vendredi 22 mai 2020

Pyromaniac

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site zonebis.com

"Dont' go in the house" / "The Burning" de Joseph Ellison. 1979. U.S.A. 1h23/1h32 (version Uncut). Avec Dan Grimaldi, Robert Osth, Ruth Dardick, Charles Bonet, Bill Ricci, Dennis Hunt.

Sortie salles U.S: 28 Mars 1980

FILMOGRAPHIEJoseph Ellison est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né en 1948 à Manhattan. 1979: Pyromaniac. 1986: Joey


Auteur de deux uniques longs-métrages, Joseph Ellison marqua au fer rouge une génération de vidéophiles avec son premier essai directement sorti en VHS dans l'hexagone. Car modeste série B centrée sur l'introspection intime d'un schizophrène, Pyromaniac véhicule une fascination morbide auprès du dangereux pyromane de par l'ambiance putride émanant de son pavillon parental jalonné de cadavres momifiés. Le pitchOuvrier dans un atelier de soudure, Donald Kohler sombre dans la folie à la suite d'un grave incident survenu sur l'un de ses collègues de travail. Si bien que par inadvertance, ce dernier s'est retrouvé prisonnier des flammes par la faute d'un combustible explosif. Choqué et fasciné par cet évènement accidentel, Donald part rejoindre son foyer mais découvre horrifié le décès fortuit de sa mère d'une cause naturelle. Enfin libre de la tyrannie qu'elle exerçait sur lui depuis son enfance, il décide d'investir les ruelles malfamées de son quartier pour cautériser les femmes pécheresses. Ce qui interpelle aussitôt le spectateur à la vision de Pyromaniac, c'est sa verdeur employée, la manière à la fois radicale et vériste que le metteur en scène cultive afin de crédibiliser les exactions meurtrières du pyromane sexuellement refoulé. Pour preuve, son homicide intenté à la première victime démunie (elle se retrouve embrigadée, dénudée et enchaînée en interne d'une pièce blindée) s'avère d'un rigoureux sadisme, renforcée d'effets spéciaux plutôt réalistes si bien que nous avions la réelle impression que la victime moribonde se consume littéralement sous nos yeux sous l'embrasement de flammes lui léchant tout le corps ! Ainsi, à l'instar d'un docu vérité, Joseph Ellison s'emploie avec efficacité à nous faire partager la quotidienneté morbide du dangereux schizophrène toujours plus contrarié par ces hallucinations et délires de persécution auprès d'une gente féminine aguicheuse ou railleuse.


L'atmosphère putride régie au sein de sa vaste résidence familiale s'emparant du sens olfactif du spectateur avec une rigueur étouffante. Si bien que ce huis-clos gothique exalte un parfum de renfermé toujours plus factuel eu égard des macchabées disséminés en interne des chambres. Tant à l'étage de la pièce où résidait sa mégère abusive que dans le salon où trois cadavres putréfiés y ont été disposés sur chacun des fauteuils. Qui plus est, de par sa bande-son à la fois ténébreuse et bourdonnante; l'écho d'une voix délétère que seul le tueur perçoit dans sa psyché torturée renforce à merveille le malaise imposé à son état de contrariété. Notamment de par son impuissance à ne pouvoir refréner ses pulsions psychotiques faute de son enfance maltraitée. Si bien que les sévices corporels autrefois infligés sur lui que l'on découvre via l'entremise de flash-back, ainsi que son appel au secours qu'il s'empresse ensuite d'invoquer auprès du prêtre paroissial nous suscitent néanmoins une certaine forme d'empathie, voire même de pitié dans sa solitude démunie ! De manière instinctive, on songe alors à l'illustre Maniac de Lustig à peine sorti quelques mois plus tard dans les salles obscures ! Tant pour le portrait commun imparti à une victime de maltraitance infantile, pour l'aura feutré de son climat poisseux que de son parti-pris documenté à explorer un profil psychotique afin de susciter un malaise cérébral irréfragable. Notamment en se référant à son final tragique à nouveau étrangement similaire au destin de Frank Zitto, si bien que le pyromane, également soumis au délire hallucinatoire, demeure persécuté par la résurrection de cadavres revanchards (là encore, les maquillages mortifères s'avèrent saisissants de réalisme nécrosé !) en guise de rédemption.


A la fois poisseux, malsain, malaisant, inquiétant et étouffant, Pyromaniac y transcende un sentiment d'angoisse permanent pour le spectateur épris de fascination et de répulsion à sonder les arcanes d'un esprit schizophrène. Outre son incroyable ambiance cafardeuse à l'aura macabre perméable, l'interprétation habitée de Dan Grimaldi s'avère aussi saisissante que celle de Joe Spinnel (oui j'ose la comparaison !) en pyromane purificateur partagé entre désir de rédemption et pulsion du châtiment. En l'occurrence, ce chef-d'oeuvre underground (défendu bec et ongle par Mister  Tarantino !), véritable manifeste anti-maltraitance infantile, n'a rien perdu de son acuité olfactive au gré d'une descente aux enfers brillamment dénuée de complaisance (tout l'inverse des dérives graphiques du chef-d'oeuvre de Lustig). Une référence incontournable donc à imprimer dans l'encyclopédie du cinéma horrifique (auteurisant). 

*Donny Kohler
22.05.20. 5èx
14.05.13. 156 v                 

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