Photo empruntée sur Google, appartenant au site goldposter.com
de Cary Joji Fukunaga. 2015. U.S.A. 2h16. Avec Abraham Attah, Idris Elba, Emmanuel Nii Adom Quaye, Ama K. Abebrese, Richard Pepple, Francis Weddey, Opeyemi Fagbohungbe, Andrew Adote.
Sortie salles France: INEDIT. U.S: 16 Octobre 2015
FILMOGRAPHIE: Cary Joji Fukunaga est un réalisateur américain, né le 10 juillet 1977 à Oakland en Californie. 2009: Sin Nombre. 2011: Jane Eyre. 2012: Sleepwalking in the Rift. 2015: Beasts of No Nation.
Inédit en salles en France et directement sorti en VOD, Beasts of no nation relate avec un réalisme documenté le conditionnement d'un enfant en machine à tuer au coeur d'une guerre civile Africaine. Enrôlé par un commandant drastique dirigeant de main de fer son armée rebelle, le jeune Agu s'embourbe rapidement dans un univers de violence barbare après avoir été séparé de sa mère puis témoin du massacre de sa famille. Par l'alibi de la vengeance, son leader en profite pour l'initier à l'apprentissage de l'autorité, du combat et des armes avant de le mettre à l'épreuve du rituel criminel. Cette innocence déflorée, Agu l'endure avec courage et détermination d'une vendetta avant de saisir la manoeuvre de son mentor, gourou sans vergogne exploitant son armée dans un but égotiste.
Âpre, ultra violent, malsain, nauséeux, Cary Joji Fukunaga n'y va pas par quatre chemin pour décrier l'animosité primitive d'une guerre civile parmi l'appui d'enfants martyrs aveuglés par la haine et le sang. Voyage au bout des ténèbres, odyssée funèbre d'où plane les effluves de macchabées fraîchement assassinés ou putréfiés par le soleil, Beasts of no nation nous retranscrit avec vigueur dramatique l'introspection meurtrie d'un enfant orphelin, témoin de massacres en règle sous l'allégeance d'un dictateur obnubilé par le pouvoir. Idris Elba endossant avec sobriété un rôle perfide où la manigance de ces stratégies bellicistes Spoiler ! finit mener sa troupe vers la déroute fin du Spoiler. Poignant et bouleversant pour la dérive sanguinaire de ces enfants endoctrinés à la déchéance criminelle, Beasts of no nation ne nous laisse peu de répit pour manifester de leur déliquescence morale à exterminer sans fléchir femmes et enfants parmi la complicité tantôt indulgente d'Agu. Par un vibrant monologue alternant ses sentiments d'espoir et de désespoir face à sa foi divine, Agu devient un adulte aguerri apte à discerner la monstruosité qui vient de naître en lui. Ce message d'espoir intenté à sa parcelle d'humanité tend à rassurer sur sa destinée galvaudée parmi son souvenir traumatique d'une guerre d'un autre âge. Outre l'esthétisme crépusculaire de ces affrontements chaotiques épargnés de vainqueurs, le film gagne en intensité sous l'impulsion équivoque du jeune Abraham Attah. Ce dernier se fondant dans la peau d'un soldat infantile derrière un regard impassible peu à peu rattrapé par le regain de conscience.
Dur et sans concession car d'un réalisme parfois éprouvant pour le cheminement criminel de cette génération sacrifiée, Beasts of no nation laisse un goût de souffre dans la bouche lorsqu'il fait écho aux exactions barbares du djihadisme terroriste (Boko Haram en tête !). Poignant et bouleversant parmi le témoignage de ces enfants de la honte, l'absurdité de la guerre nous est ici illustrée sous son aspect le plus sordide lorsque ces derniers sont prêts à payer de leur âme pour se soumettre à l'idéologie la plus extrémiste. Hanté par le score envoûtant de Dan Romer, il en émane un vibrant plaidoyer contre la haine infantile dont on ne sort pas indemne...
B.M
Récompenses: Mostra de Venise 2015 : Prix Marcello-Mastroianni du meilleur espoir pour Abraham Attah.
National Board of Review Awards 2015 : Meilleur espoir pour Abraham Attah.
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