lundi 18 novembre 2019

Le Zombie venu d'ailleurs / Prey

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site bubblegeek.eklablog.com

de Norman J. Warren. 1977. Angleterre. 1h25. Avec Barry Strokes, Sally Faulkner, Glory Annen, Sandy Chinney, Eddie Stacey.

FILMOGRAPHIE: Norman J. Warren est un réalisateur, producteur, scénariste et monteur anglais, né le 25 Juin 1942 à Londres. 1962: The Dock Brief (troisième assistant réalisateur). 1965: Fragment. 1966: La Nuit des Généraux (troisième assistant réalisateur). 1967: Sailor from Gibraltar (troisième assistant réalisateur). 1967: Her Private Hell. 1968: Loving Feeling. 1976: L'Esclave de Satan. 1977: Le Zombie venu d'ailleurs. 1979: Outer Touch. 1979: La Terreur des Morts-vivants. 1981: Inseminoid. 1984: Warbirds Air Display. 1985: Person to Person. 1986: Gunpowder. 1987: Réveillon Sanglant. 1992: Meath School. 1993: Buzz.


Avec Inseminoïd et l'Esclave de SatanLe Zombie venu d'ailleurs fait parti des réussites modestes de Norman J. Warren. Un artisan bisseux adepte des produits d'exploitation particulièrement déviants auprès de sa conjugaison de gore craspec et de sexe sulfureux. Ainsi, sous le titre fallacieux mais ironique du Zombie venu d'ailleurs (j'imagine la perplexité des spectateurs français lors de sa projo officielle) se cache Prey (Proie). Un titre mieux approprié quant au scénario se focalisant sur la mission secrète d'un E.T à forme humaine en quête de protéines ! Véritable ovni dans le genre SF, Norman J. Warren livre sans doute son film le plus étrange de par son argument narratif illustrant l'intimité quotidienne de deux lesbiennes prises à partie avec cet étranger. Car c'est aux abords de la forêt adjacente qu'elles rencontrent notre inquiétant visiteur venu de l'espace. Sous l'influence de Jessica et malgré la réticence de Joséphine, elles décident de le loger au sein de leur demeure champêtre. Cette trame quelconque dénuée de surprises nous condense donc 1h25 durant une scène de ménage à 3, alors que la dominatrice Joséphine éprouve toujours plus un penchant de haine et de jalousie face à l'intrusion du mâle. L'inquiétude s'y fait grandissante lorsque, dans les bois, des lapins sont retrouvés déchiquetés ! De son côté, notre extra-terrestre continue d'observer la posture de ces misandres alors qu'un beau soir elle lui organisent une petite fête en le déguisant en femme ! Faute d'une jalousie possessive et d'une rancune masculine, la tension monte d'un échelon entre celles-ci jusqu'au drame inéluctable qui se dessine lentement.


Voilà en gros le condensé d'une intrigue saugrenue, entre l'indécence d'une étreinte érotique un peu corsée et une exaction sanglante empruntée au cannibalisme ! Pour autant, aussi insensé soit-il, Le Zombie venu d'ailleurs réussit l'exploit de maintenir un intérêt constant face à ce drame conjugal où les crises d'hystérie s'emportent facilement. De par l'ossature d'un climat malsain sous-jacent, d'une partition électronique dissonante et du jeu attachant (car si naïf) des comédiens amateurs,  Norman J. Warren parvient à insuffler une aura d'étrangeté prégnante au sein de cette dissension féministe. En prime, l'acteur inexpressif Barry Stroke réussit pleinement à nous intriguer à travers sa posture d'E.T aussi taciturne qu'impassible alors qu'il s'avère être un cannibale assoiffé de sang riche en protéines. Qui plus est, sous sa troublante apparence humaine, le réalisateur nous dévoile lors de ses accès de démence une sorte de monstre hybride pourvu de canines animales alors que son nez semble substitué à une truffe de cabot ! (???). On appréciera aussi l'improbable épisode de la noyade filmée en slow motion expérimental lorsque nos deux héroïnes tentent d'extirper de l'eau l'alien en émoi. Une séquence trouble incroyablement "autre", pour ne pas dire incongrue, appuyée d'une aura cauchemardesque plutôt délectable. 


Rencontre d'un certain type à éviter.
Hermétique, glauque, décalé et déroutant, Le Zombie venu d'ailleurs se décline en bisserie horrifique d'un autre âge, à l'époque insolente où l'Angleterre fut capable de nous façonner des produits d'exploitation inexplicablement ensorcelants. Tant et si bien qu'il s'agit là de la marque de fabrique du vénérable Norman J. Warren, réalisateur scabreux et malhabile, mais véritable amoureux du genre en tant que franc-tireur décomplexé. Un petit classique atypique au demeurant à voir de préférence seul pour mieux se confronter à l'intimité du trio diabolique.

*Bruno
18.11.19. 4èx
12.11.13. 103 v

2 commentaires:

  1. Et c'est aussi un remake caché de "le Renard" de Mark Rydell.

    RépondreSupprimer
  2. Effectivement ça n'est pas faux. D'ailleurs j'adore ce film https://brunomatei.blogspot.com/2018/02/le-renard-golden-globe-du-meilleur-film.html

    RépondreSupprimer