vendredi 30 août 2013

Wolf Creek

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site baranfilm27.org

de Greg McLean. 2005. Australie. 1h44. Avec Nathan Philipps, Cassandra Magrath, Kestie Morassi, John Jarratt.

Sortie salles France: 9 Août 2006. Australie: 3 Novembre 2005

FILMOGRAPHIE: Greg McLean est un réalisateur, scénariste et producteur australien.
2005: Wolf Creek. 2007: Solitaire


Chaque année, en Australie, 30 000 personnes sont portées disparues. 90 % d'entre elles sont retrouvées en l'espace d'un mois. Certaines disparaissent à jamais. 

K.O. et déprimé à la sortie de la projo de Wolf Creek. Et c’est lors d’un second visionnage que je confirme son impact émotionnel : littéralement fébrile, pour ne pas dire fulgurant. Pour une première œuvre, Greg McLean signe un coup de maître avec ce survival aride, saturé d’un climat d’insécurité permanent. Une véritable épreuve de force physique et morale, infligée à un trio d’étudiants malmenés par un tueur en série dans l’immensité brûlante du désert australien.

À partir d’un concept éculé, nourri des classiques des seventies — Massacre à la Tronçonneuse en tête, pour l’affliction hystérisée des victimes, la moiteur de son atmosphère et son authenticité malsaine — McLean renouvelle la terreur avec un esprit anti-ludique, refusant toute distraction facile pour mieux nous ébranler. Car Wolf Creek n’a rien du traditionnel “ouh, fais-moi peur” réconfortant, avec tueur décérébré courant après des proies ingénues. Non. Ici, il s’agit d’une expérience extrême, toujours plus éprouvante, refusant les compromis, la complaisance, la facilité — et exprimant une terreur crue, jusqu’au malaise.

Les victimes, enchaînées, hurlent de douleur ou d’impuissance face à la monstruosité d’un prédateur pervers, jouissant de ses pulsions dans un laps de temps indéfini. En toute liberté, au cœur d’un désert crépusculaire, ce tueur méthodique s’amuse à piéger des touristes dans un hangar rouillé, les torturant à sa guise dès que le goût du sordide lui revient. Une effroyable descente aux enfers d’une redoutable efficacité, que Greg McLean relate avec un souci glaçant de réalisme. Car Wolf Creek s’inspire librement d’un fait réel : le rapt de deux touristes par Bradley John Murdoch, condamné pour meurtre en 2005. En réalité, une seule victime fut retrouvée, et bien loin du fameux cratère : à plus de 2000 kilomètres…

Le tempo bourdonnant d’un score monocorde, la rigueur de la mise en scène exploitant l’hostilité sublime de ces paysages, la scrupuleuse radiographie de la détresse humaine — tout ici exacerbe un malaise si insidieux que le spectateur, pris de vertige, se retrouve piégé dans cette claustration étouffante. Jusqu’au-boutiste et sans concession : aucun échappatoire à l’horizon. Et si certaines tentatives d’évasion semblent audacieuses, la mort — brutale, lâche — les rattrape inexorablement.


Chef-d’œuvre du survival niant toute notion de divertissement facile, Wolf Creek nous prend aux tripes, pour nous plonger dans l’authenticité d’une horreur vécue. Celle de voyageurs malchanceux croisant un inconnu affable… alors qu’un monstre à visage humain s’apprête à tomber le masque pour infliger les sévices les plus crapuleux. On en ressort d’autant plus traumatisé que les comédiens, inconnus au bataillon mais criants de vérité, nous touchent avec une empathie à vif, profondément meurtrie.

30.08.13. 2èx
Bruno

La critique de Wolf Creek 2: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/04/wolf-creek-2.html




4 commentaires:

  1. Laurent Le Brun31 août 2013 à 21:03

    Bien d'accord avec toi Bruno
    J'ai vu ce film après un périple en Espagne assez Roots(dormi en bagnole en pleine montagne et le désert d'Alméria, squatté tous les bars de routiers qu'on a croisé..)avec trois copines. Bref on a bouffé de la poussière pendant quinze jours et rencontré des tas de gens. Et en rentrant en France, premier film que je file voir au ciné : Wolf Creek ! Sur le coup ça m'a glacé le sang ! Le film est un véritable chef-d'oeuvre qui transcende les règles du genre : la première partie, formidablement interprétée par des acteurs criant de sincérité, prend le temps d'instaurer un climat intimiste et éthéré . On a rarement mis en scène de cette manière des personnages dans un film d'épouvante. Le réalisateur insiste sur leur sensibilité, leur émotivité...des sentiments que sa caméra capture réellement avec finesse. Le choc est d'autant plus rude par la suite lorsque cette humanité, cette intimité est violentée et soumise à la perversité du tueur. Je suis sorti de ce film découragé et déprimé et depuis je ne m'y suis plus frotté. bel article.

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  2. et très joli commentaire de ta part mon cher Laurent ;)

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  3. Très bon billet !!!!
    Voilà le genre de film qui ne laisse pas indemne en jouant sur les nerfs par son réalisme ,au long du film on devient la victime et l'on a pas le choix que d'aller jusqu'au bout prisonnier de l'intrigue.
    La définition même du bon film d'horreur non ?.
    Rien à voir avec tous ses biopics nuls sur les tueurs en série à papa ou remake sans inspiration.
    Un qui est très méchant aussi dans le même esprit "the bunny game" de Adam Rehmeier .
    En attendant "the toys box" l'histoire du terrifiant David Ray Parker.

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  4. Mouaif, pas mal mais de là à parler de chef d'oeuvre, il y a un passé voire un fossé que je n'oserais pas franchir. Très bien filmé et photographié, le film pâtit néanmoins d'un rythme assez lénifiant.

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