lundi 13 mai 2019

Border. Prix Un certain regard, Cannes 2018.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Gräns" de Ali Abbasi. 2019. U.S.A. 1h50. Avec Eva Melander, Eero Milonoff, Jörgen Thorsson, Sten Ljunggren, Ann Petrén

Sortie salles France: 9 Janvier 2019

FILMOGRAPHIE: Ali Abbasi, né en 1981 à Téhéran, en Iran1, est un scénariste, réalisateur et monteur danois d'origine iranienne. 2016 : Shelley. 2018 : Border


Natif de Suède, Border est une oeuvre inclassable étonnante, de par son parti-pris d'y casser les codes au point d'y larguer en route une partie des spectateurs, notamment faute de son climat insolite, austère, mutique, en accord avec une nature apaisante. Car conjuguant les genres du Fantastique, de la romance, du suspense, de l'horreur et du drame social de manière résolument iconoclaste, Border n'est pas conçu pour plaire tous les spectateurs. Son schéma narratif imprévisible se développant au fil de la quotidienneté d'une douanière douée d'un odorat exceptionnel pour alpaguer les fraudeurs, et qui un jour, sur son lieu de travail, rencontrera un individu suspicieux de prime abord avec qui elle entamera une liaison sentimentale. Conte écolo militant pour la cause animale et le droit à la différence à travers les thèmes si graves (et si inattendus) de la pédophilie et de la maltraitance infantile, Border tente de nous attacher auprès d'un couple marginal si bien que je tairai leur identité afin d'ébruiter l'indice.


Ces derniers ayant comme point commun un physique ingrat tuméfié (avec en sus une cicatrice dans le bas du dos), une misanthropie davantage appuyée au fil de leur relation existentielle contestataire ainsi qu'une nourriture peu ragoutante constituée entre autre d'asticots, insectes et vers de terre. Ainsi, en dépit de son climat équivoque parfois pesant et de moult ruptures de ton baroques à la lisière d'un David Lynch (on peut d'ailleurs prêter une allusion à Eraserhead à un moment propice d'une découverte), Border fascine par moments même si le malaise nous occasionne tantôt un sentiment de dégoût ou d'opposition contradictoire. Le réalisateur abordant également une réflexion sur le Bien et le Mal à travers le motif d'une vengeance sans vergogne. Méconnaissable en douanière à l'embonpoint affichant un visage repoussant, Eva Melander porte le film sur ses épaules avec une force d'expression discrètement magnétique eu égard de son introversion et de sa voie initiatique à se rebeller contre une mauvaise influence et le sentiments davantage aigu d'injustice. Accompagné d'Eero Milonoff aussi convaincant, son personnage s'avère bien plus énigmatique et équivoque lors de ses sous-entendus ironiques, son petit regard impur et ses actions parfois dénuées de raison ou de logique.


Que l'on aime ou que l'on rejette en bloc son contenu difficile d'accès, Border est un vrai film fantastique couillu possédant sa propre personnalité atypique. Un récit initiatique sur l'estime de soi, le désir d'indépendance (sans y être juger) et la maîtrise de la communication à travers le cadre du conte écolo remettant en cause une lourde responsabilité parentale du point de vue de l'orphelin. A découvrir. 

*Bruno

Festival de Cannes 2018 : Prix Un certain regard
Noir in Festival 2018 : Prix du meilleur film7,8.

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