres1, est un réalisateur britannique. 1964 : One Way Pendulum. 1967 : Trois milliards d'un coup. 1968 : Bullitt. 1969 : John et Mary. 1971 : La Guerre de Murphy. 1972 : Les Quatre Malfrats. 1973 : Les Copains d'Eddie Coyle. 1974 : Ma femme est dingue. 1976 : Ambulances tous risques. 1977 : Les Grands Fonds. 1979 : La Bande des quatre. 1981 : L'Œil du témoin. 1983 : L'Habilleur. 1984 : Krull. 1985 : Eleni. 1987 : Suspect dangereux. 1988 : Une femme en péril. 1989 : Délit d'innocence. 1992 : Year of the Comet. 1995 : Un ménage explosif.


Film oublié, voir même mésestimé, peut-être parce qu'il s'agit de l'adaptation d'un roman de Peter Benchley et que 2 ans plus tôt Les Dents de la Mer emporta tous les suffrages en révolutionnant le Blockbuster horrifique; Les Grands Fonds demeure toutefois un formidable film d'aventures comme on en fait plus de nos jours (numérisés). Car l'intrigue a beau se réduire à la simplicité pour son schéma convenu, la mise en scène solide de Peter Yates (Bullitt, excusez du peu), le jeu résolument impliqué de son prestigieux cast (Jacqueline Bisset, Robert Shaw et Nick Nolte se partagent la vedette à parts égales en aventuriers en herbe) et son climat sous marin quelque peu envoûtant insufflent un rythme nerveux aussi captivant que tendu quant aux effets de suspense dramatiques. 


Mais si les Grands Fonds demeure aussi plaisant que charmant à travers son cadre exotique magnifié d'un scope et d'une photo saturée, il le doit notamment à la dextérité de Peter Yates à travers son art d'y conter son histoire de manière à la fois limpide et charpentée. Car en tablant sur l'enjeu d'une improbable chasse au trésor des flots bleus que se disputent bons et méchants, Peter Yates cultive tout le long du récit un réalisme quasi documenté à travers la beauté des fonds marins et de ces poissons parfois hostiles qui environnent l'épave (réservant par ailleurs quelques méchantes déconvenues !) et auprès de sa violence oppressante ne lésinant pas sur une certaine cruauté. Nombre de rebondissements et de corps à corps musclés demeurant fort convaincants parmi l'implication des comédiens se combattant physiquement avec une scrupuleuse intensité (dans la mesure où l'on s'inquiète pour leur sort, même auprès des seconds-rôles, tout en souffrant moralement pour leur blessure invoquée sans concession par des antagonistes sournois). 


Divertissement d'aventure artisanal, tant auprès du savoir-faire de sa mise en scène consciencieuse, de l'aplomb des comédiens que de sa scénographie maritime à la fois inquiétante et fascinante (les moults déconvenues que nos protagonistes endurent avec sobre héroïsme), les Grands Fonds ne se laisse jamais influencer par l'ennui au fil de sa fascinante intrigue fertile en détails historiques afin d'y crédibiliser l'origine du trésor convoitée par d'audacieux baroudeurs. Très agréable et dépaysant en diable. 

*Eric Binford
2èx

mercredi 13 octobre 2021

La Compagnie des Loups. Prix Spécial du Jury, Avoriaz 1985.

                                                                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site notrecinema.com

"The Compagny of Wolves" de Neil Jordan. 1984. Angleterre. 1h35. Avec Sarah Patterson, Angela Lansbury, David Warner, Tusse Silberg, Micha Bergese, Graham Crowden, Kathryn Pogson.

Sortie salles France: 23 Janvier 1985. U.S: 19 Avril 1985. Angleterre: 21 Septembre 1984

FILMOGRAPHIENeil Jordan est un réalisateur, producteur, scénariste et écrivain irlandais, né le 25 Février 1950 à Sligo. 1982: Angel. 1984: La Compagnie des Loups. 1986: Mona Lisa. 1988: High Spirits. 1989: Nous ne sommes pas des Anges. 1991: L'Etrangère. 1992: The Crying Game. 1994: Entretien avec un Vampire. 1996: Michael Collins. 1997: The Butcher Boy. 1999: Prémonitions. 1999: La Fin d'une Liaison. 2002: L'Homme de la Riviera. 2005: Breakfast on Pluto. 2007: A vif. 2009: Ondine. 2012: Byzantium


Adaptation cinématographique du fameux conte de Perraultla Compagnie du loup empreinte la légende du Petit Chaperon Rouge dans une texture horrifico-hermétique. Car à travers les songes d'une jeune adolescente en émoi sexuel, Neil Jordan nous confine dans un univers particulièrement baroque où la féerie côtoie l'étrangeté. Entièrement tourné en studio afin d'accentuer le côté fantasmatique des "rêves" de l'héroïne, le film baigne dans un esthétisme onirique quelque peu envoûtant parmi son village médiéval implanté au coeur d'une forêt auquel les animaux font office d'effigie. En l'occurrence, il n'y a pas vraiment de structure narrative mais plutôt un assemblage d'historiettes fondées sur la crainte du loup. Une manière d'interpeller l'éveil à la séduction d'une adolescente surprise par sa croissance physique et intellectuelle (notamment son attirance/répulsion pour le passage à l'âge adulte). Le loup étant ici une métaphore afin de mettre en exergue le côté prédateur de l'homme lorsqu'il s'agit d'un dangereux séducteur prêt à commettre ses méfaits sexuels sur une jeune pubère. Ainsi, à travers cette analogie, on peut d'ailleurs y déceler une mise en garde de la pédophilie (et des pervers sexuels) si bien qu'ici l'adulte est pleinement conscient d'y courtiser une adolescente candide. 


