jeudi 22 novembre 2018

Head-on. Ours d'Or, Berlin 2004.

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Fatih Akın. 2004. Allemagne/Turquie. 2h02. Avec Cem Akin, Meltem Cumbul, Sibel Kekilli, Güven Kirac, Catrin Striebeck, Birol Ünel.

Sortie salles France: 21 Juillet 2004 (Int - 12 ans). Allemagne: 11 Mars 2004.

FILMOGRAPHIE: Fatih Akin est un Allemand réalisateur, scénariste et producteur, né le 25 Août 1973, d'origine turque. 2017: In the Fade. 2016 Goodbye Berlin. 2014/I The Cut. 2009 Soul Kitchen.
 2009 Deutschland 09 - 13 kurze Filme zur Lage der Nation (segment "Der Name Murat Kurnaz").
 2008 New York, I Love You (segment "Fatih Akin"). 2007 De l'autre côté. 2004 Visions of Europe (segment "Die alten bösen Lieder"). 2004 Head-On. 2002 Solino. 2000 Julie en juillet. 1998: L'engrenage.


"Trouver le bonheur, c'est exploser le carcan des cultures et des générations, se fracasser aux libertés artificielles, se perdre dans des bras". Bredele.
Probablement passé inaperçu en France (et sans doute ailleurs) en dépit de ses nombreux prix internationaux, Head-on est ce que l'on prénomme un uppercut émotionnel à travers son histoire d'amour écorchée vive contée ici avec souci d'authenticité au point d'en sortir aussi sonné que désorienté. Car d'une extrême violence dans les rapports passionnels que se dispute le couple destroy (Cahit, alcoolique marginal autodestructeur en perdition morale; Sibel, jeune fille instable et immature avide de liberté faute du conservatisme de sa famille musulmane !) et dans les pugilats lors de soirées d'ébriété où sexe, drogue, alcool coulent sans modération, Head-on nous entraîne de manière sournoise dans une descente aux enfers bicéphale. Dans la mesure où le réalisateur prend d'abord soin de nous attacher au couple turc en ascension amoureuse en décrivant avec souci de vérisme leur glauque quotidien aussi bien sordide que décomplexé. Leur appart insalubre se condensant à une moisson de déchets alimentaires, canettes de bière et mégots humectés disséminés à même le sol que le couple dégénéré assume sans complexe.


Baignant dans une photo hyper naturelle sublimant au passage les contrées turcs (dont celle d'Istanbul en seconde partie), Head-on nous fait suivre le parcours à la fois chaotique et initiatique de ses amants d'infortune hurlant leur douleur et leur désespoir avec une rage humaine bipolaire ! (le récit étant scindée en 2 actes que l'on ne voit pas arriver !). Ainsi donc, à travers ce maelstrom d'imagerie très agressive, tantôt cocasse, tantôt dramatique, et de musicalité rock, orientale, punk opérée dans les pubs et boites de nuit, le spectateur reluque leur déchéance avec une contrariété sensiblement malsaine. Pour autant, parmi le regard incandescent de Cahit en voie de mutation morale et l'insouciance de sa dulcinée férie d'expériences interdites, Head-on sublime l'essence de l'amour avec un grand A. Celui incontrôlé que l'on ne voit pas arriver si bien que de nouveaux sentiments rédempteurs sont amenés à nous transformer ad vitam, et ce de manière à reconsidérer notre destinée autrefois galvaudée. Or, ici la tournure des évènements erratiques finit incidemment par se solder par une tragédie, ce qui convergera à sa seconde partie beaucoup grave, cruelle, désespérée, voir même insoutenable (pour les plus sensibles d'entre nous) que le spectateur subira avec une désillusion névralgique incontrôlée. Les rôles dérangés s'inversant promptement au fil d'un nouveau cheminement existentiel autrement rigoureux que chacun apprivoisera ensuite indépendamment dans la quiétude et la sérénité, faute d'une culpabilité commune rongée de remord, faute de remise en question et de quête de rédemption.


Bouleversant mélo punk destroy d'une crudité épineuse au point d'y laisser de graves séquelles cérébrales lors de sa dernière partie escarpée, Head-on transfigure le sentiment amoureux parmi l'étude comportementale d'un couple pulsatile divisé entre une culture intégriste et l'émancipation irrépressible de dévorer la vie en s'autorisant tous les excès possibles. Au-delà de sa structure narrative atypique jouant avec machiavélisme avec notre émotivité ramifiée, le couple Birol Ünel  (sosie de Jean-Louis Aubert en plus charnu) / Sibel Kekilli (Game of Thrones et quelques pornos) immortalise l'écran de leur empreinte subversive avec une déchirante vérité humaine. 

Pour public averti 
* Bruno

Un grand merci à Cine-Bis-Art !

Récompenses:
Prix ​​du film bavarois 1998, Meilleur nouveau réalisateur
2004 Ours d'or au Festival du film de Berlin
Prix du cinéma européen 2004 , Meilleur film, Prix du public
Prix Golden Orange du Festival de film Orange 2007 à Antalya 2007 , Meilleur réalisateur
Prix du film bavarois 2007 , meilleur réalisateur
Prix ​​LUX 2007 du cinéma européen décerné par le Parlement européen
Festival de Cannes 2007 , Meilleur scénario
Ordre du mérite de la République fédérale d'Allemagne 2010 (Verdienstorden der Bundesrepublik Deutschland) pour sa contribution à la description des problèmes des germano-turcs.
Golden Globe Award 2018 , meilleur film en langue étrangère

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire