jeudi 20 avril 2023

Copland. Prix du meilleur acteur, Sylvester Stallone au Festival du Film de Stockholm.

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site avoir-alire.com

de James Mangold. 1997. U.S.A. 1h45. Avec Sylvester Stallone, Harvey Keitel, Ray Liotta, Robert De Niro, Peter Berg, Janeane Garofalo, Robert Patrick.

Sortie salles États-Unis : 15 août 1997. France : 29 octobre 1997

FILMOGRAPHIE: James Mangold, de son vrai nom James Allen Mangold, est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain né le 16 décembre 1963 à New York. 1995 : Heavy. 1997 : Copland. 1999 : Une vie volée. 2001 : Kate et Léopold. 2003 : Identity. 2005 : Walk the Line. 2007 : 3 h 10 pour Yuma. 2010 : Night and Day. 2013 : Wolverine : Le Combat de l'immortel. 2017 : Logan. 2019 : Le Mans 66. 2023 : Indiana Jones et le Cadran de la Destinée. 


"Nul n'est au dessus de la loi"
Ce film est une claque. Autant j'avais sans ambages beaucoup apprécié lors de son exploitation Vhs, autant aujourd'hui je le considère, sans hésitation possible, comme l'un des meilleurs films policiers des années 90. Dommage toutefois qu'il mis un frein à la carrière de Sylvester Stallone 8 ans durant (selon ses dires et en dépit d'un succès public somme toute convenable) si bien que Copland s'érige en magnifique portrait de loser en voie de rédemption au moment de s'armer de courage pour venir à bout de flics ripoux en concertation avec la Mafia de leur bourgade rendue tranquille. Et si on peut prêter une certaine allusion au grand classique Serpico de Sidney Lumet, Copland existe sincèrement par lui même pour se dégager de l'ombre de la redite, de par la personnalité autonome de James Mangold (loin d'être un manchot, jetez un peu un oeil sur sa filmo) fignolant son script et sa mise en scène dans une maturité dépouillée. Les séquences alertes s'enchaînant brutalement à rythme métronome sans que le spectateur ne maîtrise quoique ce soit auprès d'une trajectoire dramatique dénuée de concession. 

Quant à la mesure du splendide score "grave" d'Howard Shore, il déteint sur le poids moral de ses personnages anti manichéens, à l'instar d'un chemin de croix funéraire. Quant aux acteurs se disputant communément l'autorité dans leur confrontation épineuse, ils parviennent sans réserve à omettre leur charisme éculé grâce à leur caractérisation efficacement détaillée tout en allant droit à l'essentiel d'un récit aussi crédible que jamais outré afin d'y afficher une carrure aussi solide que faillible. Copland distillant notamment une intensité peu à peu rigoureuse et vertigineuse sous l'impulsion de notre héros Sylvester Stallone se dévoilant humainement comme jamais en policier taiseux reclus sur lui même depuis une déception amoureuse ainsi qu'un handicap (surdité d'une oreille) lui interdisant d'exercer de plein droit sa fonction de shérif. Initiation à la transgression de l'appréhension et au dépassement de soi après avoir été vulgairement jugé comme vaurien par ses pairs et (une partie de) son entourage, Copland scintille sans vaciller grâce à la personnalité secrètement torturée de Sly relevant la tête et ses biceps sans effets de manche possible lors d'un final aussi éprouvant que bouleversant passés les éclairs de violence inopinément chorégraphiques. 

A réhabiliter d'urgence, Copland étant un grand film, un vrai, sous le pilier d'une pléthore d'acteurs pulsatiles parvenant légitimement à éclipser leur notoriété bankable.

*Bruno
2èx

Box Office France: 553 463 entrées

mercredi 19 avril 2023

Flesh and Bone / De chair et d'os

                                              
                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Steve Cloves. U.S.A. 2h06. Avec Dennis Quaid, James Caan, Meg Ryan, Gwyneth Paltrow, Scott Wilson, Christopher Rydell, Julia McNeal, Ron Kuhlman, Jerry Swindall, Ryan Bohls.

Sortie en France le 4 Janvier 1995, U.S.A le  5 Novembre 1993

FILMOGRAPHIE: Steven Kloves est un réalisateur et scénariste américain né le 18 Mars 1960 à Austin (Etats-Unis). Il est surtout connu pour avoir été le scénariste de six des sept volets cinématographiques d'Harry Potter. 1989: Susie et les Baker Boys. 1993: Flesh and bone.

                           
"Etrange romance galvaudée du poids d'une culpabilité torturée, Flesh and Bone conjugue admirablement drame psycho et thriller sous l'impulsion d'un quatuor d'acteurs hantés par les fantômes d'un passé meurtrier."
Metteur en scène peu prolifique si bien qu'il réalisa à ce jour deux uniques longs-métrages (et pas des moindres), Steven Kloves rend hommage au film noir à travers une intrigue tortueuse tendance Hitchcockienne sous le vernis d'un intense drame psychologique, poignant, profond, douloureux, sans échappatoire. Le pitchDurant son enfance, Arlis fut témoin du massacre d'une famille de fermiers par son père une nuit où il dû lui servir d'appât afin de tendre un piège à ces occupants pour les cambrioler.  Les années ont passé, Arlis, aujourd'hui adulte est resté à jamais marqué par cette sanglante nuit de de culpabilité. Versatile et solitaire, il arpente les régions adjacentes en tant que livreur en accumulant les rencontres féminines d'un soir. Jusqu'au jour ou il établit la connaissance de Kay Davies, une séduisante jeune femme instable battue par son mari mécréant mais délibérée à changer d'horizon. Admirablement filmé au sein de paysages naturels déployant une tranquille plénitude, Flesh and Bone est le genre de métrage franc-tireur où il s'avère difficile d'y décrire précisément ce qui en émane tant son atmosphère solaire, hermétique, magnétise lestement le spectateur auprès de cette aura plutôt feutrée. Si bien que l'oeuvre, étrange et envoûtée, privilégie les non-dits, les ellipses, les silences auprès de personnages énigmatiques déambulant dans une campagne à l'onirisme trouble.

