mardi 20 août 2019

Bubba Ho-tep. Prix Bram Stoker du meilleur scénario, 2004.

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.fr

de Don Coscarelli. 2002. U.S.A. 1h32. Avec Bruce Campbell, Ossie Davis, Ella Joyce, Heidi Marnhout, Bob Ivy, Larry Pennell.

Sortie salle France: 15 Février 2006.

FILMOGRAPHIE: Don Coscarelli est un scénariste et réalisateur américain né le 17 Février 1954 à Tripoli (Lybie). 1976: Jim the World's Greatest. 1976: Kenny and Compagny. 1979: Phantasm. 1982: Dar l'invincible. 1988: Phantasm 2. 1989: Survival Quest. 1994: Phantasm 3. 1998: Phantasm 4. 2002: Bubba Ho-tep. 2012: John Dies at the end.


"Et ne pas, quand viendra la vieillesse, découvrir que je n'avais pas vécu."
Poème étonnamment émouvant sur la précarité de la vieillesse, Bubba Ho-tep n'a point usurpé sa réputation d'oeuvre culte depuis sa discrète sortie en salles en 2002 transcendée d'un bouche à oreille fougueux. Réalisateur notoire du chef-d'oeuvre Phantasm et du non moins fichtrement sympathique Dar l'Invincible, Don Coscarelli surprend à nouveau, et de manière autrement baroque, avec cette série B fantastico-déjantée dont le pitch génialement improbable vaut à lui seul le détour ! Imaginez 2 secondes la rencontre aléatoire du président Kennedy et du chanteur Elvis Presley réunis pour l'occasion dans un hospice à leur âge avancé, et qui lors d'un ultime baroud d'honneur devront affronter une momie égyptienne maudite afin de s'offrir une ultime enjeu existentiel ! Semi-parodique, pittoresque, décalé et débridé, Bubba Ho-Tep pallie son faible budget de par son imagination à revendre que son auteur franchement inspiré cultive en y alliant humour, action, tendresse et (douce) émotion sous l'impulsion de répliques drôlement décomplexées.


Si bien qu'à travers les thèmes délicats de la vieillesse, de la solitude, de l'impuissance (traitée avec autant de sérieux que de causticité) et du désir de reconnaissance (nos héros s'inventent un rôle pour tenter de briller à nouveau aux yeux des autres), Don Coscarelli héroïse ses personnages du 3è âge avec une tendresse immodérée pour leur dignité humaine. Ainsi donc, sous le pilier d'une histoire extravagante génialement ubuesque, Bubba Ho-Tep traite avec autant de dérision que de gravité de la condition des personnages âgées souvent repliées dans leur solitude, parfois même abdiqués par leur propre famille au sein d'un huis-clos peu avenant. A savoir celui des hospices blafards surveillés par des aides-soignantes orgueilleuses plutôt condescendantes. Et donc à travers cette histoire insensée de momie voleuse d'âme, Don Coscarelli iconise sa fascinante créature (FX artisanaux à l'appui !) et ses combattants Elvis et Kennedy à l'aide d'une émotion aigre douce eu égard de l'incroyable tendresse qu'il porte sur ce duo fragile en quête de sollicitude, de bienveillance et d'affection. Et ce sous le pivot auditif du score si élégiaque de Brian Tyler !


Réflexion spirituelle sur la candeur et la vigueur de l'âme lorsque l'on parvient à contrecarrer le mal, vibrant plaidoyer pour la cause du 3è âge en perte identitaire car souvent réduite à l'isolement et à l'indifférence, Bubba Ho-Tep touche droit au coeur à travers les actions fructueuses de ces héros sclérosés gagnés par l'utopie victorieuse du dépassement de soi. Tant et si bien que Bruce Campbell et Ossie Davis immortalisent leur cohésion amicale avec une force d'expression aussi bien mélancolique que pugnace dans leur volonté de ne pas se laisser gagner par la désillusion.  

*Bruno
3èx 

vendredi 16 août 2019

Next Door

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Naboer" de Pål Sletaune. 2005. Norvège/Danemark/Suède. 1h15. Avec Kristoffer Joner, Cecilie A. Mosli, Julia Schacht, Anna Bache-Wiig, Michael Nyqvis.

Inédit en salles en France. Norvège: 11 Mars 2005

FILMOGRAPHIE: Pål Sletaune est un réalisateur, scénariste et producteur norvégien, né à Oslo le 4 mars 1960. 1997 : Junk Mail (Budbringeren). 2001 : Amatørene. 2005 : Next Door. 2011 : Babycall.


Thriller schizo issue de Norvège si bien qu'il fut malencontreusement privé de salles chez nous (merci Studio Canal de l'avoir édité en Dvd !), Next Door passionne de bout en bout à travers une intrigue implacable au goût sulfureux de sexe et sang. Dans la mesure où il y est question de sado-masochisme lorsqu'un voisin en séparation conjugale finit par se laisser influencer par les fantasmes douteux d'une de ses voisines aguicheuses précisément effrontée. Le récit sinueux en forme de dédale psycho dressant scrupuleusement le portrait d'un homme fragile, introverti et timoré se laissant peu à peu envahir par ses pulsions perverses, faute de l'influence d'une jeune dévergondée en quête de soumission.


