jeudi 20 décembre 2018

Dracula, Prince des Ténèbres

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemapassion.com

"Dracula: Prince of Darkness" de Terence Fisher. 1966. Angleterre. 1h30. Avec Christopher Lee, Barbara Shelley, Andrew Keir, Francis Matthews, Suzan Farmer, Charles Tingwell, Thorley Walters.

Sortie salles France: 21 Décembre 1966. Angleterre: 9 Janvier 1966

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville. 1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur , 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer.


"Le sublime est la résonance d'une grande âme"
Dracula, Prince des ténèbres est le troisième volet du cycle vampirique de la Hammer instauré depuis leur chef-d'oeuvre indétrônable, le Cauchemar de Dracula. Sous la houlette de maître Terence Fisher, ce nouvel opus redore le blason du prince des ténèbres avec l'intervention du vénérable Christopher Lee. Absent du second volet, l'acteur ici dépourvu de parole, rempile sa cape et ses canines acérées pour s'en prendre à deux couples égarés en interne de son château. Mais avant sa résurrection escomptée, Terence Fisher se prend un malin plaisir à retarder son attente sous l'allégeance d'un sinistre majordome. En effet, réduit en cendre dans le premier volet, Dracula devra compter sur la bienfaisance de ce serviteur (oh combien) insidieux afin qu'il lui fournisse le sang frais d'une victime sacrifiée. Si bien que ce fameux fluide soigneusement déversé sur ces cendres pourra enfin lui restituer la vie. Cette notion de suspense lattent instaurée auprès de sa première partie s'avère d'autant plus captivante que Terence Fisher véhicule une angoisse sous-jacente autour de la crainte intuitive d'une de ces hôtes. Qui plus est, avec la beauté gothique de ces décors flamboyants, chaque pièce du château semble imprégnée d'une aura aussi envoûtante que délicieusement hermétique. 


En insistant sur l'effet morbide d'un crime perpétré à l'arme blanche (l'égorgement établit hors-champs d'un homme suspendu par les pieds pour être vidé de son sang !), Terence Fisher ose transgresser un niveau de violence peu coutumier pour l'époque, d'autant plus que le fluide dense coulant sur la cendre s'avère d'un rouge tantôt rosé, tantôt rutilant ! Beaucoup plus tard, une autre séquence spectaculaire osera également braver l'interdit vis à vis de l'exécution sauvage intentée sur une femme vampire. Sans coupe et à l'aide du zoom, Fisher insiste sur l'attrait sanglant d'une poitrine perforée d'un pieu en plein coeur ! L'intensité de la situation est d'autant plus effrénée que la proie démunie, car encerclée d'une horde de moines déterminés, semble suffoquer de par son affolement erratique ! La seconde partie, plus rythmée et fertile en péripéties se focalise sur la survie du second couple ayant trouvé refuge auprès d'un monastère sous la garde du Père Sandor. Bien entendu, Dracula, sa maîtresse et son majordome ne vont pas tarder à épier les alentours afin d'intenter à la vie  d'Helen. Si l'intrigue de Dracula, Prince des Ténèbres ne renouvelle rien, elle s'avère redoutablement efficace et parfaitement structurée au travers d'une trame intense multipliant imbroglios. Quand bien même la mise en scène ciselée de Fisher transcende le genre de par sa poésie macabre et la conviction d'interprètes charismatiques ! (en moine mastard, Andrew Keir remplace Cushing avec une étonnante autorité !). Enfin, pour parachever, le final baroque se clôt sur une confrontation finaude entre nos héros et Dracula, inopinément mis à mal autour d'un lac gelé !


D'une efficience au savoir-faire inégalable, Terence Fisher confectionne avec Dracula, Prince des Ténèbres un somptueux cauchemar gothique sous l'allégeance de l'indéfectible Christopher Lee (plus magnétique que jamais en vampire mutique) et d'alliés farouches parfaitement attachants à travers leur désagrément solidaire en voie de pugnacité ! Ou comment transfigurer une oeuvre de commande en pur trésor horrifique d'une saveur vintage forcément authentique, Terence Fisher y rempilant un modèle de mise en scène !

* Bruno
20.12.18. 4èx
01.11.13. (80 v)

1 commentaire:

  1. 1 commentaire:

    Laurent4 novembre 2013 à 09:30
    Un des meilleurs Dracula que je connaisse. Étrangement le fait que C. Lee ne parle pas colle fidèlement à l'esprit du roman original dans lequel Dracula ne s'exprime jamais directement. On écrit sur lui, on parle de lui, on relate tous les événements mystérieux que provoque son arrivée mais le prince des ténèbres n'a pas une seule ligne de dialogue qui lui soit propre. Au cinéma ce concept était casse-gueule, surtout au début du parlant, et c'est tout l'inverse qui est arrivée. Mr Lugosi a vite imposé l'image d'un personnage dont la présence mais également le discours monopolisait l'écran de manière quasi hypnotique. Il en sera quasiment ainsi de tous les Dracula sauf pour ce film dont tu parles Bruno et dont l'ambiance est un vrai régal.

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