                                       

Ainsi, à travers une réalisation autonome dénuée de fioriture, Flesh and Bone nous illustre de manière latente la rencontre impromptue entre deux êtres esseulés. Un couple d'amants désabusés d'une quotidienneté éculée. Jusqu'au jour ou le père, responsable du triple homicide revienne remémorer leur obscur passé. Mais c'est avant tout à travers le portrait d'une photo de famille qu'un fantôme reviendra hanter les lieux d'une vétuste demeure pour s'y extraire ensuite dans la réalité de leur terne existence. Car ce huis-clos funeste décharné fut autrefois le théâtre d'homicides perpétrés avec une froideur implacable. Avec une sobriété nuancée, l'excellent et si rare Dennis Quaid diffuse une grave dimension psychologique à travers son personnage ombrageux de cow-boy solitaire, profondément traumatisé par un massacre familial au point de se vouer à la damnation dans sa condition sinistrosée d'y sacrifier l'amour. De par le charisme de son masochisme narquois, l'impressionnant James Caan lui dispute la vedette en tueur sans vergogne affublé d'un rictus particulièrement mesquin. Entre cet affrontement davantage tendu et dramatique, Meg Ryan insuffle un jeu à contre emploi de jeune orpheline lascive et empathique dans sa psyché refoulée faisant écho au malaise cérébral de son amant en perdition. Enfin, la néophyte Gwyneth Paltrow cultive un troublant charisme chafouin mêlé d'ambiguïté en maîtresse placide, taciturne, insidieuse, complaisamment entourée de son meurtrier sournois pour des motifs obscurs.

                                    

Soigneusement filmé dans les superbes décors d'une contrée clairsemée, Flesh and Bone demeure un grand film noir à l'ambiance vénéneuse subtilement distillée. Une sombre histoire d'amour torturée par le poids du passé d'une culpabilité meurtrie, un chassé-croisé d'individus suspects étroitement liés à un odieux secret. De par son climat élégiaque d'une saisissante beauté funèbre, Flesh and Bone laisse une marque indélébile dans l'esprit du spectateur. Car à l'instar du protagoniste refoulé condamné à la solitude, nous nous immergions dans son amère contrariété de renoncer à une romance compromise par le remord, la culpabilité, la vengeance et la rédemption. Du grand cinéma indépendant inexplicablement méprisé par l'infortune d'une faible reconnaissance. 

*Bruno
20.06.11. 126 v
19.04.23. 3èx

mardi 18 avril 2023

Fight Club

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de David Fincher. 1999. U.S.A/Allemagne. 2h19. Avec Brad Pitt, Edward Norton, Helena Bonham Carter, Meat Loaf, Zach Grenier, Jared Leto 

Sortie salles France: 10 Novembre 1999. U.S: 15 Octobre 1999

FILMOGRAPHIE: David Fincher est un réalisateur et producteur américain, né le 28 Août 1962 à Denver (Colorado). 1992: Alien 3. 1995: Seven. 1997: The Game. 1999: Fight Club. 2002: Panic Room. 2007: Zodiac. 2008: L'Etrange histoire de Benjamin Button. 2010: The Social Network. 2011: Millénium. 2014: Gone Girl. 2020 : Mank. 2023 : The Killer. 


"Vous êtes la merde de ce monde prêt à servir à tout"
Tout a été dit sur ce film malade, ce film monstre en mutabilité sinueuse, ce film culte que toutes les critiques, ou presque, ont incendié à l'époque de sa sortie (Télérama, les Inrocks, les Cahiers du cinéma, pour citer les plus snobinards.), et ce avant qu'un bouche à oreille ne vienne tout remettre en question à l'international et lors de son exploitation Dvd. Objet filmique de toutes les controverses donc qui ne pouvait que scandaliser ou ébranler de plein fouet (euphémisme), Fight Club est un uppercut jusqu'au-boutiste qu'il est impossible d'omettre sitôt le générique bouclé. Une (ultra) violente charge contre le consumérisme et le capitalisme qu'Edward Norton / Brad Pitt (ces 2 là sont ici habités par leur idéologie -auto- destructrice) tentent de nous inculquer dans leur esprit dérangé d'un mal-être existentiel on ne peut plus actuel. Car 25 ans après sa sortie, Fight Club semble rajeunir de tous ses pores (j'en suis au 3è visionnage avec un oeil mature autrement déconcerté et démuni) pour devenir à nouveau encore plus percutant, plus dérangeant, malsain, malaisant, brutal (quelle crudité bon Dieu ces corps à corps insalubres usant de leurs poings pour renaître de plus bel) nauséeux, anarchiste au possible que lorsqu'il fut conçu lors de son échec critique / commercial. 


"Schizo dream"
Une pellicule reptilienne sépia s'immisçant lentement au sein même de notre encéphale pour ne plus nous lâcher jusqu'à la révélation finale inévitablement déstabilisante, crépusculaire, en roue libre totale au point d'y perdre nos repères. David Fincher jouant avec nos nerfs, triturant nos émotions troublées 2h19 durant sous l'impulsion d'un humour caustique à la fois frétillant et décomplexé, comme le souligne cette pléthore de dialogues corrosifs que se partagent nos marginaux (de la génération Z) usant de coups et blessures pour se sentir en vie afin de retrouver leur liberté épargné de matérialisme et d'attache féminine (certains/certaines n'hésiteront pas à qualifier aujourd'hui le film de misogyne, wokisme oblige). Sado-maso en diable au point parfois d'y provoquer la gêne, le désordre moral (les esprits fragiles feraient mieux de s'abstenir afin de ne pas reproduire ce sectarisme terroriste (apologie du terrorisme diront certains à l'époque) que David Fincher ne se prive pas de démontrer avec force, fracas, ambiguïté  bipolaire et une sacré dose d'humour vitriolé à faire vomir les pisses-froids et bien-pensants. Car si Fight Club demeure aujourd'hui aussi extraordinairement moderne, il le doit notamment à la maîtrise technique / formelle de son auteur livrant une oeuvre subversive littéralement expérimentale (les acteurs s'adressant parfois directement à nous) au point de se perdre dans ce labyrinthe mental aussi fascinant et capiteux que répugnant. Un pur film d'ambiance (hybride) également afin de mieux s'immerger dans cet univers rubigineux rempli de mâles testostéronés tentant de retrouver un sens à leur ornière quotidienne dénuée d'équilibre.


"Tout ce que tu possèdes finit par te posséder"
Expérience éprouvante avec soi-même au sein de notre condition d'oppression dans le cadre d'une immense farce vitriolée, Fight Club nous tire les vers du nez, rappelle nos instincts primitifs pour reconsidérer notre existence aliénante privée de toutes libertés (contrairement aux apparences fallacieuses de nos sociétés - davantage - totalitaires). Peut-être la plus (ultra) violente diatribe contre le système opérée au cinéma si bien que de nos jours ultra conservateurs un projet aussi hétérodoxe, anti-social et insurrectionnel serait inévitablement banni de nos écrans. KO debout.

