de Maïwenn Le Besco. 2011. France. 2h07. Avec Karin Viard, Marina Foïs, Joey Starr, Nicolas Duvauchelle, Karole Rocher, Lou Doillon, Riccardo Scamarcio, Frédéric Pierrot, Emmanuelle Bercot, Jérémie Elkaïm.
Sortie en salles en France le 19 Octobre 2011.
FILMOGRAPHIE: Maïwenn Le Besco est une réalisatrice, actrice, scénariste française, née le 17 Avril 1976 aux Lilas (Seine-Saint-Denis). 2004: I'm an actrice (court-métrage). 2006: Pardonnez moi. 2009: Le Bal des Actrices. 2011: Polisse
Pour son 3è film, l'actrice réalisatrice Maïwen nous assène un véritable uppercut à l'instar du docu-vérité pour suivre la quotidienneté éprouvée de policiers de la BPM (Brigade des protections des mineurs) confrontés aux garde à vue de pédophiles mais aussi à leur discorde conjugale sitôt rentrés au cocon familial. Ainsi, à travers le quotidien de ces policiers dans une commune de Paris, Melissa, jeune photographe, est recrutée pour suivre leur labeur professionnelle et rédiger un reportage édifiant. Avec souci de réalisme proche d'un L.627 de Bertrand Tavernier, la jeune réalisatrice Maïwen nous retranscrit le quotidien abrupt d'un groupe de flics solidaires délibérés à protéger les mineurs contre les pédophiles de tous bords ou des maltraitances infligées par des parents incapables d'assumer leur fonction parentale. De par la complicité d'une flopée de comédiens d'un naturel confondant à travers leur physionomie ordinaire, Polisse nous plonge en interne de leur psyché évoluant dans une jungle urbaine en ébullition si bien que les enfants y demeurent les dommages collatéraux.
Le réalisme acéré des situations glauques ou dérangeantes provoquant souvent gêne et malaise, voir parfois même l'insupportable lorsqu'une jeune ado violée prend subitement conscience d'avoir mis au monde un bébé mort-né. Avec souci d'humanisme éprouvé, voir désespéré auprès de certains représentants de l'ordre irascibles ou téméraires, la réalisatrice nous dépeint sans esbroufe ni pathos le destin de ces flics acolytes constamment contrariés (voir pour certains, au bord du marasme suicidaire). Par conséquent, elle nous dévoile avec une sobre dignité une autre facette de la police souvent taxée d'incompétente à travers le français moyen désireux de leur devoir de protection. En l'occurrence, ces policiers de la BDM s'avèrent ici des êtres humains ordinaires débordant de vitalité et de courage mais aussi accablés par les infortunes et leur fêlure morale d'une vie conjugale en déséquilibre. Le film traitant également de la gestion disciplinaire d'une hiérarchie policière à bout de souffle si bien que certains collègues dépités sont facilement au bord de l'implosion. Il sous entend notamment les failles juridiques d'une société davantage dépourvue de subvention afin de pouvoir loger les sans abris dans des foyers saturés.
Avec une lucidité édifiante, Maïwen nous dresse donc un constat implacable envers cette nouvelle génération sévèrement réprimée ou violée par des adultes sans vergogne à travers leur pathologie perverse. Elle nous dévoile également sans tabou le comportement irresponsable d'adolescentes endoctrinées par l'univers virtuel d'internet et de ses dérives sexuelles par jeu de provocation ou de soumission lubrique sollicités par des camarades de classe. Il y a aussi la précarité endurée par des roumains coexistants dans des caravanes insalubres, acculés à faire travailler illégalement leur bambin. Quand bien même certaines africaines sans domicile se voient contraintes d'abdiquer leur enfant dans un foyer, faute de ne pouvoir subvenir à leur besoin. Sans compter ses quidams toxicomanes ou ses mères immatures incapables d'endosser la responsabilité d'un enfant pour pouvoir dignement l'assumer. Le choix idoine des comédiens sélectionnés parfois à contre emploi (Karin Viard et Marina foïs sont époustouflantes d'animosité dans leur conflit d'égo !) renforce son cachet d'authenticité de par leur posture brute de décoiffage. Pour preuve également, la prestance fortuite de Joey Star en flic obtus nous surprend admirablement tant il parvient à retranscrire avec une vérité humaine chétive son désarroi de ne pouvoir immuniser tous les maux de notre société.
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L'île aux enfants
Débordant de vigueur de par la posture contrariée des protagonistes s'extériorisant parfois avec une rage incontrôlée mais pour autant constamment imprimés d'un humanisme à fleur de peau, Polisse se décline en drame social d'une rare puissance émotionnelle. La cohésion vigoureuse des comédiens particulièrement autoritaires ainsi que sa mise en scène incisive au plus près de leurs sentiments nous accablent l'esprit à travers leur combat quotidien contre l'injustice. Ainsi, après tant d'émotion parfois décuplée avec âpre verdeur, il nous est impossible de sortir indemne de ce brûlot sociétal, d'autant plus que son épilogue inopinément tragique nous laisse sur le bitume à travers son aigreur victorieuse.
*Bruno
06.01.11
Récompenses: Prix du Jury à Cannes 2011.
Premier Grand Prix Cinéma du magazine Elle.
Prix du Public Mel Hoppenheim au Cinémania 2011.