Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
de Jordan Peele. 2019. U.S.A. 1h56. Avec Lupita Nyong'o, Winston Duke, Elisabeth Moss, Tim Heidecker, Yahya Abdul-Mateen II.
Sortie salles France: 20 Mars 2019. U.S: 22 Mars 2019
FILMOGRAPHIE: Jordan Haworth Peele, né le 21 février 1979 à New York, est un acteur, humoriste, réalisateur, scénariste et producteur américain. 2017: Get Out. 2019: Us.
Observez l'affiche et méditez !
Révélé 2 ans au préalable par le coup de maître Get Out, Jordan Peele récidive dans l'horreur sociale avec Us. Un homme invasion assez efficace dans son lot d'attaques cinglantes brillamment mises en scène (en dépit de certaines facilités éculées quant aux confrontations physiques) doublé d'un survival hystérique eu égard de sa seconde partie beaucoup plus surprenante lorsque la famille Wilson doit riposter auprès de leurs oppresseurs en s'échappant de leur cocon familial vers un lunapark. Sorte d'épisode longiligne de la 4è Dimension, Us parvient donc doucement dans un premier temps à renouveler le survival domestique grâce à l'originalité de son thème dérangeant; le "doppelgänger" (métaphore de notre double maléfique) s'efforçant de substituer chaque membre afro-américain de la famille Wilson lors d'une partie de cache-cache diablement cintrée. Le réalisateur relançant avec assez de brio l'action vrillée par le biais d'une progression dramatique plus ample que prévue et d'idées souvent imprévisibles au risque de perdre le spectateur lors de son (confus) dénouement outre-mesure. Peu exploité au cinéma d'horreur si bien que son pouvoir de fascination fait à nouveau mouche en l'occurrence, le "doppelgänger" est donc ici abordé avec maîtrise quant à sa véracité identitaire. Notamment de par leur posture mécanique à la mine anxiogène, de leur dialecte inaudible sensiblement angoissant et de leur origine scientifique tenant de l'aberration.
Jordan Peele alternant fougueusement intensité dramatique et dérision macabre sous l'impulsion d'une BO pop aussi entraînante que décomplexée, et d'une partition électro tonitruante. Sa narration tributaire de la formulation classique "ouh fais moi peur" - intelligemment - abordant en sous-texte une satire sur le matérialisme technologique, le féminisme (la mère de famille finissant par prendre les commandes et dicter sa loi auprès de son mari pataud) et le despotisme gouvernemental rivalisant d'idées à la fois immorales et saugrenues afin de mieux régir notre manière de penser. Ainsi, à travers son ossature narrative davantage débridée au point d'y effleurer à force d'ambition créative le ridicule (le twist final discutable risquera à coup sur de faire grincer certaines dents et d'y diviser le public), on songe inévitablement à l'Invasion des profanateurs de Sépulture auquel Us se prétend sa réactualisation moderne. Quant au cast spécialement afro-américain, outre la posture irritante du père de famille incarné par le lambda Winston Duke, Us évolue au rythme des actions féministes qu'impose avec charisme primitif Lupita Nyong'o en mère de famille belliqueuse épaulée de Shahadi Wright-Joseph en fille aînée en apprentissage martial. Toutes deux formant dans la cohésion familiale un duo rebelle assez persuasif auprès de leur trajectoire personnelle à courser vaillamment leur sosie.
Mask.
Sans toutefois jamais rivaliser avec le percutant Get Out, Us s'avère suffisamment inventif, efficace, facétieux, sardonique et débridé (jusqu'à overdose diront les plus sceptiques) pour satisfaire l'amateur pur et dur de peloche horrifique dirigée avec indéniable savoir-faire. Le "doppelgänger" s'avérant ici d'une hostilité franchement déstabilisante à travers leur magnétisme moral à daigner imposer leur ego sous couvert de dérision sociale caustique.
*Bruno
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire