FILMOGRAPHIE: Norman J. Warren est un réalisateur, producteur, scénariste et monteur anglais, né le 25 Juin 1942 à Londres. 1962: The Dock Brief (troisième assistant réalisateur). 1965: Fragment. 1966: La Nuit des Généraux (troisième assistant réalisateur). 1967: Sailor from Gibraltar (troisième assistant réalisateur). 1967: Her Private Hell. 1968: Loving Feeling. 1976: L'Esclave de Satan. 1977: Le Zombie venu d'ailleurs. 1979: Outer Touch. 1979: La Terreur des Morts-vivants. 1981: Inseminoid. 1984: Warbirds Air Display. 1985: Person to Person. 1986: Gunpowder. 1987: Réveillon Sanglant. 1992: Meath School. 1993: Buzz.
Avec Inseminoid et L’Esclave de Satan, Le Zombie venu d’ailleurs compte parmi les réussites modestes de Norman J. Warren — artisan bisseux, adepte d’exploitations déviantes, à la croisée d’un gore craspec et d’un érotisme sulfureux. Sous ce titre fallacieux mais savoureusement trompeur (j’imagine la perplexité des spectateurs français lors de la projection officielle) se cache Prey (Proie), bien plus approprié à ce scénario d’invasion carnassière : la mission secrète d’un E.T. à forme humaine, venu se repaître de protéines. Véritable ovni de SF, Warren livre sans doute là son film le plus étrange, arrimant son intrigue à l’intimité étouffante de deux lesbiennes que cet intrus va dévorer de l’intérieur.
C’est à la lisière d’une forêt que Jessica et Joséphine croisent l’inquiétant visiteur tombé du ciel. Sous l’influence de la première, malgré la méfiance tenace de la seconde, elles l’hébergent dans leur maison champêtre. De ce canevas sans surprise émerge un huis clos délirant : une scène de ménage à trois où la dominatrice Joséphine se consume de haine et de jalousie, ulcérée par l’intrusion du mâle. L’inquiétude s’aiguise quand, dans les bois, lapins et poules se retrouvent éventrés. L’alien, placide, observe ces misandres s’étrangler de soupçons — jusqu’à ce qu’un soir, elles le travestissent pour une fête grotesque, cimentant le drame à venir. La rancune et la possession feront le reste.
Voilà, en somme, l’intrigue saugrenue : un marivaudage lesbien piqué de morsures cannibales, entre étreintes épicées et mise à mort sanglante. Aussi improbable que tenace, Le Zombie venu d’ailleurs soutient son intérêt jusqu’au bout, porté par un climat insidieusement malsain, une partition électronique stridente et le jeu candide d’acteurs amateurs, aussi naïfs qu’attachants. Warren y insuffle une étrangeté presque hypnotique, tissant sous la discorde féministe un fil de perversion latente. Barry Stokes, impassible sous sa carapace d’E.T. carnassier, intrigue et inquiète : derrière sa façade humaine, il dissimule une gueule bestiale, canines aiguës et truffe de molosse — vision grotesque, presque risible, mais efficace dans son irréalité.
On se souviendra surtout de l’improbable séquence de noyade, filmée au ralenti expérimental : un moment suspendu, trouble, presque onirique, où l’alien, pris de convulsions, dérive entre les bras de ses hôtesses impuissantes. Une parenthèse cauchemardesque, savoureuse de bizarrerie.
*Bruno
18.11.19. 4èx
12.11.13. 103 v
Et c'est aussi un remake caché de "le Renard" de Mark Rydell.
RépondreSupprimerEffectivement ça n'est pas faux. D'ailleurs j'adore ce film https://brunomatei.blogspot.com/2018/02/le-renard-golden-globe-du-meilleur-film.html
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