Imprégné d'images picturales où les animaux et la nature communient, et émaillé de symboles métaphoriques, la Compagnie des Loups transcende l'excursion baroque d'une jeune fille prête à aborder le grand méchant loup ! Dans un climat diaphane à l'aura impénétrable, Neil Jordan réussit à transfigurer le conte de fée en cauchemar psychanalytique pour les rapports de couple (les thèmes de l'adultère, de la phallocratie et du flirt dominent leur comportement). A l'instar du jeu de séduction qu'entretiennent l'homme et la femme, leur attirance charnelle étant extériorisée par la pulsion sexuelle. Quand bien même notre petit chaperon maquillé de rouge à lèvres finira par se laisser influencer par l'apparence sournoise du loup. Pour les brèves séquences de transformation, si les FX peuvent aujourd'hui paraître un brin datés, il ne manque pas d'originalité dans leur conception afin de se distinguer de ses homologues ayant préalablement accompli le miracle technique (l'inévitable diptyque: Hurlementsle Loup-garou de Londres). Enfin, on peut saluer la présence charismatique des comédiens (les rôles impartis à la grand-mère et au chaperon rouge semblent s'être évacués du conte de Charles Perrault !), des personnages iconiques se combinant parfaitement avec l'environnement dépeint !


Abstrait, opaque et davantage envoûtant lors d'un final confinant au sublime, La Compagnie des Loups demeure la caractérisation idéale du cinéma fantastique adulte tentant de proposer au public un spectacle atypique, voir difficile d'accès en y réfutant les conventions et la trivialité du divertissement. Ainsi, à l'instar du célèbre livre de Charles Perrault, La Compagnie des Loups est un classique destiné à la pérennité, à revisionner plusieurs fois pour mieux l'apprivoiser, notamment pour en savourer toute sa substance dangereusement lascive.  

Eric Binford
17.01.14. 306 v
13.10.21. 4èx

RécompensesPrix Spécial du Jury à Avoriaz, 1985
Grand Prix, Prix de la Critique, Prix des Effets-spéciaux, Sitges 1984
Prix du meilleur filmmeilleurs effets spéciaux (Christopher Tucker) et prix de la critique internationale au Festival du film de Catalogne, 1984.
Mention Spéciale au Fantafestival, 1985
Prix du meilleur filmprix du juryprix de la critique et prix des meilleurs effets spéciaux au Festival de Fantasporto, 1985.

mardi 12 octobre 2021

Sanglante Paranoïa / Brain dead

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Adam Simon. 1990. U.S.A. 1h24. Avec Bill Pullman, Bill Paxton, Bud Cort, Nicholas Pryor, Patricia Charbonneau, George Kennedy 

Sortie salles France: 27 Janvier 1993 (Janvier 90 à Avoriaz). U.S: 19 Janvier 1990

FILMOGRAPHIEAdam Simon, né le 6 février 1962 à Chicago, dans l'Illinois (États-Unis), est un scénariste et réalisateur américain. 1990 : Sanglante Paranoïa. 1992 : Body Chemistry II: The Voice of a Stranger. 1993 : Carnosaur. 


Série B native de 1990 mais sortie chez nous 3 ans plus tard; Sanglante Paranoïa est un sympathique divertissement horrifique surfant sur le concept paranoïde de l'éprouvant l'Echelle de Jacob. Interprété par Bill Pullman et Bill Paxton dans des rôles inévitablement équivoques, le récit, redondant mais pour autant efficace, relate la schizophrénie galopante d'un éminent neurochirurgien, Rex Martin, décidé à opérer John Halsey, brillant mathématicien devenu paranoïaque à la suite du massacre de sa famille. Alors que l'opération demeure un succès (le sujet semble retrouver la raison); Rex Martin perd peu à peu la boule à la suite d'hallucinations sanglantes. 


Ainsi, en suivant le délire psychotique de celui-ci lourdement éprouvé par sa nouvelle identité (tout l'entourage le prend pour John Halsey !), le spectateur ne parvient plus comme lui à distinguer la réalité des hallucinations récursives à travers des séquences ubuesques dénuées de raison. D'où l'intérêt expérimental du métrage à nous semer (parfois très efficacement) doute, confusion et malaise psychologique. Et bien que la réalisation manque clairement de maîtrise et que le scénario joue un peu trop avec l'inexpliqué comme le surligne sa conclusion ambivalente (à moult niveaux de lecture), Sanglante Paranoïa parvient parfois à terrifier (cérébralement parlant), avec parfois un goût prononcé pour l'onirisme formel (les papillons s'extirpant du crane). Inquiétant, perfide et débridé, Sanglante Paranoïa exploite donc assez efficacement une horreur cérébrale insécure dans un format de série B à la fois modeste et bricolée. A découvrir avec curiosité en y retenant surtout une effrayante lobotomie séculaire filmée en noir et blanc documenté. Malaise garanti !  

*Eric Binford.
2èx

mercredi 6 octobre 2021

Old

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de M. Night Shyamalan. 2021. U.S.A. 1h48. Avec Gael García Bernal, Vicky Krieps, Rufus Sewell, Alex Wolff, Thomasin McKenzie, Abbey Lee Kershaw. 

Sortie salles France: 21 Juillet 2021. U.S: 23 Juillet 2021

FILMOGRAPHIE: M. Night Shyamalan est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, d'origine indienne, né le 6 Août 1970 à Pondichéry. 1992: Praying with Angers. 1998: Eveil à la vie. 1999: Sixième Sens. 2000: Incassable. 2002: Signs. 2004: Le Village. 2006: La Jeune fille de l'eau. 2008: Phenomènes. 2010: Le Dernier maître de l'air. 2013: After Earth. 2015: The Visit. 2017: Split. 2019: Glass. 2021: Old. 