*Bruno
3èx

lundi 17 avril 2023

Les Prédateurs de la Nuit / Faceless / Los Depredadores de la noche

                                             
                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site scifi-movies.com 

de Jess Franco. 1988. France/Espagne. 1h39. Avec Helmut Berger, Brigitte Lahaie, Telly Savalas, Chris Mitchum, Stéphane Audran, Caroline Munro, Christiane Jean, Anton Diffring.

Sortie salles France: 22 Juin 1988

FILMOGRAPHIEJess Franco (Jesus Franco Manera) est un réalisateur espagnol, né le 12 Mai 1930 à Madrid, décédé le 2 Avril 2013. 1962: L'Horrible Dr orlof.  1962: Le Sadique Baron Von Klaus. 1964: Les Maîtresses du Dr Jekyll. 1966: Le Diabolique Dr Zimmer. 1969: L'Amour dans les prisons des femmes. 1969: Justine ou les infortunes de la vertu. 1970: Les Nuits de Dracula. 1970: Le Trône de Feu. 1971: Vampyros Lesbos. 1972: Les Expériences Erotiques de Frankenstein. 1972: Dracula prisonnier de Frankenstein. 1972: La Fille de Dracula. 1973: Quartier des Femmes. 1973: Christina chez les Morts-Vivants. 1974: La Comtesse Noire. 1974: Eugénie de Sade. 1976: Jack l'Eventreur. 1980: Terreur Cannibale. 1980: Mondo Cannibale. 1981: Sadomania. 1981: Le Lac des Morts-Vivants (co-réal). 1982: L'Abîme des Morts-Vivants. 1982: La Chute de la maison Usher. 1988: Les Prédateurs de la Nuit. 2002: Killer Barbys.


Production Franco-espagnole réalisée par l'incorrigible Jess FrancoLes Prédateurs de la nuit fit les beaux des vidéos-clubs des années 80 sous l'étendard de René Chateau (lui même crédité au poste de scénariste). Interdit aux - de 18 ans à l'époque, ce pur produit d'exploitation risque aujourd'hui de faire sourire les jeunes néophytes auprès de ses effets spéciaux cheap pour autant efficacement montés. Et si le gore et le hors-champ pallient un peu leur carence réaliste, les maquillages de latex impartis aux opérations chirurgicales sont autrement plus convaincants si bien qu'une certaine fascination morbide y découle, à 2/3 plans anémiés (les yeux et la mâchoire manquent de fluidité par leur animation mécanique). Le pitchPour remédier au fardeau de sa soeur défigurée, un médecin et sa maîtresse kidnappent des jeunes filles afin de leur prélever la peau du visage. Pour parfaire l'opération, ils font appel à un chirurgien nazi quand bien même un détective privé tente de retrouver les traces d'une disparue, Barbara, fille d'un riche entrepreneur. Reprenant la même trame que l'Horrible Dr Orloff, lui même autrefois inspiré du classique Les Yeux sans VisageLes Prédateurs de la nuit tente de renouveler son concept en version colorisée et dans un contexte contemporain bon chic bon genre.


Son aspect télé-film et la chanson pop agréablement ringarde se combinant au climat érotique, tant par les étreintes effrontées que la tenue lascive des actrices de seconde zone, Brigitte Lahaie et Caroline Munro en tête de gondole. On sera également surpris de voir réuni à l'écran une distribution internationale aussi éclectique ! Des rôles secondaires improbables auquel y participent aimablement  Telly Savallas, Helmut Berger, Chris Mitchum, Stéphane Audran, Christiane Jean, Howard Vernon  et Anton Diffring. Série B érotico-horrifique mené tambour battant, les Prédateurs de la Nuit attise promptement la sympathie chez l'amateur de zèderies de par son brassage de situations tantôt horrifiques, tantôt polissonnes confinées au sein d'une clinique de l'horreur. Notre trio d'amants s'efforçant d'optimiser le visage idéal auprès de jeunes noctambules influençables. Et en dépit de l'itération des séquences de rapt, certaines situations potaches à l'accent grotesque (chacune des interventions du directeur gay de l'agence de mannequin) et le cabotinage outré des comédiens de seconde zone cultivent un charme timoré par leur affable implication. Mal dirigés dans une caricature souvent grossière, ces derniers insufflent néanmoins suffisamment de charisme pour se fondre dans une carrure hostile ou héroïque, à l'instar de l'inexpressif mais patibulaire Gérard Zalcberg en suppléant déficient, ou encore de l'illustre Anton Diffring dans celui du chirurgien SS.


Plaisamment attachant chez l'aficionado de pur divertissement bonnard dénué de prétention, Les Prédateurs de la Nuit perdure sa sympathie pittoresque pour l'insolence des quiproquos et rebondissements où l'enquête policière, les étreintes sexuelles, la chirurgie esthétique, son gore un tantinet cradingue et les rapts de lorettes se télescopent à rythme métronome. 

*Bruno
15.02.16. 132 v
17.04.23. 4èx

vendredi 7 avril 2023

Pearl

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Ti West. 2022. U.S.A. 1h43. Avec Mia Goth, David Corenswet, Tandi Wright, Matthew Sunderland, Emma Jenkins-Purro, Alistair Sewell.

Sortie salles France: ?. U.S: 16 Septembre 2022

FILMOGRAPHIE: Ti West (né le 5 octobre 1980 à Wilmington, Delaware) est un réalisateur, scénariste et producteur américain surtout connu pour ses films d'horreur. 2005: The Roost. 2007: Trigger Man. 2009: Cabin Fever 2. 2009: The House of the Devil. 2011: The Innkeepers. 2012: The ABCs of Death (segment M Is for Miscarriage). 2012 : V/H/S (segment Second Honeymoon). 2013: The Sacrament. 2022: X. 2022: Pearl. 


A peine X réconcilia les fans d'horreur vintage à travers son hommage respectueux à Massacre à la Tronçonneuse et au cinéma porno des Seventies que Ti West enchaina la même année avec Pearl sans jamais se répéter dans la facilité de la redite. Si bien qu'ici nous avions d'abord affaire à un véritable drame psychologique transplanté dans le cadre d'une horreur caustique accouplée aux comédies musicales et au cinéma muet dont Pearl, l'antagoniste féminine, s'efforce de conquérir du haut d'un podium dénué d'empathie. Sévère diatribe donc contre le showbiz à la fois cupide, élitiste et corrupteur, Pearl demeure un étrange OVNI inquiétant, charmant, douloureux, cruel, sans concession d'y dresser le portrait pathétique d'une jeune métayère en déréliction depuis une démission parentale engluée dans le rigorisme d'une existence autiste. Outre le stylisme de sa mise en scène constamment inventive où rien n'est laissé au hasard, Pearl puise sa force et son intérêt auprès de l'incroyable Mia Goth incarnant une psychotique en herbe avec une vérité humaine mise à nu. 


