lundi 26 novembre 2018

X Tro. Licorne d'Or, Paris, 1983.

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site esplatter.com

de Harry Bromley Davenport. 1983. Angleterre. 1h27 (Uncut version). Avec Philip Sayer, Bernice Stegers, Maryam d'Abo, Danny Brainin, Simon Nash, Peter Mandell.

Sortie salles France: 18 Juillet 1984. U.S: 7 Janvier 1983

FILMOGRAPHIE: Harry Bromley Davenport est un réalisateur anglais, né le 15 Mars 1950.
1976: Whispers of Fear. 1983: X Tro. 1990: X Tro 2. 1995: X Tro 3. 1996: Life among the Cannibals. 1998: Horton, drôle de sorcier. 1998: Erasable You. 2001: L'Enfant Sauvage.

 
"La chair venue d’ailleurs".
Ovni atypique dans le paysage de la science-fiction, Xtro marqua toute une génération de cinéphiles lors de sa sortie en salles, puis en VHS, et plus tard lors de sa diffusion sur la chaîne cryptée Canal +. Il fut d’ailleurs l’un des premiers films d’horreur programmés en seconde partie de soirée un samedi, rendez-vous sacré pour tous les amateurs de frissons. Auréolé de la Licorne d’Or au Rex de Paris, Xtro n’a jamais usurpé sa réputation d’objet culte : il continue d’insuffler un pouvoir de fascination étrangement bicéphale. Car il ne cesse de jongler entre horreur malsaine et anticipation onirique.

Pitch: Enlevé par des extraterrestres, un père de famille réapparaît trois ans plus tard pour découvrir que son épouse le trompe avec un autre. Résolu à protéger son fils, il lui transmet d’étranges pouvoirs pour le préparer à rejoindre une planète lointaine. Si ce résumé semble à première vue banal, voire nébuleux, le réalisateur parvient à s’extraire des conventions grâce à une imagination singulière. Ainsi, pour retrouver sa forme humaine, le père revenu d’ailleurs réapparaît sur Terre sous l’aspect (inexpliqué !) d’une créature patibulaire... avant de violer une femme afin d’être littéralement enfanté et renaître humain.  

Cette séquence, malsaine et improbable, subjugue par son effet de surprise déplacé, et le réalisme scabreux d’une situation morbide n’épargnant aucun détail (excréments expulsés du vagin, cordon ombilical arraché à pleines dents !). Et ce, malgré un montage elliptique dicté par les contraintes d’un budget famélique — lequel n’entrave pourtant en rien l’efficacité de ses trucages, aussi soignés que dérangeants. Du jamais-vu pour l’époque, et encore aujourd’hui, aucun réalisateur n’a osé dupliquer pareille idée incongrue.

D’autres séquences fortes, dérangeantes ou insolites, parsèment le récit sans prévenir : à l’image du fils, Sam, doué de pouvoirs télépathiques, dont les jouets prennent vie pour tourmenter son entourage. Ce surnaturel, parfois impénétrable (Sam et Tony aspirent une sève verdâtre à travers la peau de leurs victimes, une femme est réduite à l’état de cobaye pour pondre des œufs d’alien !), est renforcé par les caractérisations équivoques du père amnésique et de son fils complice. Figures troubles en pleine mutation, aspirant à procréer une nouvelle race d’E.T avant de s’évaporer ensemble dans l’ailleurs.

Si la mise en scène manque de maîtrise et la direction d’acteurs semble timorée, ces faiblesses nourrissent le climat d’inquiétude que le cinéaste entretient avec un score synthétique, aussi dissonant qu’envoûtant.

 
"Cosmogonie d’un cauchemar".
Hermétique, fascinant, malsain, Xtro tire parti de sa modestie budgétaire grâce à une inventivité en roue libre et des maquillages artisanaux minutieusement conçus (la morphologie de la créature et l’esthétique baroque du cadavre d’Analise restent gravés en mémoire). Son ambiance hybride, déroutante autant que captivante, demeure l’atout majeur de ce délire bisseux imprégné de vitriol. Une perle de déviance, à laquelle il est impossible de rester indifférent.

Avertissement : le DVD édité par Mad Movies reprend la fin alternative imposée par les producteurs, plus grand-guignolesque que celle diffusée en salles, en VHS et sur Canal+. Dommage que la version initiale — bien plus fantasmagorique, éthérée, diaphane — ne figure pas en bonus…

*Bruno
27.12.22. 7èx. (Vost uncut)
26.11.18. 
04.02.14 (278 v)

Dédicace à Dany Dumont

Récompenses: Licorne d'Or au Festival du film fantastique de Paris, en 1983.
Prix des Meilleurs Effets-spéciaux à Porto, 1984.

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