Ainsi, à travers son canevas criminel redoutablement efficace, si bien que le spectateur perplexe ne peut s'empêcher de se laisser voguer par cette ambiance feutrée pernicieuse, Pal Sletaune rend hommage à Répulsions et au Locataire de Polanski (2 oeuvres majeures de sa pléthorique carrière). Tant auprès de son ambiance d'étrangeté perméable en interne d'un huis-clos blafard étouffant (notamment auprès de ses corridors très étroits) que du portrait diaphane émis à cet homme esseulé en perte de repère depuis son deuil conjugal. Superbement interprété par des acteurs méconnus chez nous, nous nous identifions facilement à leur physionomie naturelle tout en redoublant d'appréhension quant à la contrainte démunie de John en proie à une succession d'incidents inexpliqués découlant des postures provocantes de son entourage perfide.


Trouble et passionnant à travers sa mise en scène magnétique confinée dans l'intimisme domestique, atmosphérique en diable et redoutablement inquiétant quant au cheminement narratif reptilien, Next Door scande le vénéneux thriller torride où les apartés lubriques virent aux violentes étreintes  dangereusement déviantes. A ne pas rater.   

*Bruno

jeudi 15 août 2019

John Wick 3: Parabellum

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.fr

de Chad Stahelski. 2019. U.S.A. 2h12. Avec Keanu Reeves, Ian McShane, Halle Berry, Asia Kate Dillon, Lance Reddick, Laurence Fishburne

Sortie salles France: 22 Mai 2019

FILMOGRAPHIE: Chad Stahelski est un cascadeur, coordinateur des cascades, acteur, assistant réalisateur puis réalisateur américain né le 20 septembre 1968 à Fort Worth (Texas). 2014 : John Wick (coréalisé avec David Leitch). 2017 : John Wick 2. 2019 : John Wick Parabellum.


On prend les mêmes et on recommence ! Notamment au niveau formel (décors high-tech baroques entrecoupés d'une plage d'accalmie en plein désert marocain) que technique (les chorégraphies martiales s'avèrent toujours aussi épiques et vrillées). Or, beaucoup moins efficace et haletant que le second opus (pied de nez à la médiocrité de son modèle néophyte), faute d'une structure narrative dégingandée et d'une intrigue étique dénuée d'intensité dramatique, John Wick 3 ne vaut le coup d'oeil que pour ces monstrueuses scènes d'actions souvent dantesques, hallucinées, déjantées, hyperboliques, redoutablement inventives. Bougrement dommage donc car s'il eut bénéficié en guise de pilier d'un réel scénario, Chad Stahelski aurait pu nous parfaire une sorte de chef-d'oeuvre effronté. Reste un spectacle bourrin point déplaisant si bien que les fans devraient à nouveau y trouver leur compte.

*Bruno

mercredi 14 août 2019

Parasite. Palme d'Or, 2019.

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Bong Joon-ho. 2019. Corée du Sud. 2h12. Avec Song Kang-ho, Jang Hye-jin, Choi Woo-sik, Park So-dam, Lee Sun-kyun.

Sortie salles France: 5 Juin 2019. Corée du Sud: 30 Mai 2019

FILMOGRAPHIEBong Joon-ho est un réalisateur et scénariste sud-coréen né le 14 septembre 1969 à Daegu. 2000 : Barking Dog. 2003 : Memories of Murder. 2006 : The Host. 2009 : Mother. 2013 : Snowpiercer, le Transperceneige. 2017 : Okja. 2019 : Parasite.


Cache-cache pittoresque où se chevauche le jeu de massacre entre une lutte de classes (prolétaires vs bourgeois), Parasite génère une pléthore de situations imprévisibles impossibles à anticiper, si bien que les ruptures de ton laissent un sérieux goût d'amertume auprès de son (exceptionnelle) ultime demi-heure d'une rigueur dramatique poignante. Tant et si bien que nous ne sortons pas indemne de cette descente aux enfers dans les bas-fonds de l'hypocrisie humaine. Couronné de la Palme d'Or à Cannes, plébiscité par le public français avec ces 1 359 034 entrées, Parasite traite du misérabilisme social avec une rare intelligence caustique, à l'instar de la comédie vitriolée Affreux, sales et méchants d'Etore Scola (même si les oeuvres diffèrent dans leur traitement personnel).


Car traitant des thèmes de l'inégalité des classes, de la cohésion familiale - à travers un superbe poème d'amour paternel - et de l'hypocrisie auprès d'un enjeu de survie nutritionnelle, Parasite télescope les genres (comédie, drame, romance, horreur, thriller) selon le brio du réalisateur touche à tout, Bong Joon-Ho (Memories of Murder, The Host, Snowpiercer, Okja). Ce dernier rivalisant d'originalité et d'inventivité pour mettre en exergue les stratégies aussi bien perfides que sournoises d'une famille banlieusarde envieuse de confort et de cupidité auprès de l'hospitalité d'une famille bourgeoise engluée dans le matérialisme de leur cocon salubre. Ainsi, de par leur afféterie quotidienne dénuée d'insouciance et de contrainte morales, la famille Park est incapable de distinguer la toile d'araignée qui se tisse autour d'eux lorsque les chômeurs du clan Ki-taek auront décidé de prendre leur revanche sur une société arbitraire dénigrant les plus endettés et laissés pour compte.


Comédie acide brute de décoffrage à travers sa moisson de rebondissements tragi-comiques, Parasite s'érige en immense farce macabre au gré des actions vindicatives de ses fricoteurs en mal d'amour, d'agrément, de révérence et surtout de reconnaissance. Une oeuvre subversive remarquable de maîtrise et de lucidité à travers son humanisme éperdue que Bong Joon-ho imprime de sa personnalité pourfendeuse. 