Cette peur viscérale de la vieillesse. 
Ce n'est un secret pour personne, M. Night Shyamalan est capable du meilleur comme du pire, et ce de façon métronome depuis la genèse de sa carrière. Ainsi, à chaque nouveau projet qui se profile, on reste dans l'espoir de retrouver le talent de cet habile artisan voué corps et âme à sa passion pour le genre Fantastique. Et je peux présumer qu'avec Old, Shyamalan nous réconcilie à nouveau avec lui tant cet épisode grandeur nature de la 4è Dimension nous captive et nous met mal à l'aise sans se laisser dériver vers un goût d'inachevé. Aussi standard soit son schéma narratif adepte de rebondissements horrifiques en pagaille. Car tout est dans l'art et la manière d'y maîtriser son histoire en progression dramatique spécialement malsaine. A l'instar de son twist final aussi crédible qu'intelligent y dénonçant Spoil !!! les dérives de la recherche médicale à force de vouloir nous empêcher de mourir Fin du Spoil. Un thème plus qu'actuel faisant inévitablement écho à la pandémie mondiale de la Covid tout en égratignant en filigrane notre société formaliste adepte de chirurgie esthétique afin d'éclipser notre peur innée de la vieillesse. Recrutant un casting hétéroclite d'acteurs aussi inquiétants que convaincants (certains visages hagards ou patibulaires font froid dans le dos à travers des plans serrés fondés sur leur incompréhension), Old parvient furtivement à insuffler un sentiment d'angoisse paranoïde qui ira crescendo au fil des incidents cauchemardesques que subira un groupe de touristes confinés sur une plage. 


Photo scope et décors splendides; la scénographie tropicale nous offre un contraste saisissant auprès de ses protagonistes en proie à un commun désarroi davantage dépressif. Dans la mesure où ceux-ci subiront un nombre incalculable d'incidents cauchemardesques à travers leur déliquescence à la fois corporelle et cérébrale. Ces derniers souffrant de maladie plus ou moins grave, raison pour laquelle ils s'exilèrent au sein de cette cure thermale faisant office de complexe touristique pour familles bourgeoises. Epreuve insurmontable de survie au sein de ce no man's land mutique terriblement hostile (si je me réfère aux immenses rochers qui entourent la berge), Old cultive un sentiment d'insécurité permanant de par son rythme effréné d'y cumuler l'horreur des situations improbables avec une intensité dramatique infaillible. Car paranoïaque en diable, nos protagonistes toujours plus esseulés ne devront compter que sur leur indépendance pour tenter de rester en vie au sein de ce décor paradisiaque redoutablement insidieux. Tant et si bien que l'empathie éprouvée pour eux demeure toujours prégnante, même auprès des personnages superficiels les plus antipathiques (la blondasse fluette aux yeux bleus obsédée par son enveloppe corporelle faisant office d'anguille écervelée). 


Un Eté d'Enfer
C'est donc en observant la psychologie à la fois torturée et désoeuvrée des personnages que l'appréhension du danger invisible fleurit le mieux sous la houlette d'un Shyamalan plutôt mesquin à molester ses protagonistes sans faire preuve de concession. Autant dire que le cauchemar estival à la fois viscéral, dérangeant et cérébral fonctionne à plein régime pour qui raffole de pitch génialement dingo. Pas un grand film, certes, mais un excellent divertissement horrifique poétiquement morbide que Shyamalan adopte au 1er degré, avec en sus une maîtrise technique parfois singulière (certains mouvements de caméra hyper véloces m'ont paru inédit dans le paysage cinématographique). 

*Eric Binford.  

mardi 5 octobre 2021

Horror Hospital / La Griffe de Frankenstein

                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site mattmulcahey.files.wordpress.com

"Computer Killer" de Anthony Balch. 1973. Angleterre. 1h30. Avec Michael Gough, Robin Askwith, Ellen Pollock, Skip Martin, Vanessa Shaw, Dennis Price.

Sortie salles France: 7 Avril 1976. U.S: Avril 1975

FILMOGRAPHIE: Anthony Balch est un réalisateur anglais né le 10 Septembre 1937 à Londres, décédé en Avril 1980. 1963: William Buys a Parrot. Towers Open Fire. 1966: The Cut Ups. 1970: Secret of sex. 1972: Bill and Tony. 1973: Horror Hospital


Un bijou d'horreur british, authentique perle culte issue du Bis marginal. 
Ultime métrage du réalisateur méconnu Anthony BalchHorror Hospital (ou La Griffe de Frankenstein) est une version réactualisée du fameux mythe de Frankenstein avec un accent prononcé pour le délire assumé. Si bien que cette farce grotesque toujours plus aberrante par son intrigue désincarnée entretient la réjouissance pour sa galerie de personnages excentriques et ses idées grand-guignolesques jubilatoires. Le pitchEn guise de cure de repos, un chanteur de rock rejoint la ferme de santé du Docteur Storm dans une contrée anglaise. Durant son trajet ferroviaire, il fait la connaissance de Judy, une jeune blonde convoquée par sa tante, l'épouse du chirurgien utopiste. Or, cet hôpital reculé est en fait un laboratoire d'expériences insensées pratiquées sur des individus lobotomisés !


Petit succès des années 80 lors de sa sortie Vhs, les rats des vidéo-clubs ne manquèrent pas d'évoquer lors de discussions fougueuses son fameux prologue inconcevable. Jugez en ! A l'intérieur d'une limousine noire, deux individus patibulaires installés à l'arrière attendent patiemment l'arrivée de deux fuyards à proximité d'une forêt ! Les proies étant rapidement localisées, la voiture s'engage furtivement pour les traquer, quand bien même l'adjoint de petite taille s'engage à actionner le levier d'un boitier afin d'extraire du côté droit du toit du véhicule une lame acérée pour décapiter les deux malheureux ! Ainsi donc, en guise de trophées, les têtes y retombaient pile-poil dans un panier disposé sous la lame d'acier ! Une situation totalement aberrante mais oh combien ludique et tout de même efficacement montée par son effet de surprise grand-guignolesque. 


Quant aux péripéties prochaines, elles s'avèrent du même acabit puisque regorgeant de séquences impayables toutes aussi risibles ou pétulantes ! A savoir qu'un couple abordé plus tôt dans un train sera pris au piège dans le manoir du Dr Storm à travers un odieux trafic d'humains. Pour preuve, ce médecin utopiste (notre vétéran Michael Gough, toujours aussi charismatique dans sa sinistre physionomie patibulaire !) souhaite dominer le monde en lobotomisant des badauds par greffe de cerveau, et ce pour les rendre insensibles à la douleur. Ces automates téléguidés d'une machine révolutionnaire étant réduits à l'état végétatif, à l'instar de zombies aphones déambulant dans les locaux sous l'allégeance du Dr Storm. Ainsi, nos deux héros déconcertés vont non seulement fréquenter ces trognes délavées mais aussi des geôliers pugnaces en combinaison de cuir affublés de casque de moto, un assistant nabot versatile, une tante sournoise et enfin un incroyable monstre de foire, concurrent défaillant du Dr Phibes ou plus précisément du Monstre qui vient de l'espace ! La posture ballot de nos deux protagonistes insufflant de manière permanente la cocasserie à force de s'interroger sur les agissements suspicieux du personnel cynique et d'évènements inquiétants s'y déroulant de façon ostentatoire. Surtout qu'un troisième luron tout aussi gogo égayera notamment l'horreur surréaliste en s'introduisant dans l'établissement pour tenter d'extraire nos deux héros (et sa p'tite amie Emilie) des griffes de Storm.


