jeudi 13 juin 2019

Le Battant

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Alain Delon. 1983. France. 2h02. Avec Alain Delon, François Périer, Pierre Mondy, Anne Parillaud, Andréa Ferréol, Marie-Christine Descouard, Michel Beaune, Gérard Hérold, Jean-François Garreaud, Richard Anconina.

Sortie salles France: 2 Février 1983

FILMOGRAPHIE: Alain Delon est un acteur et homme d'affaires français, né le 8 novembre 1935 à Sceaux. 1973 : Les Granges Brûlées (coréalisateur non crédité). 1981 : Pour la peau d'un flic. 1983 : Le Battant.


Seconde et dernière réalisation d'Alain Delon, Le Battant renoue avec le succès commercial si bien qu'il engrange 1 935 094 entrées. Et si 2 ans auparavant Pour la peau d'un flic cumula un peu plus de 2 377 084 entrées, son exploitation Vhs chez René Chateau battit des records, tant en terme de vente que locative. Hommage appuyé à son mentor le cinéaste René Clément auquel il dédicace son oeuvre lors de l'ultime image, Alain Delon, acteur et réalisateur, nous fignole l'un des meilleurs polars des années 80 selon mon jugement de valeur soutenu d'une tendresse mélancolique d'après cette époque révolue. Car lorsque l'on revoit Le Battant quelques décennies après, on se surprend d'y renouveler un immense plaisir de cinéphile puriste. De par la mise en scène avisée d'Alain Delon encore plus impliqué devant et derrière la caméra que Pour la peau d'un flic, et toutes ces trognes d'acteurs burinés issus de la grande école parmi lesquels s'y disputent l'immense François Perrier en mafieux perfide semi-retraité, Pierre Mondy en flic empoté, Andréa Ferréol en maîtresse sexagénaire insidieuse, Michel Beaune en fidèle acolyte infortuné et enfin Gérard Hérold en maître-chanteur flegmatique derrière une défroque de cadre supérieur. Ainsi, à travers une intrigue plutôt classique fondée sur le profil marginal d'un truand au grand coeur compromis par la trahison de son milieu et par une filature policière, Alain Delon donne chair à son personnage avec une intensité ensorcelante. Tant et si bien que son regard azur électrise l'écran à chacune de ses apparitions distinguées dans un costard cendré immaculé.


Celui-ci incarnant de par sa carrure virile le rôle d'un repris de justice venant de purger 15 ans de prison pour un crime qu'il n'a pas commis passé le braquage d'un diamantaire. Bien évidemment, depuis sa sortie, outre la police aux aguets de ces faits et gestes, des gangsters iront s'en prendre à son entourage afin de lui soutirer ses diamants planqués dans un endroit tenu secret. Relativement peu spectaculaire même si certaines brèves séquences de poursuite en voiture impressionnent par leur réalisme nocturne, Alain Delon n'en cède pas moins à de brutaux éclairs de violence lorsqu'il se résigne à se venger de ses rivaux de manière résolument expéditive. Ainsi, à travers ses estocades criminelles tranchées, on s'étonne de s'attacher à un personnage aussi glaçant que radical de par sa justice individuelle dénuée de clémence. Mais au-delà de l'attrait passionnant de sa mise en scène à la fois posée et studieuse ne cessant de magnifier ses personnages illégaux sous l'impulsion de gueules d'acteur infaillibles, Le Battant s'alloue d'une surprenante dimension romantique à travers le couple Delon / Parillaud mutuellement amoureux lors d'un concours de circonstances aléatoires. Anne Parillaud érotisant résolument l'écran avec beaucoup plus de certitude que Pour la peau d'un flic. Notamment en y dévoilant à nouveau, et à plusieurs reprises, son simple appareil longiligne ultra sexy. Alain Delon s'efforçant sans complaisance ni mièvrerie de rendre crédible leur relation sentimentale à travers des moments de tendre intimité aussi pures que candides. Ainsi, ses séquences d'une certaine fragilité émotionnelle vise droit au coeur du spectateur sous l'impulsion du thème mélodique de Christian Dorisse particulièrement attachant (et récursif).


Se permettant en outre d'y ajouter quelques efficaces traits de cocasserie à travers le personnage épieur de Pierre Mondy épaulé de quelques figurants d'un naturel confondant, Le Battant demeure un excellent divertissement policier mené tambour battant par le perfectionniste Alain Delon. On n'en demandait pas tant car c'est avec beaucoup d'émotions que l'on redécouvre aujourd'hui ce Battant, anti-héros peu recommandable mais pour autant nanti d'une loyauté et d'une compassion sentimentale somme toute poignantes. 

*Bruno
2èx

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