A ce titre corrosif aussi bien poignant, son monologue final s'étirant sur plus d'une dizaine de minutes demeure un morceau d'anthologie csrupuleux que de nous délivrer face écran, plan serré, ses états d'âme meurtris, sa confession en berne, son cri d'alarme contre une société sournoise et des parents rétrogrades  à oser s'intéresser à sa personnalité fragile militante pour ses talents de danseuse prometteuse au coeur des années 20. D'ailleurs, Ti West n'as pas de peine à reconstituer sa scénographie rétro, rappelant parfois les classiques immuables des années 50 parmi lequel Le Magicien d'Oz pointe parfois le bout de son nez; aussi minimaliste soit son budget de série B. Bref, tout ça pour dire que l'on croit à cette étonnante féérie esthétisante qui plus est saturée d'une photo rutilante nous illuminant la vue sous l'impulsion d'une ange meurtrière avide d'amour, de reconnaissance, de main secourable qu'elle ne parviendra jamais à approcher dans sa condition davantage fielleuse à se compromettre à une vendetta aveugle. L'incroyable image finale, silencieusement hystérisante, nous laissant sur le carreau de s'attarder sur le rictus (oh combien) malaisant de Mia Goth littéralement habité par la folie alors que le générique défile sans remarquer cette imagerie mobile de plus en plus malsaine par sa temporalité exténuante. 


Etonnant divertissement macabre entièrement soumis à son interprète marginale se livrant corps et âme comme nulle autre criminelle emblématique; Pearl ne peut laisser indifférent les fans d'horreur adulte adepte des profils psychologiques finement étudiés sous un vernis polychrome incessamment renouvelé. En attendant un 3è opus probablement aussi personnel et inspiré que prometteur et flamboyant. 

*Bruno

jeudi 6 avril 2023

Silent Night. Grand Prix du Public, Sitges 2021

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Camille Griffin. 2021. Angleterre. 1h33. Avec Keira Knightley, Matthew Goode, Annabelle Wallis, Lucy Punch, Kirby Howell-Baptiste, Lily-Rose Depp, Roman Griffin Davis.

Sortie France, Dvd: 23 Septembre 2022. Angleterre: 3 Décembre 2021

FILMOGRAPHIE: Camille Griffin est une réalisatrice et scénariste anglaise. 
2021: Silent Night. 


Portrait craché d'une famille modèle (actuelle).
Ma chronique sera sciemment courte, la plus concise possible afin de préserver tout effet de surprise que ce divertissement hybride nous réserve selon l'autorité d'un humour british (traditionnellement) corrosif. Je vous conseille d'ailleurs d'éviter de reluquer tous trailers et autre pitch trop explicatif (j'ai par ailleurs censuré le titre français, ces génies). Sachez simplement qu'on nous relate en l'occurrence dans un cadre festoyant saturé d'une photo léchée une réunion de famille le soir de noël. Point. Et si au premier abord j'avoue avoir été peu captivé, dubitatif, voir même parfois irrité par ces insolents profils de protagonistes huppés tous plus médiocres et superficiels les uns que les autres (en dépit de certains enfants autrement responsables dans leur éthique écolo), le tour de force est de parvenir à nous les rendre finalement attachants au bout de 45 minutes de bavardages et crépages de chignon passée la rupture de ton de la seconde partie. 


Si bien que c'est à partir de cet instant propice que l'oeuvre à part prend toute son ampleur morale pour ne plus lâcher notre attention jusqu'à l'ultime image (caustique ou pas) se permettant in extremis de remettre en question ce que nous venions de voir et de subir. Ainsi, d'une puissance émotionnelle (à mon sens subjectif) davantage insoutenable, Silent Night est le genre de péloche pernicieuse faussement standard et conventionnelle eu égard de sa capacité radicale à nous entraîner dans un vortex d'émotions bruts de décoffrage, pour ne pas dire traumatiques auprès des plus sensibles dont je fais parti. Si bien que j'en reste profondément marqué, ébranlé, à l'heure où j'écris ces lignes. Sans ambages, la vague à l'âme. C'est donc pour ma part émotive une oeuvre audacieuse (si) fragile que je ne suis pas prêt d'oublier, sachant qu'elle traite de manière aussi frontale et singulière des thèmes universels nous concernant tous afin de nous rappeler qu'au sein de notre condition existentielle, seul le profit du temps présent compte en chérissant au possible tout notre entourage. 


Et comme le dit si bien l'adage d'après l'ultime réflexion du récit, la souffrance fait murir car grâce à la souffrance on comprends mieux la mort. Bouleversant, dépressifs, s'abstenir. 

Merci à Roman Soni pour la découverte.

*Bruno 

Récompenses
Grand Prix du Public, Sitges 2021
Prix du Meilleur Scénario, Sitges 2021
Prix du Meilleur Film, Shadow Festival Européen du Film Fantastique de Murcie 2022
Prix du Meilleur Scénario, Shadow Festival Européen du Film Fantastique de Murcie 2022

mercredi 5 avril 2023

Traqué / The Hunted

                                         
                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site streaming-french-dvdrip.com

de William Friedkin. 2003. U.S.A. 1h34. Avec Tommy Lee Jones, Benicio Del Toro, Connie Nielsen, Leslie Stefanson, John Flinn.

Sortie salles France: 26 Mars 2003. U.S: 14 Mars 2003

FILMOGRAPHIEWilliam Friedkin est un réalisateur, scénariste et producteur de film américain, né le 29 août 1935 à Chicago (Illinois, États-Unis). Il débute sa carrière en 1967 avec une comédie musicale, Good Times. C'est en 1971 et 1973 qu'il connaîtra la consécration du public et de la critique avec French Connection et L'Exorciste. 1967: Good Times. 1968: l'Anniversaire. 1968: The Night they Raided Minsky's. 1970: Les Garçons de la bande. 1971: French Connection. 1973: l'Exorciste. 1977: Le Convoi de la peur. 1978: Têtes vides cherchent coffres pleins. 1980: The Cruising. 1983: Le Coup du Siècle. 1985: Police Fédérale Los Angeles. 1988: Le Sang du Châtiment. 1990: La Nurse. 1994: Blue Chips. 1995: Jade. 2000: l'Enfer du Devoir. 2003: Traqué. 2006: Bug. 2012: Killer Joe.