Les insatisfaites poupées atones du Dr Storm !
Par conséquent, à travers l'aspect irrésistiblement pittoresque de l'entreprise médicale occupée par des fêlés du bulbe et des psychopathes anachroniques, Horror Hospital se permet d'y insuffler une ambiance assez glauque par moments de par son sentiment d'insécurité ombrageux comme le soulignent ces draps imbibés de sang d'un plumard vide que les héros reluquent naïvement. On peut d'ailleurs prôner un autre moment incongru plus probant Spoil ! nous faisant pénétrer en interne d'un lit à baldaquin pour nous dévoiler par la brèche d'un rideau de velours les exactions SM d'un monstre gluant battant à mort une godiche dévêtue! Les 2 amants à moitié comateux se prélassant sans émotions ni passion en dépit des gémissements malsains du meurtrier pervers ! Fin du Spoil. On reste donc constamment surpris durant tout le récit du ton cintré de l'entreprise émanant du parti-pris sarcastique du cinéaste puisque délibéré à décomplexer une épouvante vintage en y instillant du gore faisandé aimablement grotesque. En l'occurrence, Horror Hospital demeure encore plus fun par son climat déjanté si bien que les vidéophiles des eighties éprouveront plus de plaisir masochiste face à ce jubilatoire jeu de massacre aussi étrange que capillotracté.

*Eric Binford
05.10.21. 3èx
04.04.12. 250 v

vendredi 1 octobre 2021

Une Nuit trop noire

                                                
                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site cult-trash-in-french-dvd-composite.blogspot.com

"One dark night" de Tom Mcloughlin. 1983. U.S.A. 1h29. Avec Meg Tilly, Melissa Newman, Adam West, Robin Evans, Kevin Peter Hal, Leslie Speights, Donald Hotton, Elizabeth Daily.

Sortie salles France: 1982, au Rex de Paris. U.S: 25 Février 1983

FILMOGRAPHIE: Tom Mcloughlin est un scénariste et réalisateur américain né en 1950. 1983: One Dark Night, 1986: Jason le mort-vivant, 1987: Date with an angel, 1991: Sometimes they come back, 1992: Something to live for: the alison gertz story, 1999: Anya's Bell, 2001: The Unsaid, 2002: Murder in Greenwich, 2003: D.C. Sniper: 23 Days of fear, 2004: She's too young, 2005: Odd Girl Out, Cyber Seduction: His secret life, 2006: Not like everyone else, 2007: The Staircase Murders, 2008: Fab Five: The Texas Cheerleader Scandal.

                                      

Une perle du macabre que ce pur film d'ambiance old school à faire pâlir de jalousie le produit d'horreur mainstream s'efforçant d'insuffler une étincelle d'aura funèbre.
Connu auprès des amateurs grâce à Jason le mort-vivant (Vendredi 13 VI), Tom Mcloughlin débuta trois ans plus tôt avec un premier film d'horreur, Une nuit trop noire réalisé en 1983. Série B sans prétention au scénario linéaire, sa réussite émane de son incroyable ambiance horrifique rétro (qu'on ne retrouve plus de nos jours), épaulée qui plus est d'FX supervisés par Tom Burman et à moindre échelle de sa photo saturée renforçant son attrait envoûtant. Le pitchDans un mausolée, un trio d'étudiantes décide de jouer un mauvais tour à l'une de leur rivale en l'enfermant durant une nuit dans ce lieu macabre situé à proximité du cimetière. Ainsi, dans ce lieu funéraire vient d'être inhumé un étrange professeur doué de pouvoirs télékinésiques, potentiellement responsable de la mort d'adolescents retrouvés dans son ancien appartement. Bientôt, ce vampire mental libérera ses forces surnaturelles pour annihiler ses hôtes venus perturber le repos des mortels. Production mineure donc ficelée avec de modestes moyens (en dehors d'FX artisanaux fort soignés pour son final paroxystique !), Une nuit trop noire amorce sa première partie auprès d'une stratégie vindicative que des adolescentes rancunières vont renchérir afin de brimer leur victime. Quand bien même la fille du défunt en apprendra un peu plus sur les agissements funèbres de celui-ci capable d'absorber les énergies de ses victimes par son ressort psychique. Or, cette mise en place conventionnelle va rapidement céder au fameux clou de l'intrigue avec cette redoutée épreuve macabre au sein d'un mausolée en proie à une force démoniaque.

                  
Dans la mesure où Julie (interprétée avec sobriété par la novice et charmante Meg Tilly eu égard de ses partenaires potiches à gifler !) doit résister une nuit entière dans cet environnement morbide avec comme seules compagnies sa lampe de poche et un duvet de campeur. Cette épreuve morale commanditée par le trio de donzelles lui est infligée depuis qu'elle fréquente l'un de leur ex petit ami. En mal de reconnaissance (si bien qu'elles forment à elles 3 une "association"), ces rebelles de fortune finiront par pénétrer dans l'enceinte funéraire pour tenter d'effrayer leur camarade prise en otage à travers leurs farces macabres. Efficacement menée sans temps mort (et ce en dépit d'une mise en place dénuée de soubresauts) et exploitant avec habileté les corridors lugubres de la morgue, cette seconde partie sédiut d'autant mieux de par son ambiance ombrageuse émanant de sa scénographie sépulcrale. Qui plus est, la partition lancinante idoine qui imprègne tout le récit accentue à merveille ce sentiment anxiogène principalement vécu par Julie (Meg Tilly). Et ce jusqu'à ce que la dernière partie à la fois haletante et affolante, car déployant une armée de cadavres exsangues à l'aura pestilentielle, insuffle une ambiance autrement mortifère auprès des protagonistes désorientés. Outre son ambiance macabre génialement indécrottable, on peut saluer l'efficacité des effets-spéciaux, spécialement les maquillages putrides peaufinant l'état de dégénérescence des cadavres récalcitrants téléguidés par Tom Burman. Le soin apporté à leur morphologie à la fois décharnée et visqueuse renchérissant le réalisme morbide d'une situation improbable rendue ingérable auprès des participantes en fuite. Des macchabés redoutablement fétides que l'on croirait extirpés d'une prod des années 70 de par leur réalisme quasi documenté !