*Bruno

Récompenses: Palme d'or, Prix de l'AFCAE, Cannes 2019
Festival du film de Sydney 2019 : Sydney Film Prize.

mardi 13 août 2019

The Green Hornet

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Michel Gondry. 2011. U.S.A. 1h59. Avec Seth Rogen, Jay Chou, Cameron Diaz, Edward Furlong, Christoph Waltz, Emily Hahn, Edward James Olmos, Tom Wilkinson, Analeigh Tipton, Chad Coleman, Jamie Harris...

Date de Sortie France: 12 Janvier 2011, U.S.A: 14 Janvier 2011

FILMOGRAPHIE: Michel Gondry est un réalisateur de cinéma et de vidéo ainsi qu'un musicien français né le 8 mai 1963 à Versailles (Yvelines). 2001 : Human Nature, scénarisé par Charlie Kaufman. 2004 : Eternal Sunshine of the Spotless Mind, co-scénarisé avec Charlie Kaufman et Pierre Bismuth. 2006 : La Science des rêves. 2006 : Dave Chappelle's Block Party, documentaire/captation sur un concert de rue. 2007 : Soyez sympas, rembobinez. 2010 : L'Épine dans le cœur, documentaire sur sa grand-tante. 2011 : The Green Hornet. 2012 : The We and the I. 2013 : L'Écume des jours. 2014 : Conversation animée avec Noam Chomsky. 2015 : Microbe et Gasoil.


Etonnant de retrouver derrière les commandes le réalisateur poète Michel Gondry s'essayant pour la première fois au film de super-héros hollywoodien. Adaptation filmique de la série TV de 1966 incarnée par Bruce Lee, elle-même inspirée d'une BD et d'une série radiophonique des années 30, The Green Hornet est loin d'être déshonorant en dépit de son échec public en salles et de critiques à la fois mitigées et timorées. Car dénué de prétention dans un habile dosage de cocasserie, de romance (un houleux triangle amoureux entre nos héros et leur secrétaire) et d'actions rétros, The Green Hornet divertit modestement sous l'impulsion du duo bonnard Seth Rogen / Jay Chou jouant les super-héros avec une dérision semi-parodique.


Ainsi, si les amateurs de Blockbusters hyperboliques resteront probablement sur leur faim, notamment auprès de l'attrait lambda de nos héros dénués de super-pouvoirs (ils ne comptent que sur les arts martiaux et leur bolide gadgétisé pour se défendre contre l'ennemi), l'ambiance décontractée de leurs péripéties endiablées cultive un charme probant dans leur tentative récursive d'intimider un baron du crime (Christoph Waltz sensiblement pittoresque à travers son caractère pédant). Si bien que ces derniers, et afin de pimenter leurs aventures frauduleuses, auront décidé de se faire passer pour des "méchants" en concurrentiels afin de contourner les codes usuels du super-héros docile. Quand bien même en second acte, un 2è rival, procureur véreux beaucoup plus coupable qu'il n'y parait, s'invitera à la récréation en s'efforçant de faire assassiner le frelon vert.


Gentiment fripon, cocasse et non dénué de charme à travers sa facture rétro et l'humanisme des personnages en quête d'amitié, d'amour et de reconnaissance (notamment auprès de la sémillante  Cameron Diaz en secrétaire au franc-parler dévastateur), The Green Hornet demeure un bon divertissement, même si paradoxalement le second visionnage peut s'avérer dispensable.  

*Bruno

lundi 12 août 2019

Blue Jean Cop

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Shakedown" de James Glickenhaus. 1988. U.S.A. 1h37. Avec Peter Weller, Sam Elliott, Patricia Charbonneau, Jude Ciccolella, Blanche Baker, Antonio Fargas

Sortie salles France: 20 Juillet 1988

FILMOGRAPHIE: James Glickenhaus est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, né le 24 Juillet 1950 à New-york. 1975: The Astrologer. 1980: Le Droit de Tuer. 1982: Le Soldat. 1985: Le Retour du Chinois. 1988: Blue Jean Cop. 1991: Mc Bain. 1993: Le Triomphe des Innocents. 1995: Timemaster.


Si certains doutent encore du talent de James Glickenhaus, inoubliable auteur du Droit de Tuer (pour ne pas dire un des sommets du Vigilante Movie), ils feraient bien de jeter un oeil sur l'oublié Blue Jean Cop. Un Buddy Movie parfaitement mené dans son alliage d'enquête policière, de romance et d'action extravagante eu égard de l'inventivité des poursuites implantées en centre urbain que Glickenhaus exploite à travers des décors insolites (un luna-park, un avion, un bordel et un cinéma auquel le héros s'accrochera au réverbère pour rattraper un assaillant). Et si l'intrigue simpliste ne réserve aucune surprise ni originalité (remonter la filière d'une corruption policière à la suite de l'arrestation ambiguë d'un trafiquant de drogue ayant causé la mort d'un flic), on peut compter sur le savoir-faire de Glickenhaus et sur la complémentarité du duo bonnard Peter Weller (en avocat obstiné), Sam Elliott (en flic vieillissant pour autant expéditif) parvenant en intermittence à détendre l'atmosphère au gré de répliques ironiques. La réussite du métrage émanant justement de ce mélange de sobriété (pour sa structure narrative, son thème toujours d'actualité) et de décontraction (de par le jeu en dérision du duo héroïque s'autorisant des bravoures couillues), à l'instar de ses séquences d'action aussi impressionnantes qu'improbables que Glickenhaus chorégraphie avec une attention scrupuleuse afin d'y injecter un réalisme intense.


