vendredi 24 mai 2019

Booksmart

                                                           Photo empruntée sur Facebook

de Olivia Wilde. 2018. U.S.A. 1h42. Avec Kaitlyn Dever, Beanie Feldstein, Noah Galvin, Billie Lourd, Skyler Gisondo, Jessica Williams.

Diffusé sur Netflix le 24 Mai 2019

FILMOGRAPHIEOlivia Wilde (Olivia Jane Cockburn) est une actrice, réalisatrice et productrice américaine née le 10 Mars 1984. 2019: Booksmart.


Le problème de l'ado n'est pas qu'il soit fou, son problème vient du faite qu'il est trop complexé. Il doit avoir les pieds sur terre tout en gardant la tête dans les étoiles.
Arc en ciel guilleret d'humour, d'hilarité, de fraîcheur et de tendresse que l'on pourrait d'ailleurs scinder en deux actes, Booksmart retrace avec une inventivité en roue libre la nuit flamboyante de deux inséparables étudiantes délibérées à s'éclater, faute d'avoir consacré trop de temps pour leurs études. Car après avoir été à nouveau brimées par leurs camarades de classe ayant parvenu à décrocher une place en fac, Amy et Molly ont décidé de prendre leur revanche en s'autorisant tous les excès le temps d'une nuit bipolaire (si je me réfère à sa dernière partie autrement prude car plus terre à terre et aux prises de drogues et d'alcool). Ainsi, à travers une moisson de situations déjantées et de quelques quiproquos engendrés par les sentiments timorés du manque de confiance (selon Amy, lesbienne complexée incapable de franchir le pas sentimental et sexuel), Olivia Wilde, actrice et réalisatrice néophyte, explose les codes dans son refus du Teen movie standard souvent réduit à une trivialité polissonne. Tant et si bien qu'ici, à travers la fidélité amicale de ces deux étudiantes au bagout aussi tranchant qu'émancipé, Olivia Wilde y cultive une pléthore de gags tantôt cocasses, tantôt hilarants à travers leurs répliques génialement caustiques (ça fuse tous azimuts sans jamais lasser !). Et ce à travers les thèmes usuels de la sexualité (notamment le saphisme bien en vogue au cinéma), de la timidité, de la quête identitaire et la remise en question du point de vue pubère.


Cette dernière parvenant notamment à maintenir l'attention en relançant l'action débridée dans de multiples foyers fêtards que nos héroïnes explorent avec fébrile décontraction. Ces sentiments exaltants, si communicatifs, de joie, de bonne humeur et de délire psychédélique (notamment parmi l'emprise de l'acide) étant transcendés par la complémentarité survitaminée de Kaitlyn dever (Amy) et de Bonnet Feldstein (Molly) se prêtant main forte parmi leur tendre dignité de la fidélité amicale. Dans la mesure où Olivia Wilde sous-entend plus qu'elle ne montre leurs rapports les plus graves et sensibles afin d'éviter de sombrer dans le tire-larme. D'ailleurs, à ce titre, le final bouleversant parvient brillamment à renverser la donne de manière totalement fortuite grâce à de nouveaux éclats de rire libérateurs. Le spectateur en larmes (enfin chez celui le plus sensible) éprouvant subitement un sentiment antinomique de fou-rire incontrôlée qu'il accueille librement de la même façon que ses héroïnes. C'est dire si la cinéaste s'y entend pour ne pas céder aux sirènes des conventions de par sa personnalité à la fois indépendante et spontanée qu'elle parvient à imprimer chez les tempéraments scintillants d'Amy et Molly en remise en question identitaire. Car derrière les masques de la désinvolture et de la provocation s'y détachent peu à peu des profils d'un humanisme inévitablement fragile dans leur rapport précaire au sexe et aux sentiments. Quand bien même leurs camarades habituellement dévergondés, car abonnés aux préjugés et aux petites brimades, se nourrissent d'orgueil et de cynisme en guise de carapace morale.


Teen-movie expansif d'une drôlerie inventive disproportionnée (l'intrusion d'une planche de cartoon fait illusion à partir d'un onirisme aussi décalé que baroque), Booksmart explose les barrières de la convenance sous l'impulsion d'un tandem féminin d'une exubérance retorse. Si bien que la réalisatrice infiniment inspirée à se détacher du conformisme n'oublie pas pour autant d'y esquisser leur fragile tendresse sous l'efficace pilier d'un humour dévastateur que sa BO entraînante transfigure avec autant d'autonomie. 

Spéciale dédicace à Fred Serbource ^^
*Bruno

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