Avec Traqué, l'année 2003 sonne comme le vrai retour de William Friedkin. Si bien qu'avec un réalisme résolument âpre, il nous propose aujourd'hui sa version hardcore de Rambo lorsqu'un vétéran renoue avec ses pulsions meurtrières et son instinct de survie pour déjouer son ancien enseignant lors d'une rigoureuse traque compromise avec les forces de l'ordre. Survival redoutablement intense, de par l'efficacité optimale des poursuites échevelées à travers une nature hostile puis au coeur d'une métropole magnifiquement filmée (à l'instar de la séquence du métro aussi palpitante que vertigineuse) et la prestance virile de deux monstres sacrés, (Tommy Lee Jone et Benicio Del Toro affichant communément une posture stoïque dans leur incessant jeu de cache-cache avec la mort), Traqué laisse les mains moites avec un arrière goût de souffre labial. Comme le souligne par exemple ce corps à corps viscéral perpétré à l'arme blanche entre nos deux antagonistes, l'un des combats les plus sauvages que l'on ait vu au sein de l'industrie du cinéma d'action. Ainsi donc, exploitant le divertissement homérique au sein d'un cadre urbain au réalisme documenté, William Friedkin y apporte sa touche dérangeante par son ambiance malsaine tacite et sa réflexion imposée à l'animosité de l'homme. Si bien que pour ces thèmes impartis au traumatisme de la guerre et au bellicisme meurtrier d'une machine (conditionnée) à tuer, le film conjugue en filigrane un parallèle avec notre incivisme à exploiter sans morale la cause animale. 


A l'instar de notre instinct prédateur à daigner le traquer pour le plaisir de la chasse ou pour notre attrait culinaire ("six milliards de poulets vont être massacrés dans les abattoirs cette année, que se passerait-il si une espèce prédatrice n'avait plus de respect pour nous et commençait à nous massacrer les uns les autres" évoquera Hallam !). Par conséquent, à travers ce vétéran abdiqué par sa nation, les thèmes de l'impossible réinsertion sociale et de la démission paternelle sont mis en évidence lorsque son entraîneur des forces spéciales a tout simplement omis de lui apporter soutien, révérence et compassion après l'avoir endoctriné à transcender son instinct de survie. Exploitant habilement la variété des décors oscillant l'environnement naturel et les infrastructures (urbaines et industrielles) de notre civilisation moderne, William Friedkin transfigure au possible une chasse à l'homme aussi intrépide qu'haletante. Un parti-pris insidieux afin de nous converger à la confrontation au sommet de deux baroudeurs contraints de renouer avec leur sauvagerie primitive au prix de leur survie. La figure du père étant ici acculée à sacrifier son fils, à l'instar de la citation empruntée à l'épreuve d'Abraham lors du monologue liminaire puis en épilogue.  


Mené de main de maître par la géométrie de sa mise en scène où le sens du montage et du cadrage exacerbe l'efficacité des évènements épiques au point d'en avoir le souffle coupé, Traquée fait preuve d'un réalisme décoiffant pour mettre en exergue l'instinct sanguinaire de l'homme confronté à son pire ennemi, lui même ! Le duel opiniâtre Tommy Lee Jone / Benicio Del Toro faisant des étincelles dans leurs stratagèmes de survie littéralement bestiale ! Inquiétant, malaisant (la filature au domicile de la compagne du traqué dégageant une atmosphère feutrée d'insécurité palpable), angoissant, forcené, en mode vitriolé.

*Bruno
05.04.23. 2èx
02.04.15. 568 v

vendredi 31 mars 2023

"What the peeper saw" / La tua presenza nuda! / L'Enfant de la Nuit

                                        Photo empruntée sur google, appartenant au site stalkerjany.blogspot.com

de James Kelley et Andrea Bianchi. 1972. Royaume-Uni/Espagne/Italie/États-Unis/Allemagne de l'Ouest. 1h36 (version intégrale). Avec Mark Lester, Britt Ekland, Hardy Kruger, Lilli Palmer, Harry Andrews, Conchita Montes.

Sortie salles France: 1973 (à confirmer). Italie: 14 Octobre 1972

FILMOGRAPHIE: James Kelley est un réalisateur et scénariste né en 1931 à Angleterre, Royaume-Uni, décédé en 1978 à Londres. 1971: Le Monstre des Oubliettes. 1972: What the peeper saw. 
Andrea Bianchi est né le 31 mars 1925 en Italie. Il était réalisateur et scénariste. Il est mort le 14 novembre 2013 à Nice, France. 1972: Diabolica Malicia. 1972: L'Île au trésor. 1972: What the peeper saw. 1974: Quelli che Contano. 1974: Basta con la guerra... facciamo l'amore. 1975: Nu pour l'assassin. 1976: La Moglie di mio padre. 1977: Cara dolce nipote. 1978: La moglie siciliana. 1979: Malabimba. 1981: Le Manoir de la Terreur. 1983: Altri desideri particolari. 1983: Morbosamente vostra. 1986: Dolce Pelle di Angela. 1987: Maniac Killer. 1987: l'Ange de la Mort. 1988: Incontri in case private. 1988: Racconti di donne. 1989: Massacre. 1989: Io Gilda. 1990: Qualcosa in più. 1990: Gioco di seduzione. 1991: Bambola di carne. 1993: Formula 3 - 1 ragazzi dell'autodromo.


Quelle bien étrange curiosité que cette série B ultra rare portant la signature du British James Kelley (Le Monstre des Oubliettes) et du transalpin André Bianchi (?), réalisateur du fameux Manoir de la Terreur que tous les fans de Bis connaissent sur le bout des ongles. "What the peeper saw" relatant avec sincérité et attention l'étrange relation filiale entre un père en berne et son fils que sa nouvelle maîtresse tente d'apprivoiser, entre maladresse, tendresse, appréhension, interrogation. Ainsi, au fil de leur discorde davantage orageuse (avec parfois de dérangeantes connotations sexuelles subtilement exposées, en naviguant entre champs et hors-champs), les réalisateurs effleurent puis abordent (par le biais d'hallucination ou de réels souvenirs ?!) les thèmes sulfureux de l'inceste et de la pédophilie sans l'ombre d'une vulgarité. Et ce même si son final à la fois surprenant et déroutant brouille subitement les pistes tout en résolvant en dernier recourt les liens délétères de cette famille dysfonctionnelle habitée par l'épreuve du deuil, la paranoïa, la suspicion meurtrière.


Dommageable toutefois que le récit latent, puisque prenant son temps à exposer la caractérisation équivoque des personnages, fasse preuve d'un rythme ni captivant ni passionnant, même si on reste sur le qui-vive, plus ou moins attentif à l'évolution véreuse de ce trio maudit à moult niveaux de lecture si on fait fi de son épilogue brusquement révélateur quant à cet odieux jeu de manipulation que les acteurs endossent sobrement. A découvrir donc, l'oeuvre esthétiquement "azurée" étant disponible en version HD 720 P chez le bloggeur Warning Zone. Avec mes remerciements pour leur généreuse offrande d'avoir exhumé de nulle part cette découverte indépendante que l'on ne peut omettre de sa mémoire sitôt le générique clôt. A réserver toutefois à un public averti fan de métrage aussi bien sulfureux qu'audacieux. 