Symptomatique de l'ambiance chère aux années 80 (et donc truffé de charme à travers sa scénographie urbaine magnétique), Blue Jean Cop s'apparente à du cinéma de série B musclé, solide, carré, efficace, sans prétention, notamment auprès de son score électro sensiblement envoûtant. 

*Bruno

vendredi 9 août 2019

Anaconda, le prédateur

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cdiscount.com

de Luis Llosa. 1997. U.S.A/Brésil/Pérou. 1h29. Avec Jennifer Lopez, Ice Cube, Jon Voight, Eric Stoltz, Jonathan Hyde, Owen Wilson.

Sortie salles France: 25 Juin 1997 (Int - 12 ans)

FILMOGRAPHIELuis Llosa Urquidi (né en 1951 à Lima) est un producteur de cinéma, réalisateur et scénariste péruvien. 1984 : Carmín (série télévisée). 1987 : Hour of the Assassin. 1988 : Crime Zone.. 1993 : Les Aventuriers de l'Amazone. 1993 : Sniper. 1993 : Fire on the Amazon (vidéo). 1994 : El Ángel vengador: Calígula (série télévisée). 1994 : L'Expert. 1997 : Escándalo (série télévisée). 1997 : Anaconda, le prédateur. 2005 : La Fiesta del chivo.


Pur produit d'exploitation surfant sur le filon du gigantisme par le biais d'un prédateur reptilien, Anaconda ne s'embarrasse d'aucune subtilité pour distraire le spectateur embarqué dans un survival somme toute convenu. A l'instar du traitement alimentaire des personnages d'une naïveté pittoresque; si bien que l'on songe d'instinct à ceux décervelés d'un épisode lambda de Vendredi 13, notamment auprès de leurs situations éculées qu'ils enchaînent malgré eux faute de leur incapacité à raisonner de la manière la plus censée. Pour autant, fort de son rythme effréné enchaînant quasi sans répit les scènes d'action horrifique à travers une scénographie exotique dépaysante, Anaconda s'extirpe de la nullité sous le moule du nanard bonnard. A condition évidemment de le savourer au second degré à travers sa pléthore de clichés la plupart du temps dénués d'intensité.


Bénéficiant d'FX numériques ratés alors que d'autres font étonnamment mouche (principalement au niveau des plans serrés de l'animal), Anaconda impressionne même par intermittence, notamment auprès du sort cruel de certains protagonistes (dont 1 que je n'ai pas vu venir !) s'efforçant maladroitement d'échapper à une double menace. Celle de l'animal tapi sous les eaux et celle du chasseur Paul Sarow, stratège individualiste s'efforçant de capturer vivant l'anaconda au mépris de ces hôtes portés en sacrifice. Qui plus est, de par sa surprenante distribution hétérogène (Jennifer Lopez, Ice Cube, Eric Stoltz, Jonathan Hyde et Owen Wilson se bousculent la vedette autour du monstre sacré Jon Voight cabotinant à n'en plus finir en salop sans vergogne affublé d'un rictus outré), on prend gentiment plaisir à suivre leurs vicissitudes entre deux/trois sourires nerveux. Eu égard de leur résignation à prendre au sérieux leur rôle de victime soumise en proie à une rébellion héroïque davantage payante auprès des plus vaillants. Chacun tentant désespérément de se débarrasser de Paul Sarow avec une maladresse attachante si je me réfère aux plus empotés.


Une récréation horrifique pas déplaisante donc, aussi mineure soit sa topographie narrative, renforcée d'un charme bisseux plus probant aujourd'hui, à l'instar de ses scènes chocs d'un grand-guignol assumé. 

*Bruno
3èx

jeudi 8 août 2019

Petits meurtres entre amis / Shallow Grave

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Danny Boyle. 1994. Angleterre. 1h29. Avec Kerry Fox, Christopher Eccleston, Ewan McGregor, Ken Stott, Keith Allen.

Sortie salles France: 19 Avril 1995 (Int - 12 ans)

FILMOGRAPHIE: Danny Boyle est un réalisateur Britannique, né le 20 Octobre 1946 à Manchester. 1994: Petits Meurtres entre amis. 1996: Trainspotting. 1997: Une Vie moins Ordinaire. 2000: La Plage. 2002: 28 Jours plus tard. 2004: Millions. 2007: Sunshine. 2008: Slumdog Millionaire. 2010: 127 Hours. 2013: Trance. 2015: Steve Jobs. 2017 : T2 Trainspotting. 2019 : Yesterday.


1er essai de Danny Boyle couronné de récompenses et d'un succès public mérité, Petits meurtres entre amis demeure un jouissif divertissement caustique à travers son jeu de massacre non dénué d'ambition stylisée et d'ambiance quelque peu bigarrée (effets de caméra alambiqués, couleurs rutilantes proches du surréalisme, disparité de genres), qui plus est saturée d'un score monocorde envoûtant. 
Le pitch: à la recherche d'un co-locataire, un trio d'acolytes parvient à désigner leur perle rare au moment même où celui-ci meurt d'une overdose dans sa chambre. Or, lors de la découverte macabre, le trio découvre une valise remplie de billets. Aguichés par le trésor après s'être ravisés de le livrer à la police, ils décident audacieusement de se débarrasser du corps. Rapidement, des malfrats sans vergogne recherchent leur collaborateur en y éliminant sur leur chemin témoins ou complices refusant de leur prêter main forte. 


