mercredi 22 septembre 2021

Serpico

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Sidney Lumet. 1973. U.S.A/Italie. 2h10. Avec Al Pacino, John Randolph, Jack Kehoe, Biff McGuire, Barbara Eda-Young, Cornelia Sharpe, Tony Roberts, Allan Rich. 

Sortie salles France: 22 Mai 1974. U.S: 5 Décembre 1973

FILMOGRAPHIE: Sidney Lumet est un réalisateur américain, né le 25 Juin 1924 à Philadelphie, décédé le 9 avril 2011 à New-York. 1957: 12 Hommes en colère. 1958: Les Feux du Théâtre. 1959: Une Espèce de Garce. 1959: l'Homme à la peau de serpent. 1961: Vu du pont. 1962: Long voyage vers la nuit. 1964: Le Prêteur sur gages. 1964: Point Limite. 1965: La Colline des Hommes perdus. 1966: Le Groupe. 1966: MI5 demande protection. 1968: Bye bye Braverman. 1968: La Mouette. 1969: Le Rendez-vous. 1970: Last of the mobile hot shots. 1970: King: A filmed record... Montgomery to Memphis. 1971: Le Dossier Anderson. 1972: The Offence. 1972: Les Yeux de Satan. 1973: Serpico. 1974: Lovin' Molly. 1974: Le Crime de l'Orient Express. 1975: Un Après-midi de chien. 1976: Network, main basse sur la TV. 1977: Equus. 1978: The Wiz. 1980: Just tell me what you want. 1981: Le Prince de New-York. 1982: Piège Mortel. 1982: Le Verdict. 1983: Daniel. 1984: A la recherche de Garbo. 1986: Les Coulisses du Pouvoir. 1986: Le Lendemain du Crime. 1988: A bout de course. 1989: Family Business. 1990: Contre Enquête. 1992: Une Etrangère parmi nous. 1993: l'Avocat du Diable. 1997: Dans l'ombre de Manhattan. 1997: Critical Care. 1999: Gloria. 2006: Jugez moi coupable. 2007: 7h58 ce samedi-là.

"Ma présence ici aujourd'hui me donne l'espoir qu'à l'avenir les membres de la police n'éprouveront plus les déception et les angoisses que j'ai subi par la faute de mes supérieurs parce que j'essayais de dénoncer la corruption. Ils m'ont fait sentir que je les chargeais d'une tâche dont ils ne voulaient à aucun prix. Ce qui importe c'est de mettre un terme à cette ambiance et à cet état d'esprit, il faut qu'un policier honnête puisse agir sans avoir peur du ridicule ou des représailles de ces collègues. La corruption de la police ne peut exister que si elle est tolérée par les plus hautes autorités. Votre devoir le plus important c'est de redonner confiance à tous, c'est de convaincre le personnel de la police que de grands changements interviendront. C'est pour assurer cette garantie que la création d'un comité permanent et indépendant enquêtant sur la corruption comme l'a fait cette commission est essentielle." Serpico. 

Une date dans l'histoire du cinéma policier symptomatique du cinéma vérité des Seventies sous l'impulsion d'un Pacino aussi fébrile que vulnérable. 

Sortir à nouveau de la projo de Serpico après une dizaine d'années d'abstinence prouve à quel point le cinéma des années 70 demeure un vivier inépuisable de classiques inoxydables eu égard de la puissance émotionnelle qui s'y dégage sans fioritures. Mais pas que, car son réalisme documenté, sa violence âpre ne sont pas en reste lorsqu'il s'agit d'y pratiquer un cinéma engagé auprès du profil stoïque d'un représentant de l'ordre à la fois burné, dubitatif et anticonformiste. Ainsi donc, en s'inspirant de l'histoire vraie du jeune recrue Serpico délibéré 11 années durant à tenter de percer au grand jour la corruption policière au sein de son propre commissariat, l'immense Sidney Lumet déploie son talent de conteur et de metteur en scène studieux au gré d'une intensité dramatique lestement exposée. Pour ce faire, on peut évidemment compter sur la présence (déjà) iconique d'Al Pacino tout en sobriété pour se fondre dans le corps d'un policier néophyte réfutant les conventions à travers sa tenue vestimentaire baba cool, longs cheveux bruns et barbe en sus afin de se démarquer de ses confrères et ainsi mieux alpaguer la faune urbaine. 


Omniprésent à l'écran, Al Pacino dégage une force d'expression à la fois irascible, langoureuse et soucieuse de par son parcours de longue haleine à dénoncer le corps policier complice de corruption, entre violences policières, pots de vin, abus de pouvoir, racket, malversations (et non assistance à personne en danger). L'intérêt de l'intrigue soigneusement charpentée dépeignant l'acharnement de ce jeune flic seul contre tous, qui plus est exploité par quelques bienfaiteurs sournois, se démenant à ébruiter la vérité au grand dam de sa liaison conjugale en perdition. Sidney Lumet accordant notamment beaucoup d'intérêt (tout du moins à un moment propice du récit) à radiographier la dépression morale de Serpico peu à l'écoute de l'être aimé, car peu enclin à considérer son épouse en détresse affective. Celui-ci demeurant hélas tiraillé par sa résilience, ses risques suicidaires et ses efforts disproportionnés à tenter de réunir des mains secourables dans sa prise de position contestataire à dénoncer ses pairs au mépris de sa hiérarchie davantage hostile. Le film débutant par l'agression probablement mortelle de Serpico, Sidney Lumet instaurant durant tout le récit un suspense dramatique tacite quant au sort précaire de celui-ci. Quand bien même nous nous interrogions autant sur les conditions qui ont pu engendrer son agression et quels en étaient les complices osant commanditer pareil guet-apens ?

Puissant réquisitoire contre toute forme de corruption policière, Serpico est un grand moment de cinéma à la fois humaniste et engagé à travers l'inoubliable profil de ce jeune flic vaillant (quelle leçon de courage !) sacrifiant sa vie (professionnelle et conjugale) au profit de sa droiture d'esprit. Inoubliable. 

*Eric Binford. 
3èx

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