mardi 28 septembre 2021

Humongous (la Malédiction de l'île aux chiens)

                                                      
                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au s ite Imdb.com

de Paul Lynch. Canada. 1982. 1h35. Avec Janet Julian, David Wallace, John Wildman, Janit Baldwin, Joy Boushel, Layne Coleman.

Sortie US : 11 Juin 1982

FILMOGRAPHIE SELECTIVEPaul Lynch est un réalisateur, scénariste et producteur britannique de films et séries TV, né en 1946 à Liverpool (Royaume-Uni). 1973 : The Hard Part Begins, 1978 : Blood & Guts, 1980 : Le Bal de l'horreur (Prom Night), 1982 : La Malédiction de l'île aux chiens (Humongous), 1983 : Cross Country, 1986: Blindside, 1997 : No Contest II, 1999 : More to Love, 2004: The Keeper.

Série B d’exploitation surfant sur les succès d’Anthropophagous et, à moindre échelle, de La Tour du Diable, Humongous fut, dans les années 80, un hit de vidéo-club que certains spectateurs n’hésitèrent pas à ériger en œuvre culte, aussi mineur soit son contenu linéaire. Exhumé de l’oubli grâce à l’éditeur français Uncut Movies, le voilà enfin disponible en DVD, plus de trente ans après sa sortie ! Une aubaine que les nostalgiques s’empresseront d’acquérir dans une copie plutôt correcte, et l’occasion pour la jeune génération de jauger sa petite renommée.

Reprenant le même pitch que l’œuvre scandaleuse de Joe D’Amato (une poignée de vacanciers échoués sur une île livrés à un tueur cannibale), Humongous lorgne davantage du côté de Survivance et de Vendredi 13, pour ce cadre forestier infesté d’un fou auquel une bande de gamins va évidemment tenter d’échapper, l’enjeu n’étant rien moins que leur survie. Si l’argument fut maintes fois rebattu et que les clichés usuels — personnages cabotins en tête — ne plaident guère en sa faveur, Humongous s’en tire par l’éclat d’une ambiance envoûtante, laissant traîner un suspense latent. Car jouant sur l’attente de la menace invisible et sur l’éclair fulgurant des estocades, Paul Lynch distille avec minutie une angoisse sourde, retardant l’apparition (hideuse) du monstre.

 
Une manière subtile de ménager le mystère, de titiller la peur par l’ouïe : les hurlements de chiens filtrant des sous-bois, la respiration rauque (vue subjective oblige) épousant chaque geste, chaque tremblement des vacanciers. Mais le clou de l’effroi, le cœur palpitant du film, pulse dans la découverte d’une demeure familiale aux secrets fangeux. On y revient, au prologue d’une cruauté glaçante : un homme ivre viole une amie avant d’être déchiqueté par une meute de chiens. Sans conteste le moment le plus violent, le plus scabreux, rendu insoutenable par le vérisme abrupt de sa dramaturgie. Par touches, par un journal intime froissé, par de vieilles photos jaunies, Paul Lynch crédibilise la souillure familiale, viol et homicide en germe du mal.

Si certains comédiens, à la banalité de leur physique, s’avèrent superficiels en victimes expiatoires, ils parviennent malgré tout à captiver, à susciter un élan de compassion par leur vaillance, leur obstination à franchir l’antre maudit, leur solidarité fragile face à une menace tapie. Mention à Janet Julian, héroïne inattendue, qui distille un charisme sombre dans sa peur, et quelques audaces salvatrices face à l’ogre sylvestre.

 
"Échos de chiens et soupirs de sang".
Modestement efficace, parfois angoissant, souvent brutal, et haletant dans ses ultimes convulsions (les meurtres claquent et le final, cliché ou pas, mord jusqu’au bout), Humongous se hisse surtout par l’étoffe de son atmosphère mortifère, chose rare aujourd’hui : musicalité au synthé, photogénie blafarde, tension rampante. Un petit survival horrifique, scandé par un score dissonant, à savourer encore, nostalgiques en tête : Humongous tient la route, immerge sans relâche dans son sous-bois obscur, et surprend par quelques cadrages alambiqués, formels jusqu’à l’inattendu.

Salutation à Uncut Movies (http://www.uncutmovies.fr/)

*Eric Binford
05.08.14. 158 v
26.09.21. 3èx

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