Dédicace à Bertrand ^^

*Bruno

vendredi 24 mars 2023

Le Manoir des Fantasmes / Dark Places

                                              
                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site notrecinema.com

de Don Sharp. 1974. Angleterre. 1h33. Avec Christopher Lee, Joan Collins, Herbert Lom, Robert Hardy, Jane Birkin, Jean Marsh.

Sortie salles France: 31 Octobre 1979. Angleterre: Mai 1975. U.S: Mais 1974

FILMOGRAPHIE SELECTIVEDon Sharp est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur anglais d'origine australienne, né le 19 Avril 1922 à Hobart (Australie), décédé le 18 Décembre 2011.
1963: Le Baiser du Vampire. 1964: Les Pirates du Diable. 1965: La Malédiction de la Mouche. 1965: Le Masque de Fu-Manchu. 1966: Raspoutine, le moine fou. 1966: Opération Marrakech. 1966: Les 13 Fiancées de Fu Manchu. 1967: Le Grand Départ vers la lune. 1968: Les Champions. 1973: Le Manoir des Fantasmes. 1978: Les 39 marches. 1979: Le Secret de la banquise.


Modeste production British sortie tardivement chez nous (1979 vs 1974) et occultée depuis sa location Vhs (en dépit de sa miraculeuse parution commerciale Dvd / Blu-ray chez ESC), le Manoir des Fantasmes est une série B d'épouvante à l'aura gothique perméable de par sa caractérisation d'une ancienne bâtisse, ancien théâtre d'un massacre familial lié à un conflit d'adultère. Le PitchDans un asile psychiatrique, Andrew Marr décide de léguer son manoir à son ami Edward Foster. Juste avant de rendre l'âme, il lui avoue qu'une somme d'argent était restée cachée à l'intérieur des murs. Le lendemain, Edward s'empresse de prendre la route pour investir les lieux, mais un notaire et un docteur assisté de sa soeur envisagent également de mettre la main sur le magot. Avec sa trame efficace alliant intrigue criminelle et épouvante spectrale, le Manoir des Fantasmes véhicule machinalement un suspense progressif quand à la destinée d'une poignée d'individus peu fréquentables. Car compromis par les activités véreuses de rivaux cupides, Edward va non seulement devoir se confronter à leur subterfuge surnaturel mais aussi s'opposer aux intentions sournoises de fantômes revanchards. 


Avec ironie, Don Sharp entremêle donc machination criminelle et apparitions fantomatiques sous l'allégeance du précédent défunt, Andrew Marr. Ainsi, à partir d'une quête au trésor planquée derrière les parois du manoir, notre nouveau titulaire tout aussi avide va peu à peu perdre pied avec la réalité en s'identifiant à l'existence familiale de l'ancien propriétaire. A cet égard, on songe facilement à Shining  pour la dérive progressive d'un homme en prise avec sa démence et ses démons et l'environnement surnaturel auquel il évolue. Par l'entremise de divers flash-back, Don Sharp démystifiera au compte goutte l'adultère intentée par Andrew avec sa gouvernante (Jane Birkin endosse ce rôle frivole avec le charme qu'on lui connait), alors que les enfants ricaneurs n'auront de cesse de la persécuter. Avec ses illustres têtes d'affiche, la fiabilité des comédiens est également le point fort de ce divertissement attachant à défaut de passionner. Christopher LeeJoan Collins et Herbet Lom se délectant à camper un trio d'antagonistes mégalos habités d'orgueil et de lâcheté. Modestement, et après avoir pris son temps à entretenir le suspense horrifique, le récit autrement alarmiste culmine vers un épilogue caustique quand à la véritable implication des témoins du massacre familial et le sort alloué pour ces nouveaux hôtes.


Sobrement réalisé, interprété et efficacement troussé, même si on aurait préféré plus d'intensité et d'implication de notre part pour son atmosphère gothique timidement envoûtante (alors que sa paisible campagne anglaise demeure parfois magnifiquement cadrée), Le Manoir des Fantasmes est une estimable série B, aussi mineur soit son contenu narratif latent. 


*Bruno
24.03.23. 4èx
19.01.14. 



mercredi 22 mars 2023

Amityville 3-D

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Richard Fleischer. 1983. U.S.A. 1h33. Avec Tony Roberts, Tess Harper, Candy Clark, Robert Joy, Lori Loughlin, Meg Ryan.

Sortie France en video: 1985. Salles U.S: : 18 Novembre 1983

FILMOGRAPHIE: Richard Fleischer est un réalisateur américain né le 8 décembre 1916 à Brooklyn,  et décédé le 25 Mars 2006 de causes naturelles. 1952: l'Enigme du Chicago Express, 1954: 20 000 lieues sous les mers, 1955: les Inconnus dans la ville, 1958: les Vikings, 1962: Barabbas, 1966: le Voyage Fantastique, 1967: l'Extravagant Dr Dolittle, 1968: l'Etrangleur de Boston, 1970: Tora, tora, tora, 1971: l'Etrangleur de Rillington Place, 1972: Terreur Aveugle, les Flics ne dorment pas la nuit, 1973: Soleil Vert, 1974: Mr Majestyk, Du sang dans la Poussière, 1975: Mandingo, 1979: Ashanti, 1983: Amityville 3D, 1984: Conan le destructeur, 1985: Kalidor, la légende du talisman, 1989: Call from Space.

Avertissement: il s'agit de la version 2D chroniquée ici, la 3D n'étant qu'un simple outil à gadgets inutiles.

Démoli par la critique et le public dès sa sortie, Amityville 3D ne méritait pas à mon sens tant de haine, aussi mineur soit le produit d'exploitation correctement emballé par l'immense Richard Fleischer. Car si ce dernier ne semble pas vraiment inspiré à donner chair à la franchise lucrative, il parvient néanmoins avec une modeste efficacité à exploiter les clichés du film de hantise au gré de petites scènes-chocs faisant leur petit effet de fascination (notamment celui, cruel, de l'incendie dans l'habitacle d'une voiture). Qui plus est tourné en scope dans une photo soignée et correctement interprété par d'aimables seconds-couteaux (on reconnaitra d'ailleurs la néophyte Meg Ryan pour sa 2è apparition à l'écran), Amityville 3 inspire la sympathie au sein d'une ambiance fantastique parfois même poétique quant à la disparition d'une victime juvénile s'efforçant de communiquer avec ses parents sous l'apparence d'un ectoplasme de couleur mauve. 