Ainsi donc, en injectant efficacement saillies d'humour noir, violence sensiblement crue et intensité dramatique sous l'impulsion du trio fringant influencé par leurs instincts pécuniaires (on peut d'ailleurs prôner les prestances rigoureusement spontaées de Kerry Fox, Christopher Eccleston et surtout Ewan McGregor en lurons criminels peu à peu gagnés par le doute, la remise en question et la parano !), Petits meurtres entre amis déploie une palette de rebondissements à la fois facétieux et cruels eu égard de la tournure des évènements davantage délétères. Notamment en se référant à l'intrusion d'un duo de limiers à l'ironie retorse que Danny Boyle rehausse à travers des gueules renfrognées particulièrement suspicieuses.


Excellent thriller sardonique plutôt inspiré à télescoper les genres puisque décalé, effronté et goguenard avant de bifurquer vers une froide ambiance trouble, baroque, inquiétante, pour ne pas dire à la lisière de l'horreur (comme le souligne avec réalisme incisif son final d'une cruauté délicieusement immorale), Petits Meurtres entre amis brocarde notre nature sournoise par le truchement d'une complicité amicale dévorée par leur cupidité morbide. Chacun des personnages peu à peu guidés par la corruption sombrant dans une déchéance criminelle après avoir flirté avec le goût du sang (comment se débarrasser de cadavres ?).  

*Bruno
4èx. 31.01.24.

Box-Office France: 1 113 351 entrées

Récompenses: Coquille d'argent du meilleur réalisateur au Festival international du film de Saint-Sébastien, Hitchcock d'or au Festival du film britannique de Dinard en 1994
Grand Prix et le prix du public au Festival du film policier de Cognac,
Prix du meilleur film au festival Fantasporto
Prix du public et du meilleur scénario au festival Premiers Plans d'Angers
British Academy Film Award du meilleur film britannique
Empire Awards du meilleur film britannique, du meilleur réalisateur et du meilleur acteur britannique (pour Ewan McGregor) en 1995.

mercredi 7 août 2019

Edge of Tomorrow

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Doug Liman. 2014. U.S.A. 1h54. Avec Tom Cruise. Avec Emily Blunt, Brendan Gleeson, Bill Paxton, Jonas Armstrong, Charlotte Riley, Noah Taylor.

Sortie salles France: 4 Juin 2014

FILMOGRAPHIEDoug Liman est un producteur, réalisateur et directeur de la photographie, américain, né le 24 juillet 1965 à New York (États-Unis). 1994 : Getting In. 1996 : Swingers. 1999 : Go. 2002 : La Mémoire dans la peau. 2005 : Mr. et Mrs. Smith. 2006 : Heist (série télévisée). 2007 : Mr. et Mrs. Smith (pilote série télévisée). 2008 : Jumper. 2010 : Fair Game. 2014 : Edge of Tomorrow. 2017 : The Wall. 2017 : Barry Seal: American Traffic. 2019 : Chaos Walking.


Spectacle pyrotechnique à couper le souffle sous couvert du voyage temporel récursif, Edge of Tomorrow détourne les codes usuels du blockbuster mainstream de par la densité de son scénario,  l'émotion fébrile que les personnages martiaux nous insufflent corps et âmes, sa scénographie futuriste plus vrai que nature et l'intelligence de sa maestria technique exploitant tous azimuts des actions dantesques au fil narratif. Jubilatoire, immersif et dépaysant à travers son format casse-gueule de jeu-video grandeur nature, Doug Liman redouble d'efficacité (on peut carrément proclamer le "modèle du genre") à imposer à ses héros de dernier ressort un survival homérique que se disputent une invasion extra-terrestre contre des militaires stoïques. L'intrigue enchaînant les divers niveaux de difficulté selon les réminiscences du commandant Cage tâtant toujours mieux le terrain et les positions de ses ennemis avec un héroïsme novice en ascension.


Ainsi, en commandant stratège à l'affût de la moindre estocade, Tom Cruise (d'un charisme strié toujours plus proéminent à travers sa force aussi bien tranquille que déterminée !) est contraint de revivre indéfiniment la même journée belliqueuse jusqu'à parfaire sa mission suicide culminant avec l'éradication de l'Omega. LE cerveau des extra-terrestres ayant la faculté de contrôler le temps afin de duper l'ennemi lors de débarquements prévisibles. Pour ce faire, Cage (Tom Cruise donc) est contraint de coopérer auprès d'une casse-cou notoire, la sergent Rita Rose Vrataski (incarnée par la ténue Emily Blunt de par son jeu nuancé de séduction) l'inculquant notamment à l'art du combat dans une combinaison high-tech apparentée à des robocops (pour ne pas dire des Transformers à taille humaine !). Regorgeant de morceaux de bravoures vertigineux, de par la vélocité des E.T tentaculaires redoutablement voraces et sournois; et la cohésion héroïque du duo Cage / Rose les combattant avec un charisme oh combien épique, Edge of Tomorrow détonne en diable à travers son périple belliciste semé de rebondissements et trouvailles (l'alibi du sang afin de permettre à Cage de revivre le même jour et ainsi atteindre la partie finale de la délivrance). Doug Liman prenant notamment soin de crédibiliser un univers crépusculaire (son final en apothéose) par le biais de séquences nocturnes d'une beauté funèbre onirique.


