vendredi 10 mai 2019

Rivière sans Retour

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site free-telechargement.co

"River of No Return" de Otto Preminger. 1954. U.S.A. 1h31. Avec Robert Mitchum, Marilyn Monroe, Rory Calhoun, Tommy Rettig, Murvyn Vye, Douglas Spencer

Sortie salles France: 30 Avril 1954

FILMO SELECTIVE: Otto Ludwig Preminger, né le 5 décembre 1905 à Wiznitz (en Autriche-Hongrie, aujourd'hui en Ukraine) et mort le 23 avril 1986 à New York (États-Unis), est un réalisateur américain d'origine autrichienne.1936 : Under Your Spell. 1937 : Charmante Famille. 1938 : Le Proscrit. 1944 : Laura. 1945 : Scandale à la cour. 1945 : Crime passionnel. 1946 : Quadrille d'amour. 1947 : Ambre. 1947 : Femme ou Maîtresse. 1949 : Le Mystérieux Docteur Korvo. 1950 : Mark Dixon, détective. 1951 : La Treizième Lettre. 1952 : Un si doux visage. 1953 : La Lune était bleue. 1954 : Rivière sans retour. 1954 : Carmen Jones. 1955 : L'Homme au bras d'or. 1955 : Condamné au silence. 1957 : Sainte Jeanne. 1958 : Bonjour tristesse. 1959 : Autopsie d'un meurtre. 1960 : Exodus. 1962 : Tempête à Washington. 1963 : Le Cardinal. 1965 : Première Victoire. 1965 : Bunny Lake a disparu. 1967 : Que vienne la nuit. 1970 : Dis-moi que tu m'aimes, Junie Moon. 1971 : Des amis comme les miens. 1975 : Rosebud. 1979 : The Human Factor.


« Il y a toujours deux côtés dans une histoire. »
Unique western d'Otto Preminger qui fit les beaux jours de la Dernière Séance d'Eddy Mitchell un 16 Novembre 1982 en 1ère partie de soirée, Rivière sans retour fait parti de ses classiques immuables auquel le côté désuet ne fait que renforcer son charme sensuel. Car fort d'une mise en scène aussi bien sobre que maîtrisée à travers un Scope technicolor, et d'une admirable direction d'acteurs, Rivière sans Retour impose un climat souvent placide à travers le périple houleux d'un couple de fortune et d'un enfant traversant une rivière agitée pour rejoindre la ville de Council City. Mais au préalable, après avoir prêté main forte au couple Harry et sa compagne Kay sur leur radeau échoué, Matt Calder (Robert Mitchum) et son fils Mark (qu'il vient de le récupérer après avoir purgé une peine de prison pour meurtre) sont trahis par l'étranger avide de rejoindre la ville de Council en y dérobant son fusil et son cheval. Un peu plus tard, après que celui-ci prit la fuite, Matt, Mark et Kay (qui décida de rester parmi eux en attendant le retour de son amant) sont pris à parti avec les indiens. Ainsi, ils sont contraints de descendre la rivière en radeau afin de tenter de rejoindre la ville et se venger du maraudeur du point de vue de Matt plutôt avisé aux valeurs du respect et d'intégrité depuis son passé galvaudé. Western contemplatif nanti de superbes paysages canadiens, Rivière sans Retour se décline en récit initiatique à travers ce trio improvisé s'épaulant mutuellement en guise de survie et d'éducation entre deux crises de contradiction.


Au-delà du caractère ludique de certaines scènes d'action (dont un étonnant final à la fois dramatique, mélancolique et salvateur), l'intérêt de l'aventure réside donc dans ces rapports conflictuels que se disputent Matt et Kay face au témoignage du jeune Mark lui même en apprentissage de maturité. Robert Mitchum, tout en noble élégance dans sa loyauté laconique, et Marilyn Monroe, femme de caractère divine de sobriété et de sensualité charnelle, irradiant l'écran à chaque plan. Quand bien même l'attachant Tommy Rettig fait aussi preuve d'une candeur dépouillée en enfant scrupuleux de nature sage et curieuse. Ainsi, si Rivière sans retour s'avère si captivant et magnétique sous l'impulsion de ces comédiens sans fard, il le doit autant à l'intelligence de sa mise en scène posée et studieuse observant le trio avec pudeur et dignité. Tant et si bien que l'on observe cette romance néophyte parmi la sensible attention des caractérisations humaines s'inculquant avec foi les valeurs du respect, d'amour, de pardon et de tolérance. Et ce sans jamais se laisser envahir par une quelconque sensiblerie programmée si bien que Rivière sans retour force le respect, notamment au travers des mélodies exaltantes que Marilyn Monroe chantonne avec une étonnante assurance. Des instants de magie pure, entre deux postures sensuelles subtilement aguicheuses et une expression mélancolique poignante.


Sincère et authentique quant à sa modeste représentation plutôt réaliste, fragile et persévérant quant à l'évolution des personnages en proie aux valeurs familiales et à la remise en question morale (notamment nos faibles capacités de jugement, d'esprit critique et de discernement face à l'amour), Rivière sans retour demeure un très beau western humaniste d'une élégance lestement épurée. 

*Bruno

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