mercredi 13 octobre 2021

La Compagnie des Loups. Prix Spécial du Jury, Avoriaz 1985.

                                                                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site notrecinema.com

"The Compagny of Wolves" de Neil Jordan. 1984. Angleterre. 1h35. Avec Sarah Patterson, Angela Lansbury, David Warner, Tusse Silberg, Micha Bergese, Graham Crowden, Kathryn Pogson.

Sortie salles France: 23 Janvier 1985. U.S: 19 Avril 1985. Angleterre: 21 Septembre 1984

FILMOGRAPHIENeil Jordan est un réalisateur, producteur, scénariste et écrivain irlandais, né le 25 Février 1950 à Sligo. 1982: Angel. 1984: La Compagnie des Loups. 1986: Mona Lisa. 1988: High Spirits. 1989: Nous ne sommes pas des Anges. 1991: L'Etrangère. 1992: The Crying Game. 1994: Entretien avec un Vampire. 1996: Michael Collins. 1997: The Butcher Boy. 1999: Prémonitions. 1999: La Fin d'une Liaison. 2002: L'Homme de la Riviera. 2005: Breakfast on Pluto. 2007: A vif. 2009: Ondine. 2012: Byzantium


Adaptation cinématographique du fameux conte de Perraultla Compagnie du loup empreinte la légende du Petit Chaperon Rouge dans une texture horrifico-hermétique. Car à travers les songes d'une jeune adolescente en émoi sexuel, Neil Jordan nous confine dans un univers particulièrement baroque où la féerie côtoie l'étrangeté. Entièrement tourné en studio afin d'accentuer le côté fantasmatique des "rêves" de l'héroïne, le film baigne dans un esthétisme onirique quelque peu envoûtant parmi son village médiéval implanté au coeur d'une forêt auquel les animaux font office d'effigie. En l'occurrence, il n'y a pas vraiment de structure narrative mais plutôt un assemblage d'historiettes fondées sur la crainte du loup. Une manière d'interpeller l'éveil à la séduction d'une adolescente surprise par sa croissance physique et intellectuelle (notamment son attirance/répulsion pour le passage à l'âge adulte). Le loup étant ici une métaphore afin de mettre en exergue le côté prédateur de l'homme lorsqu'il s'agit d'un dangereux séducteur prêt à commettre ses méfaits sexuels sur une jeune pubère. Ainsi, à travers cette analogie, on peut d'ailleurs y déceler une mise en garde de la pédophilie (et des pervers sexuels) si bien qu'ici l'adulte est pleinement conscient d'y courtiser une adolescente candide. 


Imprégné d'images picturales où les animaux et la nature communient, et émaillé de symboles métaphoriques, la Compagnie des Loups transcende l'excursion baroque d'une jeune fille prête à aborder le grand méchant loup ! Dans un climat diaphane à l'aura impénétrable, Neil Jordan réussit à transfigurer le conte de fée en cauchemar psychanalytique pour les rapports de couple (les thèmes de l'adultère, de la phallocratie et du flirt dominent leur comportement). A l'instar du jeu de séduction qu'entretiennent l'homme et la femme, leur attirance charnelle étant extériorisée par la pulsion sexuelle. Quand bien même notre petit chaperon maquillé de rouge à lèvres finira par se laisser influencer par l'apparence sournoise du loup. Pour les brèves séquences de transformation, si les FX peuvent aujourd'hui paraître un brin datés, il ne manque pas d'originalité dans leur conception afin de se distinguer de ses homologues ayant préalablement accompli le miracle technique (l'inévitable diptyque: Hurlementsle Loup-garou de Londres). Enfin, on peut saluer la présence charismatique des comédiens (les rôles impartis à la grand-mère et au chaperon rouge semblent s'être évacués du conte de Charles Perrault !), des personnages iconiques se combinant parfaitement avec l'environnement dépeint !


Abstrait, opaque et davantage envoûtant lors d'un final confinant au sublime, La Compagnie des Loups demeure la caractérisation idéale du cinéma fantastique adulte tentant de proposer au public un spectacle atypique, voir difficile d'accès en y réfutant les conventions et la trivialité du divertissement. Ainsi, à l'instar du célèbre livre de Charles Perrault, La Compagnie des Loups est un classique destiné à la pérennité, à revisionner plusieurs fois pour mieux l'apprivoiser, notamment pour en savourer toute sa substance dangereusement lascive.  

Eric Binford
17.01.14. 306 v
13.10.21. 4èx

RécompensesPrix Spécial du Jury à Avoriaz, 1985
Grand Prix, Prix de la Critique, Prix des Effets-spéciaux, Sitges 1984
Prix du meilleur filmmeilleurs effets spéciaux (Christopher Tucker) et prix de la critique internationale au Festival du film de Catalogne, 1984.
Mention Spéciale au Fantafestival, 1985
Prix du meilleur filmprix du juryprix de la critique et prix des meilleurs effets spéciaux au Festival de Fantasporto, 1985.

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