Furieux spectacle pyrotechnique d'un souffle homérique inextinguible, Edge of Tomorrow conjugue parmi l'astuce singulière du voyage temporel actions et émotions fortes sous l'impulsion du couple alerte Cruise / Blunt se partageant les stratagèmes guerriers avec une endurance spartiate. Du cinéma d'évasion d'un lyrisme martial comme on en voit peu dans le paysage bourrin si bien que les FX numériques s'avèrent ahurissants de vérisme !

*Bruno
2èx

Récompenses: Boston Online Film Critics Association Awards 2014 : meilleur montage
Phoenix Film Critics Society Awards 2014 : meilleures cascades
San Diego Film Critics Society Awards 2014 : meilleur montage
Critics' Choice Movie Awards 2015 : meilleure actrice dans un film d'action pour Emily Blunt
Saturn Awards 2015 : meilleur montage

mardi 6 août 2019

Bienvenue à Zombieland

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Zombieland" de Ruben Fleischer. 2009. U.S.A. 1h28. Avec Woody Harrelson, Jesse Eisenberg, Emma Stone, Abigail Breslin, Amber Heard, Mike White, Bill Murray.

Sortie salles France: 25 Novembre 2009. U.S: 2 octobre 2009

FILMOGRAPHIERuben Fleischer est un réalisateur américain né le 31 octobre 1974. 2009 : Bienvenue à Zombieland. 2011 : 30 minutes maximum. 2012 : Gangster Squad. 2018 : Venom. 2019 : Retour à Zombieland.


                                  "Règle numéro 32: savoir savourer les petites choses."

Le pitch: Columbus, jeune survivant stoïque, rencontre sur sa route clairsemée Tallahassee, un cow-boy solitaire s'évertuant à dénicher le twinkie, une génoise fourrée à la crème. Durant leur itinéraire routier, ils font la rencontre de 2 jeunes soeurs beaucoup plus retorses qu'elles n'y paraissent. Aussi méfiants qu'attirés l'un pour l'autre dans ce contexte dystopique, ils vont finalement apprendre à se connaître et se respecter, notamment en affrontant leur peur et leur timidité avec autant de bravoure que d'audace. 

Succès phénomène outre-atlantique, Bienvenue à Zombieland s'est rapidement forgé une réputation de savoureux divertissement à travers son classique alliage d'action, de gore (principalement sa 1ère demi-heure), d'humour et de tendresse que Ruben Fleischer met en exergue avec l'appui d'un cast si attachant. Nos 4 preux héros portant l'intrigue sur leurs épaules avec une attachante bonhomie, eu égard de leur maladresse cérébrale (particulièrement les comportements des hommes représentés par Columbus et Tallahassee) et de leur tempérament contradictoire à se mettre inévitablement à dos le sexe opposé. Tant et si bien qu'à travers leurs prises de bec gentiment friponnes on peut y soulever une réflexion sur l'incommunicabilité entre les sexes et la crainte d'ouvrir son coeur à une charmante inconnue lors d'un contexte de fin du monde générant paranoïa, solitude, amertume et individualisme.


Or, durant le vaillant parcours de nos 4 héros parcourant des contrées hautes en couleurs, ceux-ci finiront par saisir l'importance de l'esprit d'équipe, de la cohésion humaine afin de mieux se préserver de la solitude et de la mort. Ainsi, par le biais d'un road movie somme toute simpliste, Ruben Fleischer parvient à distraire et surprendre sans réserve dans son enchaînement de situations à la fois cocasses et décalées que le spectateur ne parvient pas à anticiper (aussi simplistes soient ces évènements horrifiques décomplexés). Récit initiatique, surtout auprès de Columbus si contrarié et timoré à affronter sa phobie (celle du clown) et la gente féminine, Bienvenue à Zombieland conjugue romance, horreur cartoonesque et drôlerie avec un charme plein d'innocence. Si bien que le film jamais avare de répliques ciselées et de rencontres ubuesques génialement attendrissantes (l'intervention de Bill Muray en personne dans sa nouvelle posture de clown triste) parvient à cultiver son rythme de croisière jusqu'au final festif se confinant en interne d'un Luna park. Nos héros une fois de plus divisés par leur manque de confiance tentant de déjouer la menace des zombies en se réfugiant dans les manèges à sensation de haute altitude. Là encore, de par sa simplicité enfantine et sa tendre drôlerie émanant des actions indécises ou autrement pugnaces des personnages, Bienvenue à Zombieland fait mouche sans une once de prétention.


Petite leçon de vie à travers les dissensions entre les sexes, Bienvenue à Zombieland exploite la série B horrifique avec un ton aussi frais et léger que débridé et décalé, à l'instar de nos valeureux nomades s'évertuant à offrir le meilleur d'eux mêmes avec une tendre complicité réservée. Une très bonne surprise étonnamment touchante, sincère et révérencieuse auprès du grand public.  

*Bruno
2èx

vendredi 2 août 2019

Twister

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jan De Bont. 1996. U.S.A. 1h53. Helen Hunt, Bill Paxton, Cary Elwes, Jami Gertz, Philip Seymour Hoffman, Lois Smith, Alan Ruck, Sean Whalen.

Sortie salles France: 21 Août 1996. U.S: 10 Mai 1996

FILMOGRAPHIE: Jan De Bont est un réalisateur, directeur de photo et producteur néerlandais, né le 22 Octobre 1943 à Eindhoven, Pays-Bas. 1994: Speed. 1996: Twister. 1997: Speed 2. 1999: Hantise. 2003: Lara Croft, le berceau de la vie.


