de Juanfer Andrés et Esteban Roel. 2014. Espagne. 1h32. Avec Macarena Gómez, Nadia de Santiago, Hugo Silva, Luis Tosar , Gracia Olayo , Lucía González, Carolina Bang, Tomás del Estal
Sortie salles Espagne: 25 Décembre 2014
FILMOGRAPHIE: Juanfer Andrés est un réalisateur espagnol. Esteban Roel est un cinéaste et acteur espagnol. 2014: Musaranas/Sangre de mi sangre
Thriller psychologique aux confins de l’horreur, Musaranas porte la signature du duo ibérique Juanfer Andrés et Esteban Roel. Et pour un premier essai, ces néophytes signent haut la main un suspense machiavélique, taillé sur mesure autour des rapports toxiques et étouffants de deux sœurs recluses dans le même appartement.
Synopsis :
Lorsqu’un homme grièvement blessé implore secours au seuil de leur porte, Montse, l’aînée, cède in extremis à l’élan de charité. Rapidement, sa cadette Nina s’éprend de l’inconnu, mais doit lui rendre visite en cachette sous le joug d’une autorité castratrice. Leur romance clandestine s’épanouit dans le secret, tandis que le sort du blessé demeure précaire : aucun médecin n’est appelé, et ses proches s’inquiètent déjà de sa disparition.
Abordant les thèmes de la psychose, du conservatisme et de l’agoraphobie, les cinéastes dressent avec efficacité le portrait névralgique d’une catholique aigrie, recluse dans sa foi et terrorisée par l’idée d’un contact masculin. Profondément vouée à l’amour divin, Montse impose à sa sœur une éducation de fer où toute romance terrestre est proscrite. Livrées à elles-mêmes depuis la disparition de leurs parents, les deux femmes nourrissent une rancune et une jalousie névrotiques, croissant jusqu’à la déflagration.
La seconde partie, débridée et éprouvante, nous entraîne dans un crescendo de folie et de violence, où le passé galvaudé de Montse refait surface dans une explosion de douleur et de sang. Si l’intrigue, parfois prévisible, flirte avec les situations éculées - on songe à Misery ou encore au sublime Les Proies pour leurs rapports de soumission entre victime alitée et geôlière fanatique -, la mise en scène compense par une narration nerveuse et une exploration poignante de la mémoire et du trauma.
Le soin formel accordé à la photographie et aux somptueux décors rétro du huis clos renforce cette immersion dans une intimité familiale étouffante, portée par un jeu d’acteurs d’une rare intensité. Macarena Gómez (Dagon, Les Sorcières de Zugarramurdi) incarne avec une férocité viscérale une mégère abusive, accablée par le deuil et par un secret qu’il serait criminel de dévoiler.
Efficace, captivant, haletant, Musaranas fascine autant par son portrait schizo que par la tournure délirante et violente de son second acte. Sous son vernis de série B, il abrite une psychologie fouillée et une interprétation enragée de Macarena Gómez, dont le regard désaxé hante bien au-delà du générique final.
— le cinéphile du cœur noir
Dédicace à Karine.




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