jeudi 6 juin 2019

Amour et mort dans le jardin des Dieux / Amore e morte nel giardino degli dei

                                                                                 Photo empruntée sur Facebook
 
de Sauro Scavolini. 1972. Italie. 1h29. Avec Erika Blanc, Peter Lee Lawrence, Ezio Marano, Orchidea de Santis, Rosario Borelli.

Sortie salles Italie: 4 Décembre 1972

FILMOGRAPHIE: Sauro Scavolini est un réalisateur et scénariste italien né le 3 Février 1934 à Pesaro, Marche. 1992: Un posto freddo in fondo al cuore (Télé-film). 1989 Un coup fumant (télé-film). 1985 Un foro nel parabrezza. 1977: Una devastante voglia di vincere (TV Mini-Series). 1972: Amour et mort dans le jardin des Dieux.

Excellente découverte inédite en France, exhumée de sa torpeur grâce à l’éditeur Le Chat qui Fume, Amour et mort dans le jardin des Dieux (quel titre fastueux, mais pleinement justifié !) bénéficie d’une copie HD scintillante qui permet de s’immerger dans ce thriller psycho-romantique au parfum d’onirisme sauvage. La nature - vaste, feutrée, verdoyante - devient l’interprète silencieuse du cadre criminel, complice des volatiles qu’un professeur étudie dans une solitude sereine (on pourra d’ailleurs y déceler un écho à la trilogie animalière d’Argento, ou encore à Blow Out de De Palma).

Car si, de prime abord, l’énigme policière observant les postures couardes d’un quatuor amoureux paraît sans véritable surprise, Sauro Scavolini (hélas pour son unique réalisation !) parvient à nous enivrer par l’ossature minutieusement planifiée de son récit et par le brio d’une mise en scène chiadée, profondément personnelle. On en prend plein les yeux devant ces cadres stylisés, ces gros plans insistants, cette caméra à l’épaule respirant le réel - un réalisme envoûtant autant que dérangeant, qui nous désarçonne tout en nous séduisant.

Dans cette atmosphère d’étrangeté diffuse et perméable, nous nous laissons happer par une dérive sentimentalo-mortuaire, toujours sur le qui-vive, à démêler les affects vénéneux d’amants pris dans les mailles de la jalousie, de l’infidélité, de la rancune et de la vendetta. À l’écoute des apartés enregistrés sur bande magnétique que le professeur mutique reconstitue patiemment, Scavolini alterne flash-backs et présent, consolidant une intrigue vénéneuse soumise à la dérive morale de personnages déviants. Des prétendants maudits, épris d’amours passionnelles et obsessionnelles - au point que notre héroïne, incarnée par l’étrange et laiteuse Erika Blanc, consulte un psychiatre pour tenter d’élucider l’attraction charnelle qu’elle provoque chez ses soupirants.

Ainsi, à travers le thème de l’inceste (manipulé dans le cadre troublant du simulacre), Amour et mort dans le jardin des Dieux captive en latence, baignant dans un onirisme sensoriel sublimé par une mise en scène expérimentale. Thriller intime, marginal et singulier, il se savoure au rythme placide d’une balade romantique émaillée de morts brutales.


Aussi bien désincarné que réaliste au cœur d’un paradis naturel faussement tranquille, Amour et mort dans le jardin des Dieux demeure une perle maudite du psycho-killer, à recommander chaudement aux amateurs de romance nécrosée.

— le cinéphile du cœur noir

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