Tant et si bien qu'à la revoyure, avec le recul et en faisant preuve d'indulgence, ce petit divertissement sans prétention dégage même un charme tangible constant auprès de son ambiance horrifique épaulée qui plus est de quelques effets-spéciaux artisanaux attachants par leur côté perfectible faisant toutefois mouche la plupart du temps. Il s'agit donc selon mon jugement de valeur du dernier film honorable de la saga, et bien qu'il ne puisse jamais rivaliser avec les 2 premiers opus dans toutes nos mémoires, Amityville 3 dégage une simplicité point disgracieuse à travers son intrigue rachitique jamais ennuyeuse, notamment de par la complémentarité des interprètes se prêtant sans outrance au jeu du "ouh, fais moi peur" avec parfois même une expressivité dramatique résolument probante (le deuil familial qui entoure le récit lors de sa dernière partie particulièrement épique). 

P.S: Dans l'un des Bonus de cette galette issue du coffret Bach Films, les cinéastes acolytes Maury / Bustillo défendent sans ambages ce 3è opus sans faire preuve d'ironie mal placée (quand bien même la plateforme Psychovision dispo sur le net est également de la partie pour dénoter une suite toute à fait honorable). Enfin, le film est ici présenté dans sa version intégrale inédite en France (Tant Dvd que BR). 

*Bruno
11.03.19
22.03.23. 3èx

lundi 20 mars 2023

Le cerveau d'Acier / Colossus: The Forbin Project

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Joseph Sargent. 1970. U.S.A. 1h40. Avec Eric Braeden, Susan Clark, Gordon Pinsent, William Schallert, Leonid Rostoff, Georg Stanford Brown.

Sortie Salles: 8 avril 1970 (États-Unis), 11 juin 1971 (France). Diffusion TV: 26 janvier 1976 (L'Avenir du Futur)

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Joseph Sargent (Giuseppe Danielle Sorgente) est un réalisateur, acteur et producteur américain, né le 22 juillet 1925 à Jersey City, New Jersey (États-Unis), décédé le 22 décembre 2014 à Malibu (Californie). 1959: Street-Fighter. 1966: L'Espion au chapeau vert. 1970: Le Cerveau d'Acier. 1974: Les Pirates du Métro. 1975: La Nuit qui terrifia l'Amérique (télé-film). 1979: De l'or au bout de la piste. 1983: En plein Cauchemar. 1987: Les Dents de la Mer 4. 2008: Un coeur à l'écoute (télé-film).

Relativement rare à la TV et plutôt oublié mais heureusement édité en Dvd puis Blu-ray chez Movinside, Le Cerveau d'Acier est un excellent suspense d'anticipation comme les Seventies étaient aptes à nous concocter, entre sincérité et amour du genre. Et ce sans céder aux sirènes d'une action ostentatoire ici inexistante, tant et si bien que ce qui intéresse Joseph Sargent est de nous narrer avec soin, intelligence et attention une fascinante intrigue (visionnaire) entre 2 super ordinateurs capables de provoquer une catastrophe nucléaire entre les Etats-Unis et l'URSS durant la guerre froide. Sorte de précurseur de Skynet vu dans Terminator. Et si on reste constamment captivé par cette guerre des cerveaux lestement posée et inquiétante, on reste stupéfiais par l'audace de sa conclusion au risque de laisser sur le carreau une partie des spectateurs qui n'en demandait pas tant pour son effet de surprise antinomique. Outre la solidité de la réalisation (peut-être la plus scrupuleuse de la carrière de Sargent), on est également captivé par le jeu dépouillé du trop rare Eric Braeden endossant le créateur de génie avec un humanisme fébrile toujours plus contrarié en dépit de son assurance d'y gérer toutefois la situation hormis ses interrogations internes les plus alarmistes. Un formidable divertissement donc, adulte et cérébral car au plus près de la psychologie torturée de ses scientifiques et politiciens sur le qui-vive d'un danger pernicieux échappant à leur contrôle, à leurs armes et à leur intelligence. 


*Bruno
2èx

mardi 14 mars 2023

Bienvenue, Mr Chance / Being There

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

de Hal Ashby. 1979. U.S.A. 2h10. Avec Peter Sellers, Shirley MacLaine, Melvyn Douglas, Jack Warden, Richard A. Dysart, David Clennon.

Sortie salles France: 13 Août 1980. U.S: 19 décembre 1979

FILMOGRAPHIEHal Ashby (né William Hal Ashby) est un réalisateur, monteur, acteur et producteur américain né le 2 septembre 1929 à Ogden, Utah (États-Unis), mort le 27 décembre 1988 à Malibu (Californie). 1970 : Le Propriétaire. 1971 : Harold et Maude. 1973 : La Dernière Corvée. 1975 : Shampoo. 1976 : En route pour la gloire. 1978 : Le Retour. 1979 : Bienvenue, Mister Chance. 1981 : Cœurs d'occasion. 1982 : Lookin' to Get Out. 1983 : Let's Spend the Night Together. 1984 : Solo Trans (vidéo). 1985 : Match à deux. 1986 : Huit millions de façons de mourir. 1988 : Jake's Journey (en) (TV). 


"Un grand moment de cinéma en apesanteur transcendé par l'interprétation transie de quiétude: Mr Peter Sellers."
Attention OFNI, à l'instar de l'hallucinante performance du génie Peter Sellers (sans doute LE rôle de sa vie !), Bienvenue Mister Chance ne ressemble à rien de connu. Tout du moins lors de l'année où il fut conçu car on peut prétendre que Robert Zemeckis s'en soit tout de même inspiré avec Forrest Gump  quelques décennies plus tard dans une version beaucoup plus commerciale, tous publics, à la tendresse autrement démonstrative (même s'il s'agit également à mon sens d'un grand divertissement vibrant d'humanité). Or, ici le réalisateur Hal Ashby ne s'embarrasse ni de fioritures ni de bons sentiments tant sa mise en scène personnelle adopte le parti-pris d'une oeuvre indépendante au service de ces personnages huppés gravitant auprès d'un énigmatique étranger apatride. Ainsi, c'est à travers le portrait improbable de Mr Chance, jardinier tout juste séparé de son défunt propriétaire, que le récit nous ait traité avec force et humour, entre légèreté et émotion somme toute contenue pour y dresser son étrange personnalité tributaire d'une nouvelle demeure que le couple Rand décide de recueillir à la suite d'un accident de voiture. Par conséquent, 2h10 durant, nous allons partagés l'exclusive intimité de Monsieur Chance dans son nouveau foyer peuplé de domestiques et d'invités notoires. Un homme solitaire féru de jardinage et de télévision car terriblement introverti, indicible mais néanmoins infiniment attachant auprès d'un entourage davantage fasciné par l'acuité de son innocence sans égale.