Rien que pour vos yeux ! 
Succès international en salles dont 2 515 282 entrées chez nous, Twister surfe sur la vague du film catastrophe réactualisé lors des années 90. Et ce grâce à l'innovation du numérique d'un réalisme en l'occurrence souvent bluffant (même si un brin perfectible auprès de l'apparition de 2 mini tornades balayant tout sur leur passage en amont d'un canal, voltige ironique d'un boeuf en sus !). Réalisé par Jan De Bont, déjà responsable du notoire Speed, Twister ravira à nouveau les amateurs de sensations fortes tant ce dernier décuple les morceaux de bravoure avec une fortuite efficacité eu égard de sa trivialité narrative tenant sur un ticket de métro. Si bien que durant 1h53, nous suivrons tout simplement les vicissitudes d'un groupe de chasseurs de tornade traquant sans modération d'ultra-violentes bourrasques par le biais de leur machine révolutionnaire: "Dorothy" afin de mieux observer et étudier leur structure interne pour anticiper la catastrophe.


Spectacle en crescendo à couper le souffle à travers l'exhibition de ces tornades toujours plus erratiques, agressives, insolentes, sournoises et gargantuesques, Jan De Bont y injecte entre 2 pyrotechnies vertigineuses (truffée de détails matériels et de débris végétaux) une romance houleuse que se disputent aimablement un éminent scientifique, son ex (endeuillée d'un passé traumatique) et sa nouvelle maîtresse que Bill Paxton, Helen Hunt, Jami Gertz incarnent avec une commune empathie contrariée. D'ailleurs, au niveau des autres seconds-rôles fraîchement expansifs, car jouant les casses-cous avec une ferveur spécialement frétillante, Twister nous communique leur frénésie passionnelle, notamment auprès du duo Bill Paxton / Helen Hunt jouant les férus professionnels avec une détermination héroïque suicidaire (notamment auprès de la vendetta de cette dernière jamais épeurée par ces visions dantesques de tornades opaques). Qui plus est, habités par un esprit de camaraderie indéfectible, ceux-ci nous allient leur joie et leur bonne humeur avec une attachante complicité bonnard.


Pur divertissement grand public conçu pour en foutre plein les mirettes et les esgourdes (notamment auprès de la rigueur des bruitages météorologiques), Twister ne s'embarrasse d'aucune subtilité pour assurer le spectacle du samedi soir que l'on aime de préférence se partager entre amis. En tout état de cause, épaulé d'un casting aussi bien attachant que très impliqué (notamment auprès de la romance à l'eau de rose un poil empathique), Jan De Bont parvient par miracle à tenir en haleine sous l'impulsion d'une pléthore d'images affolantes toujours plus homériques. Ainsi donc, afin de crédibiliser l'originalité du concept, on compte sur son savoir-faire technique probant (sa réalisation dynamique demeure particulièrement maîtrisée sous l'impulsion du montage ciselé) et sur l'armada d'effets numériques souvent impressionnants de vérisme pour nous immerger dans une apocalypse écolo en roue libre.

*Bruno
3èx

jeudi 1 août 2019

Le Livre d'Eli

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Book of Eli" de Albert et Allen Hughes. 2010. U.S.A. 1h58. Avec Denzel Washington, Gary Oldman, Mila Kunis, Ray Stevenson, Michael Gambon, Malcolm McDowell, Jennifer Beals.

Sortie salles France: 20 Janvier 2010. U.S: 15 Janvier 2010

FILMOGRAPHIE: Albert et Allen Hughes sont des frères jumeaux producteurs, scénaristes et réalisateurs américains, né le 1er Avril 1972 à Détroit (Michigan). 1993: Menace II Society. 1995: Génération Sacrifiée. 1999: American Pimp (doc). 2001: From Hell. 2009: New-York, I love you (un segment d'Allen Hughes). 2010: Le Livre d'Eli. 2013: Broken City (d'Allen Hughes). 2018: Alpha.


"Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre."
Western post-apo réalisé par les notables frères Hughes (Menace II Society, Génération SacrifiéeFrom Hell), Le Livre d'Eli emprunte la voie du divertissement épique sous couvert d'un manifeste pour le civisme et l'éducation. Car résolument pro-catho, l'intrigue spirituelle suit l'itinéraire d'un héros messianique possédant l'ultime livre de la Bible qu'un dictateur souhaite lui dérober afin de mieux asservir sa population en berne. Guidé par la voix de Dieu à travers son mental (comme il le déclarera à son acolyte de fortune Solara), Eli compte regagner l'Ouest des Etats-Unis afin d'y prêcher ses paroles évangéliques aux survivants réceptifs à la refondation d'un monde plus noble et juste. Ainsi donc, en mettant en parallèle la mission salvatrice d'Eli parmi la stratégie délétère d'un dictateur mégalo, les Frères Hughes soulèvent la dangereuse question du fanatisme sectaire lorsqu'une doctrine religieuse est sur le point de s'y corrompre par la parole d'un gourou sans vergogne.