En dépit de son intrigue minimaliste mais jamais ennuyeuse se permettant au passage d'innover le thème du vampirisme (ici mental !), de quelques incohérences (l'héroïne trop facilement ébranlée par les brimades de ses camarades alors qu'elle ne s'aperçoit jamais de leurs présences empotées) et de personnages stéréotypés que l'on adore toutefois détester dans ce genre de série B au charme désuet, Une Nuit trop noire demeure une perle du genre de par son ambiance mortifiée génialement perméable. Autant dire que l'immersion est assurée pour tous amateurs de films de zombies putrescents !

*Eric Binford                
01/10/21. 6èx
03.10.18. (171)
10.05.11.  (310 v) 

jeudi 30 septembre 2021

Fenêtre sur Cour

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Rear Window" d'Alfred Hitchcock. 1954. U.S.A. 1h52. Avec James Stewart, Grace Kelly, Wendell Corey, Thelma Ritter, Raymond Burr, Judith Evelyn, Ross Bagdasarian Sr., Georgine Darcy 

Sortie salles France: 25 Avril 1955 (ou 14 Septembre 1955). U.S: 1er Août 1954

FILMOGRAPHIE: Alfred Hitchcock est un réalisateur, producteur et scénariste anglo américain, né le 13 Août 1899, décédé le 29 Avril 1980. 1935: Les 39 Marches. 1936: Quatre de l'Espionnage. Agent Secret. 1937: Jeune et Innocent. 1938: Une Femme Disparait. 1939: La Taverne de la Jamaique. 1940: Rebecca. Correspondant 17. 1941: Soupçons. 1942: La 5è Colonne. 1943: l'Ombre d'un Doute. 1944: Lifeboat. 1945: La Maison du Dr Edward. 1946: Les Enchainés. 1947: Le Procès Paradine. 1948: La Corde. 1949: Les Amants du Capricorne. 1950: Le Grand Alibi. 1951: L'Inconnu du Nord-Express. 1953: La Loi du Silence. 1954: Le Crime était presque parfait. Fenêtre sur cour. 1955: La Main au Collet. Mais qui a tué Harry ? 1956: l'Homme qui en savait trop. Le Faux Coupable. 1958: Sueurs Froides. 1959: La Mort aux Trousses. 1960: Psychose. 1963: Les Oiseaux. 1964: Pas de Printemps pour Marnie. 1966: Le Rideau Déchiré. 1969: l'Etau. 1972: Frenzy. 1976: Complot de Famille.


"Quand on se sent voyeur c'est qu'on n'est pas assez proche des gens."
Modèle de mise en scène à travers un concept narratif follement original et inventif ne recourant qu'à très peu d'actions, Fenêtre sur Cour est un régal d'intelligence aux moult niveaux de lecture. Mise en abyme auprès du pouvoir du cinéma (James Stewart se confond en cinéaste novice à imprimer de son regard des tranches de vie clippesques au sein d'une quotidienneté domestique), réflexion sur les rapports délicats du couple, la peur de l'engagement mais aussi de la solitude. Mais surtout méditation sur le voyeurisme auquel nous dépendions tous, comme le souligne notre passion immodérée pour le 7 art d'y reluquer confortablement sans bouger de notre siège moults images extravagantes, Fenêtre sur Cour doit être enseigné dans toutes les écoles spécialisées tant Hitchcock, en pleine possession de ses moyens techniques (on ne compte plus les plans-séquences géométriques d'y contempler la banalité quotidienne de résidents d'un immeuble) redouble de dextérité et de créativité à travers une intrigue criminelle inusitée. Car il fallait oser façonner huis-clos aussi laconique avec, comme personnage principal, un héros grabataire cloué sur son fauteuil et tuant son ennui à épier ses voisins en compagnie quelque peu houleuse de sa compagne et de sa domestique. Or, en tant que maître incorruptible du suspense, Hitchcock leur confie sur un plateau d'argent un argument criminel redoutablement jouissif. Dans la mesure où ceux-ci vont rapidement se substituer en enquêteurs en herbe à tenter de démasquer, sans quasiment bouger de leur bercail, leur voisin probablement coupable du meurtre de son épouse aujourd'hui disparue. 

Emaillé de détails troubles et inquiétants que ces derniers reluquent à l'aide d'une jumelle et d'un téléobjectif qu'ils se relayent de temps à autre, Fenêtre sur Cour demeure un jubilatoire jeu du chat et de la souris par appartements interposés. L'entièreté du récit s'évertuant à confiner nos héros dans leur appartement restreint puisque observant méticuleusement, et dans la pénombre pour ne point être démasqués, faits et gestes des voisins et du présumé coupable avec une audace toujours plus illégale. A l'instar du stratagème badin de Grace Kelly (d'une douceur d'esprit pour autant lascive et raffinée) décidant finalement de pénétrer par effraction dans l'appartement du potentiel assassin. Quand bien même James Stewart (d'une sobriété placide en posture fureteuse et contrariée) et Thelma Ritter (en domestique sclérosée prônant le bon sens auprès de son employeur, célibataire endurci difficile à persuader) observent la situation avec une appréhension davantage ingérable. Alfred Hitchcock redoublant par ailleurs de perversité lorsque l'une des voisines de l'immeuble est sur le point de s'empoisonner au moment même où Grace Kelly demeure en très fâcheuse posture avec le propriétaire suspicieux de l'appartement. Ainsi, se pose donc la question cruciale ! Qui doivent-ils sauver ? Et donc, à travers leurs attitudes fureteuses et affrontements contradictoires à culpabiliser ou non ce mystérieux voisin de manière toujours plus affirmative, Hitchcock nous démontre à quel point l'accoutumance irrépressible du voyeurisme puisse parfois prêter à confusion à partir de préjugés. Même si en l'occurrence nos protagonistes s'avèrent sur la voie de la vérité de par leur intelligence d'esprit à cumuler de nombreux indices probants.  

