de Joe d'Amato. 1972. Italie. 1h37. Avec George Eastman, Rosemarie Lindt, Karole Annie Edel, Patrizia Gori, Mary Kristal, Massimo Vanni.
Sortie salles France: 21 Septembre 1975 ou 77 (Int - 18 ans). Italie: 1975.
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Joe d'Amato (né Aristide Massaccesi le 15 décembre 1936 à Rome, mort le 23 janvier 1999) est un réalisateur et scénariste italien. 1975: Emmanuelle et Françoise. 1977 : Emanuelle in America, 1977 : Viol sous les tropiques, 1979: Buio Omega (Blue Holocaust), 1980: Anthropophagous, La Nuit Erotique des morts-vivants, Porno Holocaust, 1981: Horrible, 1982: 2020, Texas Gladiator, Caligula, la véritable histoire, Ator l'invincible, 1983: Le Gladiateur du futur.
Exhumé de l'oubli par l'éditeur Le Chat qui fume si bien que j'ignorai l'existence de cet ofni signé du petit maître du ketchup dégueulbif, Joe d'Amato (Blue Holocaust / Horrible / Anthropophagous / Caligula restent dans toutes les mémoires des cinéphages), Emmanuelle et Françoise s'avère une formidable curiosité que les fans d'érotisme, d'étrangeté et d'horreur ne doivent rater. Car si personnellement je ne suis pas fervent admirateur de ce genre de produit d'exploitation lubrique parfois putassier et si souvent gratuit, j'avoue qu'Emmanuelle et Françoise est soigneusement conté, mis en scène et interprété (George Eastman dans l'un de ses rôles les plus intenses se dispute la vedette parmi 2 charnelles beautés italiennes sobrement incarnées par Rosemarie Lindtsi en némésis goguenarde et la tendre Patrizia Gori en soumise éplorée). Si bien qu'il s'agit probablement de la meilleure réalisation de Joe d'Amato maniant ici l'érotisme, le charme et la séduction de manière justifiée sous l'impulsion de l'entêtant score mélancolique de Gianni Marchetti.
Baignant dans une superbe photo sépia éclairée de nuances pâles, Emmanuelle et Françoise relate la romance tragique de Françoise éperdument amoureuse de son amant sans vergogne puisque la réduisant en esclave lubrique avec l'appui de disciples érotomanes. Noyé de douleur morale et de chagrin, cette dernière se suicide sous les rails d'un train (le prologue est d'ailleurs particulièrement touchant auprès de son intensité mélancolique). Après les funérailles, sa fidèle soeur Emmanuelle s'empresse de séduire son bourreau Carlo afin de le séquestrer dans sa demeure derrière un miroir sans teint. S'ensuit donc entre 2/3 flash-back explicatifs (pour la rencontre et les liaisons d'asservissement entre Carlo et Françoise) une succession de jeux de drague et situations érotiques à la fois sulfureuses et malsaines. Notamment eu égard des fantasmes déviants, hallucinatoires de Carlo couramment drogué et contraint d'endosser le voyeur en témoignant de sa geôle vitrée d'inlassables étreintes sexuelles bâties sur le streap tease, le triolisme, le cannibalisme et le lesbianisme. Et ce avant que les 10 dernières minutes ne convergent vers une horreur rationnelle (feuille de boucher à l'appui) avec une dérision sardonique aussi punitive que cauchemardesque.
Renaissant de ces cendres grâce à sa superbe copie HD (même si le réducteur de bruit est peut-être un trop appuyé à mon goût), Emmanuelle et Françoise est une détonnante curiosité Bis d'un charme voluptueux étrangement tendre et colérique. Sorte de rape and revenge tout à fait personnel car étonnamment inspiré dans sa façon d'illustrer dans la singularité érotisme parfois scabreux, tendresse sournoise, horreur grand-guignolesque, marque de fabrique d'un artisan d'une provocation typiquement transalpine, Joe d'Amato à son apogée. A découvrir avec un vif intérêt.
*Bruno
22.04.25. 2èx. Vost
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