Eclairé d'une photo désaturée (pour les extérieurs solaires) et sépia pour les séquences nocturnes, Le Livre d'Eli dépayse sans fioriture à travers son climat clairsemé de désolation plutôt convaincant quant à la sobre utilisation du numérique. Aventure humaine non exempte de timide tendresse doublée d'un pur concentré d'action homérique et de violences barbares auquel Mad Max 2 s'y fait tantôt écho (notamment au gré de clins d'oeil ironiques), le Livre d'Eli assure le spectacle du début à la fin de la mission à l'aide d'une chorégraphie martiale constamment percutante. Quand bien même le charismatique Denzel Washington se fond dans le corps d'un émissaire samouraï en y affrontant malgré lui Gary Oldman en autocrate chafouin éructant du sang reptilien. On peut enfin relever les charmes candides de Jennifer Beals en mère aveugle éplorée s'efforçant désespérément de protéger sa fille Solara que Mila Kunis incarne avec une digne empathie évolutive. Tant auprès de sa génitrice esseulée que d'Eli, son guide spirituel parvenant à lui enseigner la meilleure direction à arpenter afin d'y contourner les mauvaises rencontres.


Bande-dessinée dystopique pleine de fureur et de poésie à travers son message pacifiste de foi religieuse, Le Livre d'Eli demeure un excellent spectacle belliciste où perce après les bravoures l'optimisme d'un monde humaniste par le biais de saintes écritures. 

*Bruno
2èx
01.08.19
22.03.11. 193 v

mardi 30 juillet 2019

Phénomènes

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"The Happening" de M. Night Shyamalan. 2008. U.S.A. 1h30. Avec Mark Wahlberg, Zooey Deschanel, John Leguizamo, Jeremy Strong, Frank Collison, Ashlyn Sanchez

Sortie salles France: 11 Juin 2008. U.S: 13 Juin 2008

FILMOGRAPHIE: M. Night Shyamalan est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, d'origine indienne, né le 6 Août 1970 à Pondichéry. 1992: Praying with Angers. 1998: Eveil à la vie. 1999: Sixième Sens. 2000: Incassable. 2002: Signs. 2004: Le Village. 2006: La Jeune fille de l'eau. 2008: Phenomènes. 2010: Le Dernier maître de l'air. 2013: After Earth. 2015: The Visit. 2017: Split. 2018: Glass.


« Si les abeilles venaient à disparaître de la surface du globe, l'homme n'aurait plus que quatre ans à vivre ».
Majoritairement décrié par la critique et le public à sa sortie, Phénomènes demeure une oeuvre aussi modeste que mineure au sein de l'inégale carrière de M. Night Shyamalan. Pour autant, de mon point de vue subjectif, ce récit envoûtant digne d'un épisode longiligne de la série TV La 4è Dimension  parvient à susciter un sentiment permanent d'inquiétude et d'appréhension. De par le savoir-faire de son auteur toujours aussi féru d'amour pour un fantastique éthéré puisque créant avec soin de saisissantes images insolites tantôt cauchemardesque. Notamment à travers le cadre écolo de sa nature verdâtre ballottée de temps à autre par la rigueur d'un vent feutré qu'il souligne brillamment avec art de suggestion. Qui plus est accompagné de la solide présence de Mark Wahlberg en professeur scientifique dérouté par un phénomène inexpliqué, l'acteur porte l'intrigue sur ses épaules de par son témoignage démuni d'assister à l'incompréhension de suicides de masse au moment même de se contrarier auprès de l'infidélité de son épouse lui ayant avoué un adultère durant leur fuite précipitée (sur ce dernier point on n'y croit pas trop, bien que Shyamalan ne s'attarde pas vraiment sur leur problème de couple). Et pour cause, depuis moins de 24 heures, les citadins de diverses contrées sont poussés par des actes suicidaires incontrôlés émanant d'une entité indicible.


Menace nucléaire, terrorisme ou encore plantes domestiques s'avérant les théories majeures de la populace et des spécialistes afin de justifier cet enchaînement de morts cruelles que M. Night Shyamalan nous illustre parfois avec un réalisme cru inhabituel de sa part (le quidam et ses bras dévorés par les lions, les maçons s'écrasant violemment un par un sur le sol du haut de leur chantier, la jeune fille s'égorgeant avec son pic à chignon). Les séquences chocs assez nombreuses faisant froid dans le dos dans l'art et la manière de s'infliger une mort souvent cruelle, voir parfois même singulière (le type se couchant dans l'herbe pour se laisser happer par une moissonneuse batteuse). Autant avouer que Phenomènes terrifie de façon aussi bien constante que sournoise lorsque nos héros toujours en nombre restreint s'efforcent de fuir la menace invisible en se confinant dans les huis-clos les plus clairsemés. Ainsi donc, le suspense à la fois lattent et autrement oppressant s'instaure sans difficulté au fil du cheminement de survie des survivants s'efforçant de trouver une logique rationnel à ce qu'il leur arrive, quand bien même les plus lâches d'entre eux joueront les individualistes avec parfois une pulsion de justice expéditive. Shyamalan privilégiant au final à travers cette énigme occulte la revanche de dame nature contre l'insolence de l'homme exploitant sans vergogne toutes ses ressources naturelles en guise de cupidité.


Série B ludique intelligemment menée et dirigée en dépit de son absence de rebondissements et de son épilogue irrésolu (un parti-pris couillu que nombre de spectateurs n'ont sans doute pu digérer), Phénomènes captive et inquiète à la fois afin de nous alerter sur la précarité de l'écologie (notamment ce message avertisseur de réchauffement climatique enseigné en prologue par le professeur à ses élèves) sévèrement malmenée par le plus véreux des prédateurs: l'homme. Une oeuvre mineure certes, mais pleine de charme et d'humanisme fébrile dans sa facture intègre. 

*Bruno
2èx