Modèle de rigueur dans son suspens ciselé (en dépit de quelques longueurs lors de sa mise en place) n'omettant jamais l'humour auprès des aimables apartés des comédiens à la complicité vivace, Fenêtre sur Cour ne cesse de nous ébranler la vue et l'esprit à travers cette insensée mise en abyme  qu'Hitchcock transfigure pour mieux nous opposer aux bas instincts du "spectacle" visuel. Celui de notre appétence voyeuriste que chacun de nous reluque dans une discrétion à peine assumée.  

*Eric Binford
3èx

Récompense: Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur scénario en 1955 pour John Michael Hayes

La Momie

                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site sallesobscures2.over-blog.fr

"The Mummy" de Stephen Sommers. 1999. U.S.A. 2h04. Avec Brendan Fraser, Rachel Weisz, John Hannah, Arnold Vosloo, Kevin J. O'Connor, Jonathan Hyde, 

Sortie salles France: 21 Juillet 1999 

FILMOGRAPHIEStephen Sommers (né le 20 mars 1962) est réalisateur, producteur et scénariste américain. 1989: Catch Me If You Can. 1993: Les Aventures de Huckleberry Finn. 1994: Le Livre de la Jungle. 1998: Un Cri dans l'Océan. 1999: La Momie. 2001: Le Retour de la Momie. 2004: Van Helsing. 2009: G.I. Joe : Le Réveil du Cobra. 2013: Odd Thomas. 


Les aventuriers de la Momie Perdue n'a rien à envier aux cinémas de quartier révolus. 
Jouissive récréation du Samedi soir beaucoup plus inspirée par la saga d'Indiana Jones que de la Momie d'Universal immortalisée par Karloff, La Momie ne nous laisse nul répit 2h04 durant. Puisque délibéré à contenter un public familial à travers son savant dosage de romance, d'actions, d'aventures, d'humour et d'horreur (docile), La Momie transpire la série B de luxe sous l'impulsion de l'orchestration effrénée de Jerry Goldsmith et de personnages extravagants jouant les drilles avec une mine frétillante. Tant auprès de ceux tributaires de leur périple héroïque (Brendan Fraser en aventurier de seconde zone, regard assuré / mâchoire serrée en mode semi-parodique, Rachel Weisz en bibliothécaire gentiment godiche) que des secondes têtes (John Hannah endossant le frère de la bibliothécaire dans une carrure fluette aussi empotée qu'étourdie, Arnold Vosloo se fondant dans le corps mastard de la momie avec une sobriété patibulaire où perce la dérision tacite, et enfin Kevin J. O'Connor endossant le félon récidiviste dans une expression chafouine gentiment détestable). 

Ainsi, tous ces personnages bonnards se prêtent aimablement à l'aventure trépidante (parfois traversée de souffle-épique comme le souligne son incroyable séquence d'ouverture digne d'une offensive chevaleresque de Lauwrence d'Arabie !) avec un goût du risque, de l'audace, de la bévue et de la compétition eu égard des rivalités entre clans se disputant le trésor (pour la mise du livre des morts et  du livre d'or !) lors d'une inimitié cocasse. Stephen Sommers parvenant en toute efficacité à relancer l'action et le récit dans de multiples directions exotiques ou caverneuses, notamment par l'entremise des Medjaÿ, descendants des gardes des pharaons uniquement préoccupés à préserver la nécropole maudite que se disputent les 2 clans adverses. Magnifiés de somptueux décors égyptiens, tant naturels que domestiques, faisant office de seconds-rôles parmi l'appui d'effets numériques tantôt crédibles, tantôt perfectibles, La Momie est toutefois un ravissement formel rehaussé qui plus est d'une photo sépia subtilement nuancée (tout du moins en version 4K plus jaunâtre, moins rutilante qu'en format Dvd). Et si certains CGI s'avèrent complètement foirés (les scarabées pénétrant sous la peau des victimes sans aucun réalisme), d'autres parviennent in extremis à fasciner (la régénération corporelle de la Momie passant de squelette à différents stades de métamorphoses afin de reconstituer son corps de chair et de sang qu'il sustente grâce à ses proies). 

Spectacle exhaustif d'actions et d'aventures familiales sous le pilier d'un humour bonnard à la fois attachant et rafraîchissant, la Momie rend hommage à Universal (en toute modestie), à Ray Harryhausen (son final belliqueux qu'amorce une armée de squelettes fusant tous azimuts autour de nos héros haletés) et surtout Indiana Jones à travers une pléthore de savoureux clins d'oeil jamais vulgaires ou contrefaits. Stephen Sommers vouant plutôt une prédilection amoureuse au cinéma de quartier avec l'appui d'un budget autrement substantiel. D'ailleurs, le public avide de manège à sensations ne s'y trompera pas, la Momie se hissant 6è au Box-Office français avec 3 millions d'entrées, sans compter ses 416 millions de dollars de recettes cultivées à travers le monde. 

 *Eric Binford
3èx

Récompenses:

1999 Écran d'or Prix de l'Écran d'or -

Prix Bogey d'or

Prix international de la critique de musique de film

2000 Académie des films de science-fiction, fantastique et d'horreur - Saturn Awards Saturn Award du meilleur maquillage Nick Dudman et Aileen Seaton

Prix BMI du cinéma et de la télévision Prix BMI de la meilleure musique de film Jerry Goldsmith

mardi 28 septembre 2021

Humongous (la Malédiction de l'île aux chiens)

                                             
                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au s ite Imdb.com

de Paul Lynch. Canada. 1982. 1h35. Avec Janet Julian, David Wallace, John Wildman, Janit Baldwin, Joy Boushel, Layne Coleman.