Et ce, même si le FBI ou la CIA finiront par enquêter sur son passé lors de soupçons d'espionnage alors que les médias y feront leur nouvelle coqueluche, tel un monstre de foire. Toute cette mise en scène au plus près des réactions perplexes des protagonistes étant subtilement traitée avec énormément de pudeur, de drôlerie (jamais gouailleuse) et de profondeur psychologique. A l'instar de son hallucinant épilogue mystique impossible à anticiper, méditation pour la sagesse d'esprit. Hal Hashby nous démontrant avec une jubilatoire dérision qu'un homme sans personnalité ni ambition peut un jour accéder sans le vouloir à la consécration et la célébrité grâce à ses improvisations philosophiques communiquées par ses valeurs humaines dénuées d'orgueil, de jalousie, de vice et encore moins de colère. Peter Sellers crevant l'écran par son omniprésence timidement décalée, entre paix interne et calme tranquille dans une posture laconique jubilatoire, notamment eu égard de son regard enfantin inscrit dans le vide permettant du coup aux autres de se remettre en question afin de se donner un nouveau sens existentiel (notamment pour notre rapport anxiogène avec la mort qui se rapproche peu à peu de nous). Quant à Shirley MacLaine renouant avec ses sentiments d'adolescente dans une fureur de vie soudainement expansive, elle crève elle aussi l'écran par sa fragilité humaine, sa beauté réconfortante, sa fascination ébaubie de contempler Mr Chance dans un désir sexuel irrépressible (la scène de masturbation est à ce titre anthologique). 


« La vie est un état d'esprit »
En dépit de 2/3 longueurs vite pardonnables durant la 1ère partie du récit (les premiers rapports  de Chance amorcés avec Mr Rand et le président), Bienvenue Mister Chance est un grand moment de cinéma où la comédie politico-sociétale s'élève ici à un niveau spirituel insoupçonnée. Et puis rien que pour la performance insensément naturelle de Peters Sellers (accompagné d'une tendre Shirley MacLaine toute en douceur de miel), cet incroyable portrait d'un homme (extra)ordinaire (certains et certaines s'y reconnaîtront) demeure profondément évocateur, discursif pour son rapport inné, candide à la vie et celle de son entourage ayant égaré leur âme d'enfant. 

*Bruno

Récompenses
Los Angeles Film Critics Association Awards 1979 : Meilleur acteur dans un second rôle pour Melvyn Douglas
Oscars 1980 : Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour Melvyn Douglas
Golden Globes 1980 :
Golden Globe du meilleur acteur dans un film musical ou une comédie pour Peter Sellers
Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle pour Melvyn Douglas
BAFTA Awards 1981 : BAFTA du meilleur scénario pour Jerzy Kosinski
London Film Critics Circle 1981 : Prix spécial à Peter Sellers pour sa carrière

lundi 13 mars 2023

La Petite Boutique des Horreurs / The Little Shop of Horrors

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Roger Corman. 1960. U.S.A. 1h12. Avec Jonathan Haze, Jackie Joseph, Mel Welles, Dick Miller, Myrtle Vail

Sortie salles France: 1er juillet 1970. U.S: 5 Août 1960.

FILMOGRAPHIE: Roger Corman est un cinéaste américain, né le 5 avril 1926 à Détroit, Michigan. 1955: Day the World Ended. 1956: It's Conquered the World. 1957: Rock all Night. 1957: l'Attaque des Crabes Géants. 1957: Not of this Earth. 1957: Vicking Women. 1957: The Undead. 1958: War of the Satellites. 1958: She-Gods of Shark Reef. 1958: Swamp Women. 1958: Teenage Caveman. 1958: Mitraillette Kelly. 1959: Un Baquet de Sang. 1960: La Petite Boutique des Horreurs. 1960: La Chute de la Maison Usher. 1961: Ski Troop Attack. 1961: La Chambre des Tortures. 1961: Atlas. 1962: The Intruder. 1962: l'Enterré Vivant. 1962: l'Empire de la Terreur. 1962: La Tour de Londres. 1963: Le Corbeau. 1963: La Malédiction d'Arkham. 1963: l'Horrible cas du Dr X. 1963: l'Halluciné. 1964: Le Masque de la Mort Rouge. 1964: l'Invasion Secrète. 1965: Le Tombe de Ligeia. 1965: Not of this Earth. 1966: Les Anges Sauvages. 1967: l'Affaire Al Capone. 1967: The Trip. 1970: Bloody Mama. 1971: Gas-s-s-s. 1971: Le Baron Rouge. 1990: La Résurrection de Frankenstein.

Authentique film culte qui doit principalement sa réputation à ses 2 jours de tournages que Roger Corman accepta à la suite d'un pari avec son frère, La Petite Boutique des Horreurs est un régal de comédie noire horrifique. Tant et si bien qu'à la revoyure, j'ai été surpris par le rythme effréné du récit faisant la part belle à l'excentricité des personnages communément folingues ou borderline. Chacun des comédiens très à l'aise dans leur fonction un poil théâtrale suscitant un réel attachement tant ils parviennent à nous communiquer leur fougue sémillante face à la curiosité d'une plante carnivore grandissant de manière disproportionnée après avoir ingurgité des cadavres fraîchement trépassés. Qui plus est, elle est douée de parole au gré d'un franc-parler colérique. 

Bourré de séquences cocasses où le sarcasme ne cesse de s'imposer à travers le parti-pris de Corman  totalement décomplexé à enchaîner les situations débridées (à l'instar de la célèbre séquence de torture que le néophyte Jack Nicholson accepte de s'infliger chez le dentiste en patient SM), la Petite Boutique des Horreurs se démarque de la routine de par l'originalité de son concept, son ambiance quasi surréaliste et la caractérisation lunaire des personnages d'une spontanéité résolument communicative. Et c'est ce qui fait le charme de cet adorable délire macabre tourné en noir et blanc avec des moyens limités. Pour autant, Corman reste suffisamment retors pour emballer correctement son métrage 1h12 durant en dépit de l'étroitesse des décors se réduisant souvent à un foyer domestique et au commerce du fleuriste. 

Rafraichissant en diable donc, La Petite boutique des Horreurs perdure son pouvoir inaltérable grâce à la symbiose de sa folie macabre tributaire d'un humour noir déjanté couramment payant. 

*Bruno
2èx