lundi 6 juin 2011

Espèce en voie de disparition / Endangered Species

 
d'Alan Rudolph. 1982. U.S.A. 1h41. Avec Robert Ulrich, JoBeth Williams, Paul Dooley, Peter Coyote, Marin Kanter, Hoyt Axton, Gailard Sartain.

Sortie salle U.S.A.: 10 Septembre 1982.

FILMOGRAPHIE: Alan Rudolph est un scénariste et réalisateur américain né le 18 Décembre 1943 à Los Angeles. 1972: Prémonition, 1974: Nightmare Circus, 1976: Bienvenue à Los Angeles, 1978: Tu ne m'oublieras pas, 1980: Roadie, 1982: Espèce en voie de disparition, 1984: Choose me, Song Writer, 1985: Wanda's Café, 1987: Made in heaven, 1988: The Moderns, 1990: l'Amour Poursuite, 1991: Pensées Mortelles, 1992: Equinox, Mrs Parker et le cercle vicieux, 1997: l'Amour... et après, 1999: Breafast of champions, 2000: Trixie, 2002: Investigating Sex, The Secret live of dentists.

                                  

                              Note: L'Histoire de ce film s'appuie sur des faits authentiques.

"Mutilations sous contrôle".
Réalisateur discret et touche-à-tout, Alan Rudolph signe en 1982 une série B tombée dans l’anonymat le plus complet : Espèce en voie de disparition. Tiré d’une histoire vraie, ce récit de science-fiction croisé au polar meurtrier anticipe de onze ans la célèbre série paranoïaque X-Files, où un duo d’agents du FBI affronte les fantômes de complots mondiaux liés à l’existence extraterrestre.

Synopsis: Ruben Castle, ancien flic renommé, sort d’un long sevrage après des années d’alcoolisme. Divorcé, père d’une adolescente rebelle, il tente tant bien que mal de l’élever, lesté par un passé indocile et éthylique. Lorsqu’on découvre des carcasses de bœufs horriblement mutilées dans les campagnes du Colorado, il reprend du service aux côtés d’une shérif néophyte, pour élucider l’origine de ces crimes énigmatiques.

                                  

Sur le mode policier d’une enquête abstraite, flirtant avec l’inexplicable, Espèce en voie de disparition amorce avec tempérance son récit inquiétant, rythmé par la découverte morbide de cadavres de bétail. La manière dont ces carcasses sont retrouvées - crânes désossés, organes disparus, chairs lacérées - imprime dès les premières images une aura viscérale, ancrée dans l’insolite. Une fois les personnages campés, figures d’autorité arpentant les paysages bucoliques du Colorado, le récit distille lentement un suspense diffus. Chaque nouvelle découverte macabre accentue l’atmosphère paranoïaque, jusqu’à faire émerger en filigrane une conspiration scientifique de grande envergure, fondée sur le trafic d’armes biologiques. Alors que, dès 1969, le Congrès américain interdit officiellement les essais d’armes chimiques et bactériologiques, une organisation secrète semble poursuivre ses expériences sur les troupeaux errant dans les grandes plaines. En fin de métrage, une note factuelle achèvera de glacer le sang : depuis l’interdiction, plus de 10 000 bêtes auraient été mutilées à travers le pays.

                                      

Ce sombre récit de conjuration, impliquant mercenaires et scientifiques chevronnés, fait croître son angoisse lors d'une ultime demi-heure tendue, nerveuse, haletante. Courses-poursuites rigoureuses, chantages, prises d’otage : la mécanique s’emballe. Une séquence choc, surgie à l’improviste, imprime durablement les rétines : un moment d’horreur explicitement sanglant, évoquant Contamination de Luigi Cozzi, où des corps humains explosent sous l’effet d’un fluide verdâtre et corrosif. Le malaise est tangible, presque poisseux.

                                        

Attachant et inquiétant, Espèce en voie de disparition parvient à convaincre et captiver grâce à une mise en scène modeste mais maîtrisée. Le film insuffle surtout une étrangeté palpable, renforcée par la partition électronique de Gary Wright, aux accents sombres et enveloppants. La présence de trognes familières du cinéma de genre - Robert Ulrich (Magnum Force), Hoyt Axton (le père de famille dans Gremlins), Peter Coyote (Wargames), JoBeth Williams (la mère de famille dans Poltergeist) - ajoute un charme discret à cette petite perle oubliée des années 80. D’autant plus fascinant qu’il est ancré dans une réalité glaçante.

— le cinéphile du cœur noir

Dédicace à "lesineditsvhs"
05.06.11
04.08.25. vf

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