Sortie US : 11 Juin 1982

FILMOGRAPHIE SELECTIVEPaul Lynch est un réalisateur, scénariste et producteur britannique de films et séries TV, né en 1946 à Liverpool (Royaume-Uni). 1973 : The Hard Part Begins, 1978 : Blood & Guts, 1980 : Le Bal de l'horreur (Prom Night), 1982 : La Malédiction de l'île aux chiens (Humongous), 1983 : Cross Country, 1986: Blindside, 1997 : No Contest II, 1999 : More to Love, 2004: The Keeper.


Série B d'exploitation surfant sur les succès d'Anthropophagous et, à moindre échelle, de la Tour du DiableHumongous fut dans les années 80 un hit des vidéo-clubs que certains spectateurs n'hésitèrent pas à qualifier d'oeuvre culte, aussi mineur soit son contenu linéaire. Exhumé de l'oubli grâce à l'éditeur français Uncut Movies, il est enfin disponible en support Dvd plus de 30 ans après sa sortie ! Une aubaine que les nostalgiques s'empresseront d'acquérir dans une copie plutôt correcte, quand bien même la jeune génération pourra se faire une opinion sur sa petite renommée. Reprenant le même pitch que l'oeuvre scandale de Joe d'Amato (une poignée de vacanciers échoués sur une île devront se mesurer à un tueur cannibale),  Humongous lorgne davantage du côté de Survivance et de Vendredi 13 pour le cadre naturel de son environnement forestier résidé par un fou et auquel une bande de gamins vont évidemment tenter de se dépêtrer pour un enjeu de survie. Et si l'argument eut été maintes fois rebattu et que les clichés usuels, tels les personnages cabotins ne plaident pas en sa faveur, Humongous tire-parti de son attraction par l'entreprise d'une ambiance envoûtante laissant planer un suspense latent. Car jouant sur l'attente de la menace invisible et des estocades meurtrières, Paul Lynch insuffle avec minutie une angoisse diffuse en retardant l'apparence (hideuse) du tueur. 


Une manière leste d'y gérer le mystère et de jouer auparavant sur le bruitage de menaces perceptibles par l'ouïe ! A l'instar des hurlements de chiens que l'on entend la nuit du fond de la forêt ou de cette respiration rauque (établie comme de coutume en vue subjective !) épiant faits et gestes des vacanciers. Mais le clou de la révélation et des visions d'effroi (cadavres décharnés à l'appui !) émanent de la découverte d'une demeure familiale renfermant un lourd secret. Ce qui nous ramène au prélude redoutablement cruel, violent, pervers et malsain lorsqu'un homme en ébriété viola l'une de ses amies avant d'être dévoré par une meute de chiens ! Sans nul doute le moment le plus impressionnant du film grâce au vérisme de sa dramaturgie escarpée. Ainsi, par le biais de simples détails, telle la découverte d'un journal intime et de photos souvenirs, Paul Lynch crédibilise une affaire familiale souillée par le viol et l'homicide ! Spoil !!! Ce qui engendrera comme conséquence l'enfantement d'un ogre difforme vivant reclus sous la cave, tel un animal enchaîné. Fin du Spoil. Et si certains comédiens au physique ordinaire s'avèrent superficiels dans leur fonction de victime démunie, ils réussissent malgré tout à impliquer l'attachement auprès de leur vaillance, leur foi à pénétrer au coeur d'un endroit malfaisant et leur solidarité amicale à contrecarrer une menace toujours plus perceptible. On peut d'ailleurs saluer le jeu tout à fait convaincant de Janet Julian en héroïne en herbe insufflant un charisme aigre dans sa condition appréhensive pour autant chargée de certaines audaces lors de sa confrontation avec l'ogre des bois.  


Modestement efficace, quelque peu angoissant et parfois violent et haletant (les meurtres s'avèrent brutaux et le final ne déçoit pas dans l'affrontement échu à la dernière survivante en dépit de ses clichés éculés !), Humongous est surtout valorisé d'une ambiance mortifère plutôt prégnante que le cinéma actuel peine à reproduire avec autant d'intensité, de musicalité (score au synthé) et de photogénie blafarde. Un sympathique survival horrifique donc d'autant mieux scandé d'un score dissonant des plus lugubres que les nostalgiques se délecteront encore à estimer, si bien qu'Humongous tient toujours la route dans sa capacité à nous immerger dans un environnement forestier aussi ombrageux que licencieux, alors que certains cadrages alambiqués étonnent par leur formalité.     

Salutation à Uncut Movies (http://www.uncutmovies.fr/)

*Eric Binford
05.08.14. 158 v
26.09.21. 3èx

lundi 27 septembre 2021

Zombie Holocaust / La Terreur des Zombies

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Marino Girolami. 1979. Italie. 1h24. Avec Ian McCulloch, Alexandra Cole, Sherry Buchanan, Peter O'Neal, Donald O'Brien 

Sortie salles France: 22 Avril 1981. Italie: Décembre 1979

FILMOGRAPHIE: Marino Girolami (aussi connu sous les pseudonymes de Franco Martinelli, Frank Martin, Jean Bastide, Fred Wilson ou Bernado Rossi) est un réalisateur italien né le 1er février 1914 à Rome et mort à Naples le 20 février 1994. Il est le père d’Ennio Girolami et Enzo G. Castellari et a pour frère l’acteur Romolo Guerrieri. 1951 : Milano miliardaria. 1951 : Il mago per forza. 1951 : Terre de violence (Amore e sangue). 1951 : Quelles drôles de nuits (Era lui... sì! sì!). 1975 : Rome violente. 1976 : Opération jaguar. 1979 : La Terreur des zombies.  

Croisement improbable de Cannibal Holocaust et l'Enfer des Zombies (dont il reprend même quelques décors et acteurs), Zombie Holocaust est une série Z transalpine qui vaut essentiellement pour ses scènes gores assez réussies et crapoteuses. Dommage que le récit ridicule, ses dialogues risibles, la posture contractée des acteurs de seconde zone et les zombies peu convaincants finissent (très) rapidement par plomber toute ambition ludique. 

*Eric Binford
2èx

mercredi 22 septembre 2021

Serpico

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Sidney Lumet. 1973. U.S.A/Italie. 2h10. Avec Al Pacino, John Randolph, Jack Kehoe, Biff McGuire, Barbara Eda-Young, Cornelia Sharpe, Tony Roberts, Allan Rich. 

Sortie salles France: 22 Mai 1974. U.S: 5 Décembre 1973

FILMOGRAPHIE: Sidney Lumet est un réalisateur américain, né le 25 Juin 1924 à Philadelphie, décédé le 9 avril 2011 à New-York. 1957: 12 Hommes en colère. 1958: Les Feux du Théâtre. 1959: Une Espèce de Garce. 1959: l'Homme à la peau de serpent. 1961: Vu du pont. 1962: Long voyage vers la nuit. 1964: Le Prêteur sur gages. 1964: Point Limite. 1965: La Colline des Hommes perdus. 1966: Le Groupe. 1966: MI5 demande protection. 1968: Bye bye Braverman. 1968: La Mouette. 1969: Le Rendez-vous. 1970: Last of the mobile hot shots. 1970: King: A filmed record... Montgomery to Memphis. 1971: Le Dossier Anderson. 1972: The Offence. 1972: Les Yeux de Satan. 1973: Serpico. 1974: Lovin' Molly. 1974: Le Crime de l'Orient Express. 1975: Un Après-midi de chien. 1976: Network, main basse sur la TV. 1977: Equus. 1978: The Wiz. 1980: Just tell me what you want. 1981: Le Prince de New-York. 1982: Piège Mortel. 1982: Le Verdict. 1983: Daniel. 1984: A la recherche de Garbo. 1986: Les Coulisses du Pouvoir. 1986: Le Lendemain du Crime. 1988: A bout de course. 1989: Family Business. 1990: Contre Enquête. 1992: Une Etrangère parmi nous. 1993: l'Avocat du Diable. 1997: Dans l'ombre de Manhattan. 1997: Critical Care. 1999: Gloria. 2006: Jugez moi coupable. 2007: 7h58 ce samedi-là.

"Ma présence ici aujourd'hui me donne l'espoir qu'à l'avenir les membres de la police n'éprouveront plus les déception et les angoisses que j'ai subi par la faute de mes supérieurs parce que j'essayais de dénoncer la corruption. Ils m'ont fait sentir que je les chargeais d'une tâche dont ils ne voulaient à aucun prix. Ce qui importe c'est de mettre un terme à cette ambiance et à cet état d'esprit, il faut qu'un policier honnête puisse agir sans avoir peur du ridicule ou des représailles de ces collègues. La corruption de la police ne peut exister que si elle est tolérée par les plus hautes autorités. Votre devoir le plus important c'est de redonner confiance à tous, c'est de convaincre le personnel de la police que de grands changements interviendront. C'est pour assurer cette garantie que la création d'un comité permanent et indépendant enquêtant sur la corruption comme l'a fait cette commission est essentielle." Serpico. 

Une date dans l'histoire du cinéma policier symptomatique du cinéma vérité des Seventies sous l'impulsion d'un Pacino aussi fébrile que vulnérable. 

Sortir à nouveau de la projo de Serpico après une dizaine d'années d'abstinence prouve à quel point le cinéma des années 70 demeure un vivier inépuisable de classiques inoxydables eu égard de la puissance émotionnelle qui s'y dégage sans fioritures. Mais pas que, car son réalisme documenté, sa violence âpre ne sont pas en reste lorsqu'il s'agit d'y pratiquer un cinéma engagé auprès du profil stoïque d'un représentant de l'ordre à la fois burné, dubitatif et anticonformiste. Ainsi donc, en s'inspirant de l'histoire vraie du jeune recrue Serpico délibéré 11 années durant à tenter de percer au grand jour la corruption policière au sein de son propre commissariat, l'immense Sidney Lumet déploie son talent de conteur et de metteur en scène studieux au gré d'une intensité dramatique lestement exposée. Pour ce faire, on peut évidemment compter sur la présence (déjà) iconique d'Al Pacino tout en sobriété pour se fondre dans le corps d'un policier néophyte réfutant les conventions à travers sa tenue vestimentaire baba cool, longs cheveux bruns et barbe en sus afin de se démarquer de ses confrères et ainsi mieux alpaguer la faune urbaine. 


Omniprésent à l'écran, Al Pacino dégage une force d'expression à la fois irascible, langoureuse et soucieuse de par son parcours de longue haleine à dénoncer le corps policier complice de corruption, entre violences policières, pots de vin, abus de pouvoir, racket, malversations (et non assistance à personne en danger). L'intérêt de l'intrigue soigneusement charpentée dépeignant l'acharnement de ce jeune flic seul contre tous, qui plus est exploité par quelques bienfaiteurs sournois, se démenant à ébruiter la vérité au grand dam de sa liaison conjugale en perdition. Sidney Lumet accordant notamment beaucoup d'intérêt (tout du moins à un moment propice du récit) à radiographier la dépression morale de Serpico peu à l'écoute de l'être aimé, car peu enclin à considérer son épouse en détresse affective. Celui-ci demeurant hélas tiraillé par sa résilience, ses risques suicidaires et ses efforts disproportionnés à tenter de réunir des mains secourables dans sa prise de position contestataire à dénoncer ses pairs au mépris de sa hiérarchie davantage hostile. Le film débutant par l'agression probablement mortelle de Serpico, Sidney Lumet instaurant durant tout le récit un suspense dramatique tacite quant au sort précaire de celui-ci. Quand bien même nous nous interrogions autant sur les conditions qui ont pu engendrer son agression et quels en étaient les complices osant commanditer pareil guet-apens ?

Puissant réquisitoire contre toute forme de corruption policière, Serpico est un grand moment de cinéma à la fois humaniste et engagé à travers l'inoubliable profil de ce jeune flic vaillant (quelle leçon de courage !) sacrifiant sa vie (professionnelle et conjugale) au profit de sa droiture d'esprit. Inoubliable. 

*Eric Binford. 
3èx